Pour situer Mosquée et cimetière
le Hamma,
Alger
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| Le Cimetière du Hamma. Combien pittoresque était dans le passé, cette banlieue d'Alger, qu'on nomme : le Hamma, et que célébrèrent tant d'écrivains. Quelle différence d'aspect, aujourd'hui, avec ces routes bruyantes longées de hautes bâtisses où triomphe l'étrangeté d'un prétentieux modernisme, avec cette géométrie, partout substituée aux gracieuses fantaisies de la nature. Arbres centenaires qui longiez les sinuosités par où l'on accédait au Jardin d'Essai, au Ruisseau, qu'êtes-vous devenus ? Jolies retraites fleuries qui apparaissiez, souriantes, en bordure de cette voie primitive, qu'a-t-on fait de votre charme agreste ? Tout cela s'est évanoui... Seul est demeuré en ce site altéré, avec, à peu près sa physionomie de jadis, le vieux cimetière musulman auquel la piété du Vendredi vient donner une vie d'un si particulier attrait. - Un Saint, hautement vénéré, dort là : Sidi Mohammed bon Koubrin. Une mosquée abrite sa sépulture, auprès de laquelle dorment aussi, nombre de notables de l'Alger ancien. Enfant de cette ville, Sidi Mohammed avait été faire ses études à l'Université du Caire. Revenu à El-Djezaïr, il n'avait pas tardé à y acquérir une grande réputation religieuse. Ce fut parmi les montagnes de Kabylie qu'en 1701 la mort le surprit. Les Beni-Ismaël l'inhumèrent en grande solennité. Désireux de posséder sa dépouille, les Algériens, nuitamment, allèrent le déterrer et l'ensevelirent au Hamma. Fureur des Kabyles qui, cependant, après examen du sépulcre, constatèrent que Sidi Mohammed était toujours parmi eux. Il fut alors admis par les Musulmans que le corps du Saint s'était dédoublé, ce qui le fit dénommer Bou Koubrin (l'homme présent dans deux tombeaux). N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE. |
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Pour situer Mosquée et cimetière |
 Le Cimetière du Hamma. Combien pittoresque était dans le passé, cette banlieue d'Alger, qu'on nomme : le Hamma, et que célébrèrent tant d'écrivains. Quelle différence d'aspect, aujourd'hui, avec ces routes bruyantes longées de hautes bâtisses où triomphe l'étrangeté d'un prétentieux modernisme, avec cette géométrie, partout substituée aux gracieuses fantaisies de la nature. Arbres centenaires qui longiez les sinuosités par où l'on accédait au Jardin d'Essai, au Ruisseau, qu'êtes-vous devenus ? Jolies retraites fleuries qui apparaissiez, souriantes, en bordure de cette voie primitive, qu'a-t-on fait de votre charme agreste ? Tout cela s'est évanoui... Seul est demeuré en ce site altéré, avec, à peu près sa physionomie de jadis, le vieux cimetière musulman auquel la piété du Vendredi vient donner une vie d'un si particulier attrait. - Un Saint, hautement vénéré, dort là : Sidi Mohammed bon Koubrin. Une mosquée abrite sa sépulture, auprès de laquelle dorment aussi, nombre de notables de l'Alger ancien. Enfant de cette ville, Sidi Mohammed avait été faire ses études à l'Université du Caire. Revenu à El-Djezaïr, il n'avait pas tardé à y acquérir une grande réputation religieuse. Ce fut parmi les montagnes de Kabylie qu'en 1701 la mort le surprit. Les Beni-Ismaël l'inhumèrent en grande solennité. Désireux de posséder sa dépouille, les Algériens, nuitamment, allèrent le déterrer et l'ensevelirent au Hamma. Fureur des Kabyles qui, cependant, après examen du sépulcre, constatèrent que Sidi Mohammed était toujours parmi eux. Il fut alors admis par les Musulmans que le corps du Saint s'était dédoublé, ce qui le fit dénommer Bou Koubrin (l'homme présent dans deux tombeaux). Ce fut Hassan-Pacha, édificateur du Palais d'Hiver, qui fit construire la mosquée où repose Bou Koubrin et en laquelle se voient encore les loges que les talbas occupaient auprès du savant dont ils suivaient l'enseignement. Il est vraiment joli le cimetière d'alentour avec ses vieux arbres, ses stèles ciselées de tulipes, d'œillets, marquées du sceau de Salomon, avec ses berceaux fleuris où viennent se recueillir les familles, avec encore ses dalles de marbre creusées, offrant des coupes d'eau aux oiseaux dont le chant, selon une touchante croyance, est une prière adressée à Dieu pour ceux qui ne sont plus. Ce n'est certes pas, on le sait, une image désolée de la mort que présentent les nécropoles des enfants d'Allah. Celle-ci, avec son verdoyant décor, avec l'animation - déférente toutefois - des blanches foules féminines qui, dans le rayonnement du soleil s'y rassemblent, chaque semaine, avec cette douce poésie qui y enveloppe toutes choses, se particularise peut-être d'une façon plus spéciale que les autres. Et à cette séduction que, si souvent se plurent à exprimer les artistes, un intérêt d'ordre différent s'ajoute, en outre, celui de l'Histoire qui, sur ces tables de pierre, à chaque pas se révèle. C'est ici, la tombe de Makrani, ailleurs, celle de Chir-Edded, du Maître de l'Heure dont Hugues Leroux vulgarise le souvenir. Voici Yahia-Agha, le chef de la cavalerie turque à qui, en 1827, le dey Hussein imposa le supplice du lacet ; la fille d'Ali-Pacha, souverain barbaresque décédé en 1818 ; le prince Mustapha Riato, cadi maleki, en 1810 ; l'aïeul des Ben-Siam, dont parlèrent en leurs écrits, les généraux Margueritte et Philibert. Et ce sont encore : Abd-el-Tif, Ali-Cherif, le professeur de droit, Ben Brimât. Mais comment tout citer ! Ce jardin du Passé ne pouvait assurément pas échapper à l'attention des Amis du Vieil-Alger. Ceux-ci, tout récemment, s'y réunirent pour évoquer un lointain autrefois. Ce fut M. l'iman, Kaïd Mahmoud, qui les reçut. Une fois de plus, en notre oublieux et si fiévreux présent, le pittoresque cimetière du Hamma vit un instant revivre la mémoire d'un El-Djezaïr sur lequel au long de durées séculaires, la pelle du fossoyeur a déversé tant de poussière ! |