Une belle réalisation électrique à Alger
Tout Alger, ou presque,
s'est rendu, la semaine passée, au carrefour de la Grande Poste,
pour admirer le Journal Lumineux installé sur la terrasse de
l'immeuble faisant l'angle du boulevard Bugeaud et de la rue d'Isly.
On en parle partout et, tous les soirs, ce carrefour est envahi par
des milliers de nos concitoyens qui ont leurs regards irrésistiblement
attirés par ce curieux et féerique moyen d'information.
Il est amusant d'entendre les réflexions des spectateurs. Certains
s'écrient qu'ils voient " courir " les lampes ; d'autres
disent que ce sont " des flammes électriques qui brûlent
comme des chandelles " sic Ils appuient cette opinion sur le fait
que les points lumineux laissent une traînée fluorescente.
Nombreux sont ceux qui affirment, avec autorité, qu'il s'agit
de projections cinématographiques d'un nouveau genre ; plusieurs
voient tout le tableau circuler à grande allure ; bref, chacun
y va de son explication, mais en général, tous disent
que cela tient de la magie électrique.
Nous sommes allés interwiever M. Paul Décaillet, directeur
des Nouvelles Lumineuses de Godec, qui s'est aimablement empressé
de nous fournir toute documentation. C'est au cours d'un voyage à
Paris que M. Décaillet, ayant vu fonctionner ce moyen d'information,
fut frappé de son efficacité. Il songea immédiatement
à en doter la ville d'Alger. Comme notre concitoyen est un homme
aux décisions et aux réalisations rapides, l'affaire fut
vite conclue et, peu après, les appareils expédiés
à Alger et promptement montés par les soins de la Maison
Cornailler, qui a déjà à son actif de nombreuses
et magnifiques réalisations d'art électrique. L'armature
métallique fut exécutée par la Maison Durafour.
M. Pohyer, spécialiste des nouvelles lumineuses, est venu de
Paris pour diriger le fonctionnement de cette ensemble.
L'appareil par lui-même est d'une grande simplicité. Il
se compose de deux parties bien distinctes : D'un immense panneau demi-circulaire,
de 16 mètres de long sur 1 m. 60 de haut. Sur ce panneau qui
domine la terrasse, sont fixées symétriquement 1.200 lampes
électriques "Philips", dont 240 de couleur, forment
un encadrement ; à l'intérieur de ce cadre, les 960 autres
lampes, type lumière du jour, servent à combiner toutes
les lettres de l'alphabet, les chiffres ou n'importe quel dessein qu'on
désire reproduire.
Toutes ces lampes ont un pole relié à un fil commun, chacun
des autres pôles est également relié au poste de
commande qui se trouve derrière le panneau, sur la terrasse.
Quinze mille mètres de fil à fort isolement ont été
nécessaires pour établir ces connexions.
De nombreuses personnalités du monde commercial étaient
également présentes à cette petite manifestation
et se plurent, comme nous, à constater que les pâtes "
La Lune " connaîtraient bientôt la grande faveur du
public.
Journal
lumineux...mais pas sur la grande poste