-Capitale du M'Zab
et ville la plus peuplée du Sahara, Ghardaïa est l'une des
plus curieuses villes de l'Algérie et peut-être celle qui
laissera au touriste le souvenir le plus durable. Le pittoresque de son
site, de son architecture, de sa région, la civilisation originale
de ses habitants, l'animation de sa célèbre place du Marché
et le silence de ses rues bordées de hautes maisons aveugles frapperont
le visiteur.
GHARDAIA
*** - Carte Michelin n°172 - pli 26 et n°153- pli 3.
LE SITE**
Comme les autres cités du M'Zab, Ghardaïa occupe un site remarquable.
Ses maisons aux multiples terrasses, aux murs blancs, gris ou bleutés
s'étagent en pyramide sur un mamelon. Le haut minaret pointu de
la mosquée domine cet ensemble. C'est là un tableau que
l'on n'oublie pas.
Le meilleur point d'où l'on pourra apprécier le site de
Ghardaïa est la terrasse qui s'étend devant le bord] au Sud
de la ville. De là, la vue** est saisissante, surtout aux premières
heures de la journée.
oo
VISITE (durée
2 h. environ).
Place du Marché***.
- On l'atteint par la rue Neuve, bordée de boutiques de commerçants
mozabites ou juifs. C'est aussi la rue des boulangers. Cette place est
la partie la plus animée de Ghardaïa. Il faut la voir le matin
entre 9 h et 11 h. et surtout le vendredi, jour de marché hebdomadaire.
Elle est alors blanche de burnous et garnie d'éventaires. Les palabres
entre les commerçants et leurs clients, les marchandages des nomades
venus là vendre des fagots de bois, précieux dans ce pays,
leurs animaux, bâtés et barraqués, attendant avec
calme la fin de ces inépuisables discussions forment un spectacle
pittoresque.
La plupart des boutiques de Ghardaïa se situent sous les arcades
qui font le tour de la place, dans la première rue qui s'élève
vers la mosquée ou dans la rue Neuve. Elles regorgent de marchandises
de toute nature, empilées les unes sur les autres et minutieusement
rangées.
Les allées et venues de la foule, la variété des
produits offerts, l'animation de certains quartiers réservés
aux tailleurs, aux cordonniers, aux bouchers, offrent un spectacle curieux.
Mahakma du caïd. - La
Mahakma, ou maison du caïd, s'élève au Sud de la place.
Son double étage d'arcades et sa haute terrasse la signalent à
l'attention. C'est là que se règlent la plupart des querelles
entre les habitants et que s'accomplissent les formalités administratives.
C'est surtout là que le touriste trouvera un guide indispensable
pour la visite de la mosquée. Au premier étage de cette
maison se trouve la salle de la Djamaa ou assemblée des notables
de la ville. De la terrasse supérieure, on jouit de la meilleure
vue** sur la place du Marché et la pyramide des maisons de Ghardaïa
s'ouvrant sur leur cour intérieure par des arcades supportant leurs
terrasses.
M'Çalla. - Cette pierre
rectangulaire qui s'étend devant la maison du caïd permet
aux fidèles, de rite malékite (p. 14) surtout, de prier
au-dessus des impuretés de la place, selon la prescription coranique.
Le spectacle de ces croyants, à certaines heures surtout, tournés
vers la Mecque, dans le geste rituel de leur prière, sans souci
de la foule qui les entoure, ne manque pas d être frappant.
Haouïta. - C'est le nom
donné aux 24 pierres disposées en fer à cheval sur
la place. Ces pierres installées à cet endroit en 1355 et
provenant des 24 cimetières les plus fréquentés entourant
Ghardaïa, servaient naguère de sièges aux membres de
la Djamaa qui délibéraient là, sur certains points
délicats de jurisprudence. Elles leur assuraient les grâces
des saints les plus vénérés du M'Zab et garantissaient,
par la menace d'une punition divine, la bonne foi de chacun.
