Les tremblements de terre
Utopie dangereuse ou miracle imminent ?
LE SOUS-SOL ALGÉRIEN RECÈLE-T-IL DE FABULEUSES RICHESSES ?
Dans le nord de l'Algérie l'industrie extractive connaît un nouvel essor

Echo du 13-12-1951 - Transmis par Francis Rambert

" L'ère du monde fini commence ", a dit quelque part Valéry, en constatant que le temps des grandes découvertes est passé. Il n'est plus, ajoute-t-il, de terres inconnues

Cet aphorisme horizontalement vrai - pour parler de façon imagée - l'est-il aussi verticalement ? Si la surface du globe est à peu près connue, en peut-on dire autant du sous-sol ? Du sous-sol algérien, par exemple. qui nous intéresse tout particulièrement. Car ce problème suscite des controverses passionnées. Il y a comme toujours les optimistes et les pessimistes. Miracle imminent, crient les uns ; utopie dangereuse, répondent les autres ! Transformation profonde de la vie économique du pays grâce à l'exploitation des fabuleuses richesses sahariennes, prédisent les optimistes ; entreprise mythique vouée dès l'origine à un échec certain, rétorquent les pessimistes !

Qui a raison ? Qui a tort ? Seuls les techniciens pouvaient donner une réponse autorisée. Nous les avons donc consultés et nous leur laissons maintenant la parole.

Le problème présente deux faces très différentes qu'il convient d'envisager séparément. Dans le nord de l'Algérie, l'industrie extractive est ancienne, les ressources sont connues, l'exploitation depuis fort longtemps entreprise. Au Sahara, l'industrie extractive demeure par contre embryonnaire ; presque tout reste à faire, mais que peut-on faire exactement ?


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mise sur site : juin 2022

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Utopie dangereuse ou miracle imminent ?
Utopie dangereuse ou miracle imminent ?
Utopie dangereuse ou miracle imminent ?
LE SOUS-SOL ALGÉRIEN RECÈLE-T-IL DE FABULEUSES RICHESSES ?
Dans le nord de l'Algérie l'industrie extractive connaît un nouvel essor

" L'ère du monde fini commence ", a dit quelque part Valéry, en constatant que le temps des grandes découvertes est passé. Il n'est plus, ajoute-t-il, de terres inconnues
Cet aphorisme horizontalement vrai - pour parler de façon imagée - l'est-il aussi verticalement ? Si la surface du globe est à peu près connue, en peut-on dire autant du sous-sol ? Du sous-sol algérien, par exemple. qui nous intéresse tout particulièrement. Car ce problème suscite des controverses passionnées. Il y a comme toujours les optimistes et les pessimistes. Miracle imminent, crient les uns ; utopie dangereuse, répondent les autres ! Transformation profonde de la vie économique du pays grâce à l'exploitation des fabuleuses richesses sahariennes, prédisent les optimistes ; entreprise mythique vouée dès l'origine à un échec certain, rétorquent les pessimistes !
Qui a raison ? Qui a tort ? Seuls les techniciens pouvaient donner une réponse autorisée. Nous les avons donc consultés et nous leur laissons maintenant la parole.
Le problème présente deux faces très différentes qu'il convient d'envisager séparément. Dans le nord de l'Algérie, l'industrie extractive est ancienne, les ressources sont connues, l'exploitation depuis fort longtemps entreprise. Au Sahara, l'industrie extractive demeure par contre embryonnaire ; presque tout reste à faire, mais que peut-on faire exactement ?

L'Algérie du Nord
Dans le nord de l'Algérie, l'industrie extractive date de l'époque romaine. Pline a beau déclarer que" la Numidie ne produit rien de remarquable, si ce n'est le marbre... et les bêtes féroces ", les traces de travaux anciens sont beaucoup trop fréquentes pour que nous prenions ses propos à la lettre. Dès cette époque fer, plomb, cuivre ont été traités au voisinage des gisements.
Depuis 1830 les recherches minières ont connu un plein essor et nulle découverte ne semble devoir aujourd'hui apporter un élément de sensation.
Toutefois, dans le nord algérien, l'industrie minière est depuis quelques années en progrès sensible.
- Grâce à l'activité du Bureau de recherches minières de l'Algérie, de nouveaux gisements ont été découverts et exploités.
- Des gisements abandonnés - parce que non rentables, ont été par ailleurs remis en exploitation, les nécessités de la reconstruction entraînant un besoin accru de métaux ont fait monter les cours. D'où rentabilité des travaux en dépit du prix de revient élevé. De plus, les méthodes d'exploitation ont été perfectionnées et le rendement des usines de traitement amélioré.
Il y a donc, dans le Nord algérien un renouveau de l'industrie extractive. Un renouveau qui se manifeste dans presque toutes les branches de l'activité minière.

