Ghardaïa

Capitale du M'Zab et ville la plus peuplée du Sahara, Ghardaïa est l'une des plus curieuses villes de l'Algérie et peut-être celle qui laissera au touriste le souvenir le plus durable. Le pittoresque de son site, de son architecture, de sa région, la civilisation originale de ses habitants, l'animation de sa célèbre place du Marché et le silence de ses rues bordées de hautes maisons aveugles frapperont le visiteur.

Extrait du Guide vert Michelin, première et dernière édition 1956
sur site : avril 2012

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Il existe sur ce splendide site (j'en suis le modeste auteur ) , un PDF , qui reprend le texte ci-dessous et réciproquement.

-Capitale du M'Zab et ville la plus peuplée du Sahara, Ghardaïa est l'une des plus curieuses villes de l'Algérie et peut-être celle qui laissera au touriste le souvenir le plus durable. Le pittoresque de son site, de son architecture, de sa région, la civilisation originale de ses habitants, l'animation de sa célèbre place du Marché et le silence de ses rues bordées de hautes maisons aveugles frapperont le visiteur.

GHARDAIA
*** - Carte Michelin n°172 - pli 26 et n°153- pli 3.

LE SITE**
Comme les autres cités du M'Zab, Ghardaïa occupe un site remarquable. Ses maisons aux multiples terrasses, aux murs blancs, gris ou bleutés s'étagent en pyramide sur un mamelon. Le haut minaret pointu de la mosquée domine cet ensemble. C'est là un tableau que l'on n'oublie pas.
Le meilleur point d'où l'on pourra apprécier le site de Ghardaïa est la terrasse qui s'étend devant le bord] au Sud de la ville. De là, la vue** est saisissante, surtout aux premières heures de la journée.

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VISITE (durée 2 h. environ).

Place du Marché***. - On l'atteint par la rue Neuve, bordée de boutiques de commerçants mozabites ou juifs. C'est aussi la rue des boulangers. Cette place est la partie la plus animée de Ghardaïa. Il faut la voir le matin entre 9 h et 11 h. et surtout le vendredi, jour de marché hebdomadaire. Elle est alors blanche de burnous et garnie d'éventaires. Les palabres entre les commerçants et leurs clients, les marchandages des nomades venus là vendre des fagots de bois, précieux dans ce pays, leurs animaux, bâtés et barraqués, attendant avec calme la fin de ces inépuisables discussions forment un spectacle pittoresque.

La plupart des boutiques de Ghardaïa se situent sous les arcades qui font le tour de la place, dans la première rue qui s'élève vers la mosquée ou dans la rue Neuve. Elles regorgent de marchandises de toute nature, empilées les unes sur les autres et minutieusement rangées.

Les allées et venues de la foule, la variété des produits offerts, l'animation de certains quartiers réservés aux tailleurs, aux cordonniers, aux bouchers, offrent un spectacle curieux.

Mahakma du caïd. - La Mahakma, ou maison du caïd, s'élève au Sud de la place. Son double étage d'arcades et sa haute terrasse la signalent à l'attention. C'est là que se règlent la plupart des querelles entre les habitants et que s'accomplissent les formalités administratives. C'est surtout là que le touriste trouvera un guide indispensable pour la visite de la mosquée. Au premier étage de cette maison se trouve la salle de la Djamaa ou assemblée des notables de la ville. De la terrasse supérieure, on jouit de la meilleure vue** sur la place du Marché et la pyramide des maisons de Ghardaïa s'ouvrant sur leur cour intérieure par des arcades supportant leurs terrasses.

M'Çalla. - Cette pierre rectangulaire qui s'étend devant la maison du caïd permet aux fidèles, de rite malékite (p. 14) surtout, de prier au-dessus des impuretés de la place, selon la prescription coranique. Le spectacle de ces croyants, à certaines heures surtout, tournés vers la Mecque, dans le geste rituel de leur prière, sans souci de la foule qui les entoure, ne manque pas d être frappant.

