Géographie de l'Afrique du nord
à l'usage du Cours Moyen et de la Classe de Fin d'Études des écoles primaires de l'Afrique du Nord
pages 1 à 4 : relief, climat, végétation, cours d'eau.
J.Tarraire - E. Prigent (
Inspecteur Général, Vice-Recteur de l'Académie d'Alger)
Fernand Nathan

 

Envois des documents : Jean-Pierre Penalba
mise sur site le 17-8-2007

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page I

L'ALGÉRIE

SITUATION ET VUE D'ENSEMBLE

carte relief de l'algerie

Mesurons sur la carte de l'Algérie la distance entre Oudjda et Tebessa et comparons-la à celle qui, sur une carte de France, sépare Dunkerque de Marseille. Nous constatons que l'Algérie est un pays très étendu, entre le Maroc à l'Ouest et la Tunisie à l'Est.

Les cars transsahariens, qui vont d'Alger au Soudan, parcourent, pour atteindre la frontière de l'Afrique Occidentale française, une route quatre fois plus longue que celle d'Alger à El Goléa (carte page 60, géographie Tarraire, cours moyen) .. C'est à peu près la distance qui sépare Paris de Moscou.

L'Algérie est, en y comprenant les régions sahariennes, qui en dépendent, grande comme quatre fois la France.

LE RELIEF DE L'ALGÉRIE.

Regardons la carte de l'Algérie. Elle est faite d'une longue bande grise, orientée Est-Ouest, représentant des hautes terres, entre la Mer Méditerranée au Nord et le désert du Sahara au Sud.

Ces hautes terres sont formées de deux chaînes de montagnes : l'Atlas Tellien, le long de la mer, et l'Atlas Saharien en bordure du Sahara. Entre ces deux chaînes s'étendent les hautes plaines algériennes.

Les montagnes de l'Algérie continuent celles du Maroc et de la Tunisie. Elles sont, comme les Alpes et les Pyrénées (voir page 8,, géographie Tarraire, cours moyen), des montagnes jeunes.

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page II

Lella Khedidja. Le plus haut sommet de l'Atlas Tellien (2.308 m.) est cou·
Lella Khedidja. Le plus haut sommet de l'Atlas Tellien (2.308 m.) est cou‑
vert de neiges abondantes pendant l'hiver.

1. L'Atlas Tellien.

De la frontière marocaine à Alger, l'Atlas Tellien ne constitue pas une chaîne de montagnes continue. II est découpé au voisinage de la mer par une série de plaines Plaines d'Oran, du Sig et du Chélif en Oranie, plaine de la Mitidja autour d'Alger.

Entre ces plaines, se dressent les petites hauteurs du Sahel oranais et algérien, qui tombent à pic dans la mer et forment une côte abrupte et rocheuse : les baies (Oran, Arzew, Alger) sont rares et peu abritées.

Au Sud de ces collines du Sahel, se trouvent des petits massifs montagneux, plus élevés : Monts du Tessala, de Tlemcen. Le massif de l'Ouarsenis, qui atteint près de 2.000 mètres, est le plus important.

Entre ces massifs s'étendent des plaines intérieures Plaines de Tlemcen, de Sidi-Bel-Abbès, de Mascara, de Médéa.

D'Alger à la frontière tunisienne, l'Atlas Tellien devient plus élevé et plus massif. Les plaines sont rares la plus vaste est celle de Bône.

Dans cette région, les montagnes les plus importantes sont celles de la Kabylie.

Elles comprennent :

Le long de la côte, la Grande Kabylie ou Djurjura. C'est là que se trouve le plus haut sommet de tout l'Atlas Tellien : sa photographie vous rappelle un som­met des Alpes ou des Pyrénées.

Au Sud-Est de la vallée de la Soumam, la chaîne de la Petite Kabylie prolongée par la chaîne des Babors.

L'Atlas Tellien se continue, au voisinage de la Tunisie, par les Monts de Constantine.

A travers ces montagnes, la circulation est facile grâce aux vallées transversales qui les découpent et qui permettent de passer de la côte aux hautes plaines.

2. Les Hautes Plaines.

Elles s'étendent entre l'Atlas Tellien au Nord et l'Atlas Saharien au Sud. Elles sont très larges dans le département d'Oran, où les deux Atlas s'écartent beaucoup l'un de l'autre.

Elles forment d'immenses étendues plates et monotones.

