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-------L'article
intitulé "Le drame des harkis en 1962" paru dans la revue
d'histoire "vingtième siècle" - n°42-Avril-Juin-
a soulevé une très vive émotion au sein de la communauté
Harkis qui a été troublée par des affirmations péromptoires,
des approximations et des généralités abusives qui
dissimulent en fait de sérieuses défaillances de la connaissance.
-------S'y
ajoute l'occultation de faits indubitables et unanimement admis sur l'abandon
et le massacre des harkis. Un silence qui suscite bien des interrogations
sur l'inspiration de ce texte plus proche du "roman" que de
"l'histoire scientifique", un "roman" sans la moindre
parcelle de compassion pour les victimes de ce drame.
"IL est seulement un drame mal connu" ...
... "L'histoire scientifique ne peut même plus entendre de
vérités simples mais contestées, ni opposer des documents
d'archives aux souvenirs déformés des mémoires"
note l'auteur, ajoutant vouloir "rappeler
quelques faits sûrs et révéler certains textes".
Examinons attentivement "ces faits sûrs" et "ces
textes" à travers les trois grands axes de la thèse
défendue par l'auteur
1 - Les Harkis : définition et nombre et dans un prochain magazine
2 - L'abandon prétendu ou délibéré
3 - L'ampleur des massacres
1 - Les Harkis : définition
et nombre
"Les harkis n'étaient ni des soldats
réguliers, ni des supplétifs... Ils étaient journaliers
embauchés localement pour un temps limité et des opérations
déterminées ...." écrit l'auteur.
-------Affirmation
approximative et inexacte.
En effet le décret du 7.11.1961 portant statut des harkis précise
article 1 - Les formations supplétives dites "harkas"
rattachées à un corps de troupe pour tout ce qui concerne
l'encadrement, le contrôle et l'administration de leurs personnels,
sont composées de harkis liés à l'administration
par contrat d'un mois,
article 3- le contrat est renouvelable. Les contrats sont établis
et souscrits pour le compte de l'administration civile par le chef de
corps auquel la harka est rattachée..."
-------Les
harkis du commando de chasse que j'ai eu l'honneur de commander ont participé
à toutes les opérations où le commando était
engagé. Comme leurs compagnons de combat engagés ou appelés
du contingent, ils étaient munis d'armes de guerre (RA, P.M, F.M,
etc..) et non point "normalement armés de fusils de chasse".
Comme leurs frères de combat, ils percevaient des rations de guerre
dites "M" pour les musulmans, lorsque le commando partait en
opérations. Nous voilà bien loin des généralités
abusives et affirmations fantaisistes "normalement
armés de fusils de chasse... se nourrissaient à leurs frais
.... ils n'avaient droit aux rations militaires qu'ils devaient payer
que lorsqu'ils participaient à une opération de plusieurs
jours etc... "
"Certains harkis donnaient même
des renseignements aux rebelles sur les mouvements de l'armée...
d'autres qui furent utilisés dans les commandos de chasse... exécutaient
même parfois leurs prisonniers".
-------Ne
reposant sur aucun document d'archives, ni sur des témoignages
dignes de foi, ces affirmations sont injustes et insoutenables. On ne
peut pas s'empêcher de déceler chez leur auteur des motivations
idéologiques et partisanes et une volonté manifeste de ternir
le combat valeureux et la mémoire des harkis, de tous les héros
obscurs morts au champ d'honneur pour la France.
Quant à la prétendue "exécution de prisonniers",
permettez à un ancien chef de commando de chasse de témoigner
sur son honneur qu'il n'a jamais vu une telle pratique ignoble et avilissante
et qui ne peut être que l'oeuvre de lâches.
-------Les
harkis d'une manière générale et ceux des commandos
de chasse en particulier étaient dans leur immense majorité
des braves... comme leur frères ennemis les djounoud (combattants
du maquis). Toujours à la pointe des contacts, les harkis ont payé
un très lourd tribut comme en témoignent tous ceux, lieutenants
et capitaines, qui eurent le bonheur et l'honneur de les commander.
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-------Toujours
dans le même chapitre "les crédits
harkis auraient été doublés en 1959 à la demande
du général Challe contre l'avis du général
De Gaulle", Allégation fantaisiste que contredit
le dialogue suivant entre le général Challe et le général
De Gaulle alors président du conseil et que rapporte Yves Courrière
"(1)
- Mon général, demande Challe ; j'ai deux choses à
demander, la première concerne les harkis(2). Ils sont actuellement
26 000 j'en veux au moins 60 000, La seconde je veux votre accord formel
que les effectifs doivent rester tels qu'ils sont actuellement...
- Challe, on ne pose pas de conditions à De Gaulle ; Vous avez
un papier ?
Voilà mon général.
-------Sur
15 lignes Challe a exprimé ses désidérate. De Gaulle
les lit attentivement puis dans la marge écrit "d'accord".
Il signe et rend le papier à Challe".
Combien étaient-ils ?
-------La
confusion des chiffres avancés par l'auteur, sur la présence
des harkis dans les rangs de l'armée française, reflète
une connaissance des plus approximatives.
-------Voici
les effectifs, sans doute les plus fiables parus à ce jour. Ils
sont le fruit des recherches minutieuses qu'a effectuées le général
Faivre dans les archives de la guerre d'Algérie, dont une partie
a été ouverte au public le 1 juillet conformément
à la loi du 3 janvier 1979 et au décret du 3 décembre
1979.
- Harkis proprement dit 62.000
- Mokhaznis (SAS) 20,000
- Groupes d'auto-défense 60.000
- G.M.S. 9.000
- Unités de réserves 3.500
- Militaires d'actives et appelés 65.000
(dont 300 officiers et 3500 s/officiers)
Total : 219.450 arrondi à 220.000
j'avais, pour ma part, retenu le chiffre de 225.000 dans mon livre "
la France honteuse, le drame des harkis", Perrin- 1993.
-------A ces
220.000, il convient d'ajouter trois autres catégories de personnes
qui ont payé également un lourd tribut pour leur fidélité.
-Notables (élus de toutes sortes) 50.000
- Fonctionnaires 10.000
- Musulmans de statut civil droit commun 10.000 / 15.000
-------Globalement
près de 290.000 ont fait le choix de rester fidèles à
la France, ce chiffre représente, compte tenu du "coefficient
familial" fixé à 5,5 pour les familles musulmanes,
une population de plus d'un million et demi de personnes.
(à suivre)
Colonel Meliani
(1) Y. Courrrière - La guerre d'Algérie "l'heure des
colonels" p.403
(2) Il s'agit de harkis proprement dit "stricto-senso"
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