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        Utopie dangereuse ou miracle imminent ? 
        LE SOUS-SOL ALGÉRIEN RECÈLE-T-IL DE FABULEUSES RICHESSES 
        ? 
        Dans le nord de l'Algérie l'industrie extractive connaît 
        un nouvel essor 
      " L'ère du monde fini commence 
        ", a dit quelque part Valéry, en constatant que le temps des 
        grandes découvertes est passé. Il n'est plus, ajoute-t-il, 
        de terres inconnues 
        Cet aphorisme horizontalement vrai - pour parler de façon imagée 
        - l'est-il aussi verticalement ? Si la surface du globe est à peu 
        près connue, en peut-on dire autant du sous-sol ? Du sous-sol algérien, 
        par exemple. qui nous intéresse tout particulièrement. Car 
        ce problème suscite des controverses passionnées. Il y a 
        comme toujours les optimistes et les pessimistes. Miracle imminent, crient 
        les uns ; utopie dangereuse, répondent les autres ! Transformation 
        profonde de la vie économique du pays grâce à l'exploitation 
        des fabuleuses richesses sahariennes, prédisent les optimistes 
        ; entreprise mythique vouée dès l'origine à un échec 
        certain, rétorquent les pessimistes ! 
        Qui a raison ? Qui a tort ? Seuls les techniciens pouvaient donner une 
        réponse autorisée. Nous les avons donc consultés 
        et nous leur laissons maintenant la parole. 
        Le problème présente deux faces très différentes 
        qu'il convient d'envisager séparément. Dans le nord de l'Algérie, 
        l'industrie extractive est ancienne, les ressources sont connues, l'exploitation 
        depuis fort longtemps entreprise. Au Sahara, l'industrie extractive demeure 
        par contre embryonnaire ; presque tout reste à faire, mais que 
        peut-on faire exactement ? 
      L'Algérie du Nord 
        Dans le nord de l'Algérie, l'industrie extractive date de l'époque 
        romaine. Pline a beau déclarer que" la Numidie ne produit 
        rien de remarquable, si ce n'est le marbre... et les bêtes féroces 
        ", les traces de travaux anciens sont beaucoup trop fréquentes 
        pour que nous prenions ses propos à la lettre. Dès cette 
        époque fer, plomb, cuivre ont été traités 
        au voisinage des gisements. 
        Depuis 1830 les recherches minières ont connu un plein essor et 
        nulle découverte ne semble devoir aujourd'hui apporter un élément 
        de sensation. 
        Toutefois, dans le nord algérien, l'industrie minière est 
        depuis quelques années en progrès sensible. 
        - Grâce à l'activité du Bureau de recherches minières 
        de l'Algérie, de nouveaux gisements ont été découverts 
        et exploités. 
        - Des gisements abandonnés - parce que non rentables, ont été 
        par ailleurs remis en exploitation, les nécessités de la 
        reconstruction entraînant un besoin accru de métaux ont fait 
        monter les cours. D'où rentabilité des travaux en dépit 
        du prix de revient élevé. De plus, les méthodes d'exploitation 
        ont été perfectionnées et le rendement des usines 
        de traitement amélioré. 
        Il y a donc, dans le Nord algérien un renouveau de l'industrie 
        extractive. Un renouveau qui se manifeste dans presque toutes les branches 
        de l'activité minière. 
      Le fer 
        Avec 2 millions 500.000 tonnes de fer, l'Algérie fournit 1.5 % 
        environ de la production mondiale. Les minerais actuellement exploités 
        sont en presque totalité constitués par de l'hématite 
        et de la limonite. Leur teneur à l'état naturel oscille 
        entre 50 et 55 %. Ils renferment en général moins de 2.5 
        % de manganèse, sont très faiblement phosphoreux, contiennent 
        rarement - et toujours en quantité infime - du soufre ou de la 
        silice. 
        En raison de leur qualité excellente les minerais de fer algériens 
        sont très recherchés. Ils sont facilement réductibles 
        et particulièrement apte à la fabrication des aciers spéciaux. 
        Le massif de l'Ouenza est le plus important des gisements algériens. 
        Des gisements beaucoup moins riches sont en voie d'exploitation ou de 
        réexploitation. 
      Le phosphate 
        La production phosphatière de l'Algérie est assez limitée. 
        Elle atteint actuellement 684.000 tonnes. La teneur des phosphates algériens 
        est moyenne ou basse. Les exploitations algériennes mettent en 
        vente trois qualités de phosphate : 
        - Phosphate métallurgique et chimique : mine de M'Zaita, à 
        Tocqueville (département de Constantine) ; 
        - Phosphate transformable en superphosphate : mine du Djebel Kouif, au 
        nord de Tébessa ; 
        - Phosphate moulu pour l'emploi direct en agriculture. 
        A 100 kilomètres au sud de Tébessa, un gisement assez important 
        n'est pas encore exploité ; il le sera sans doute dans un avenir 
        plus ou moins rapproché. 
      Plomb et zinc 
        L'Algérie a longtemps été un assez gros producteur 
        de plomb et de zinc. 
        L'industrie extractive du zinc a connu des hauts et des bas. On exploitait 
        les amas de calamine dans les régions de Constantine et d'Alger. 
        Peu de mines ont survécu à la crise de 1930. Un certain 
        nombre de ces mines a été abandonné ; d'autres ont 
        connu des conditions d'exploitation difficiles, le minerai de blende en 
        effet est le plus apprécié, et on en trouve assez peu en 
        Algérie. 
        Cependant. Depuis 1948, l'exploitation des métaux non ferreux connaît 
        un nouvel essor. Cours plus élevé et moyens techniques supérieurs 
        ont entrainé la réouverture de plusieurs centres et la mise 
        en exploitation de nouveaux gisements. Citons parmi les plus importants 
        les gisements de Sidi Kamber (près de Collo) et d'Ichmoul (dans 
        l'Aurès). Signalons la présence de faibles quantités 
        de cui vre près de Collo ; la production algérienne de cuivre 
        atteint 312 tonnes. 
      Tungstène et pyrite de fer 
        Ces minerais sont particulièrement utiles. Le gisement de tungstène 
        situé près de Bône vient seulement de terminer son 
        équipement. Quant à la mine de pyrite proche de Philippeville, 
        elle a permis d'assurer la continuité de fabrication des superphosphates 
        en Algérie, pendant la guerre. L'exploitation de ces deux minerais 
        tend elle aussi à se développer. La production de pyrite 
        qui. 
        en 1938 s'élevait a 44.150 tonnes était tombée en 
        1950 à 25.075 tonnes. 
      Pas de miracle
 mais progrès 
        certain 
        L'industrie minière algérienne cherche donc depuis quelques 
        années à accroître son activité. Ces efforts 
        commencent à porter leurs fruits. Le progrès est dû 
        à l'industrie privée et à l'initiative gouvernementale 
        (création du bureau de recherches minières). 
        Pas de miracle donc, mais amélioration certaine. " En raison 
        de la variété des terrains, il doit y avoir encore dans 
        le nord de l'Algérie beaucoup de choses à trouver ", 
        nous a dit un spécialiste. Mais les recherches sont longues et 
        difficiles. 
        Le miracle viendra du Sud, affirment les optimistes. Quel est l'avenir 
        de l'industrie extractive et de 
        l'industrie tout court au Sahara ? 
         
        La réponse des techniciens sera donnée dans un prochain 
        article. 
         
         
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