Géographie de l'Afrique du nord
à l'usage du Cours Moyen et de la Classe de Fin d'Études des écoles primaires de l'Afrique du Nord
pages 5 à 9 : ressources, relations avec la France, population.
J.Tarraire - E. Prigent (
Inspecteur Général, Vice-Recteur de l'Académie d'Alger)
Fernand Nathan

Envois des documents : Jean-Pierre Penalba
mise sur site le 20-8-2007

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L'ALGÉRIE ET SES RESSOURCES

L'Algérie tire à peu près toutes ses ressources des produits de son agriculture.
Cependant, son sous-sol contient également des richesses importantes.

1° RESSOURCES DU SOL.

1. L'agriculture.

La production agricole, en Algérie, est irrégulière. La quantité de pluie varie, en effet, beaucoup d'une année à l'autre. On n'a pendant les années sèches que des récoltes médiocres.

Mais, même lorsque les pluies sont abondantes, elles sont toujours insuffisantes sur les hautes plaines: aussi l'Algérie ne dispose que de 5.700.000 hectares de terres labourables. Cette étendue représente 17 pour 100 de la superficie, qui est de 325.000 kilomètres carrés, si l'on n'y comprend pas la région saharienne.

On laisse, en outre, reposer la terre une année, ce qui fait qu'elle ne donne une récolte que tous les deux ans.

Cependant, grâce aux efforts des Français, les plaines basses, marécageuses et malsaines (la Mitidja, par exemple), ont été mises en culture.

Les Français ont, également, construit de nombreux barrages, qui permettent, grâce à l'irrigation, l'utilisation de terres incultes (vallée du Chélif). Ils ont introduit de nouvelles cultures (primeurs).

L'emploi de machines aratoires, d'engrais chimiques, l'usage des labours profonds et la substitution des plantes fourragères aux jachères, ont facjlité les progrès de l'agriculture.

Les principales cultures sont celles des primeurs, des orangers, des céréales et de la vigne. On les pratique surtout dans les plaines côtières, voisines d'Alger et d'Oran, et dans les plaines intérieures (Sidi-Bel-Abbès-Mascara-Médéa.)

Les céréales occupent les 2/3 des terres dans le Tell et sur la bordure des hautes plaines.

La région s'étend sur les plaines basses et les coteaux.

Les primeurs (pommes de terre, haricots, tomates, artichauts), et le tabac trouvent sur la côte des conditions très favorables.

Graphique des principales productions de l'Algérie.
Graphique des principales productions de l'Algérie.

On comprendra l'importance relative des diverses cultures de plaines en étudiant le graphique figurant les étendues respectives qui leur sont consacrées (4) et celui des productions.

Sur les collines de l'Atlas Tellien et en Kabylie s'étendent des plantations d'oliviers et d'arbres fruitiers (figuiers surtout).

Les oasis des régions sahariennes produisent de grandes quantités de dattes.

Elles sont en grande partie consommées sur place.

Les meilleures sont exportées et procurent de précieu­ses ressources aux habitants des oasis.

A l'ombre des palmiers et favorisés par l'irrigation poussent des arbres fruitiers (abricotiers) et des légumes.

A gauche : le vignoble algérien. Travaux de scarifiage dans les vignobles de la région d'Alger. 
A gauche : le vignoble algérien. Travaux de scarifiage dans les vignobles de la région  d'Alger.       
A droite : Oliveraie en Kabylie. L'olivier est la principale richesse de la Grande
Kabylie. (Photos Ofalac)

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Graphique des cultures en Algérie
Graphique des cultures en Algérie


2. L'élevage.
L'élevage des bovins est peu développé car, par suite de la sécheresse, les bonnes prairies sont rares.
Celui du cheval, pratiqué surtout par les populations nomades, diminue.
Le principal, comme le montre le graphique, est celui des moutons. Il est pratiqué sur les Hautes Plaines. Mais le nombre des moutons diminue: 6 millions en 1938, 3 millions en 1947 (7).

3. Le liège et l'alfa.
La production du liège (460.000 quintaux) est la ressource principale des forêts d'Algérie. Il est surtout abondant dans le département de Constantine.
L'Algérie est, après, le Portugal, le deuxième producteur de liège du .monde.
L'alfa occupe, sur les hautes plaines, une superficie de 4 millions d'hectares, en particulier dans le département d'Oran, où il forme une véritable mer d'alfa.
Ses feuilles, dont la récolte est faite par les populations nomades des hautes plaines, servent à fabriquer du papier de bonne qualité. Exporté autrefois en Angleterre, on l'utilise depuis 1918 dans les papeteries françaises.

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Les houillères à Khenadsa. Tranchée d'exploitation à ciel ouvert 
Les houillères à Khenadsa. Tranchée d'exploitation à ciel ouvert      
Le barrage des Beni-Badel. L'un des principaux barrages utilisés pour l'irrigation et la mise en valeur
des terres destinées à la culture.

