GEOLOGIE _ RESSOURCES MINIÈRES
Les pétroles algériens
Afrique du nord illustrée du 28-8-1920 - Transmis par Francis Rambert
*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1920 Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande

[...]
D'après M. Neuburger, auteur d'un rapport sur les Gisements pétrolifères du département d'Oran; adressé au Gouverneur général et publié en brochure en 1901, le hasard seul amena le premier Européen auprès de la source d'Aïn-Zeft ; un Espagnol, Domingo Gonzalves, cherchait du goudron pour calfater sa barque ; un Arabe, passeur sur le Chélif, le conduisit à une source appelée Source Noire par les indigènes. D'autres pêcheurs de même nationalité vinrent ensuite, creusèrent des tranchées à ciel ouvert, aménagèrent un réservoir où s'accumula le bitume suintant le long des parois des tranchées. "

A Tliouanet, même circonstance fortuite. " En 1898, toujours d'après M. Neuburger, la ville de Relizane résolut de capter certaines sources afin de s'approvisionner en eau potable. Un garde des eaux, M. Calmette, fut désigné pour aller surveiller les travaux. Pendant son séjour à Tliouanet, le garde des eaux fut atteint de douleurs à la gorge et un Arabe des environs lui déclara qu'il possédait le remède qui pourrait le guérir ; il s'agissait simplement d'aller chercher sur les rives de l'oued Messila le sang d'un très saint marabout qui coulait là depuis des siècles et qui, par la grâce d'Allah, possédait des vertus curatives miraculeuses.
TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.


mise sur site : janvier 2021

810 Ko
retour
 
Les pétroles algériens

Les pétroles algériensLES PÉTROLES ALGÉRIENS

La guerre aura eu pour résultat d'accroître la consommation des divers produits fournis par la distillation des pétroles bruts, c'est-à-dire des essences, des pétroles lampants et des huiles lourdes.

La France n'a pas échappé à cette nécessité. Alors qu'en 1803, nous ne consommions que 259.000 tonnes de pétroles, en 1914, la quantité de ce combustible importée par nous fut de 486.000 tonnes, et depuis cette époque, elle n'a fait, qu'augmenter, atteignant 643.000 tonnes en 1916 et 741.400 en 1918.

Notre chiffre d'importation est donc passé du simple au triple en moins de trente ans.

A l'heure actuelle, bien que les hostilités aient cessé, nos besoins en pétroles de toutes sortes n'ont jamais été plus considérables. Malgré la disparition des parcs d'automobiles militaires, dont les voitures faisaient un service extraordinaire et consommaient, d'énormes quantités d'essences, il faut prévoir que nous aurons besoin d'importer mensuellement : 45.000 tonnes de ce produit en 1920, ce qui représente 540.000 tonnes annuellement, au lieu de 200.000 achetées il y a cinq ans.

Nous aurons là, selon les prévisions, tout juste ce qu'il faudra pour satisfaire aux exigences de plus en plus grandes de nos industries et pour répondre à nos moyens de transport.

Enfin, comme il semble que la pénurie de charbon doive continuer encore longtemps par suite d'une extraction insuffisante, ce sont les huiles lourdes de pétrole ou mazout, qui sont appelées à remplacer le combustible solide dans les usines et sur les locomotives, et aussi sur les navires de guerre et de commerce.

En résumé, il faudrait, pour donner l'essor indispensable à notre vie économique, faire parvenir dans nos ports près de trois millions de tonnes des divers produits de distillation des pétroles bruts en 1920, c'est-à-dire énormément plus qu'avant la guerre.

Où se procurer ces,pétroles ?

