Francis Garnier
LA MER... LA PECHE...
LES PLAISIRS DE L'EAU.....

envoi : Geneviève Bortolotti - Troncy
mise sur site le 5-3-2011

202 Ko
retour
 
Il existe, aussi, un PDF (850 Ko) du texte ci-dessous. Cliquer sur l'image pour l'ouvrir : La mer, la pêcheNS

LA MER... LA PECHE...
LES PLAISIRS DE L'EAU.....


LA MER !!!

francis
Il y avait Pedro SANCHEZ, pêcheur attitré de La Mine.
Nous respirions avec elle, de tout notre être. L'idée de vivre sans elle ne nous aurait pas effleurés le temps d'un éclair...

Par elle, Francis-Garnier était notre paradis.

La mer, c'était bien sûr, avant tout, le domaine des pêcheurs de métier. Ils étaient nombreux à partir cha-que jour, utilisant les différentes techniques méditerranéennes, existant, pour certaines, depuis des temps ancestraux.

Souvent nous étions sur le quai de la Mine, observant leurs préparatifs, les regardant partir, guettant leur retour, ranger, réparer leurs filets...
Il y avait Pedro SANCHEZ, pêcheur attitré de La Mine.

C'était le vieux Loup de Mer de Francis.

Il apprenait à qui voulait l'art délicat de tresser les nasses et les gireliers.


Les Pierra se sont installés à Francis-Garnier en 1935. André a fait son service militaire dans la Marine. Il restera toute sa vie un marin.
entouré de deux de ses ouvriers.



On le voit ici, à l'avant de son bateau, entouré de deux de ses ouvriers.

Il commence la pêche en même temps qu'il est employé par la Société des Mines de Breira en qualité de pilote. Il guide les bateaux qui viennent charger le minerai vers l'anse naturelle, au pied du gros rocher où les wagonnets du téléphérique apportent le fer extrait de la montagne.

Il mène de front ces deux activités, et sa célébrité de patron pêcheur est vite affermie.

Il a eu successivement deux bateaux, le second, le Saint-Pierre, a été laissé à son employé Moutchou.

Ainsi, en mai 1960, il revient un jour avec ce superbe trophée : (on le reconnaît, en premier plan, sur la photo de droite, avec ses ouvriers, tandis que, sur celle de gauche, Arlette, sa fille, tenant Bernard (6 mois), son petit-fils (centre photo 1) et Véronique (sur les deux photos, 3 ans), sa petite-fille, sont admiratifs


Sa fille Arlette raconte :


"Durant l'été 1955, Papa Pierra organise une sortie en mer où toute la famille et les amis sont conviés. L'équipe est amenée en bateau dans une jolie crique, sur une plage de galets avec des rochers à fleur d'eau.

"Nous y sommes restés deux ou trois jours à faire des oursins, nous baigner, dormant à la belle étoile, approvisionnés par Papa qui allait chaque jour à la Mine chercher de l'eau et faire son travail de pêcheur. La famille Henry était de la partie ; Monsieur Mathias, grand ami de Papa venait souvent à Francis avec les siens et des amis pour de mémorables parties de pêche.


Mathias Henry a d'ailleurs fini sa vie dans son bateau, seul au large de Toulon ou Marseille.


Dès qu'il rentre parmi nous, Papa nous confectionne macaronades, soupes de poissons et autres paellas.""Que de fois dans ma vie suis-je partie avec Papa dormir sur les rochers en attendant d'aller relever les filets posés dans la soirée. Quand il acceptait de m'emmener, c'était une joie pour moi. Parfois Pépère Palacio nous accompagnait :il ramassait des oursins ou des arapètes."


Et c'est avec une fierté bien légitime qu'elle présente une belle prise de son père (1955)



***********

A Cherchell, Paul Aurio, dit "Popaul", travaillait sur ces chalutiers appelés "Les deux Pareilles", car ils s'accouplaient pour traîner les "filets bœufs". Pour la saison d'été, il venait à Francis Garnier, et devenait maître à bord du "Petit -Fils", le "pointu" de mon grand-père.

le "petit fils"
le "petit fils"



Mon plus grand bonheur était de partir avec lui, caler les filets le soir, au coucher du soleil, aller les relever, aux premières lueurs de l'aube, emplis de vigoureux rougets que l'on voyait sauter désespérément, prisonniers dans les mailles.

Nous mettions toujours la "traîne", la plupart du temps remontée avec d'énormes prises. Un certain jour, ce fut une ombrine de 20 kgs. Il fallut, pour la cuire, construire dans la cour de la ferme, un four spécial au sommet arrondi...

Souvent, dans le silence du soir, nous entendions au loin les bruits sourds des "batti-batte". Après avoir posé leurs filets spéciaux, formés de plusieurs nappes de tramail ajoutées bout à bout, ces pêcheurs arrêtaient les moteurs, et tapaient de façon régulière et monotone dans le fond des bateaux, à l'aide de lourds bâtons. Il leur arrivait même d'utiliser la barre du gouvernail...Le bruit de ces battements, (d'où le nom de Batti-Batte, origine du mot valencien batuda, qui devient en Provence ,la "battude") avait pour but de diriger les poissons effrayés dans les filets.

