Géographie de l'Algérie
à l'usage des cours élémentaires, moyens et supérieurs

5è et 6è leçons : population, economie
5è édition

R.Vincent - M.Teillet
ÉDITIONS HEINTZ FRÈRES - ORAN
Envois des documents : Jean-Pierre Penalba
mise sur site le 16-8-2007

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5ème Leçon : LA POPULATION

SA REPARTITION. --- La population de l'Algérie s'élevait à 8 millions 1/2 d'habitants, au dernier recensement qui date de 1948. (France : 42 millions). Elle se répartit ainsi : Français-musulmans (Arabes et Berbères) : 7.500.000 ; Européens : 1.000.000. Il y a donc 10 européens pour 75 musulmans, proportion considérable, si l'on tient compte du fait que l'occupation de l'Algérie par les Français ne date que d'un siècle.

La population musulmane de 1936 à 1948 a augmenté de 20 %, celle des européens de 7 %. L'accroissement est donc rapide.

Si l'on suppose que tous les habitants de l'Algérie sont également répartis, en divisant la population globale par la superficie totale, on obtient la DENSITE MOYENNE de 35 habitants au km. carré (France 76)- Mais les grandes villes du Tell, et surtout les ports, sont surpeuplées; les régions des Hauts Plateaux et du Sahara sont peu peuplées.

Une petite école coranique à Biskra
Une petite école coranique à Biskra

SA DIVERSITE. - Les différentes populations de l'Algérie sont :

1°/ Les Berbères. - 1.500.000, premiers habitants, occupent surtout les massifs montagneux de la Kabylie (Kabyles) et de l'Aurès. Les Touaregs du Sahara sont aussi d'origine berbère. Tous ont adopté la religion musulmane, beaucoup ont conservé leurs coutumes.

2°/ Les Arabes. - 6.000.000, se sont fixés en Algérie au 7è siècle.

Berbères et Arabes sont sédentaires dans les régions humides, demi-nomades (pasteurs) sur les Hauts Plateaux et dans les massifs présahariens.

3° Les Israélites. - 100.000, naturalisés en bloc en 1870, détiennent une partie du commerce dans les villes.

4° Les Européens, se répartissent en FRANÇAIS (850.000), Espagnols (plus de 100.000) surtout en Oranie, Italiens (20.000), fixés vers Constantine.

LES VILLES. - Trois villes ont plus de 100.000 habitants, ce sont les chefs-lieux des départements ; plusieurs dépassent 10.000 habitants, les gros bourgs sont très nombreux dans le Tell.

Alger : (308.000 habitants, proportion des musulmans 1/3), est un grand port de commerce. La ville s'appuie sur dPs falaises rocheuses et s'étend le long de la côte sur 17 km. C'est le grand centre universitaire de l'Afrique du Nord et l'une des plus belles villes du monde.

Oran : (245.000 habitants, proportion des musulmans 1/3) est aussi un grand port, dominé par une montagne escarpée que l'on aperçoit de tous les points de la ville, son extension a été très rapide. Oran se développe sur plusieurs plateaux étagés communiquant par- des pentes rapides. C'est le centre industriel et commercial le plus actif de l'Algérie.

Constantine : (114.000 habitants, pro-portion des musulmans un peu supérieure à celle des européens) est entourée de deux côtés par le Rummel qui est encaissé dans des gorges profondes et pittoresques.

Les autres villes de l'Algérie sont :

Département d'Alger : BLIDA (57.000) à la lisière de la Mitidja ; MEDEA (22.700) vieille ville arabe ; MILIANA (14.200) ORLEANSVILLE (31.000) dans la vallée du Chélif ; TIZI-OUZOU (50.300) dans la Grande Kabylie.

Département d'Oran: SIDI-BEL-ABBES (55.300), s'étend sur un terrain plat TLEMCEN (68.400), ancienne capitale arabe possède un site très agréable et de belles mosquées; MOSTAGANEM (52.000), se développe rapidement; MASCARA (34.200), produit des vins renommés TIARET (24.100), centre agricole important.

Département de Constantine : BOUGIE ( 28.300) PHILIPPEVILLE ( 64.400 ) BONE (101.000) sont trois ports importants; SETIF (50.300) sur un haut plateau;

BISKRA (36.300) à la porte du Sahara ; GUELMA (18.000) à 2 km. de la Seybouse; BATNA (21.000) ville aux nombreuses sources.

Dans les Territoires du Sud, il y a lieu de signaler les belles oasis de Laghouat, de Ghardaïa, de Tougourt, d'In Salab, d'Ouargla.

RESUM ES

1° Cours élémentaire. - L'Algérie a 5 fois moins d'habitants que la France. Les Berbères et les Arabes sont 8 fois plus nombreux que les Européens. Alger, Oran et Constantine sont de grandes et belles villes ; viennent ensuite : Bône, Tlemcen, Philippeville, Blida, Sidi-bel-Abbès.

2° Cours moyen et cours supérieur. --L'Algérie a 8 millions 1/2 d'habitants se répartissant en Berbères et Arabes (7 millions 1/2), en Israélites et en Européens (1.000.000), parmi ceux-ci, il y a 85 % de Français, les autres sont des Espagnols et des Italiens.

