Guyotville
Chez nous à Guyotville
L'implantation

-En trois générations, une population mêlée s'est constituée, majoritaire, de même qu'un peu partout en Algérie : cette nouvelle race méditerranéenne, " pied noir ", demeurera sentimentalement française et les liens patriotiques seront encore resserrés par le sang versé de 1914 à 1918 : la longue liste de morts pour la France, à l'arrière du fronton du monument aux morts, en témoigne.
miise sur site le 15-12-2004
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----------À son origine, le village était donc représenté par les vingt demeures construites en 1846, les maisons se groupant autour et en contrebas de l'église à partir de 1855. Le centre du village fut initialement la zone englobant l'église, la place, la mairie, l'ancienne poste, le lavoir (futur marché), l'abreuvoir (monument aux morts), les écoles. La rue la plus ancienne est la rue Marceau.

----------Mais, très vite, Guyotville s'étale tout en longueur, le long de la future ligne de chemin de fer, de part et d'autre de l'avenue Malakoff (qui deviendra rues Chanzy et Poincaré) sur un kilomètre entre la gare et les docks.

----------Les habitations, couvertes de tuiles romaines ou de terrasses, ont presque toutes des balcons et ne dépassent pas deux étages. Seules les maisons de front de mer, bâtie§_ à cheval sur une dénivellation de 12 à 15 mètres, ont une façade de 4 à 5 étages du côté nord, exposée aux embruns des tempêtes d'ouest. Presque toutes les demeures ont des cours intérieures.

----------Parallèlement à l'avenue Malakoff, trois voies
----------- en contrebas, côté mer, un simple chemin de terre, à partir de la Patriote, se poursuit par la rue d'Alsace, jusqu'à la profonde échancrure de la petite plage qui l'interrompt ; puis la route reprend à partir de l'ancien casino, vers l'îlot ;
----------- au-dessus de l'avenue Malakoff, la rue Laferrière, prolongeant la rue Victor-Hugo : dénommée primitivement " rue des Oursins ", elle fut tracée à l'occasion de la construction de maisons basses pour la colonie espagnole venue massivement vers 1866 ; à cette époque sont arrivées ces braves familles de travailleurs étrangers, les Barber, Serra, Zaragori, Mauri, Fornès, Pons, Oliver, Frau, Bonnet, Ballester, Trani...
----------Plus haut, le boulevard Parmentier qui, du quartier Lemonnier et de l'église, mène au stade.
----------De nombreuses perpendiculaires à ces quatre voies quadrillent le village .

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----------Mais un caractère propre à Guyotville est la dispersion d'une partie importante de la population communale en dehors du village, à l'inverse des autres agglomérations du Sahel ou de la Mitidja, où les fermes et maisons isolées sont rares. On découvre partout fermes et villas éparpillées ou groupées en hameaux, au Cap-Caxine, au Phare, à Saint-Cloud, à l'îlot, à la Madrague, sur la route de Staouéli ; en grimpant au plateau, on en découvre de part et d'autre des deux voies d'accès, fermes spacieuses entourées de jardins et de vignobles, qui ne disparaissent qu'à l'approche du ravin de Béni-Messous.

----------Cette dissémination, rare en Algérie, a deux causes
----------- historique, car le Préfet Lautour-Mézeray obligea les concessionnaires à bâtir sur leur lot rural,
----------- social, le territoire de Guyotville, protégé par les villages du Sahel et de la Mitidja n'ayant jamais eu à redouter les indigènes qui ont longtemps fait régner l'insécurité ailleurs.

----------Ainsi, en 1901, on dénombre 1.525 âmes dans le village et 1.295 habitants éparpillés.

 

-----------Quelles sont les nationalités constituant cette population ?

----------En 1852, l'Enta avait implanté 53 familles françaises, 19 espagnoles et une indigène.

----------En 1866, l'implantation espagnole s'est amplifiée : 131 Français et 190 Espagnols.

----------En 1876, Guyotville, érigé en commune indépendante en 1874, compte 595 habitants dont 337 étrangers, surtout espagnols, et 5 indigènes.

----------Ainsi, jusqu'en 1876, la population d'origine est franco-espagnole.

----------En 1901, la population a triplé : 2.821 habitants. Mais un apport italien massif est constaté : 1.748 étrangers, dont 840 Italiens et 908 Espagnols.

----------La statistique du 4 mars 1906 est caractérisée par l'apparition des indigènes (musulmans de statut local) en nombre appréciable : 3.507 habitants dont 91 indigènes ; dès lors, l'apport indigène se développe rapidement, en même temps que les besoins d'ouvriers agricoles pour la culture des primeurs : en 1926, sur 5.065 habitants, 4.057 européens et 1.008 indigènes.

----------Le 8 mars 1936, une nouvelle statistique dénombre 6.736 âmes, dont
----------- 2.712 Français de souche (178 Métropolitains et 2.534 Algériens) ;
----------- 343 naturalisés (116 Espagnols et 217 Italiens) ;
----------- 2.552 indigènes de statut local (612 Arabes, 1.925 Kabyles, 11 Mozabites et 4 autres) ;
----------- 1.037 Européens étrangers (720 Espagnols, 294 Italiens, 23 autres) ;
----------- 92 musulmans étrangers (85 Marocains et 7 Tunisiens).

----------Le 30 octobre 1948, il y a 8.050 Guyotvillois
----------- 4.216 Français d'origine ou naturalisés ;
----------- 3.363 indigènes de statut local ;
----------- 198 étrangers musulmans (Marocains ou Tunisiens) ;
----------- 273 étrangers européens (Espagnols ou Italiens).

----------Jusqu'en 1953, la démographie ne varie guère : 8.091 âmes. Elle s'accroîtra rapidement par la suite : 12.000 en 1954, dont 5.000 indigènes ; 21.000 en 1960 ; 25.000 en 1962, avec un gros apport indigène.

----------Les divers éléments européens, français, espagnol, italien ne sont jamais demeurés isolés, vivant côte à côte, s'adonnant aux mêmes travaux, n'étant séparés par aucun idéal religieux ou social. Des unions nombreuses se sont nouées entre jeunes de nationalités différentes ; entre 1888 et 1900, 119 mariages entre jeunes de nationalité identique et 57 mariages " croisés ", impliquent déjà un mélange pour un tiers des familles.

----------En trois générations, une population mêlée s'est constituée, majoritaire, de même qu'un peu partout en Algérie : cette nouvelle race méditerranéenne, " pied noir ", demeurera sentimentalement française et les liens patriotiques seront encore resserrés par le sang versé de 1914 à 1918 : la longue liste de morts pour la France, à l'arrière du fronton du monument aux morts, en témoigne.