---------En 1876, le village est peuplé
de 595 habitants, dont 249 Français et 337 Espagnols, population
laborieuse, à la vie rude.
---------En 1901, vingt-cinq ans plus tard,
Guyotville atteindra 2.821 âmes : le petit hameau d'apparence chétive,
pauvre en habitants est devenu une riche bourgade, coquette, heureuse,
populeuse. Quel miracle est intervenu entre temps?
---------L'introduction du chasselas de Fontainebleau
sur le Sahel ouest d'Alger est une innovation capitale pour l'essor du
village.
---------Un vigneron d'origine provençale,
Charles Pons, en rapporte quelques milliers de boutures en 1853 pour les
planter à la Trappe de Staouéli. Le succès de cette
plantation dépasse les limites du domaine et en 1857, M. Louis
Patry-Gallaud, originaire de l'Hérault, en apporte des quantités
massives ; il semble que MM. Berthier* et Bernard aient aussi largement
contribué à ces plantations.
*([...]Par ailleurs sur votre site concernant
Guyotville vous parlez du Chasselas et de la famille Berthier : c'était
la belle famille de Claudius Vollot, sa femme donc mon arrière-grand-mère,
s'appelait Mathilde Berthier et était la fille de Charles Pierre
Léopold BERTHIER qui fut fondateur du syndicat d'irrigation de
Guyotville en 1867et un propagateur du chasselas.
Le fils de Charles P.L. Berthier et donc le frère de Mathilde,
Louis Berthier à la mort de son père en 1893 a du faire
marcher la propriété avec l'aide de son frère Charles
Constand et a repris les vignes et était agriculteur. Ils sont
tous enterrés dans le cimetière de Guyotville. Sauf mes
arrières-grand-parents qui sont au cimetière Saint Eugène.)
Laure Chaput
LOUIS BERTHIER en 1949
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---------Le succès
est grand en raison de la précocité du chasselas, mûr
dès le 25 juin à Guyotville et négociable avec Alger
à des prix intéressants.
---------En 1875, les vignobles s'étendent
du Cap-Caxine
à Zéralda,
mais, grâce à de minutieuses sélections et au climat
exceptionnel, le chasselas de Guyotville conquiert la première
place.
---------En 1876, les initiatives de MM.
Gros et Tartarin, qui organisent les premières exportations vers
la métropole, assurent des débouchés très
rémunérateurs. C'est l'engouement chez les colons qui poursuivent
la plantation du chasselas et greffent les anciennes vignes (à
l'exclusion des vignobles de l'est du plateau, plus près du massif
de la Bouzaréah,
où le sol peu meuble se prête mal à la culture du
raisin de table).
---------En 1948, le village comptera 640
hectares de chasselas fournissant 19.350 quintaux de raisin de table et
215 hectares de vignes à vin, produisant 4.590 hectolitres.
--------Simultanément, la culture maraîchère
de primeurs se développe, couvrant 400 hectares
; le produit en sera aussi largement exporté vers la métropole.
À la culture printanière, pratiquée par habitude,
comme en métropole, les colons, sous l'impulsion des Espagnols,
ont subsitué la culture automnale dès les premières
pluies de septembre, et la culture d'hiver possible en l'absence de gelées.
Souvent, ces légumes plantés entre les rangées de
vigne et la terre, constamment retournée et fumée, ne s'épuise
pas ; elle fournit ainsi jusqu'à trois récoltes par an :
---------- la tomate P.L.M. en premier lieu
est récoltée en deux saisons d'automne et de printemps,
---------- la pomme de terre en deux saisons
aussi, grenadine d'hiver et étoile de Léon de printemps,
---------- les carottes, les haricots verts,
les petits pois, les courgettes, les aubergines, sont de même l'objet
d'importantes expéditions.
---------La culture fruitière prend
aussi quelque expansion : hectares plantés en orangers, mandariniers,
citronniers, néfliers amandiers et figuiers.
---------Le développement de ces cultures
est à l'origine d'un phénomène social important,
l'afflux des indigènes travaillant aux champs, fixant ces ouvriers
à la terre ou les faisant descendre périodiquement des montagnes
vers le Sahel
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