Francis Garnier
AUTOUR des ANNÉES 1950

présenté par H. Cohet, J. Bailly et J.L. et A. Monneret.

mise sur site en juin 2011

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AUTOUR DES ANNEES 1950...

Eté 1950 :

UNE EQUIPE FEMININE DE BASKET IMPROVISEE

Le village reçoit, pour une journée festive, le Club de Bridja Sports. Une équipe de Basket
est composée des demoiselles du village... On peut admirer :

L'EQUIPE au grand complet
L'EQUIPE au grand complet
Arbitres, entraîneur, et officiels
Arbitres, entraîneur, et officiels

Un après-match qui ne semble pas entraîner la morosité
Un après-match qui ne semble pas entraîner la morosité

Et le traditionnel couscous qui suit les exploit sportifs.

Et le traditionnel couscous qui suit les exploit sportifs.

Et le traditionnel couscous qui suit les exploit sportifs.



PRINTEMPS 1951 :

"Décoration de la Légion d'Honneur du Caïd Yaoucine Mokrane" en 1951

Le CAID de Beni Haoua,Yaoucine Ben Hamed MOKRANE, né le 31 mars 1905, était le fils de Maamar MOKRANE décoré en 1907 et décédé en 1931. Il est, après son grand'père et son père, le troisième Caïd du Douar de Beni Haoua.

Sur la demande de Camille Bortolotti, alors Maire de Ténès, il a été à son tour décoré de la Légion d'Honneur, par décret du 11 avril 1951.

C'est le Préfet d'Orléansville qui lui a remis cette distinction.

Le Préfet d'Orléansville décore le Caïd
Le Préfet d'Orléansville décore le Caïd
Camille Bortolotti, félicitant le Caïd
Camille Bortolotti, félicitant le Caïd

La cérémonie a eu lieu au Bordj du Caïd, où était construit le Marabout de Sidi Allah, lieu de l'école coranique du Douar.

Et c'est le Caïd Mokrane, en juin 1953, qui prononcera le discours d'accueil préparé pour la remise de la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur de son ami, Camille Bortolotti. (voir ici )

On reconnaît, sur la photo ci-dessus, de gauche à droite :
Les deux Administrateurs de la Commune Mixte de Ténès en poste à l'époque.
Un commandant de Gendarmerie
Le sous-préfet d'Orléansville
Le CAID Yaoucine MOKRANE,
L'Officier des Eaux et Forêts qui a précédé Mr. GREBET,
Edmond MONIER, Adjoint Spécial de Francis Garnier,
Un Bachaga de la région d'Orléansville,

Au second rang : la famille du Caïd Mokrane :
De profil, derrière le Caïd, le garde-champêtre Mohamed Mokrane, (né en 1913), second garde-champêtre du village, après le décès de son cousin, Bachir Mokrane.
Mokarnia Abd-El-Aziz, agent des Contributions, frère du boucher.
Mokrane Mustapha, comptable de la Mine.
("C'est Maamar Mokrane, gendre de ce dernier, qui a identifié les personnes présentes sur cette photo".)

ANNEE 1953 :

Au cours de l'année 1953, Maxime BAGLIETTO, journaliste à l'Echo d'Alger, à la suite d'une visite à Francis Garnier, écrit un article intitulé : "Du balcon merveilleux ténésien aux vergers d'Orléansville"...

... Comme à Chicago...

"...Passons à l'autre bout du village pour admirer les récentes installations de la confiture moderne. Si on croit les dires des habitants du lieu, elle pourrait se situer dans un récit de Duhamel sur les industries de Chicago : les figues cueillies sur les banquettes des hauteurs entrant par une porte et par chaînes de stérilisation, cuisson, emboîtement, pfft ! elles sortent par l'autre porte dans leurs pots de métal étiquettés, emballés, prêtes à la répartition dans les magasins. En quelques mots, 140 tonnes de confitures de figues sont parties de Francis-Garnier.
Et cette production qui donne de l'ouvrage et de bons salaires à nombreux ouvriers, progressera encore quand les récentes plantations de cognassiers donneront leurs fruits.

Que la lumière soit...

