HAMMAM MELOUANE

La station thermale et touristique d'Hammam-Mélouane.
Sidi Slimane

La station thermale et touristique d'Hammam-Mélouane.

" Salomon avait sous ses ordres tous les génies ", dit la légende. " Quand il lui plaisait de prendre un bain dans un endroit quelconque, il invoquait les esprits de la terre qui, aussitôt, faisaient surgir la source thermale, acceptant, en outre, de la maintenir chaude à perpétuité. "

C'est ainsi que, suivant le cours tumultueux de l'oued Harrach, Sidi Slimane fit sourdre, à l'endroit appelé aujourd'hui Hammam-Mélouane, les sources chaudes faisant de ce lieu l'un des endroits les plus charmants de la grande banlieue algéroise. Bien que les gorges y conduisant n'aient point le même aspect sauvage que celles, mieux connues, de la Chiffa ou de Palestro, la promenade que l'on doit effectuer pour s'y rendre est des plus pittoresques. La vallée de l'Harrach qui, à la sortie de Rovigo, est toute en largeur, se resserre peu à peu pour ne plus dessiner qu'une étroite gorge toujours plus encaissée à mesure que l'on approche des sources. Des pentes abruptes surplombent la chaussée dont l'ombre des oliviers sauvages estompe le tracé. Dévalant les pentes, dans un fracas assourdissent, de petits oueds arrachent aux montagnes des blocs de rochers qu'ils roulent avec fureur. Après avoir parcouru une route sinueuse en corniche, apparaissent quelques maisonnettes aux toits de tuiles rouges. Un auvent soutenu par des bois tordus abrite une alignée de panneaux numérotés rappelant des cabines de bain. Par les portes entrebâillées s'échappent des fumées et il est possible d'apercevoir, par cette ouverture, des indigènes occupés à attiser un feu de bois vert. A droite, l'attention est retenue un instant par une bâtisse à un étage : c'est l'hôtel d'Hammam-Mélouane. Puis, tout à coup, la route s'arrête en cul-de-sac devant une falaise à pic.

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Afrique illustrée du 6-2-1932- Transmis par Francis Rambert
mise sur site : mai 2021

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La station thermale et touristique d'Hammam-Mélouane.

La station thermale et touristique d'Hammam-Mélouane.

" Salomon avait sous ses ordres tous les génies ", dit la légende. " Quand il lui plaisait de prendre un bain dans un endroit quelconque, il invoquait les esprits de la terre qui, aussitôt, faisaient surgir la source thermale, acceptant, en outre, de la maintenir chaude à perpétuité. "

C'est ainsi que, suivant le cours tumultueux de l'oued Harrach, Sidi Slimane fit sourdre, à l'endroit appelé aujourd'hui Hammam-Mélouane, les sources chaudes faisant de ce lieu l'un des endroits les plus charmants de la grande banlieue algéroise. Bien que les gorges y conduisant n'aient point le même aspect sauvage que celles, mieux connues, de la Chiffa ou de Palestro, la promenade que l'on doit effectuer pour s'y rendre est des plus pittoresques. La vallée de l'Harrach qui, à la sortie de Rovigo, est toute en largeur, se resserre peu à peu pour ne plus dessiner qu'une étroite gorge toujours plus encaissée à mesure que l'on approche des sources. Des pentes abruptes surplombent la chaussée dont l'ombre des oliviers sauvages estompe le tracé. Dévalant les pentes, dans un fracas assourdissent, de petits oueds arrachent aux montagnes des blocs de rochers qu'ils roulent avec fureur. Après avoir parcouru une route sinueuse en corniche, apparaissent quelques maisonnettes aux toits de tuiles rouges. Un auvent soutenu par des bois tordus abrite une alignée de panneaux numérotés rappelant des cabines de bain. Par les portes entrebâillées s'échappent des fumées et il est possible d'apercevoir, par cette ouverture, des indigènes occupés à attiser un feu de bois vert. A droite, l'attention est retenue un instant par une bâtisse à un étage : c'est l'hôtel d'Hammam-Mélouane. Puis, tout à coup, la route s'arrête en cul-de-sac devant une falaise à pic.