Le fer
Avec 2 millions 500.000 tonnes de fer, l'Algérie fournit 1.5 % environ de la production mondiale. Les minerais actuellement exploités sont en presque totalité constitués par de l'hématite et de la limonite. Leur teneur à l'état naturel oscille entre 50 et 55 %. Ils renferment en général moins de 2.5 % de manganèse, sont très faiblement phosphoreux, contiennent rarement - et toujours en quantité infime - du soufre ou de la silice.
En raison de leur qualité excellente les minerais de fer algériens sont très recherchés. Ils sont facilement réductibles et particulièrement apte à la fabrication des aciers spéciaux.
Le massif de l'Ouenza est le plus important des gisements algériens.
Des gisements beaucoup moins riches sont en voie d'exploitation ou de réexploitation.

Le phosphate
La production phosphatière de l'Algérie est assez limitée. Elle atteint actuellement 684.000 tonnes. La teneur des phosphates algériens est moyenne ou basse. Les exploitations algériennes mettent en vente trois qualités de phosphate :
- Phosphate métallurgique et chimique : mine de M'Zaita, à Tocqueville (département de Constantine) ;
- Phosphate transformable en superphosphate : mine du Djebel Kouif, au nord de Tébessa ;
- Phosphate moulu pour l'emploi direct en agriculture.
A 100 kilomètres au sud de Tébessa, un gisement assez important n'est pas encore exploité ; il le sera sans doute dans un avenir plus ou moins rapproché.

Plomb et zinc
L'Algérie a longtemps été un assez gros producteur de plomb et de zinc.
L'industrie extractive du zinc a connu des hauts et des bas. On exploitait les amas de calamine dans les régions de Constantine et d'Alger.
Peu de mines ont survécu à la crise de 1930. Un certain nombre de ces mines a été abandonné ; d'autres ont connu des conditions d'exploitation difficiles, le minerai de blende en effet est le plus apprécié, et on en trouve assez peu en Algérie.
Cependant. Depuis 1948, l'exploitation des métaux non ferreux connaît un nouvel essor. Cours plus élevé et moyens techniques supérieurs ont entrainé la réouverture de plusieurs centres et la mise en exploitation de nouveaux gisements. Citons parmi les plus importants les gisements de Sidi Kamber (près de Collo) et d'Ichmoul (dans l'Aurès). Signalons la présence de faibles quantités de cui vre près de Collo ; la production algérienne de cuivre atteint 312 tonnes.

Tungstène et pyrite de fer
Ces minerais sont particulièrement utiles. Le gisement de tungstène situé près de Bône vient seulement de terminer son équipement. Quant à la mine de pyrite proche de Philippeville, elle a permis d'assurer la continuité de fabrication des superphosphates en Algérie, pendant la guerre. L'exploitation de ces deux minerais tend elle aussi à se développer. La production de pyrite qui.
en 1938 s'élevait a 44.150 tonnes était tombée en 1950 à 25.075 tonnes.

Pas de miracle… mais progrès certain
L'industrie minière algérienne cherche donc depuis quelques années à accroître son activité. Ces efforts commencent à porter leurs fruits. Le progrès est dû à l'industrie privée et à l'initiative gouvernementale (création du bureau de recherches minières).
Pas de miracle donc, mais amélioration certaine. " En raison de la variété des terrains, il doit y avoir encore dans le nord de l'Algérie beaucoup de choses à trouver ", nous a dit un spécialiste. Mais les recherches sont longues et difficiles.
Le miracle viendra du Sud, affirment les optimistes. Quel est l'avenir de l'industrie extractive et de
l'industrie tout court au Sahara ?

La réponse des techniciens sera donnée dans un prochain article.