2° RESSOURCES DU SOUS-SOL.

Le sous-sol de l'Algérie est riche en fer. Les mines les plus importantes sont celles de l'Ouenza et de Bou-Kadra au nord de Tébessa. Jusqu'en 1921, les princi­pales avaient été celles de Béni-Saf.

La production totale (1.500.000 tonnes) n'est que la moitié de celle de 1938. Ce recul tient à l'usure du matériel et à la diminution des achats, opérés avant la guerre par l'Angleterre et l'Allemagne.

On trouve également du plomb, du zinc, des phosphates à Tebessa. Mais ces produits miniers ont moins d'importance qu'en Tunisie et au Maroc (voir le graphique page XII).(note du site: pages non copiées)

Le seul gisement houiller est celui de Kenadza, relié à Oran par la voie ferrée de Colomb-Béchar. Mais, malgré ses progrès rapides (15.000 tonnes en 1932, 200.000 en I947), la production reste insuffisante.

L'industrie. Le manque de houille explique le faible développement de l'industrie algérienne. Cependant, depuis la guerre, des usines ont été construites pour la fabrication du ciment, du papier d'alfa, du savon, des textiles, des conserves alimentaires.

3° L'ÉQUIPEMENT MODERNE DE L'ALGÉRIE.

Les progrès de l'agriculture et de l'industrie, en Algérie, sont favorisés :

---par un réseau routier important (35.000 kilomètres) et bien entretenu, qui permet une importante circu­lation automobile;

---par un réseau de voies ferrées, dont on pourra mesurer sur la carte le développement, en suivant la ligne principale et les voies de pénétration vers le Sud;

---par des lignes aériennes régulièrement exploitées et unissant Alger et Oran à la Métropole, aux pays étrangers, ainsi qu'aux principales oasis sahariennes;

---par des ports bien outillés; les deux principaux, Alger et Oran, sont des ports de marchandises, de voyageurs et d'escale. Celui d'Oran, au débouché d'unepartie du Maroc, prend une importance presque aussi grande que celui d'Alger;

---par l'utilisation de l'eau des rivières et la construction de barrages. 11 barrages sont actuellement en service, dont 9 ont été construits depuis 1921. Les principaux sont ceux des Beni-Badel et de l'Oued-Fodda. 8 autres seront bientôt construits.

Grâce à ces barrages on a pu irriguer des terres et les mettre en cultures.

On a pu aussi, comme on peut le voir sur la photographie, établir auprès des barrages des usines électriques fournissant du courant dans toute l'Algérie.

4° LES RELATIONS AVEC LA FRANCE MÉTROPOLITAINE.

La Métropole, premier fournisseur de l'Algérie, lui envoie les trois quarts des produits importés : objets manufacturés, denrées coloniales, produits alimentaires, bois.

Mais la Métropole est aussi le premier client de l'Algé­rie, car elle en reçoit 85 pour 100 de ses exportations : vin, céréales, primeurs, laine.

En dehors de la France, l'Algérie achète surtout aux Etats-Unis et vend certains de ses produits (fer, alfa, phosphates) à la Grande-Bretagne.

RÉSUMÉ

L'Algérie est surtout un pays agricole, qui produit en grosses quantités du vin et des céréales. L'élevage, sauf celui du mouton, est peu développé. Le liège et l'alfa sont une ressource importante.

Le sous-sol de l'Algérie est riche en fer. Mais par suite du manque de houille l'industrie est encore peu active.
La France a construit en Algérie des routes, des che­mins de fer et des barrages.

Elle est le principal four­nisseur et le premier client de l'Algérie.

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   L'ALGÉRIE ET SES HABITANTS

1° POPULATION TOTALE.

Les progrès de la population en Algérie depuis 1850.
Les progrès de la population en Algérie depuis 1850.

L'Algérie compte environ 8.700.000 habitants répartis entre les trois départements d'Alger, Oran et Cons-tantine, et la zone des territoires du Sud.

L'ensemble du pays est dirigé par un Gouverneur général nommé par le Gouvernement français.

Le graphique permet de se rendre compte de l'accroissement de la population européenne et musulmane, depuis l'arrivée des Français.

Les Hautes Plaines et le Sahara n'ont que très peu d'habitants. Au contraire, les grandes villes et certaines régions fertiles (Mitidja-Kabylie) possèdent une population très dense.

2° LES HABITANTS.

La population de l'Algérie comprend surtout des Européens et des Franco-Musulmans :

1. Les Européens. Sur 100 habitants de l'Algérie, on compte dix Européens environ. Sur ces dix Européens, il y a 8 ou 9 Français.

Les Français sont ou des métropolitains résidant en Algérie, ou des descendants de colons établis en Algé­rie, ou des étrangers (Espagnols et Italiens surtout) naturalisés.