La population de l'Algérie s'accroit rapidement et les grandes villes d'Alger, d'Oran et de Constantine sont surpeuplées. Ce sont des chefs-lieux de départements. Viennent ensuite par ordre d'importance : Bône, Tlemcen, Philippeville, Blida, Sidi-bel-Abbès, Mostaganem, Tizi-Ouzou, Sétif, Biskra, Mascara, Orléansville. Il y a encore beaucoup d'autres grandes villes et les gros bourgs sont très nombreux en Algérie


QUESTIONNAIRE

Quelle est la population de l'Algérie ? Sa densité moyenne au km. carré ? Où est-elle la plus dense? Quelle est sa répartition? Combien y a-t-il de Berbères ? d'Arabes ? d'Israélites ? de Français ? d'autres Européens ? Que savez-vous sur Alger ? Oran ? Constantine ? Quelles sont les autres grandes villes de chaque dépar­tement ?

Pourquoi le Tell esl-il très peuplé ?

DEVOIR
Carte de l'Algérie : indiquez les villes

LECTURE
LE VIEIL ALGER

Escarpées, tortueuses, un peu folles, les rues du quartier indigène sont pleines d'imprévu. Une montée se présente? Elles l'escaladent. Une déclivité? Elles se précipitent. Greffées l'une sur l'autre, elles forment un dédale très amusant; car, par instants, on s'y croit perdu.

Un étroit ruisseau les divise en leur milieu à moins que, tout à coup, elles n'aboutissent à un escalier si raide qu'il faudrait le pied léger d'un djoun pour le grimper lestement. Des maisons les bordent, aux façades peintes en rouge, en rose, en jaune, avec des piliers enduits d'un outremer violent, et si vétustes que, parfois, tout s'écroule...

Partout s'ouvrent des échoppes, misé­rables boutiques dans lesquelles en offre aux passants quelques sucreries, des piments séchés, des brochettes de foie grillé ou de vieilles petites choses briséesen partie et que personne n'achètera jamais.

Le long des bancs des cafés maures se tassent des indigènes en burnous, le kaoua chauffe sur un fourneau garni de plaques de faïence, et l'adroit kaouadji circule entre ses clients avec sa petite cafetière en fer blanc au bout d'un manche qui n'en finit plus.

On continue de grimper. Tant pis pour ceux qui ont l'odorat délicat. Il faut passer vite, compter sur sa chance... Quelques pentes encore à escalader. Voici la Kasbah. Ses hautes murailles se dressent à pic. Une porte monumentale, aux vantaux garnis de clous impressionnants, et surmontée d'un auvent de cèdre marque l'entrée du palais..

.H. CELARIE,
Un mois en Algérie et en Tunisie (HACHETTE


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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE

6ème Leçon : L'AGRICULTURE

Carte de l'Algérie. - Productions agricoles et industrielles
Carte de l'Algérie. - Productions agricoles et industrielles


GENERALITES.
- L'Algérie est un pays d'agriculture et d'élevage. Les colons européens travaillent la terre à l'aide de machines perfectionnées : tracteurs, charrues à plusieurs socs, moisonneuses-batteuses..., utilisent des engrais et pratiquent ainsi une CULTURE INTENSIVE. Ils ont drainé les plaines marécageuses, irrigué les plaines arides en dérivant l'eau desoueds et surtout en construisant des BARRAGES - RESERVOIRS. A cause de cela, les surfaces cultivées ont considérablement augmenté. Les musulmans améliorent, peu à peu, leurs procédés mais ceux-ci restent encore trop rudimentaires, en beaucoup d'endroits. Les paysans kabyles sont de très bons agriculteurs.

CEREALES. - L'Algérie produit beaucoup de CEREALES, mais le rendement varie d'une année à l'autre à cause de l'irrégularité des pluies. Les terres à céréales se localisent principalement dans les Hautes Plaines. L'ORGE, s'accommode assez bien de la sécheresse (production moyenne 700.000 tonnes), le BLE DUR, (700.000 tonnes) sert à la fabrication des pâtes alimentaires et le BLE TENDRE (400.000 tonnes) s'utilise en boulangerie.

On cultive encore, mais en plus petite quantité, l'avoine, le seigle, le sorgho et le maïs.

LEGUMES ET PRIMEURS. - Les fèves, haricots, pois-chiches se récoltent un peu partout.

A cause du climat, les primeurs sont cultivées dans la région côtière et principalement autour des grandes villes, à proximité des ports. Une partie est expédiée vers Paris et Londres : artichauts, tomates, petits pois, pommes de terre nouvelles... Les villes sont souvent entou­rées de magnifiques jardins.

VIGNES. - La vigne a fait la prospérité de l'Algérie. Elle est cultivée sur le littoral et dans les Hautes Plaines.

Les vins sont réputés et certains riva lisent avec les crus renommés de France. L'Algérie est le 4e producteur du globe en vin, ce qui représente environ 15% du chiffre mondial (15 à 20 millions d'hecto-litres par an).

