Les Sites Inconnus de l'Algérie
Le Djebel Taya et ses grottes
Élevé de
plus de 1.200 mètres, le Djebel Taya se dresse entre la station
de Bordj-Sabath et celle de Hammam-Meskoutine. Son versant Sud forme
avec le Djebel Saba-Mzaen, la pittoresque vallée de Taya, où
coule une rivière impétueuse, l'oued Bou-Hamdane.
Sa base schisteuse est tachée de nombreux jardins qui s'étalent
auprès de sources fraîches dont les eaux vont grossir l'oued
Bou-Hamdane. Au-dessus de cette base, une énorme masse de calcaires
gris se dresse comme une forteresse peu facile à escalader. En
arrière de ce premier mur et au Nord, une vallée où
surgit une source, puis un second mur non moins imposant que le premier.
Sur la face Nord, la muraille calcaire est percée d'innombrables
excavations plus ou moins profondes formant des abris et des grottes.
L'abri de " La Tête de Mort " est une voûte majestueuse
qui recouvre un balcon au-dessus de l'abîme, balcon où
l'on découvre au loin la mer et le soir les feux du phare de
Philippeville.
La grotte du Kef est formée par une vaste nef à coupole
élevée où les bergers trouvent un refuge pour leur
troupeau.
Enfin, toujours sur le même versant de la montagne, la grotte
appelée par les gens de la contrée Ghar-el-Djemaa, grotte
de la Mosquée, fut très connue dans l'antiquité
: les nombreuses inscriptions latines dédiées au dieu
Bacax qui en recouvrent les parois, en sont une preuve. Sa profondeur
et l'aspect lugubre de la première salle ont impressionné
les indigènes qui l'approchent avec crainte et content toutes
sortes de légendes à ce sujet.
Les débuts de l'exploration sont très faciles : on suit
un large couloir d'une quarantaine de mètres ; mais tout à
coup il se termine sur un abîme paraissant infranchissable à
première vue. L'épreuve de la pierre jetée dans
le gouffre indique une telle profondeur que les plus courageux hésitent
à continuer leur marche.
Pourtant en s'armant de bonnes lampes, on distingue une immense salle
aux parois gluantes et noires d'aspect terrifiant. Un seul chemin large
de cinquante centimètres, fortement incliné, boueux et
glissant permet d'entreprendre la descente dans les ténèbres.
On suit ce dangereux chemin pendant environ une heure ou une heure et
demie, pour arriver enfin à une sorte de terrasse surplombant
une salle immense où la nature s'est plu à multiplier
ses effets les plus heureux. Une forêt de stalactites et de stalagmites
d'une blancheur éblouissante forme par de savants groupements
une chaire à colonnettes élégantes, une salle de
bain aux piscines d'eau froide et limpide, des refuges au plafond dentelé
et au milieu de cette vaste pièce, un groupe énorme, trapu,
représente un vieillard aux allures majestueuses, peut-être
le dieu Bacax ? Les chauve-souris sont les seuls habitants de ce palais
souterrain.
Ce n'est pas là le fond de la grotte : elle s'étend encore
dans les profondeurs de la terre et nombreuses sont les parties; inexplorées.
Cette montagne si peu connue et pourtant si intéressante au point
de vue touristique et archéologique est isolée du resté
du monde, ce qui ne nuit pas à son charme, mais certainement
aux touristes désireux de la visiter.
Nous apprenons avec plaisir que les Pouvoirs publics s'intéressent
à ce site puisque la grotte du Taya a été récemment
classée comme site naturel et que sur l'heureuse initiative des
conseillers généraux de la région de Guelma, un
projet de route y accédant est à l'étude.
Nous ne saurions trop inciter les Algériens et les touristes
à visiter le Djebel Taya et ses grottes : ils seront certainement
charmés par sa grâce et impressionnés par sa grandeur
imposante.