Parmi les étrangers, les Espagnols, qui vivent en Oranie, sont les plus nombreux. Dans le département de Constantine résident des Italiens.

2. Les Français-Musulmans. La majeure partie dé la population algérienne pratique la religion musulmane, mais comprend deux groupes de populations différentes :

---les Berbères, qui sont les plus anciens habitants de l'Afrique du Nord : ce sont les Kabyles du Djurjura, les Chaouia de l'Aurès, les Touareg du Hoggar, les Mozabites du Mzab;

---les Arabes, qui constituent les deux tiers de la population franco-musulmane. Parmi eux, il y a beaucoup de Berbères, qui ont adopté la langue et les coutumes arabes.

On rencontre des Arabes dans toute l'Algérie.

3. Les autres habitants. II y a également, en Algérie, des Israélites, des Maures, et des Noirs venus du Soudan dans les oasis du Sud.

3° LA VIE DANS LES CAMPAGNES.

Dans les plaines côtières et sur les pentes des montagnes suffisamment fertiles, les habitants sont des agriculteurs sédentaires. Les Kabyles, par exemple, cultivent, avec beaucoup de persévérance, leur jardin, leur petit champ, leurs plantations d'oliviers et de figuiers. Mais, trop nombreux, ils partent, aussi, pour la Métropole, où ils s'emploient comme manoeuvres dans les mines et les usines.

Sur les hautes plaines, les pasteurs nomades se déplacent sans cesse, conduisant leurs troupeaux de moutons de pâturages en pâturages. Certains ont des champs qu'ils cultivent, au voisinage d'habitations, où ils reviennent en hiver. Ce sont des semi-nomades.

D'autres, les grands nomades du Sahara du Nord, se déplacent, toute l'année, avec leur famille. Ils emmènent avec eux leurs troupeaux de moutons, leurs chevaux et les chameaux qui servent pour les transports. Le nombre de ces grands nomades diminue.

Les habitations sont différentes suivant la façon de vivre des habitants : gourbis des plaines, construits en pierre ou en pisé, maisons kabyles, aux toits de tuiles rouges, entassées sur les crêtes, maisons en terrasses de. l'Aurès ou en terre battue dans les oasis, tentes des hautes plaines ou du désert.

4° LA VIE DANS LES VILLES.

Les Européens sont surtout groupés dans les villes. Un quart de la population européenne de l'Algérie vit à Alger ou autour d'Alger.

Mais on y trouve aussi des Mozabites, des Israélites et des Maures, qui sont, en général, commerçants de détail et des Arabes employés dans les administrations et l'industrie.

Les principales villes sont les préfectures des trois départements :

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Alger (263.000 Européens, 255.000 Musulmans). Oran (173.000 Européens, 92.000 Musulmans). Constantine (43.000 Européens, 75.000 Musulmans).

Les autres villes importantes sont :

Des ports : Bône, Philippeville, Bougie, Mostaganem.

Des marchés, dans les plaines agricoles : Blida, Orléans-ville, Mascara, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès.

Des centres, sur les hautes plaines : Tiaret, Sétif, Batna.

Des villes-oasis du désert : Laghouat, Gardhaïa, Toug­gourt, Ouargla.

5° LES PROGRÈS DE L'ALGÉRIE.

L'augmentation considérable de la population franco-musulmane, depuis l'arrivée des Français en 1830 (4 millions en 100 ans), suffit à prouver l'action heureuse de la France en Algérie : celle-ci a, en effet, introduit dans le pays :

1. La paix et la sécurité : Avant 1830 l'insécurité était totale dans les plaines, qui étaient, en outre, très malsaines. Les cultivateurs, pour se protéger des pillards, devaient se réfugier sur les hauteurs.

2. L'hygiène et la santé, par la construction d'infirmeries, d'hôpitaux.

3. L'instruction, par la construction de nombreuses écoles. Le « plan de scolarisation » de 1945 doit per-mettre d'instruire, en vingt ans, 1 million d'enfants.

4. La participation des Algériens à l'administration de l'Algérie : par la création de communes de plein exercice; par la transformation des communes mixtes en centres municipaux où les habitants participent à la direction des affaires communales; par la création de l'Assemblée Algérienne où sont représentés Français et Français-Musulmans d'Algérie.

5. Par leurs députés et leurs sénateurs, tous les Algériens participent au gouvernement de la France et de l'Union française.

RÉSUMÉ

L'Algérie compte plus de 8 millions d'habitants, Français et Français-Musulmans (Berbères et Arabes).

Dans les campagnes on rencontre des cultivateurs européens ou kabyles, sur les hautes plaines et dans le Sahara, des Arabes nomades ou semi-nomades.


Les Européens sont surtout groupés dans les villes dont les principales sont Alger, Oran et Constantine.
Les Français ont apporté en Algérie la sécurité, l'hygiène, l'instruction. Grâce à eux les Français-Musulmans participent à l'administration de l'Algérie et au gouvernement de la France