Il ne semble pas qu'il y ait là de grosses difficultés car la production mondiale de cette huile naturelle dépasse déjà 70 millions de tonnes, la quantité de mazout extraite étant de 40 millions de tonnes. Un des plus grands pays producteurs est les États-Unis d'Amérique dont la production annuelle peut maintenant dépasser 47 millions de tonnes. Puis vient la Russie qui donnait, au début de la guerre, 9 millions de tonnes par an, mais qui, actuellement, a perdu sa place sur le marché mondial. Il y a encore le Mexique, dont les puits de pétrole ont pris une importance incroyable, fournissant chaque année plus de 8 millions de tonnes, alors qu'en 1914, leur débit n'était encore que de 768.000 tonnes.
Citons, en outre, les Indes orientales, les Indes et la Galicie, dont la production annuelle peut dépasser respectivement 1.500.000 tonnes, 1 million de tonnes et 1.400.000 tonnes, bien que, pour cette ancienne province, la diminution de pétrole obtenu n'ait cessé de s'affirmer.

Il y a enfin la Roumanie, dont l'exploitation du pétrole revient peu à peu à ce qu'elle fut avant la guerre. Malgré la destruction des puits, les Allemands, pendant leur occupation, mirent en état de production 437 sondes et réussirent à extraire, en 1917, 520.000 tonnes de pétrole, et, en 1918, 1.200.000 tonnes, c'est-à-dire 75 % de la production d'avant-guerre. La restauration des anciens puits (ou le forage de nouveaux) permettra aux Roumains de disposer, à brève échéance, de 1.500.000 tonnes de pétrole par an.

On voit donc que la France est assurée de trouver au dehors les diverses sortes de pétroles dont elle a besoin.

Mais il faut le faire venir et c'est là où la difficulté commence. Aussi aurions-nous avantage à rechercher les nappes pétrolifères qui peuvent exister dans le sol français ou dans celui de nos colonies.

M. Victor Démontés, à qui nous devons sur les questions africaines de remarquables études, consacrait dans un récent bulletin de la Société de Géographie d'Alger des pages approfondies sur les pétroles algériens.

" Il y a, écrivait-il, en Algérie et. un peu partout dans l'Afrique du Nord, de nombreux indices de gîtes pétrolifères. Les notices minéralogiques publiées par le Service des Mines contiennent l'énumération des points où ils ont été observés.

Il est à remarquer que le nombre de ces indices est particulièrement élevé dans le département de Constantine et moins grand, semble-t-il, en Oranie, bien que ce soit dans ce dernier département, qu'on ait découvert les gîtes les plus importants.

Deux régions de l'Oranie furent explorées ; elles sont situées toutes deux dans la vallée inférieure du Chélif, de part et d'autre de ce fleuve, mais à une certaine distance de ses rives : l'une est la région du Dahra, l'autre celle de Tliouanet. "

Là ont été multipliés les sondages ; là ont été obtenus des résultats appréciables.

D'après M. Neuburger, auteur d'un rapport sur les Gisements pétrolifères du département d'Oran; adressé au Gouverneur général et publié en brochure en 1901, le hasard seul amena le premier Européen auprès de la source d'Aïn-Zeft ; un Espagnol, Domingo Gonzalves, cherchait du goudron pour calfater sa barque ; un Arabe, passeur sur le Chélif, le conduisit à une source appelée Source Noire par les indigènes. D'autres pêcheurs de même nationalité vinrent ensuite, creusèrent des tranchées à ciel ouvert, aménagèrent un réservoir où s'accumula le bitume suintant le long des parois des tranchées. "

A Tliouanet, même circonstance fortuite. " En 1898, toujours d'après M. Neuburger, la ville de Relizane résolut de capter certaines sources afin de s'approvisionner en eau potable. Un garde des eaux, M. Calmette, fut désigné pour aller surveiller les travaux. Pendant son séjour à Tliouanet, le garde des eaux fut atteint de douleurs à la gorge et un Arabe des environs lui déclara qu'il possédait le remède qui pourrait le guérir ; il s'agissait simplement d'aller chercher sur les rives de l'oued Messila le sang d'un très saint marabout qui coulait là depuis des siècles et qui, par la grâce d'Allah, possédait des vertus curatives miraculeuses.

