Géographie de l'Algérie
à l'usage des cours élémentaires, moyens et supérieurs

7è et 8è leçons : industrie, voies de communication, commerce.
5è édition

R.Vincent - M.Teillet
ÉDITIONS HEINTZ FRÈRES - ORAN
Envois des documents : Jean-Pierre Penalba
mise sur site le 17-8-2007

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7ème Leçon : L'INDUSTRIE

GENERALITES. - L'Algérie n'est pas encore devenue un pays industriel. Ses artisans musulmans, concurrencés par l'industrie européenne, produisent peu et les objets fabriqués ne sont pas toujours d'excellente qualité; néanmoins, l'art arti­sanal musulman, est en voie de rénovation, surtout celui des tapis. Les ressources minières sont très abondantes et principa­lement constituées par les PHOSPHATES et par le FER mais le manque de charbon, de pétrole et de chutes d'eau (houille blanche) n'ont pas permis à la grande industrie de se développer.

Dans l'industrie algérienne, on peut distinguer :

LES INDUSTRIES ARTISANALES. Dans les villes qui ont conservé leur caractère indigène (Tlemcen, vieilles villes de Kabylie et du Constantinois), des artisans musulmans utilisent la laine fournie par les moutons des Hauts Plateaux et en font des burnous, des tapis; d'autres, avec le cuir fabriquent des babouches, des sacs, des selles et des harnachements brodés. Il y a aussi de belles poteries, de jolis plateaux de cuivre où les lignes se combinent harmonieusement.

Les Cèdres de l'Ouarsenis
Les Cèdres de l'Ouarsenis

Les écoles professionnelles créées dans les grandes villes s'efforcent de redonner à l'art musulman son ancienne prospérité.

LES RESSOURCES MINIERES. - Les deux principales ressources minières sont les phosphates et le fer.

Les PHOSPHATES constituent une véritable richesse pour le pays. Ils sont d'ex­cellente qualité et s'extraient près de TEBESSA et plus au sud au DJEBEL ONK (extraction annuelle) : 600.000 ton­nes. L'Algérie est le PREMIER PRODUCTEUR DE PHOSPHATES DU MONDE.

Les gisements de FER, très importants, sont d'une qualité très appréciée. Ils sont exploités à BENI-SAF (Oran), dans le ZACCAR (Miliana) et dans les massifs de l'OUENZA (Constantine). La quantité extraite a atteint 1.680.000 tonnes.

Dans le département de Constantine on exploite aussi des mines de plomb et de zinc. Il existe, également, en Algérie, de l'antimoine, du cuivre, de belles carrières de marbre et d'onyx.

A KENADSA (près de Colomb-Béchar), un gisement de houille produit 20 à 30.000 tonnes par mois.

LES INDUSTRIES DE TRANSFORMATION. - L'Algérie étant un pays agricole des INDUSTRIES ALIMENTAIRES ont été créées: minoterie et fabriques de pâtes alimentaires dans les villes du Tell et des Hautes Plaines, huileries, distilleries, fabriques de confitures.

L'Algérie possède en outre des fours à chaux, des usines à ciment et à superphosphates, des manufactures de tabac et de cigarettes.

L'écorce du chêne-liège est en grande partie exportée. Le LIEGE exploité sur place sert à la fabrication des bouchons. Des usines de CRIN VEGETAL ont pris une grande extension pendant la guerre. (Le crin végétal provient des feuilles du palmier-nain). L'alfa des Hauts Plateaux est recueilli; exporté, il devient du papier fin, de très bonne qualité.

Enfin, une partie du poisson pêché est mis en conserve. Les principales sardineries sont dans la région de Philippeville.

LES SOURCES THERMALES.-Une quinzaine de sources thermales sont exploitées et la plupart d'entre elles étaient connues des Romains. Les trois principales sont celles de Bou-Hanifia (Mascara), Hammam Mélouane (Alger), Hammam Meskoutine (Constantine) où l'eau, pour cette dernière source atteint 98°.

De NOMBREUX TOURISTES visitent l'Algérie, ce qui constitue encore une ressource très appréciable.

RESUMES

1 ° Cours élémentaire.  L'Algérie est très riche en phosphates et en fer. Comme elle a peu de houille, il n'y a pas de grandes usines. Les produits de son sol sont souvent transformés : par exemple, le blé en farine dans les minoteries; les olives en huile, après avoir été écrasées, puis pressées.

2°Cours moyen et cours supérieur
. - L'industrie artisanale musulmane : tapis, cuirs brodés, plateaux en cuivre... est en voie de rénovation.

L'Algérie possède de riches gisements de fer (Béni-Saf, Zaccar, Ouenza), et surtout de phosphates (Tébessa, Djebel Onk).

On trouve aussi du plomb, du zinc, du cuivre, de la houille, mais en assez petite quantité.

Le manque de combustible et de houille blanche a empêché la grande industrie de se développer.

Les produits de son sol sont souvent transformés dans des usines : minoteries,huileries, distilleries, fabriques de chaux, de ciment. Le crin végétal et l'alfa sont exportés.