A quelques centaines de mètres avant d'arriver au village, en contrebas de la route et sur les galets formant le lit de l'oued Harrach, un campement indigène est établi. Ce ne sont que vieilles toiles de sac, burnous en lambeaux et feuillages desséchés entassés dans un fatras à l'aspect sordide. Des bambins à demi-nus se chamaillent, se bousculent et se jettent même des cailloux ronds formant le sol ; de pauvres vieilles mauresques transportent des branchages glanés au pied des montagnes, tandis qu'à quelques pas, l'eau boueuse et tourbillonnante de l'oued saute de roche en roche.

Ayant mis pied à terre, le voyageur se dirige vers un marabout dont la blancheur tranche étrangement sur le fond sombre de la falaise au pied de laquelle il s'accote. Une sente y conduit. La bordant, un ruisselet s'écoule en cascatelles. Son eau a rougi les galets de son lit ; de la vapeur s'en exhale lentement et l'on est évidemment tenté de toucher du doigt cette eau fumante de laquelle se dégage une douce chaleur. La source proprement dite est abritée par le marabout. Détail amusant, par une ouverture de la coupole, un jeune figuier dresse vers le ciel ses maigres branches éfeuillées. Des indigènes, nombreux, pénètrent dans le sanctuaire où sourd l'eau miraculeuse et s'y baignent consciencieusement. A une centaine de mètres de là, toujours au pied de la montagne, une seconde source jaillit et s'écoule en fumant. Encore, à la même distance, une troisième source. Il en existe d'autres d'ailleurs dans la montagne.

A quelques pas de là, se trouve, à flanc de coteau, une grotte très fréquentée par les femmes qui, indigènes et européennes, désirent devenir mère dans l'année qui s'écoule. Leur supplique, paraît-il, est souvent exaucée.

Actuellement, des travaux sont en cours pour prolonger la route, dont le terminus est à Hammam-Mélouane, sur Boghari, par Champlain. Sur la rive gauche de l'oued Harrach, la falaise a été coupée et des murs de soutènement ont été bâtis. La route elle-même est tracée et sa plateforme se dessine nettement- Il n'est plus qu'à édifier un pont au-dessus des tourbillons du torrent, tourbillons accentués à cet endroit par un coude brusque.

Pour l'instant, il n'existe, en fait de pont, qu'un énorme et long madrier dont la flexibilité, lorsqu'on en use, n'est point recommandable aux personnes sujettes au vertige ou au mal de mer. Pour y parvenir, il n'existe d'ailleurs encore qu'un sentier de chèvre surplombant, à pic, la falaise rocheuse au pied de laquelle s'acharnent les eaux boueuses.

Hammam-Mélouane est aussi appelé à un brillant avenir. Dans un temps plus ou moins éloigné, les sources ferrugineuses et chlorurées sodiques, qui y jaillissent, seront exploitées rationnellement. Une Société est actuellement constituée afin de donner à cette richesse naturelle l'importance qu'elle mérite. Au point de vue médical, les eaux d'Hammam-Mélouane sont dignes d'intérêt et susceptibles de rendre de grands services. Ce n'est point dans un but uniquement lucratif qu'il est question de les aménager, mais bien plutôt dans un but humanitaire. Nombreux, en effet, sont les réformés de guerre et les civils dont les affections nécessitent un traitement que des eaux thermales telles que celles-ci peuvent soulager. Actuellement, on envoie ces malades en France pour suivre le régime prescrit par la Faculté. Lorsque cette station thermale aura été édifiée aux sources d'Hammam-Mélouane, il sera possible d'y traiter de nombreux malades avec des frais considérablement réduits.

On nous dit que la Société récemment constituée commencera les travaux d'aménagement dans un délai qui ne dépassera pas le temps nécessaire à l'accomplissement des dernières formalités administratives.

Souhaitons que cette réalisation, unanimement désirée, soit prompte.