La nuit, on distinguait à l'horizon, de toutes parts, les feux vacillants des Lamparos.

Une de ces pures nuits d'Août ruisselantes d'étoiles, nous sommes partis caler le sardinal. Popol savait trouver les fonds de 80 mètres où évoluaient les bancs de sardines. Le sardinal calé, nous avons passé la nuit en mer, en attente, dans le silence infini. Et soudain, vint le spectacle féérique des milliers de sardines phosphorescentes autour du bateau, venant se prendre au piège....Une pêche plus que miraculeuse : Un retour avec 400 kgs de poisson , le franc bord du Petit-Fils était au ras de l'eau...

Un peu plus tard, dans la cour de la ferme, ce fut un immense feu de sarments pour un succulent festin auquel tout le village fut convié, et chacun de repartir avec une jolie réserve... Il y en avait largement pour tout le monde !

Outre les pêcheurs de métier, il y avait les pêcheurs amateurs, venant souvent de fort loin, durant les vacances, pour chasser le "mérot" en particulier. Les premières pêches sous-marines, les premiers "fusils", les exploits des moulinets, et des pêches qui faisaient à juste titre la fierté de tous.

Joie de la mer, sous toutes ses formes.

C'était aussi, aller poser les gireliers dans les rochers au pied du Pain de Sucre, et les ressortir emplis de petites girelles multicolores frétillantes, ignorantes du sort qui leur était réservé... Décrocher les arapèdes des rochers, cueillir les oursins... Et s'en régaler !

********

Alain Cohet évoque, à son tour :

Aux alentours de 1945, par une belle journée d'été !!!

LA PECHE AUX MOULES :

trois hommes dans un bateau

Ho,hohisse ! Ho !!

Nous disposions fréquemment, par autorisation spéciale de Grand père, de la grosse barcasse qui servait usuellement aux marins chargés de l'accostage des cargos venus prendre livraison du minerai de fer. Ce modeste abus de biens sociaux nous permettait parfois, les jours de grand beau temps et mer bien plate, de nous livrer à la pêche aux moules.


Nous embarquions copains, copines, couffins, grappins, grattoirs, couteaux, masques et palmes, vin blanc, miche de pain blanc et un peu d'eau pour le cas où, et partions pour une traversée de deux à trois milles vers l'autre extrémité de la baie. L'exercice, à la rame bien entendu, dans cette barque assez lourde n'était pas des plus reposants, surtout si l'on tombait sur un courant contraire, spécialement au retour, car il n'était pas question de faire attendre Grand Père pour le déjeuner.

Mais nos jeunes énergies ne s'effrayaient pas de l'épreuve. Le lieu de pêche se situait là où la montagne tombait dans la mer, aux alentours de la Grotte aux Pigeons.

la grotte aux pigeons

Un éboulis de blocs et de rochers tapissait le fonds de l'eau et beaucoup d'entre eux affleuraient en surface. Les moules aiment bien les eaux vives où elles rencontrent une abondante nourriture. Nous trouvions donc pâture à profondeurs raisonnables n'exigeant pas d'apnées épuisantes. Pendant quelques instants, une joyeuse troupe de canards s'ébattait, plongeant, remontant, s'écriant.
Puis, les paniers pleins, tout le monde rembarquait, se séchait puis s'affairait à l'ouverture des bivalves. Les mollusques de là-bas n'avaient rien à voir avec les bouchots maigrelets de l'Atlantique. Croissant en milieu naturel, en pleine eau, c'étaient de bonnes grosses moules où l'on trouvait réellement à manger sans avoir à suçoter une coquille à moitié vide. Dans les ris et les plaisanteries, nous en faisions un casse-croûte d'enfer !
Jamais plus, pourtant en ai-je parcouru au cours de ma carrière des plages et des bords de mer paradisiaques, je n'ai retrouvé de lieu et d'instant où j'ai éprouvé autant de joie et de plénitude !

*******

1960/61 : Les petits-enfants d'André PIERRA sont près de leur Grand-père au village dans la maison familiale où il confectionnait nasses et filets face au beau jardin fruitier.

Pris dans la nasse, comme les poissons de Papi..
Pris dans la nasse, comme les poissons de Papi..












Moi, je veux faire des filets comme Papi
Moi, je veux faire des filets comme Papi


la grue
La grue du port

En mai 2006, Arlette et Jean-Luc sont retournés faire un pèlerinage dans le souvenir.

"A la Mine, - La grue du port, qui servait à remonter les bateaux de pêche sur le quai, est complètement rouillée, inutilisable. Un filet hors d'usage y est accroché."





galets jade






Mais les galets de la plage n'ont pas perdu leurs couleurs


un cap













.Et laissons-les conclure :

le pain de sucre



Toujours aussi belle, notre côte !


UNE CRIQUE VERS LE PAIN DE SUCRE