Or, le prétendu sang du marabout, était du pétrole liquide qui, en effet, suintait, à Messila depuis des siècles, sans que jamais on eût daigné s'en apercevoir ".

Quoiqu'il en soit de ces origines, les travaux de recherches portèrent tout naturellement autour de ces points et ils y ont été poursuivis de près avec plus ou moins de régularité et de succès.

Dans le Dahra, on explora d'abord les couches superficielles par de petits puits, puis on pénétra plus profondément dans le sous-sol ; plus de trente sondages y ont été exécutés. Le premier fut poussé, en 1892, jusqu'à 300 mètres, l'huile fut rencontrée à -130 : des dégagements gazeux se manifestèrent à 200, mais des éboulements de terrains mous entravèrent la marche des travaux. Deux autres puits ne donnèrent pas de résultats. Un quatrième atteignit de plus grandes profondeurs et à 416 mètres le pétrole jaillit ; on a retiré de ce puits, environ 700 tonnes d huile. Une concession fut demandée et instituée par décret du 30 mars 1903 : elle englobait seulement 167 hectares. Mais la production s'est ralentie, puis arrêtée. On continua cependant les recherches dans les environs ; malgré 14 sondages dont le plus profond descendit à 715 mètres et dont la hauteur totale dépassa 5.000 mètres, malgré les dégagements gazeux rencontrés, les résultats furent dans leur ensemble peu encourageants. L'activité des chercheurs se porta un peu plus loin, à Ouled Sidi-Brahim, aux Beni-Zenthis et à l'Oued-Ouariane ; ces points jalonnaient une zone de 50 kilomètres de longueur et de direction Ouest-Est. Pas de découvertes bien intéressantes encore. Enfin, en 1911 et 1912, on revint à l'exploitation de la concession d'Aïn-Zeft ; six puits nouveaux furent forés, dont un de 1.100 mètres. En résumé, durant près d'un demi-siècle, on n'a pas cessé de creuser des puits dans cette région du Dahra ; la hauteur totale de ces travaux est d'environ 10.000 mètres ; or, si cinq de ces ouvrages ont rencontré des nappes de pétrole, si les autres ont révélé des suintements d'huile et des dégagements de gaz, les débits constatés ont été relativement faibles, puisque l'on évalue la production totale à 1.500 tonnes seulement, dont 700 proviennent, d'un seul trou de sonde.

A Tliouanet, les perspectives sont, évidemment, plus séduisantes. Il y a eu deux campagnes de recherches.

De 1898 à 1902, d'assez nombreux puits et sept sondages furent creusés aux lieux dits Messila et Medjila ; la hauteur totale de ces derniers sondages ne dépassa pas 1.834 mètres ; le plus profond mesura 420 mètres. Deux ont été complètement stériles ; les autres donnèrent de l'eau salée, des gaz inflammables ou de petites quantités de pétrole ; un puits près de Messila fournit une centaine de litres d'huile par jour.

Quant à la qualité des pétroles recueillis, elle varie d'une région à l'autre. Ainsi le pétrole de Tliouanet contiendrait, beaucoup plus d'huile lampante que celui d'Aïn-Zeft et beaucoup moins d'huile lourde et paraffinée. Il ressemblerait à certains pétroles des États-Unis et celui d'Aïn-Zeft à quelques pétroles de Russie.

Nous ne, reviendrons pas ici sur " la longue et obscure période de discussions et de tractations de toutes sortes ", traversée par la question pétrolifère en Algérie ni sur les manifestations soulevées, à la Chambre des Députés, à ce sujet.

Il nous reste à souhaiter, avec M. Victor Démontès, que l'industrie pétrolifère ne se voie pas plus longtemps arrêtée dans son essor par une politique minière jusqu'à ce jour stérilisante.

La-France a intérêt à provoquer l'établissement de puissantes sociétés minières sur cette rive de la Méditerranée.

Bien aveugles sont ceux qui ne s'en rendent pas compte.

Plus impolitiques encore, seraient ceux qui essaieraient de s'y opposer.