Les raisins de table de la région d'Alger sont très estimés.

ARBRES FRUITIERS. - On cultive le FIGUIER, surtout en Kabylie et les AGRUMES : orangers, mandariniers, ci­tronniers, principalement dans l'Algérie occidentale, dans les bonnes terres irri­gables et abritées. Les OLIVIERS sont une des richesses du Tell, surtout dans l'Algérie orientale. Une bonne récolte d'olives peut donner 275.000 hectolitres d'huile. Dans le sud les PALMIERS-DATTIERS fournissent des dattes très estimées (dattes de Biskra et de Tougourt).

PLANTES INDUSTRIELLES. - Le TABAC réussit très bien en Kabylie et dans la région de Bône. On a fait des essais de culture de coton dans la vallée du Chélif et de plantations de betteraves sucrières, Les résultats n'ont pas donné toute satis­faction.

ELEVAGE. - L'élevage se heurte en Algérie à des conditions d'entretien défa­vorables. Les troupeaux en été souffrent de la faim et les terrains de parcours diminuent par suite de l'extension des cultures. D'autre part, « les points d'eau » ou les bêtes viennent boire sont en nombre insuffisant.

On élève des boeufs, des chevaux, des mulets, des ânes dans le Tell; ils sont de petite taille mais doux et résistants. Les MOUTONS, 6 millions, parcourent les steppes des Hauts Plateaux. Au Sahara, les dromadaires rendent de grands services.

PECHE. - Les côtes algériennes sont très poissonneuses et les pêcheurs rappor­tent par beau temps des sardines, des maquereaux, des dorades et de grandes quantités de poissons moins estimés.

RESUMES

1 ° Cours élémentaire. -- En Algérie, on cultive surtout le blé et la vigne. On récolte aussi de l'orge, des légumes secs, des primeurs, des oranges, des mandarines, des citrons, des olives. Il y a de bonnes dattes dans les oasis du sud. On élève beaucoup de moutons.

2° Cours moyen et cours supérieur. - L'Algérie possède de riches cultures de blé et d'orge dans les Hautes Plaines et des vignobles importants dans tout le Tell. L'Algérie est le 4° producteur de vin du monde. On cultive aussi des légumes secs et des primeurs.

Il y a beaucoup d'oliviers. On récolte des oranges, des mandarines, des citrons(agrumes) et des figues. Les dattes de Biskra et de Tougourt sont très estimées. Les plantes industrielles, à part le tabac, n'y réussissent pas très bien.

L'élevage des boeufs et des chevaux est peu important. Les moutons sont nom­breux dans les steppes. Au Sahara, le dromadaire rend de grands services.

Les côtes algériennes sont très poissonneuses.


QUESTIONNAIRE

Qui pratique en Algérie la culture intensive ? Quelles sont les principales cultures ? les cul­tures secondaires ? Citez les arbres fruitiers de l'Algérie ? Où sont-ils cultivés ? L'élevage est-il florissant ? Que savez-vous sur la pêche ?

Pourquoi le rendement des terres travaillées par les musulmans est-il inférieur à celui des terres cultivées par les européens ?

DEVOIR
Faites la carte de l'Algérie. Mentionnez l'emplacement des diverses cultures, des arbres fruitiers, des lieux d'élevage.

LECTURE
LABOURAGE INDIGENE

Il n'est, en ce pays, rien qui ne se revête de quelque beauté sévère, étrange ou pittoresque. A côté des boeufs classiques, menés sous le joug, s'essoufflent deux petits ânes ébouriffés qui rasent les mottes de terre avec leurs museaux. Ici, l'oeil est attiré par l'accouplement original d'un boeuf et d'un mulet. Là, se détache sur le ciel la silhouette dégingandée d'un de ces grands dromadaires, forts et dociles, qui traînent une charrue comme un grand enfant manierait un jouet.

Curieusement harnaché avec des traits de paille et des sangles en tapisserie, cet animal avance, lent et grave, l'oeil fauve et hautain, le cou tendu, les naseaux en l'air...

Une femme, dont l'air et l'accoutrement sont presque sauvages, précède l'animal. Tandis qu'elle berce sur ses reins l'enfant endormi dans les plis de son haïk, elle tirelégèrement le fil qui doit, si le dromadaire est distrait, le maintenir dans la ligne droite ou l'obliger à tourner au bout de chaque sillon nouveau.

Le laboureur termine le cortège, chaussé de sandales en peau de chèvre, dont les lanières tachées de boue s'enroulent autour de ses jambes nerveuses. Ses membres nus ont des contractions d'athlète. Tantôt, le corps renversé, il pèse de toute sa force sur la poignée de la charrue pour engager le fer plus profondément; tantôt il allonge le bras qui tient l'aiguillon, et, avec un cri brusque, il excite le nonchalant animal...

Ce n'est plus, le soir, qu'un champ aux sillons inégaux,. une couche d'argile brune, laborieux ouvrage de l'homme, et qui attend les germinations merveilleuses de la nature.

G. GUILLAUMET, Tableaux algériens (PLon).