LA MER... LA PECHE...
LES PLAISIRS DE L'EAU.....
LA MER !!!
Il y avait Pedro SANCHEZ, pêcheur
attitré de La Mine. |
Nous respirions avec elle, de tout notre être. L'idée
de vivre sans elle ne nous aurait pas effleurés le temps d'un éclair...
Par elle, Francis-Garnier était notre paradis.
La mer, c'était bien sûr, avant tout, le domaine des pêcheurs
de métier. Ils étaient nombreux à partir cha-que jour,
utilisant les différentes techniques méditerranéennes,
existant, pour certaines, depuis des temps ancestraux.
Souvent nous étions sur le quai de la Mine, observant leurs préparatifs,
les regardant partir, guettant leur retour, ranger, réparer leurs
filets...Il y avait Pedro SANCHEZ, pêcheur attitré
de La Mine.
C'était le vieux Loup de Mer de Francis.
Il apprenait à qui voulait l'art délicat de tresser les nasses
et les gireliers.
Les Pierra se sont installés à Francis-Garnier
en 1935. André a fait son service militaire dans la Marine. Il restera
toute sa vie un marin.
On le voit ici, à l'avant de son bateau, entouré de deux
de ses ouvriers.
Il commence la pêche en même temps qu'il est employé
par la Société des Mines de Breira en qualité de
pilote. Il guide les bateaux qui viennent charger le minerai vers l'anse
naturelle, au pied du gros rocher où les wagonnets du téléphérique
apportent le fer extrait de la montagne.
Il mène de front ces deux activités, et sa célébrité
de patron pêcheur est vite affermie.
Il a eu successivement deux bateaux, le second,
le Saint-Pierre, a été laissé à son employé
Moutchou.
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Ainsi, en mai 1960, il revient un
jour avec ce superbe trophée : (on le reconnaît, en premier
plan, sur la photo de droite, avec ses ouvriers, tandis que, sur celle
de gauche, Arlette, sa fille, tenant Bernard (6 mois), son petit-fils
(centre photo 1) et Véronique (sur les deux photos, 3 ans),
sa petite-fille, sont admiratifs |
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Sa fille Arlette raconte :
"Durant l'été 1955, Papa Pierra organise une sortie
en mer où toute la famille et les amis sont conviés. L'équipe
est amenée en bateau dans une jolie crique, sur une plage de galets
avec des rochers à fleur d'eau.
"Nous y sommes restés deux ou trois jours à faire des
oursins, nous baigner, dormant à la belle étoile, approvisionnés
par Papa qui allait chaque jour à la Mine chercher de l'eau et faire
son travail de pêcheur. La famille Henry était de la partie
; Monsieur Mathias, grand ami de Papa venait souvent à Francis avec
les siens et des amis pour de mémorables parties de pêche.
Mathias Henry a d'ailleurs fini sa vie dans son bateau, seul au large de
Toulon ou Marseille.
Dès qu'il rentre parmi nous, Papa nous confectionne
macaronades, soupes de poissons et autres paellas.""Que de fois
dans ma vie suis-je partie avec Papa dormir sur les rochers en attendant
d'aller relever les filets posés dans la soirée. Quand il
acceptait de m'emmener, c'était une joie pour moi. Parfois Pépère
Palacio nous accompagnait :il ramassait des oursins ou des arapètes."
Et c'est avec une fierté bien légitime qu'elle présente
une belle prise de son père (1955)
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A Cherchell, Paul Aurio, dit "Popaul", travaillait
sur ces chalutiers appelés "Les deux Pareilles", car
ils s'accouplaient pour traîner les "filets bufs".
Pour la saison d'été, il venait à Francis Garnier,
et devenait maître à bord du "Petit -Fils", le
"pointu" de mon grand-père.
Mon plus grand bonheur était de partir avec lui, caler les filets
le soir, au coucher du soleil, aller les relever, aux premières
lueurs de l'aube, emplis de vigoureux rougets que l'on voyait sauter désespérément,
prisonniers dans les mailles.
Nous mettions toujours la "traîne", la plupart du temps
remontée avec d'énormes prises. Un certain jour, ce fut
une ombrine de 20 kgs. Il fallut, pour la cuire, construire dans la cour
de la ferme, un four spécial au sommet arrondi...
Souvent, dans le silence du soir, nous entendions au loin les bruits sourds
des "batti-batte". Après avoir posé leurs filets
spéciaux, formés de plusieurs nappes de tramail ajoutées
bout à bout, ces pêcheurs arrêtaient les moteurs, et
tapaient de façon régulière et monotone dans le fond
des bateaux, à l'aide de lourds bâtons. Il leur arrivait
même d'utiliser la barre du gouvernail...Le bruit de ces battements,
(d'où le nom de Batti-Batte, origine du mot valencien batuda, qui
devient en Provence ,la "battude") avait pour but de diriger
les poissons effrayés dans les filets.