Parcourons la grand-rue, admirons la place fleurie entourée de sa petite église, de sa mairie sertie dans l'écrin de son groupe scolaire et de son hôtel des Postes :

L'Eglise vue de la place
L'Eglise vue de la place (construite grâce aux dons et au travail des paroissiens)
La poste, la mairie et l'école
La poste, la mairie et l'école

Admirons encore les lignes pures de l'architecture du foyer rural et du secteur d'amélioration rurale.


Le foyer rural

Mais quel est ce bruit régulier ? D'un hangar s'exhalent les profonds ronronnements d'un groupe électrogène. Dan la grand-rue, point de poteaux, ni de fils électriques.
Holà ! Sommes-nous encore à l'époque des chandelles ?
E.G.A., si généreuse de nos deniers, n'aurait-elle pas encore apporté en ce lieu si proche de la capitale, les bienfaits de la fée électricité, comme on disait autrefois ?
- Eh oui, Monsieur, répond une bonne dame désabusée. Voici dix ans que j'entends parler d'électrification, surtout avant les élections. Maintenant, vous pensez bien, je ne crois plus aux boniments, ni au Père Noël. Et puis, pour l'eau potable, c'est la même chose...
Les éléments que nous avons recueillis à bonne source, (c'est le cas de le dire), vont nous permettre d'éclairer le sombre pessimisme de notre interlocutrice.
- La conduite d'eau vétuste va être réparée et dès octobre les travaux d'électrification de Francis-Garnier vont être entrepris. Sans doute au mois d'août , la petite ville pourra célébrer, autour d'un jet d'eau ruisselant d'onde claire, la Fête de la Lumière.
De fait, les édiles de Francis-Garnier voient encore plus loin. Ils veulent créer une station estivale renommée pour sa plage, ses villas, ses hôtels, ses distractions, et l'accueil de bon aloi de ses habitants. Cela n'est pas impossible car la nature a tout donné pour faire un centre touristique de ce coin de rêve.
Saluons en partant le blanc mausolée de Mamma Binnet, dont la sainte mémoire est vénérée par les musulmans et les chrétiens.

Le balcon merveilleux

Et abordons maintenant le long et merveilleux balcon de 43 kilomètres conduisant à Ténès. Une des routes les plus belles du monde, disent les grands voyageurs.
Quelles splendeurs révèle ce ruban jeté au-dessus d'une dentelle de criques, de plages, de roches ocres d'où semblent plonger les pinèdes odorantes.

La baie de Boucheral

La baie de Sidi Rahaje.Doumia.
La baie de Sidi Rahaje.Doumia.

C'est une des fiertés de M. Villevieille, nous a-t-on dit. Eut dusse sa modestie en souffrir, disons que les Ténésiens appellent ce balcon merveilleux : "la route Villevieille".
(Les photos illustrant cet article ont été rajoutées au texte original de l'Echo d'Alger de.M.Baglietto)

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Article de l'Echo d'Alger
Article de l'Echo d'Alger

ANNEE 1954 :

LE SEISME DU 9 SEPTEMBRE 1954

Tous ceux d'entre nous qui l'ont vécu s'en souviendront toute leur vie...

Juliette BAILLY raconte :

