M. LOUVEL déclare :
A PROPOS DES RECHERCHES PÉTROLIÈRES EN-ALGÉRIE
« IL FA UT ALLER DE LAVANT
la période des tâtonnements est révolue »
Les intérêts français ont été sauvegardés
« Je ne connaissais pas le
Sahara. Je savais par mes livres décole que cétait
un pays « sec ». Jy suis allé. De ma vie je nai
jamais eu aussi froid, vu une pluie aussi intense... » Cest
par ces mots que les journalistes algériens ont été
reçus hier soir par M. Louvel, ministre de lIndustrie et
de lÉnergie.
« Je sais bien que ce temps est exceptionnel... » devait-il
ajouter en souriant.
Au cours ds la conférence de presse qui sest déroulée
dans le cabinet du gouverneur général, M. Louvel a fait
le point de ce quil avait vu, au cours dune semaine sur les
recherches pétrolières en Algérie, et exprimé
ce que lon pouvait raisonnablement en attendre.
Cest un lieu commun de dire que la prospérité dun
pays découle de son approvisionnement énergétique :
charbon, eau, pétrole.
La ligne de conduite du gouvernement étant de chercher à
utiliser toutes les possibilités énergétiques nationales
et de lUnion française, on comprendra limportance de
la visite faite à lAlgérie par le ministre de lIndustrie
et de lÉnergie.
Le pétrole est recherché partout.
Sur tous les continents. Ici depuis longtemps. Il sy rattache un
fait nouveau.
« La période des tâtonnements, a déclaré
le ministre, est révolue. Il faut aller de lavant pour la
recherche et lexploitation effective de l« or noir ».
Là est ma conclusion essentielle, à lissue de cette
tournée. »
M. Louvel a parcouru lAlgérie du Nord, le Sahara. Il a eu
de nombreuses conférences avec déminents ingénieurs.
De ces contacts il en retire le « sentiment que les travaux actuels
se manifestent sous un jour favorable. »
De là à se faire dillusoires et vaines espérances,
il y a un fossé que M. Louvel ne veut cependant pas franchir. «
Simplement les couches géologiques révèlent que lon
peut espérer détecter du pétrole ».
LA SITUATION
Dès que lon entreprend la prospection il faut investir des
capitaux énormes. Il y a donc un risque à courir. «
Il doit être couru... ».
Deux grands sondages sont actuellement en cours. A Colomb-Béchar
et à Berriane, au sud de Ghardaïa.
Le matériel utilisé revient à 300 millions. Lon
ne peut se permettre de larrêter une fois en action. Chaque
jour ainsi perdu coûterait, en effet, un million. Le sondage en
cours à Berriane est à 2.300 mètres de profondeur.
Il sera poussé jusqu'à 4.000 mètres.
L'an prochain cinq forages de cet importance seront entrepris. Dans le
nord la prospection va être poursuivie intensivement le long dune
ligne partant des confins algéro-marocains et allant jusquen
Tunisie. Les forages effectués sont ou seront d'une profondeur
moyenne de 200 à 700 métrés. A titre indicatif, ceux
effectués à Sidi-Aïssa sont de 1.650 mètres.
Pour le Sud, le problème est vaste et se rapproche par son ampleur
du Moyen-Orient.
« Le gouvernement, a précisé M. Louvel, attache
une importance exceptionnelle à ces recherches et aucun effort
ne sera négligé. » LES INTÉRÊTS FRANÇAIS
SAUVEGARDÉS
Devant l'importance des sommes nécessaires pour mener à
bien de telles recherches, le gouvernement a dû faire appel à
des capitaux privés, qui viendront sajouter à ceux
investis par lÉtat.
Quatre sociétés ont ou vont bénéficier de
permis de recherche et dexploitation. Les zones ainsi réparties
couvrent 550.000 km., soit une superficie sensiblement égale à
celle du territoire métropolitain.
Ces compagnies sont : la S.N.REPAL (Société nationale de
recherche des pétroles algériens) ; la RAP (Régie
autonome des pétroles), et la CFP (Compagnie française des
pétroles).
Une seule société est étrangère, la CPA (Compagnie
des pétroles algériens) qui est une filiale de la Shell,
et dans laquelle 35 % des apports sont français.
« La seule société étrangère, a précisé
le ministre, ayant accepté de passer par nos exigences. »
Les permis attribués sont valables pour 15 ans, en trois périodes
de cinq ans. Chaque tranche se rapportant à un minimum à
investir : 5 milliards et demi pour la SN REPAL et la CFP. Les investissements
étant plus élevés de 5 à 10 et de 10 à
15 ans.
« La mise au point a été fort laborieuse, devait souligner
le gouverneur général Léonard, notre souci étant
de prendre toutes les précautions pour sauvegarder les intérêts
français. Une clause restrictive est même prévue permettant
de réviser laccord si les résultats obtenus dépassaient
les espérances. » Ajoutons que la CPA (Shell) commencera
en 1954 des sondages à Timimoun, où les chances daboutir
sont, paraît-il, excellentes.
La répartition des zones de prospection a été faite,
avec la louable volonté d'égaliser les chances de succès
entre les compagnies. HOMMAGE AUX ÉQUIPES
En terminant son intéressant exposé, M. Louvel a tenu à
dire son admiration pour les équipes techniques qui opèrent
au Sahara dans des conditions extrêmement difficiles et en toutes
saisons.
« Sans tapage, ils accomplissent une grande mission, et je tiens
à exprimer la reconnaissance que je leur voue. Grâce au travail
détude minutieusement conduit, nous abordons cette phase
active des recherches avec un pourcentage de chances supérieur
à celui avec lequel opèrent les Américains sur leur
continent. » « UNE CHANCE PROVIDENTIELLE... »,
Il appartenait à M. Roger Léonard de dire au ministre de
l'Industrie et de lÉnergie, la reconnaissance de lAlgérie
pour cette nouvelle visite.
« Vous vous êtes penché sur un problème dune
importance vitale pour nous. Ici nous sommes mal lotis en ressources énergétiques
: eau, charbon, nous obligeant à être tributaires d'importations
grevant nos prix de revient. C'est pourquoi, si cette hypothèse
pétrolière se réalisait, ce serait pour lAlgérie
une chance providentielle. »
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