Frenda : charme, fraîcheur, et verdure.
pnha n°57
mai 1995
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25 Ko |
-------Frenda
petit village, nid de verdure sur les hauts Plateaux, juste aux portes du
désert, était à 1 10 kms de Mascara qui offrait une
étape reposante, vers Oran distante de 220 kms. Tiaret à 50
kms à l'est, recevait souvent la visite des frendéens, pour
les courses importantes. -------Commune mixte, elle était composée de nombreux douars : les Ghronadis, Haouaret, Medroussa. UN AGHA SAUVE LE VILLAGE -------Frendah, nom berbère signifiant doux repos, existait depuis la nuit des temps. Une famille y régnait, les Ould Kadi. -------L'arrivée des français se fit en douceur. L'Agha Ould Kadi collabora sans problème. Le génie militaire construisit des remparts qui auraient pu soutenir un siège. -------Les "Bou Amama" attaquèrent la région en 1881. Ils arrivèrent dans la plaine, menaçants. Maître incontesté du pays, l'Agha Ali Ould Kadi, avisé du danger menaçant son havre de paix, envoya au marabout Bou Amama, comme rançon de la ville, un émissaire chargé de plusieurs boisseaux de pièces d'or. Cupide autant que cruel, le bout accepta et fit demi-tour, sans toucher à Frenda ni à ses habitants. -------L'Agha Ali Ould Kadi était un Arabe de haute taille. Dans son visage bruni par le soleil, souriaient deux grands yeux doux. Drapé dans son large burnous blanc, il avait une extraordinaire majesté. La France avait donné à certaines grandes familles musulmanes des pouvoirs importants, afin de mieux assurer le gouvernement de ces vastes territoires. L'Agha Ali Ould Kadi n'avait nul besoin de ces pouvoirs, la région toute entière lui appartenait et son coeur de musulman appartenait à la France. Toute sa famille suivait son exemple. Son neveu, le colonel Ben Daoud, lui aussi, prouvait son attachement à la France, en aidant de son mieux l'Armée Française dans son oeuvre de colonisation. Ce grand amour pour la France, l'Agha Ould Kadi le reportait sur les "Roumis" qui : s'intallaient à Frenda. Il les accueillait tous sans exception et leur apportait une précieuse aide. -------Parmi ces premières familles, citons les Portet, Duigne qui montèrent des commerces et cultures et les Rosa, famille de maçons. -------A leur suite, de nombreuses familles venues du bassin méditerranéen s'installèrent poursuivant le développement du village. ------- L'éloignement n'empêchait pas le coeur de l'Algérie de battre à l'unisson de celui de la France. Les populations se sentaient très près de leur Mère Patrie et tout naturellement leur destin suivait celui de la France. Les émeutes du "Midi viticole" de 1907 touchèrent aussi l'Algérie, qui ne pouvait plus vendre le vin qu'elle commençait à peine à produire. Cependant les villages s'étendaient et les villes se développaient rapidement. -------Dans le sud, même si la vie y était différente, elle s'organisait petit à petit. Les habitants cherchaient à créer leur univers en fonction de leurs possibilités et de leur caractère. -------A Frenda, le coeur du village s'était déplacé vers le haut et de nouveaux commerces s'installaient. -------La famille Benguigui avait un petit magasin que les Arabes appelaient "Ghanout", dans la rue Ain Kebir C'était une large rue sinueuse, descendant vers le "Cano Gordo" par de larges marches de pierre. De chaque côté se dressaient de belles et grandes maisons, presque toutes à étages, dont les portes étaient surmontées de corniches travaillées, soutenues par d'élégantes colonnes. Devant certaines, des bancs de pierre taillée invitaient au repos et au farniente. Des fontaines de fonte verte laissaient couler une eau fraîche et limpide que les ménagères venaient journellement recueillir dans de grands bidons de zinc. Tout autour, les enfants riant et se bousculant pataugeaient, faisant jaillir dans la lumière du soleil des milliers de gouttelettes de toutes les couleurs en aspergeant parfois les passants mécontents. -------En