AUTOUR DES ANNEES
1950...
Eté 1950 :
UNE EQUIPE FEMININE
DE BASKET IMPROVISEE
Le village reçoit, pour une journée festive,
le Club de Bridja Sports. Une équipe de Basket
est composée des demoiselles du village... On peut admirer :
L'EQUIPE au grand complet
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Arbitres, entraîneur, et officiels
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Un après-match qui ne semble pas entraîner
la morosité
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Et le traditionnel couscous qui suit les exploit
sportifs.
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PRINTEMPS 1951 :
"Décoration
de la Légion d'Honneur du Caïd Yaoucine Mokrane" en 1951
Le CAID de Beni Haoua,Yaoucine
Ben Hamed MOKRANE, né le 31 mars 1905, était le fils de
Maamar MOKRANE décoré en 1907 et décédé
en 1931. Il est, après son grand'père et son père,
le troisième Caïd du Douar de Beni Haoua.
Sur la demande de Camille Bortolotti, alors Maire de Ténès,
il a été à son tour décoré de la Légion
d'Honneur, par décret du 11 avril 1951.
C'est le Préfet d'Orléansville qui lui a remis cette distinction.
Le Préfet d'Orléansville
décore le Caïd
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Camille Bortolotti, félicitant le Caïd
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La cérémonie a eu lieu au
Bordj du Caïd, où était construit le Marabout
de Sidi Allah, lieu de l'école coranique du Douar.
Et c'est le Caïd Mokrane, en juin 1953, qui prononcera le discours
d'accueil préparé pour la remise de la Croix de Chevalier
de la Légion d'Honneur de son ami, Camille Bortolotti. (voir
ici )
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On reconnaît, sur la photo ci-dessus, de gauche
à droite :
Les deux Administrateurs de la Commune Mixte de Ténès
en poste à l'époque.
Un commandant de Gendarmerie
Le sous-préfet d'Orléansville
Le CAID Yaoucine MOKRANE,
L'Officier des Eaux et Forêts qui a précédé
Mr. GREBET,
Edmond MONIER, Adjoint Spécial de Francis Garnier,
Un Bachaga de la région d'Orléansville,
Au second rang : la famille du Caïd Mokrane
:
De profil, derrière le Caïd, le garde-champêtre
Mohamed Mokrane, (né en 1913), second garde-champêtre
du village, après le décès de son cousin, Bachir
Mokrane.
Mokarnia Abd-El-Aziz, agent des Contributions, frère du boucher.
Mokrane Mustapha, comptable de la Mine.
("C'est Maamar Mokrane, gendre de ce dernier, qui a
identifié les personnes présentes sur cette photo".)
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ANNEE 1953 :
Au cours de l'année 1953, Maxime BAGLIETTO, journaliste
à l'Echo d'Alger, à la suite d'une visite à Francis
Garnier, écrit un article intitulé : "Du
balcon merveilleux ténésien aux vergers d'Orléansville"...
... Comme à Chicago...
"...Passons à l'autre bout du village pour
admirer les récentes installations de la confiture moderne. Si
on croit les dires des habitants du lieu, elle pourrait se situer dans
un récit de Duhamel sur les industries de Chicago : les figues
cueillies sur les banquettes des hauteurs entrant par une porte et par
chaînes de stérilisation, cuisson, emboîtement, pfft
! elles sortent par l'autre porte dans leurs pots de métal étiquettés,
emballés, prêtes à la répartition dans les
magasins. En quelques mots, 140 tonnes de confitures de figues sont parties
de Francis-Garnier.
Et cette production qui donne de l'ouvrage et de bons salaires à
nombreux ouvriers, progressera encore quand les récentes plantations
de cognassiers donneront leurs fruits.
Que la lumière soit...
Parcourons la grand-rue, admirons la place fleurie entourée
de sa petite église, de sa mairie sertie dans l'écrin de
son groupe scolaire et de son hôtel des Postes :
L'Eglise vue de la place (construite
grâce aux dons et au travail des paroissiens)
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La poste, la mairie et l'école
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Admirons encore les lignes pures de l'architecture du
foyer rural et du secteur d'amélioration rurale.