Les poissons abondants, près des côtes, sont mis en conserve.

Il y a de nombreuses sources thermales.

QUESTIONNAIRE

Quelles sont les caractères de l'industrie algérienne ? Que savez-vous sur l'artisanat mu­sulman ? Quelles sont les richesses minières de l'Algérie ? Citez des industries de transforma­tion ? Quelles sont les plus importantes ? Y a-t-il des sources thermales ?

Pourquoi la grande industrie n'existe-t-elle pas en Algérie ?

DEVOIR
Carte. Situez les ressources minières.

LECTURE
LA FABRICATION DES ETOFFES

...On entend un petit bruit sec et régulier qui vient des chambres et qui ressemble à des coups de marteau de tapissier; puis on aperçoit vaguement, dressé dans chaque chambre et dans le carré de lumière mesuré par la porte, un vaste métier debout, à charpente bizarre, tout rayé de fils tendus, où l'on voit courir des doigts bruns, et passer les dents aiguës d'un outil de fer semblable à un peigne; enfin, peu à peu, l'oeil s'accoutumant aux ténèbres du lieu, on finit par découvrir, derrière ce rideau de fils blancs, la forme un peu fantastique d'ouvrières, assises et tissant, et de grands yeux stupéfiés fixés sur vous.

La fabrication des étoffes n'est ici qu'une industrie de ménage; encore se réduit-elle à des tissus grossiers et aux objets de pre­mière nécessité; des haïks de laine, des burnous à bas prix, et quelques djerbi, on couvertures, tout unis.

Plusieurs femmes rangées côte à côte sont occupées à la même pièce d'étoffe; l'étoffe est tendue dans la longueur de la chambre, le centre vis-à-vis la porte, les deux bouts dans l'obscurité; les femmes sont accroupies derrière, le dos au mur, les mains glissant à travers la trame, ou frappant le tissu pour le serrer, les pieds parmi les écheveaux de laine, leurs nourrissons sur leurs genoux. La plus âgée assise à l'écart, carde la laine brute, en la déchirant sur une large étrille de fer.

De maigres petites filles... filent avec une petite quenouille enjolivée de plumes... et, laissent... pendre jusqu'à terre le long fil qui se tord et se pelotonne autour dufuseau; d'autres le dévident... tout le monde travaille.

Eugène FROMENTIN.


*****

8ème Leçon : VOIES DE COMMUNICATION. - COMMERCE

GENERALITES. - Le développement économique d'un pays est étroitement lié à l'importance de ses voies de communication. La prospérité de l'Algérie en a fait à la fois un des plus grands fournisseurs de la France et le premier de ses clients. Les échanges commerciaux sont facilités : les marchandises circulent sans payer de taxes (union douanière), leur transport est réservé aux seuls navires français.

VOIES DE COMMUNICATION. - Pour permettre à l'Algérie d'exploiter ou d'échanger ses ressources, il a fallu créer des voies de communication (routes et chemins de fer) et des ports.

-----1° Routes.-Le réseau routier de l'Algérie a été difficile à construire à cause du relief accidenté de l'intérieur. Il comprend maintenant 50.000 km. de bonnes routes dont 8.000 km. de routes nationales.

Les camions chargés de marchandises et les cars remplis de voyageurs les sillonnent constamment.

-----2° Chemins de fer. - Le réseau de chemins de fer de l'Algérie de développe sur 4.900 km.

Une grande ligne, parallèle à la côte, relie OUJDA à CONSTANTINE en passant par Tlemcen, Sidi-bel-Abbès, Oran, Or­léansville, Alger, Sétif. Elle se prolonge vers l'ouest jusqu'à Casablanca et vers l'est jusqu'à Tunis.

De cette artère partent :

-----a) des LIGNES D'EXPLOITATION se dirigeant vers les ports de : Béni-Saf, Arzew, Mostaganem, Bougie, Philippeville, Bône.

-----b) des LIGNES DE PENETRATION reliant : Oran à Colomb-Béchar (prolongement prévu : le Transsaharien) ;

Alger à Djelfa par Médéa;

Constantine à Tougourt par Batna et Biskra.

Le Port d'Oran
tampon
Le Port d'Oran

-----3° Ports. - Les ports algériens ont nécessité la construction de bassins ou les navires sont en sécurité; ils sont bien outillés. Les principaux sont, par ordre d'importance : Alger, Oran (ils ont sensiblement le même tonnage), Bône, Philip­peville, Bougie, Mostaganem. Ce sont à la fois des ports de voyageurs et de marchan­dises, d'escale et de relâche. La rade de Mers-el-Kébir va devenir une base navale de grande valeur.

De nombreuses lignes de navigation réunissent ces ports à ceux de France.

-----4° Lignes aériennes. - Les transports par avion, de plus en plus nombreux, relient les grandes villes de la côte à Marseille en moins de 3 heures et permettent ainsi le transport rapide des voyageurs et des marchandises légères et peu encombrantes.

