Alger :
la Grande Poste

L'horloge

La gravure que nous publions ci-dessus représente la nouvelle horloge de la Poste Centrale d'Alger.
Tout le monde est d'accord pour reconnaître que cette oeuvre d'art — si l'on peut dire — constitue un outrage au bon goût et qu'un caillou lancé d'une main sûre au beau milieu de ce cadran serait le plus bel éloge que l'on puisse en faire.
Telle qu'elle est représentée sur notre gravure, cette horloge est déjà très laide,. mais vue en couleurs elle est inexprimable.
Imaginez, un kilo de tomates, trois douzaines de poivrons verts et une poignée d'aubergines jetées à plein couffin sur un grand tambour de basque préalablement enduit d'une épaisse couche de glu et vous aurez une idée de ce que représente cette enluminure grotesque.


Extrait de l'Echo d'Alger du 29-7-1912 - transmis par Francis Rambert

mise sur site : déc. 2014

2.- LA NOUVELLE HORLOGE DE L'HÔTEL DES POSTES
...les services administratifs, bd Bugeaud.(derrière la grande poste.)
** La qualité des photos est celle de la revue. On est en 1921. Amélioration notable plus tard.
Afrique du nord illustrée du 1-10-1920 - transmis par Francis Rambert
mise sur site : déc. 2020

420 Ko
retour
 
vue en couleurs elle est inexprimable.
LA NOUVELLE HORLOGE DE L'HÔTEL DES POSTES
LA NOUVELLE HORLOGE DE L'HÔTEL DES POSTES

A l'occasion du Nouvel An, l'administration des Postes nous réservait une agréable surprise : l'horloge promise depuis si longtemps déjà aux habitants d'Alger, l'horloge de l'Hôtel des Postes se mettait à fonctionner.

De toutes parts, l'on entendait déplorer la disparition du cadran qui, depuis la fondation de notre bel Hôtel des Postes, renseignait les passants sur le temps qui leur restait à muser dans la rue d'Isly ou sur le nombre des minutes qui les séparaient encore de l'heure si impatiemment attendue de quelque rendez-vous d'affaires.

Les petites ouvrières sortant du grand hall avaient un geste gracieux pour se retourner sur le perron et le consulter ; de vieux messieurs graves ajustaient leur pince-nez, sortaient de la poche d'un gilet quelque chronomètre précieux, comparaient la marche des aiguilles et s'en allaient d'un air satisfait.
C'était plaisir à voir combien l'horloge de l'Hôtel des Postes rendait de multiples services ; aussi, de temps à autre, pour bien donner une idée de son incontestable nécessité, elle s'arrêtait. C'était alors un unanime concert de protestations.
Puis, un beau jour, elle disparut. A sa place, au-dessus de la grande porte centrale, une fine rosace vint masquer l'ouverture béante de l'horloge qui n'était plus.

Pour rassurer le public, mis en émoi par cette soudaine transformation, l'administration des Postes fit passer des communiqués. Il y était expliqué de quelles difficultés s'accompagnaient les réparations qu'exigeait le mécanisme de l'horloge. A chaque arrêt,de fonctionnement, un échafaudage devait être dressé et, en plus des frais qu'entraînait cette obligation, la circulation du public s'en trouvait considérablement gênée.

Cependant, l'impérieux besoin d'une horloge se faisant sentir dans ces parages si fréquentés, l'administration des Postes décidait, qu'un autre cadran serait édifié à proximité, sur l'autre corps de bâtiment situé au nord du corps principal.
L'endroit était bien choisi, l'heure pouvait être aperçue de loin et dans toutes les directions.

Aussitôt, des madriers surgirent du sol, un solide échafaudage se monta, et tout là-haut, caché aux yeux du public par une grande bâche, un travail mystérieux s'accomplit.
Et le travail durait toujours. L'esprit, des passants intrigué de voir s'écouler un aussi long laps de temps entre le commencement de la besogne et la pose du cadran s'inquiétait, se perdait en conjectures, supposait des choses bizarres.
C'est que l'administration, soucieuse de ne point abîmer le caractère mauresque de tout l'édifice, tenait à faire bien les choses, et tout à l'entour du cadran on moulait des motifs de l'art arabe le plus pur.

Puis, à la veille de la nouvelle année, le voile tombait, et à l'agréable surprise de tous, la nouvelle horloge entrait en fonctions.

Dans la journée, sous la belle lumière; d'Algérie, le cadran et son entourage d'une délicatesse infinie faisaient merveille.
Dans l'esprit de ses créateurs, l'heure devait être visible même la nuit et de très loin, grâce à un système d'éclairage adapté à cet effet.

Les chiffres dessinés autour du verre dépoli, derrière lequel se trouve un foyer lumineux, s'aperçoivent, de très loin et tout eut été pour le mieux s'il en avait été de même des aiguilles : mais celles-ci restent obstinément dans l'ombre, et, voir les chiffres sans pouvoir situer l'emplacement exact des aiguilles est, à la connaissance de, l'heure, ce que serait, à la personne soucieuse de connaître son poids exact, un cadran mentionnant, les kilogrammes et sur lequel ne courrait nulle flèche indicatrice.