Le foyer rural
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Mais quel est ce bruit régulier ? D'un hangar s'exhalent
les profonds ronronnements d'un groupe électrogène. Dan
la grand-rue, point de poteaux, ni de fils électriques.
Holà ! Sommes-nous encore à l'époque des chandelles
?
E.G.A., si généreuse de nos deniers, n'aurait-elle pas encore
apporté en ce lieu si proche de la capitale, les bienfaits de la
fée électricité, comme on disait autrefois ?
- Eh oui, Monsieur, répond une bonne dame désabusée.
Voici dix ans que j'entends parler d'électrification, surtout avant
les élections. Maintenant, vous pensez bien, je ne crois plus aux
boniments, ni au Père Noël. Et puis, pour l'eau potable, c'est
la même chose...
Les éléments que nous avons recueillis à bonne source,
(c'est le cas de le dire), vont nous permettre d'éclairer le sombre
pessimisme de notre interlocutrice.
- La conduite d'eau vétuste va être réparée
et dès octobre les travaux d'électrification de Francis-Garnier
vont être entrepris. Sans doute au mois d'août , la petite
ville pourra célébrer, autour d'un jet d'eau ruisselant
d'onde claire, la Fête de la Lumière.
De fait, les édiles de Francis-Garnier voient encore plus loin.
Ils veulent créer une station estivale renommée pour sa
plage, ses villas, ses hôtels, ses distractions, et l'accueil de
bon aloi de ses habitants. Cela n'est pas impossible car la nature a tout
donné pour faire un centre touristique de ce coin de rêve.
Saluons en partant le blanc mausolée de Mamma Binnet, dont la sainte
mémoire est vénérée par les musulmans et les
chrétiens.
Le balcon merveilleux
Et abordons maintenant le long et merveilleux balcon de
43 kilomètres conduisant à Ténès. Une des
routes les plus belles du monde, disent les grands voyageurs.
Quelles splendeurs révèle ce ruban jeté au-dessus
d'une dentelle de criques, de plages, de roches ocres d'où semblent
plonger les pinèdes odorantes.
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La baie de Sidi Rahaje.Doumia.
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C'est une des fiertés de M. Villevieille, nous
a-t-on dit. Eut dusse sa modestie en souffrir, disons que les Ténésiens
appellent ce balcon merveilleux : "la route Villevieille".
(Les photos illustrant cet article ont
été rajoutées au texte original de l'Echo d'Alger
de.M.Baglietto)
Cliquer sur
l'image pour l'agrandir
Article de l'Echo d'Alger
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ANNEE 1954
:
LE SEISME DU 9
SEPTEMBRE 1954
Tous ceux d'entre nous qui l'ont vécu s'en souviendront
toute leur vie...
Juliette BAILLY raconte
:
Le 8 septembre 1954, il faisait une chaleur inhabituelle.
Le ciel était d'un bleu absolu, la mer sans une ride et le silence
pesant. On n'entendait que les cigales. Cette pesanteur était peut-être
due à une angine qui me fatiguait, mais je sais que nous n'étions
pas descendus à la plage : nous avions préféré
rester sous la tonnelle du bougainvillier. C'était l'année
où le village avait été électrifié
et nous avions enfin une ampoule dans la salle à manger, plus de
lampe à pétrole avec la belle suspension de mes grands parents.
La soirée s'était déroulée tard dans le jardin
et nous étions allés nous coucher.
Vers 1 heure du matin, un fracas épouvantable... Le lit semblait
monté sur ressorts, le sol tremblait et ma mère dans la
chambre criait :
" - Sortez vite c'est un tremblement de terre, vite, vite..."