Haouïta. - C'est le nom donné aux 24 pierres disposées en fer à cheval sur la place. Ces pierres installées à cet endroit en 1355 et provenant des 24 cimetières les plus fréquentés entourant Ghardaïa, servaient naguère de sièges aux membres de la Djamaa qui délibéraient là, sur certains points délicats de jurisprudence. Elles leur assuraient les grâces des saints les plus vénérés du M'Zab et garantissaient, par la menace d'une punition divine, la bonne foi de chacun.

Mosquée. - Visite de 8 h. à 14 h. et de 16 h. au coucher du soleil, en dehors des heures de prière. Offrande au gardien. On parvient à la mosquée en gravissant une série de ruelles de plus en plus calmes et silencieuses. Cette haute ville constitue un quartier puritain, habité surtout par les chefs religieux du M'Zab. Ses ruelles étroites sont couvertes de passages voûtés, parfois très bas, destinés à lutter contre le soleil et à empêcher, dit-on, les méharistes chambaas, jadis terreur des mozabites, d'atteindre la mosquée, véritable citadelle autour de laquelle se blottissait le Ghardaïa primitif, entouré de remparts dont témoignent encore des rues circulaires.

La mosquée elle-même est très simple et sans décoration. Sa salle de prières primitive est sombre et fraîche. En été les prières se font dans la cour ou sur les terrasses supportées par de massifs piliers rudimentaires. Le minaret carré est caractéristique de ceux du Mlab élancé, de forme pyramidale, avec ses pointes levées vers le ciel aux quatre angles. Des terrasses qui s'élèvent au pied du minaret, intéressante vue plongeante sur la ville toute entière et ses environs.

Une chambre aux ablutions, avec latrines et eau courante permet aux fidèles de se purifier le corps avant la prière.

Mellah.
- Comme la plupart des villes sahariennes, Ghardaïa est divisée en quartiers dans lesquels se répartissent les diverses fractions de sa population. Les Mozabites, les plus nombreux naturellement,-habitent au sommet et au Sud de la ville; au Nord, on trouve quelques Arabes et quelques nègres. Les Juifs sont réunis dans un quartier spécial, le Mellah, situé à l'Est de Ghardaïa. La propreté des ruelles de ce véritable ghetto ne rappelle que de très loin celle des rues de la ville mozabite, mais leur pittoresque vaut qu'on les parcourt; elles sont bordées doéchoppes de tanneurs, d'armuriers, de forgerons et de bijoutiers.

Chaque soir, autrefois, les Mozabites fermaient les portes du Mellah, emprisonnant ainsi les Juifs dans leur quartier. De nos jours, cette coutume ne s'est maintenue que le long des rues montant à la mosquée. Les Juifs de Ghardaïa ne possèdent pas de palmiers et ils ont leurs puits particuliers.

Ouvroir des soeurs. - Offrande. Il est situé dans le quartier arabe de Mdabih et nous conseillons au touriste d'y aller seul, soit, partant de la place du marché par la rue des légumes et le long des remparts, soit du centre de la ville en se dirigeant au hasard des ruelles, en descente vers le Nord-Ouest. Puis, après la visite, revenir à l'hôtel en suivant le lit de l'oued M'Zab que l'on traversera, la promenade étant plus agréable au bord des jardins et des palmiers qu'au pied des remparts de la ville où s'entassent les ordures ménagères.

Cette école artisanale (tapis, couvertures et écharpes de laine) est tenue par des soeurs blanches. Elle est fréquentée par des jeunes Arabes plus que par des Mozabites.

Cimetières. - On peut les visiter tous les jours, sauf le vendredi, jour réservé aux femmes. Les cimetières entourent presque complètement Ghardaïa. Les tombes se signalent par d'humbles pierres levées, des pots ou des jarres de terre, brisés, comme l'a été la vie du défunt, et pour ne pas servir d'objets de convoitise aux nomades. Les cimetières possèdent quelques pittoresques koubbas blanches. Leur importance fait du M'Zab une vaste nécropole, car la plupart des Mozabites par attachement à leur pays, viennent finir leurs jours dans leur ville natale et se faire inhumer dans le cimetière ou I ont été leurs ancêtres.