haut de la "côte des Kabyles" qui longe tout un côté du jardin public, M. Serrano avait ouvert sa cordonnerie. C'était un cordonnier un peu particulier, qui se consacrait surtout à de nombreuses découvertes. La photographie le passionnait et avec des moyens rudimentaires,il avait confectionné un appareil avec lequel il photographiait les Frendéens. Par amour de l'art et non par but lucratif, chacun avait son portrait un peu flou imprimé sur un papier jaunâtre, faisant l'admiration de son créateur. -------Les Frendéens firent leur devoir en 1914 admirablement et survint la 2è guerre mondiale. FRENDA, DANS LA GUERRE -------En septembre 1939, tout ce que Frenda comptait d'hommes jeunes et valides, dans les trois communautés, répondaient, encore une fois à l'appel de leur "Mère Patrie". Sans distinction de races ou de religions, ils partaient vers l'inconnu, laissant le village vide de toute substance active. -------Au cours de cette année là, comme en France, la vie tourna au ralenti. -------Un moment destabilisées par le départ de leurs maris, leurs pères ou leurs frères, les femmes prenaient les affaires en mains, afin de maintenir un semblant de dynamisme. -------Dans le village même, les écoles après une brève période de flottement, ne souffrirent pas trop de cette mobilisation, puisque quelques maîtresses remplacèrent rapidement, les maîtres absents à l'école des garçons. Selon la tradition les maîtresses s'occupaient toujours de l'école des filles et les maîtres de l'école des garçons. -------Tandis que dans le village on s'organisait petit à petit, dans la plaine pour les colons en pleine effervescence des futurs labours,ceux restés au pays aidaient les épouses des mobilisés. - ------A Alger situé à 500 km , résidait le Docteur Paul Lebon, professeur à la faculté de Médecine et qui était également Maire de Frenda. Vu l'éloignement c'était son adjoint : Mr Puccineli qui tenait les rénes de la commune. -------Mr. Tomi en était le secrétaire remplaçant Mr Ferise en retraite depuis 1938. -------Frenda était essentiellement agricole céréales surtout blé dur, vignobles, mais aussi élevage de porcs ou de moutons. Ainsi le village se suffisait à lui même. Le jeudi jour de marché, où les paysans vendaient leurs produits, voyait un afflux de population tant européenne qu'arabe, venant de Dominique Luciani, Martimprey. Ain-Kermes, Medrissa et aussi des douars environnants. Le marché aux bestiaux y tenait une place très importante. -------II n'y avait qu'une seule pharmacie cédée par Mr Jaudon en retraite, à Madame Brousset. - ------Un seul médecin : Mr Soummeire, avec comme aide infirmier Benaoucha que les enfants craignaient beaucoup pour sa sévérité tant il prenait son rôle au sérieux. -------Deux banques : la Compagnie Algérienne dirigée par Mr Polidori et le Crédit Foncier par Mr Irissou succédant à Mr lllouz. Une belle poste moderne dont Mr Cervera en était le Receveur, avec Gabrielle Ortega comme Contrôleur assurant par intérim les fonctions de Receveur. -------Le commandant de la brigade de Gendarmerie : Mr Lefebvre, assurait la sécurité d'un territoire très étendu englobant Frenda et sa commune Mixte. Par contre les cafés florissaient : Mr March "Brasserie des Trembles", Pepico Ramos faisant également hôtel, Mme Isly-David, Mr Maklouf Teboul dit "Modo", Mr Sardania, Mr Benchimol et au bas du village celui de Désiré Benayoun. - -------Pépico Ramos s'occupait également comme président du football, qui tenait une grande place dans la vie frendéenne. La petite équipe était composée de Pierre Calderara, Mehnen et bien d'autres avec pour gardien de but Michel Furer. ------- ------La chasse
avait aussi beaucoup d'adeptes : les Cassan, Lamer, Salado, Santaella,
Calderara. Ainsi que le jeu de boules, " A la lyonnaise", réunissait
les jeunes et les moins jeunes très souvent dans la semaine, pour
des parties interminables avec : Henri Sudria, François Ruiz, Jules
Lopez, Mr Deleine. J.L.P. |