COMMERCE. - L'Algérie fait principalement du commerce avec la France. Elle achète et vend également à ses voisins, à l'Angleterre, aux Etats-Unis. Son commerce s'élève à près de 250 milliards de francs. Les importations et les exportations sont à peu près d'égale valeur, (déficit des exportations sur les importations : 30 milliards en 1950).

-----1° Exportation. - L'Algérie exporte les produits de son sol et de son sous-sol et en particulier :des produits agricoles et d'élevage : vin, blé, huile d'olive, primeurs, alfa, moutons; des minerais : phosphates et fer.

-----2° Importation. - L'Algérie importe : des combustibles : houille, pétrole, essence; des produits manufacturés : tissus, outils et machines automobiles;

des denrées alimentaires : céréales, pommes de terre;

des produits coloniaux : sucre, café, thé.

L'Algérie livre 85 % de ses produits exportés à la France et achète à cette dernière 75 % de ce qui lui est nécessaire.

LES ALGERIENS, MUSULMANS OU EUROPEENS ET LES FRANÇAIS DE LA METROPOLE ONT LEURS INTERETS INTELLECTUELS ET ECONOMIQUES COMMUNS; ILS SONT AINSI ETROITEMENT SOLIDAIRES ET L'ALGERIE, TOUT EN CONSERVANT SON INDIVIDUALITE, NE FORME, AVEC LA FRANCE, QU'UNE SEULE ET MEME NATION.

RESUMES

1° Cours élémentaire. - L'Algérie possède de nombreuses routes, des lignes de chemins de fer et de bons ports. Elle vend à ta France : du vin, du blé, des phosphates et du fer; elle achète ce qui lui manque : houille, pétrole, tissus, ma-chines et produits fabriqués.

2° Cours moyen et cours supérieur.
--L'Algérie possède de nombreuses routes

,
Le réseau de chemins de fer comprend la grande ligne d'Oujda à Constantine par Oran et Alger de laquelle partent des lignesd'exploitation aboutissant aux autres ports de la côte et des lignes de pénétration reliant l'Algérie du Nord aux Territoires du Sud.

Ses ports, bien outillés, sont par ordre d'importance : Alger, Oran, Bône.
Le commerce de l'Algérie se fait princi­palement avec la France.

Elle exporte du vin, du blé, de l'huile, des primeurs, des moutons, des phosphates, du fer.

Elle importe de la houille, du pétrole, des tissus, des produits alimentaires et fabriqués, des machines.

QUESTIONNAIRE

Que savez-vous sur les routes de l'Algérie ? les chemins de fer ? les lignes de pénétration ? les lignes d'exploitation ? Quels sont les principaux ports ? Quel est le rôle des lignes aériennes reliant l'Algérie à la France ? Avec quelles puissances l'Algérie fait-elle du commerce ? Que vend-elle ? Qu'achète-t-elle ?

Qu'a-t-il fallu créer en Algérie pour exploiter et faciliter les échanges commerciaux ?

DEVOIR
Carte de l'Algérie. Indiquez les lignes de chemins de fer et les principaux ports.

LECTURE
JOUR DE MARCHÉ

Pour les Arabes, un des moyens de se rencontrer, d'apprendre les nouvelles : c'est le marché. Même s'ils n'ont pas l'intention d'acheter ou de vendre, les les petits fellahs y viennent de très loin.

Ce jour là, le village prend l'aspect d'une petite ville. Une foule bariolée dans laquelle se coudoient mauresques, ménagères euro­péennes, gitanes, cultivateurs, artisans, marchands forains, kabyles... grouille autour des étals de pains d'orge et de beignets frits, autour des tas de piments, de pastèques, de figues de barbarie, entre des montagnes de paniers en roseaux, de couffins et de nattes d'alfa.

Sous une série de tentes, très basses, des mozabites rangent devant eux de petits sacs contenant des ingrédients de diverses couleurs : kamoun jaune pour aromatiser les viandes, piment rouge en poudre pour les ragouts et le couscous, rassoul grisâtre pour nettoyer les cheveux, feuilles pilées de henné brun pour teindre les doigts etles ongles, khol pour noircir les yeux:.. sous d'autres tentes, des éventaires offrent un bric à brac de colifichets, verroteries, couteaux, peignes, miroirs.

A l'entour de ces marchands de presque rien on entend discuter, palabrer, en espagnol, en français, en sabir, en arabe... Dans ces bruits confus, dans cet extraor­dinaire remous de burnous blancs, s'effec­tuent les gros achats de la semaine, et l'âme orientale vit intensément dans cette atmosphère de négoce.

« Boutiques, acheteurs, marchands, gens à pied et à cheval, bêtes de service et bêtes d'achat, tout se trouve aggloméré sans beaucoup d'ordre ni de prudence... Le bétail se répand partout où il peut : l'âne au piquet fraternise avec l'âne mis en vente et dans ce pêle-mêle, où les intéressés seuls savent se reconnaître, il est assez malaisé de distinguer les gens qui vendent de ceux qui achètent. »