Mosquée. - Visite de
8 h. à 14 h. et de 16 h. au coucher du soleil, en dehors des heures
de prière. Offrande au gardien. On parvient à la mosquée
en gravissant une série de ruelles de plus en plus calmes et silencieuses.
Cette haute ville constitue un quartier puritain, habité surtout
par les chefs religieux du M'Zab. Ses ruelles étroites sont couvertes
de passages voûtés, parfois très bas, destinés
à lutter contre le soleil et à empêcher, dit-on, les
méharistes chambaas, jadis terreur des mozabites, d'atteindre la
mosquée, véritable citadelle autour de laquelle se blottissait
le Ghardaïa primitif, entouré de remparts dont témoignent
encore des rues circulaires.
La mosquée elle-même est très simple et sans décoration.
Sa salle de prières primitive est sombre et fraîche. En été
les prières se font dans la cour ou sur les terrasses supportées
par de massifs piliers rudimentaires. Le minaret carré est caractéristique
de ceux du Mlab élancé, de forme pyramidale, avec ses pointes
levées vers le ciel aux quatre angles. Des terrasses qui s'élèvent
au pied du minaret, intéressante vue plongeante sur la ville toute
entière et ses environs.
Une chambre aux ablutions, avec latrines et eau courante permet aux fidèles
de se purifier le corps avant la prière.
Mellah. - Comme la plupart des villes sahariennes, Ghardaïa
est divisée en quartiers dans lesquels se répartissent les
diverses fractions de sa population. Les Mozabites, les plus nombreux
naturellement,-habitent au sommet et au Sud de la ville; au Nord, on trouve
quelques Arabes et quelques nègres. Les Juifs sont réunis
dans un quartier spécial, le Mellah, situé à l'Est
de Ghardaïa. La propreté des ruelles de ce véritable
ghetto ne rappelle que de très loin celle des rues de la ville
mozabite, mais leur pittoresque vaut qu'on les parcourt; elles sont bordées
doéchoppes de tanneurs, d'armuriers, de forgerons et de bijoutiers.
Chaque soir, autrefois, les Mozabites fermaient les portes du Mellah,
emprisonnant ainsi les Juifs dans leur quartier. De nos jours, cette coutume
ne s'est maintenue que le long des rues montant à la mosquée.
Les Juifs de Ghardaïa ne possèdent pas de palmiers et ils
ont leurs puits particuliers.
Ouvroir des soeurs. - Offrande.
Il est situé dans le quartier arabe de Mdabih et nous conseillons
au touriste d'y aller seul, soit, partant de la place du marché
par la rue des légumes et le long des remparts, soit du centre
de la ville en se dirigeant au hasard des ruelles, en descente vers le
Nord-Ouest. Puis, après la visite, revenir à l'hôtel
en suivant le lit de l'oued M'Zab que l'on traversera, la promenade étant
plus agréable au bord des jardins et des palmiers qu'au pied des
remparts de la ville où s'entassent les ordures ménagères.
Cette école artisanale (tapis, couvertures et écharpes de
laine) est tenue par des soeurs blanches. Elle est fréquentée
par des jeunes Arabes plus que par des Mozabites.
Cimetières. - On peut
les visiter tous les jours, sauf le vendredi, jour réservé
aux femmes. Les cimetières entourent presque complètement
Ghardaïa. Les tombes se signalent par d'humbles pierres levées,
des pots ou des jarres de terre, brisés, comme l'a été
la vie du défunt, et pour ne pas servir d'objets de convoitise
aux nomades. Les cimetières possèdent quelques pittoresques
koubbas blanches. Leur importance fait du M'Zab une vaste nécropole,
car la plupart des Mozabites par attachement à leur pays, viennent
finir leurs jours dans leur ville natale et se faire inhumer dans le cimetière
ou I ont été leurs ancêtres.
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