Le 8 septembre 1954, il faisait une chaleur inhabituelle. Le ciel était d'un bleu absolu, la mer sans une ride et le silence pesant. On n'entendait que les cigales. Cette pesanteur était peut-être due à une angine qui me fatiguait, mais je sais que nous n'étions pas descendus à la plage : nous avions préféré rester sous la tonnelle du bougainvillier. C'était l'année où le village avait été électrifié et nous avions enfin une ampoule dans la salle à manger, plus de lampe à pétrole avec la belle suspension de mes grands parents. La soirée s'était déroulée tard dans le jardin et nous étions allés nous coucher.
Vers 1 heure du matin, un fracas épouvantable... Le lit semblait monté sur ressorts, le sol tremblait et ma mère dans la chambre criait :
" - Sortez vite c'est un tremblement de terre, vite, vite..."
Elle se souvenait du tremblement de terre de Montenotte avant la guerre qui avait fait de nombreux morts, et elle avait tout de suite mesuré le danger. Je ne trouvais plus le verrou de la porte, plus de lumière, et nous nous sommes enfin retrouvés dehors. Le grondement continuait, on entendait au loin dans le douar les gens crier, les chiens qui hurlaient à la mort ... C'était impressionant et lugubre. Le matin trés tôt nous avons pu voir les dégats dans la maison ! Notre ami Maxime qui dormait dans la petite chambre sous le garage nous avait rejoint. Nous sommes montés au village. L'épicerie de Mme Carillo était ravagée, toutes les bouteilles sur les étagères étaient, bien entendu, en morceaux sur le sol. Je la revois encore se lamentant tout en balayant ! Nous avons fait un tour pour voir les dégats dans le village, la terre tremblait toujours et nous avons fini notre périple chez les Bortolotti, point de ralliement des villageois.
Mon Pére qui était à Alger, où la secousse avait également été très fortement ressentie, était allé aux nouvelles au chai des Bortolotti sur les quais, et là, Gilbert (ou Georges) était au teléphone avec Béni-Haoua. Et mon père entend :
" - Il n'y a pas de victimes, mais la maison des Bailly est par terre.".
Il a aussitôt sauté dans sa voiture et nous a rejoints dans la soirée.
L'aprés-midi est arrivé d'Orléansville où il était retourné deux jours avant, Georges Eck extrèmement choqué. Il avait vécu une nuit d'apocalypse. Je crois qu'il a mis du temps à s'en remettre, comme nous tous d'ailleurs, mais lui avait vécu cette catastrophe sur l'épicentre...
C'est à partir de cette date que nous avons habité la petite maison mauresque.
Pour moi, le tremblement de terre marque la fin des jours heureux.
Deux mois plus tard c'était le 1er Novembre 1954, et plus rien n'a plus jamais été pareil.

La maison des Bailly...


Et Jean-Luc et Arlette(Pierra) MONNERET :

Dans la nuit du 8 au 9 septembre 1954, la terre tremble. La maison Pierra est sérieusement fissurée. La famille la quitte en catastrophe.
Papa Pierra est en mer. Son hélice est sectionnée, ce qui témoigne de la violence du séisme.
L'épicentre est situé au voisinage immédiat d'Orléansville. On en est ici à quarante-cinq kilomètres à vol d'oiseau.
Les secousses se reproduisent pendant plusieurs jours, chacune augmentant les destructions. La maison ne sera pas récupérable.
Un séisme déclenche un traumatisme important. Andrée a alors treize ans ; elle est si marquée qu'elle en acquiert un instinct de prévision des secousses.
La famille vit encore dans la partie de la maison qui n'est pas effondrée. Tout le monde est à table. Andrée tombe brutalement en arrêt, la fourchette en l'air : "En voilà une !" crie-t-elle en sautant dans le jardin. Rapidement, ses parents comprennent qu'elle pressent vraiment le phénomène et chacun fuit dès qu'Andrée fait le sismographe.
La nuit, les gens dorment sous la tente. Bientôt on vient monter une baraque préfabriquée de trois petites pièces qui sera le logement des Pierra pendant près de trois ans.
Le traitement des dossiers est en effet très lent ; la mise en place des fonds nécessaires à la reconstruction l'est plus encore.

La baraque est bien difficilement vivable. Elle est recouverte de bitume pour assurer son étanchéité : il y fait une atroce chaleur l'été, bien froid en hiver.
Papa Pierra bâtit deux pièces en agglos dans le jardin. Ce seront des pièces de vie diurne, mais chacun sait qu'elles n'assurent pas du tout la sécurité en cas de séisme. Il faut être prêts à en gicler à la première alerte.
Heureusement que le climat de la côte algérienne est clément, ce qui rend moins rudes les conditions précaires de cette existence.

Bon gré, mau gré, il faut s'y faire. Un neveu des Raoux dessine un plan de la future maison ; il est repris par un architecte d'Alger, des devis sont établis et avalisés par les autorités. Les premières règles de calcul antisismique sont établies, qui conduisent à faire de véritables blockhaus.
La maison ne sera construite qu'en 1956-57 et notre mariage coïncidera avec la pendaison de crémaillère, en août 1957.


Remontée entre deux madriers, la cloche de la mairie d'Orléansville, épicentre du séisme.