Des « chotts » salés (chott ech-Chergui, chott el-Hodna) y occupent de vastes espaces.

Dans le Constantinois, les hautes plaines sont plus élevées (600 à 800 mètres) et rétrécies par le rapprochement des deux chaînes de l'Atlas Tellien et de l'Atlas Saharien.

3. L'Atlas Saharien.

Cette chaîne de montagnes est peu élevée à l'Ouest. Les principaux massifs sont le Djebel-Amour (1.600 mètres) et les monts des Ouled-Naïl.

Au delà de la région de Biskra et du chott el-Hodna, s'étend le massif de l'Aurès, formé de chaînons paral­lèles, qui atteignent 2.000 mètres d'altitude.

4. Le Sahara Algérien.

Le Sahara est un des plus grands déserts du monde. II est limité au Nord par l'Atlas Saharien et la région des Chotts, et s'étend au Sud jusqu'à la frontière de l'Afrique Occidentale Française.

Il comprend, dans sa partie nord, de vastes plateaux pierreux ou «hamadas» et des cuvettes occupées par des dunes. Ces dunes sont très étendues dans la région du Grand Erg Occidental et du Grand Erg Oriental.

La région voisine de la frontière tunisienne est occupée par la vaste dépression des chotts : chott Melguir.

La partie centrale du Sahara Algérien est formée par le vaste massif montagneux du Hoggar, qui atteint 3.000 mètres. Là s'étendent les Tanesrouft, immenses plaines sans eau, et les « regs » de gravier, qu'on ne traverse facilement qu'avec des automobiles.

RÉSUMÉ

L'Algérie, en y comprenant le Sahara Algérien, est grande comme quatre fois la France.

L'Algérie proprement dite comprend deux chaînes de montagnes, l'Atlas Tellien et l'Atlas Saharien, orientées Est-Ouest et séparées par de hautes plaines.

Le Sahara a un relief varié constitué surtout par des plateaux pierreux et des dunes.

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page III

CLIMAT, VÉGÉTATION
ET COURS D'EAU DE L'ALGÉRIE

1.-LE CLIMAT.

L'Algérie s'étend du Nord (Mer Méditerranée) au Sud (Sahara) sur plus de 2.000 kilomètres en profondeur.

Mais les montagnes de l'Atlas Tellien et de l'Atlas Saharien divisent ce territoire en bandes orientées Est-Ouest : celle de la côte et de l'Atlas Tellien - celle des Hautes Plaines et de l'Atlas Saharien - celle du Sahara.

Chacune de ces bandes a un climat particulier, caractérisé surtout par la température et la quantité de pluie de chaque mois.

En examinant sur la figure les températures et les quantités de pluie d'Alger, d'Aflou et de Biskra, on peut comprendre ce qui distingue ces trois climats :

------1. Climat méditerranéen sur la côte et dans l'Atlas Tellien : les gelées sont très rares en hiver et les étés sont chauds.

Les vents humides venant de la mer apportent des pluies, de l'automne au printemps. (Relever les quantités qui tombent en moyenne à Alger.) Ces pluies sont plus abondantes à l'Ouest qu'à l'Est : la Kabylie, assez élevée, peu découpée, retient mieux l'humidité.

Cependant l'influence du désert se fait sentir jusque sur la côte par l'action du «sirocco », vent sec et chaud, soufflant du Sud au Nord. Ce vent chargé de sable élève la température et dessèche la végétation.

------2. Climat continental sur les Hautes Plaines et dans l'Atlas Saharien. C'est de cette région que l'on peut dire que « l'Algérie est un pays froid où le soleil est chaud ».

La température descend souvent au-dessous de 0 degré en hiver. (Remarquer la température moyenne d'Aflou en janvier.) En été elle dépasse 30 et même 40 degrés.

Les pluies sont rares, surtout sur les Hautes Plaines d'Oranie moins élevées et moins accidentées que celles du Constantinois. Les vents humides sont, en effet, arrêtés, à l'Ouest, par les hauteurs de l'Atlas Tellien.

------3. Climat désertique de la région saharienne: les pluies sont exceptionnelles et très irrégulières. Elles tombent souvent en trombe, détruisant et noyant tout en quelques minutes, sur un point qui ne reverra plus une goutte d'eau pendant des années.

Le Sahara est une des régions les plus chaudes du monde : les températures de jour atteignent en été 45 et même 50 degrés (à Biskra, par exemple). Par contre lès nuits sont très froides, surtout en hiver, où il gèle souvent.

