Guyotville
Chez nous à Guyotville
Postface

 

miise sur site le 22-01-2005
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---------Voici venir la dix-septième année de notre exode (note du site: la brochure est de mai 1980) et la quatrième réunion de notre amicale, pour la Pentecôte. Emouvante assemblée de ce qui fut un village français et qui n'est que lambeaux épars cherchant désespérément, une fois l'an, à se retrouver. Nous voudrions au moins connaître la cause profonde d'un tel malheur ; y avait-il un remède ?
---------J'ai partout retrouvé les mêmes arguments : c'est le "vent de l'histoire" obéissant à l'inéluctable principe du " droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ", c'est-à-dire à voir éclore en eux les germes inévitables de l'éveil nationaliste, comme une sorte de génération spontanée, et qui doit provoquer la libération du joug du colonialisme. ---------C'est ce principe idéaliste qui a conduit un homme de gauche, MendèsFrance, à abandonner, après Dien-Bien-Phu, l'Indochine, tout comme un homme de "droite", De Gaulle, aux accords d'Evian, mais ici, après la victoire de nos armes.
---------Ce principe se révèle en réalité être un principe révolutionnaire, non une espèce de génération spontanée, mais une émanation voulue de l'idéologie marxiste, savamment distillée. En fait, nous assistons non à l'éclosion harmonieuse des peuples " libérés ", mais à leur déchéance et à la misère, à la guerre qui se poursuit, à l'anarchie ou au totalitarisme, de toute façon à une nouvelle colonisation idéologique et économique qui profite aux deux grands empires rivaux marxiste et capitaliste...
---------Y avait-il un remède ? Je livre à votre méditation ces quelques lignes, retrouvées dans la correspondance du Père de Foucault, qui connaissait si bien notre terre et y a laissé la vie. Avec une troublante prémonition, il écrivait le 12 décembre 1912 au Duc de Fitz-James, 50 ans avant notre exode
---------" Quel bel empire, à condition de le civiliser, de le franciser et non de se contenter de le maintenir soumis et de l'exploiter. Cet empire africain sera, dans un demi-siècle, un admirable prolongement de la France. Si, oublieux de l'amour du prochain commandé par Dieu, nous traitons ces peuples, non en enfants, mais en matière d'exploitation, l'union que nous leur aurons donnée se retournera contre nous et ils nous jetterons à la mer à la première difficulté européenne".
---------Il précisait encore dans une lettre du 16 juillet 1916 à René Bazin : " Ma pensée est que si petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du Nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir le coeur et l'esprit français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle, influencer les masses... elle se servira de l'islam comme levier pour soulever la masse ignorante et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant ".

Docteur Georges Pélissier.