LES PARFUMS
Les parfums sont connus
depuis des temps très reculés.
Ils servirent d'abord aux rites religieux et, du culte des dieux, leur
usage passa chez certains peuples, notamment en Égypte, à
celui des morts, dont les corps furent embaumés. Enfin, les parfums
descendirent dans les habitudes de la vie usuelle ; ils servirent à
la toilette des femmes, au luxe et à l'agrément des fêtes.
Puis, cet usage des parfums a suivi une progression constante en rapport
avec l'envahissement du luxe. En même temps, notre goût
s'est perfectionné ; les odeurs de nuise et de civette si fort
à la mode chez les grandes dames du XVIème et du XVIIème
feraient horreur à nos élégantes, qui réclament
des parfums plus légers et plus délicats.
Aussi l'art du parfumeur nécessite-t-il de nos jours, non seulement
un soin extrême, mais des études, minutieuses dans le choix
et le mélange des différentes essences, avant d'arriver
à la finesse et au pouvoir capiteux qui caractérisent
les créations de luxe.
Mais disons d'abord quelques mots sur la culture des fleurs et la fabrication
des matières premières.
Les principales fleurs cultivées dans la région de Grasse
sont : la violette, la rose, la fleur d'oranger, le jasmin, la tubéreuse,
la cassis, la mimosa, la jonquille, le narcisse, le genêt, l'illet,
le géranium et le réséda.
Les montagnes et les plaines de la région fournissent des herbes
aromatiques naturelles d'un parfum exceptionnellement fin, telles que
la lavande, l'aspic, le romarin, le thym, la menthe, la sauge sclarée,
la verveine, le basilic.
La composition du sol, la préparation du terrain, les travaux
d'irrigation, l'exposition au soleil, donnent aux fleurs de Grasse un
arôme qu'elles ne possèdent dans aucun autre pays.
Les détails de la fabrication sont généralement
peu connus.
La plus ancienne méthode employée à Grasse est
celle des corps gras (pommades).
Ces corps gras sont une composition de graisse de buf et de panne
de porc dans des proportions déterminées et le traitement
se fait : soit à chaud, soit à froid.
La préparation à chaud consiste à faire infuser
une quantité déterminée de fleurs dans les corps
gras jusqu'à une température de 80°. La macération
dure vingt minutes, Après macération, la fleur a complètement
perdu son parfum, qui est passé entièrement dans le corps
gras, d'où on l'extrait par distillation.
Le procédé à froid consiste à étendre
les fleurs sur une couche légère de corps gras, placée
sur des châssis. La fleur communique ainsi entièrement
son odeur au corps gras. On enlève alors un à un les pétales,
et on épuise le corps gras de façon à en extraire
le parfum sous forme d'essence.
Une autre méthode d'extraction du parfum des fleurs est l'extraction
par dissolvants volatils, procédé nécessitant beaucoup
de soins.
La fleur soumise à l'action des hydrocarbures abandonne une matière
cireuse qui contient le parfum. Par évaporation de la solution,
on obtient un produit appelé couramment " concrète
", qui est une cire de fleurs très parfumée.
Il faut ensuite enlever à la concrète l'odeur de la benzine,
ce qui se fait en extrayant les dernières traces de benzine au
moyen des appareils spéciaux permettant de travailler à
basse pression et à température réduite.
En distillant la concrète, on obtient, d'une part, la cire qui
a abandonné son parfum et, d'autre part, le parfum lui-même,
appelé " essence absolue ", qui est la plus haute concentration
connue de parfum.
Pour faire un kilog de concrète de jasmin, il faut 350 kilogs
de fleurs et deux kilos de concrète donnent un kilog d'absolu.
Pour la rose, il faut 500 kilogs de fleurs pour un kilog de concrète.
Les huiles ainsi obtenues sont des produits d'une odeur extrêmement
pénétrante et intense qui ne peuvent être appréciés
qu'en les diluant dans de l'alcool. En les mélangeant dans des
proportions variables, on obtient une gamme de parfums pour ainsi dire
infinie.
Certains parfums contiennent jusqu'à vingt ou trente essences
différentes, dont chacune concourt à donner au mélange
son " bouquet ". On peut ainsi concevoir le temps qu'il faut
pour déterminer la note qu'une quantité donnée
de chaque essence communique à un mélange.
On comprend donc aisément les prix élevés des parfums
de grandes classes, dont la fabrication nécessite la collaboration
intime du cultivateur, de l'industriel et de l'expert en parfumerie.
Ajoutez à cela la nécessité de présenter
les parfums sous une forme qui soit digne de produits aussi précieux
: flacons, étiquettes, coffrets, etc.
On se rend compte, par ce qui précède, que les quantités
de matières premières de toutes première qualité
sont, en somme, très limitées. C'est pourquoi, pendant
de longues années, les parfums étaient réservés
aux classes fortunées.
Un des phénomènes économiques que l'on a pu constater
depuis quelques années a été la mise à la
portée de tous des produits de luxe. Les récentes découvertes
des chimistes ont permis d'isoler certains corps généralement
extraits du goudron de houille. L'odeur de ces corps rappelle plus ou
moins vaguement celle des essences précieuses et rares que produit
la nature.
Inutile de dire que ces compositions chimiques ne rappellent que de
très loin la finesse, l'intensité, la variété
des matières premières de la région grassoise ;
mais elles sont infiniment meilleur marché.
Aussi, certains parfumeurs peu scrupuleux ont été tentés
d'arriver à baisser le prix de revient de leurs parfums, en mélangeant
certaines proportions de produits chimiques à des produits de
fleurs.
Ne voit-on pas les préparations les plus excentriques souvent
vénéneuses, décorées des noms les plus étranges,
éclore tous les jours aux yeux du public toujours prompt à
se laisser séduire par le charlatanisme ?
Dédaignant ces produits truqués, bien reconnaissables
à l'usage, une société vient d'être montée
à Alger qui mettra son point d'honneur à ne fabriquer
que des produits absolument purs.
Cette firme : Azurville, aux destinées de laquelle préside
avec une compétence indiscutable M. Firmin, possède de
vastes ateliers, situés 17, rue Lazerges, munis d'un matériel
perfectionné, où elle fabriquera elle même, à
l'aide de ses matières premières, ce qui lui permettra
d'offrir à sa clientèle des parfums d'une pureté
absolue et d'une qualité irréprochable.
Ajoutons que ses créations seront offertes au public sous une
forme digne de leur qualité exceptionnelle et constitueront ainsi
de véritables uvres d'art, aussi bien par leur valeur intrinsèque
que par le luxe de leur présentation.
Ici, chaque femme élégante voudra avoir dans son boudoir
un délicieux flacon d'Azurville.