2.-LA VÉGÉTATION. 

Graphique des pluies et températures en Algérie.
Graphique des pluies et températures en Algérie.

Par suite de ces différences de climat, la végétation n'a pas un aspect uniforme dans toute l'Algérie
------1. Sur la côte et dans l'Atlas Tellien, des palmiers-nains et des touffes de plantes grasses ou épineuses poussent sur les terres non cultivées.

Mais, dans les plaines, dominent les cultures de céréales, de la vigne, des oliviers, des orangers, des primeurs.
Les pentes des collines sont occupées par des vergers (figuiers et amandiers).
Dans la montagne, poussent des herbes odorantes et des buissons qui forment un véritable maquis. Dans les parties les plus élevées, surtout en Kabylie, où l'humidité est forte, il existe des forêts d'arbres à feuilles persistantes : chênes verts, chênes-lièges, pins d'Alep et cèdres.
Malheureusement ces forêts, déjà peu étendues (1/15 de la superficie de l'Algérie, sans le Sahara-France 1/6), sont trop souvent détruites par le déboisement ou l'incendie.

------2. Les Hautes Plaines n'ont, par suite du manque d'eau, qu'une végétation de steppe herbeuse coupée de buissons. Dans les hautes plaines très sèches de l'Oranie, il ne pousse que des touffes d'alfa, très abondantes.

------3. Dans le Sahara, les palmiers-dattiers dominent dans les oasis, qui doivent leur existence à des puits. Partout ailleurs, ce n'est qu'une maigre végétation de broussailles et de plantes grasses.

Des prairies de graminées naissent très rapidement et se dessèchent aussi vite dans les endroits où il tombe par hasard un peu de pluie.

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page IV

Photo Ofalac. El Kantara. Le défilé d'El Kantara (Le Pont) est un passage naturel entre la région du Tell et les oasis qui bordent le Sahara. Le fond de la gorge est arrosé par l'Oued Kantara.
Photo Ofalac.
El Kantara. Le défilé d'El Kantara (Le Pont) est un passage naturel entre la région du Tell et les oasis qui bordent le Sahara. Le fond de la gorge est arrosé par l'Oued Kantara.

3.- LES RIVIÈRES.

Les rivières, qui descendent de, l'Atlas Tellien vers la mer, sont courtes et ont une forte pente. Le manque d'eau, aggravé par la rareté des forêts, les transforme en torrents : ce sont les «oueds».

Ces oueds roulent beaucoup d'eau, mélangée de terre, au moment des crues, dues aux pluies. Pendant la majeure partie de l'année ce ne sont que des filets d'eau, qui coulent péniblement, au milieu d'un lit de cailloux.

Telles sont la Tafna, la Macta et ses deux affluents, le Sig et l'Habra, lisser, la Soummam, la Seybouse.

Le Chélif, formé de deux cours d'eau venant l'un de l'Ouarsenis et l'autre du Djebel-Amour, garde aussi l'allure d'un torrent, malgré ses 600 kilomètres de longueur (comparer avec la longueur des fleuves de France, page 12)1.

Lés eaux coulant dans les Hautes Plaines et sur les pentes de l'Atlas Saharien ne parviennent pas à la mer. Elles s'accumulent dans des dépressions où elles forment des chotts salés.

Dans la région saharienne, les eaux de pluie dis-paraissent sous le sable et forment des nappes souterraines : les oasis se sont développées dans les endroits où l'on a pu atteindre ces nappes par des puits ordinaires ou artésiens.

RÉSUMÉ

La côte de l'Algérie et l'Atlas Tellien ont une température chaude en été et assez douce en hiver. Les Hautes Plaines sont beaucoup plus froides en hiver, beaucoup plus chaudes en été.

Le Sahara est un des pays les plus chauds du monde, mais la nuit la température est parfois très basse.

Les pluies, assez abondantes sur la côte et dans les montagnes, surtout à l'Est, deviennent de plus en plus rares à mesure que l'on s'avance vers le Sahara.

Sur la côte et dans les montagnes de l'Atlas Tellien on trouve des cultures et des forêts. Elles disparaissent dans les Hautes Plaines, où pousse surtout l'alfa.

Dans le Sahara, la végétation est rare sauf dans les oasis.

Les rivières ou oueds, dont le plus long est le Chélif, ne sont que des torrents irréguliers.