Elle se souvenait du tremblement de terre de Montenotte avant la guerre
qui avait fait de nombreux morts, et elle avait tout de suite mesuré
le danger. Je ne trouvais plus le verrou de la porte, plus de lumière,
et nous nous sommes enfin retrouvés dehors. Le grondement continuait,
on entendait au loin dans le douar les gens crier, les chiens qui hurlaient
à la mort ... C'était impressionant et lugubre. Le matin
trés tôt nous avons pu voir les dégats dans la maison
! Notre ami Maxime qui dormait dans la petite chambre sous le garage nous
avait rejoint. Nous sommes montés au village. L'épicerie
de Mme Carillo était ravagée, toutes les bouteilles sur
les étagères étaient, bien entendu, en morceaux sur
le sol. Je la revois encore se lamentant tout en balayant ! Nous avons
fait un tour pour voir les dégats dans le village, la terre tremblait
toujours et nous avons fini notre périple chez les Bortolotti,
point de ralliement des villageois.
Mon Pére qui était à Alger, où la secousse
avait également été très fortement ressentie,
était allé aux nouvelles au chai des Bortolotti sur les
quais, et là, Gilbert (ou Georges) était au teléphone
avec Béni-Haoua. Et mon père entend :
" - Il n'y a pas de victimes, mais la maison des Bailly est par terre.".
Il a aussitôt sauté dans sa voiture et nous a rejoints dans
la soirée.
L'aprés-midi est arrivé d'Orléansville où
il était retourné deux jours avant, Georges Eck extrèmement
choqué. Il avait vécu une nuit d'apocalypse. Je crois qu'il
a mis du temps à s'en remettre, comme nous tous d'ailleurs, mais
lui avait vécu cette catastrophe sur l'épicentre...
C'est à partir de cette date que nous avons habité la petite
maison mauresque.
Pour moi, le tremblement de terre marque la fin des jours heureux.
Deux mois plus tard c'était le 1er Novembre 1954, et plus rien
n'a plus jamais été pareil.
Et Jean-Luc et Arlette(Pierra) MONNERET
:
Dans la nuit du 8 au 9 septembre 1954, la terre tremble.
La maison Pierra est sérieusement fissurée. La famille la
quitte en catastrophe.
Papa Pierra est en mer. Son hélice est sectionnée, ce qui
témoigne de la violence du séisme.
L'épicentre est situé au voisinage immédiat d'Orléansville.
On en est ici à quarante-cinq kilomètres à vol d'oiseau.
Les secousses se reproduisent pendant plusieurs jours, chacune augmentant
les destructions. La maison ne sera pas récupérable.
Un séisme déclenche un traumatisme important. Andrée
a alors treize ans ; elle est si marquée qu'elle en acquiert un
instinct de prévision des secousses.
La famille vit encore dans la partie de la maison qui n'est pas effondrée.
Tout le monde est à table. Andrée tombe brutalement en arrêt,
la fourchette en l'air : "En voilà une !" crie-t-elle
en sautant dans le jardin. Rapidement, ses parents comprennent qu'elle
pressent vraiment le phénomène et chacun fuit dès
qu'Andrée fait le sismographe.
La nuit, les gens dorment sous la tente. Bientôt on vient monter
une baraque préfabriquée de trois petites pièces
qui sera le logement des Pierra pendant près de trois ans.
Le traitement des dossiers est en effet très lent ; la mise en
place des fonds nécessaires à la reconstruction l'est plus
encore.
La baraque est bien difficilement vivable. Elle est recouverte
de bitume pour assurer son étanchéité : il y fait
une atroce chaleur l'été, bien froid en hiver.
Papa Pierra bâtit deux pièces en agglos dans le jardin. Ce
seront des pièces de vie diurne, mais chacun sait qu'elles n'assurent
pas du tout la sécurité en cas de séisme. Il faut
être prêts à en gicler à la première
alerte.
Heureusement que le climat de la côte algérienne est clément,
ce qui rend moins rudes les conditions précaires de cette existence.
Bon gré, mau gré, il faut s'y faire. Un
neveu des Raoux dessine un plan de la future maison ; il est repris par
un architecte d'Alger, des devis sont établis et avalisés
par les autorités. Les premières règles de calcul
antisismique sont établies, qui conduisent à faire de véritables
blockhaus.
La maison ne sera construite qu'en 1956-57 et notre mariage coïncidera
avec la pendaison de crémaillère, en août 1957.
Remontée entre deux madriers, la cloche
de la mairie d'Orléansville, épicentre du séisme.
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