La nuit, on distinguait à l'horizon, de toutes parts, les feux
vacillants des Lamparos.
Une de ces pures nuits d'Août ruisselantes d'étoiles, nous
sommes partis caler le sardinal. Popol savait trouver les fonds de 80
mètres où évoluaient les bancs de sardines. Le sardinal
calé, nous avons passé la nuit en mer, en attente, dans
le silence infini. Et soudain, vint le spectacle féérique
des milliers de sardines phosphorescentes autour du bateau, venant se
prendre au piège....Une pêche plus que miraculeuse : Un retour
avec 400 kgs de poisson , le franc bord du Petit-Fils était au
ras de l'eau...
Un peu plus tard, dans la cour de la ferme, ce fut un immense feu de sarments
pour un succulent festin auquel tout le village fut convié, et
chacun de repartir avec une jolie réserve... Il y en avait largement
pour tout le monde !
Outre les pêcheurs de métier, il y avait les pêcheurs
amateurs, venant souvent de fort loin, durant les vacances, pour chasser
le "mérot" en particulier. Les premières pêches
sous-marines, les premiers "fusils", les exploits des moulinets,
et des pêches qui faisaient à juste titre la fierté
de tous.
Joie de la mer, sous toutes ses formes.
C'était aussi, aller poser les gireliers dans les rochers au pied
du Pain de Sucre, et les ressortir emplis de petites girelles multicolores
frétillantes, ignorantes du sort qui leur était réservé...
Décrocher les arapèdes des rochers, cueillir les oursins...
Et s'en régaler !
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Alain Cohet évoque,
à son tour :
Aux alentours de 1945, par une belle journée d'été
!!!
LA PECHE AUX MOULES :
Nous disposions fréquemment, par autorisation spéciale
de Grand père, de la grosse barcasse qui servait usuellement aux
marins chargés de l'accostage des cargos venus prendre livraison
du minerai de fer. Ce modeste abus de biens sociaux nous permettait parfois,
les jours de grand beau temps et mer bien plate, de nous livrer à
la pêche aux moules.
Nous embarquions copains, copines, couffins, grappins, grattoirs, couteaux,
masques et palmes, vin blanc, miche de pain blanc et un peu d'eau pour
le cas où, et partions pour une traversée de deux à
trois milles vers l'autre extrémité de la baie. L'exercice,
à la rame bien entendu, dans cette barque assez lourde n'était
pas des plus reposants, surtout si l'on tombait sur un courant contraire,
spécialement au retour, car il n'était pas question de faire
attendre Grand Père pour le déjeuner.
Mais nos jeunes énergies ne s'effrayaient pas de l'épreuve.
Le lieu de pêche se situait là où la montagne tombait
dans la mer, aux alentours de la Grotte aux Pigeons.
Un éboulis de blocs et de rochers tapissait le
fonds de l'eau et beaucoup d'entre eux affleuraient en surface. Les moules
aiment bien les eaux vives où elles rencontrent une abondante nourriture.
Nous trouvions donc pâture à profondeurs raisonnables n'exigeant
pas d'apnées épuisantes. Pendant quelques instants, une
joyeuse troupe de canards s'ébattait, plongeant, remontant, s'écriant.
Puis, les paniers pleins, tout le monde rembarquait, se séchait
puis s'affairait à l'ouverture des bivalves. Les mollusques de
là-bas n'avaient rien à voir avec les bouchots maigrelets
de l'Atlantique. Croissant en milieu naturel, en pleine eau, c'étaient
de bonnes grosses moules où l'on trouvait réellement à
manger sans avoir à suçoter une coquille à moitié
vide. Dans les ris et les plaisanteries, nous en faisions un casse-croûte
d'enfer !
Jamais plus, pourtant en ai-je parcouru au cours de ma carrière
des plages et des bords de mer paradisiaques, je n'ai retrouvé
de lieu et d'instant où j'ai éprouvé autant de joie
et de plénitude !
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1960/61 : Les petits-enfants d'André PIERRA sont
près de leur Grand-père au village dans la maison familiale
où il confectionnait nasses et filets face au beau jardin fruitier.
Pris dans la nasse, comme les poissons de Papi..
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Moi, je veux faire des filets comme Papi
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En mai 2006, Arlette et Jean-Luc sont retournés
faire un pèlerinage dans le souvenir.
"A la Mine, - La grue du port, qui servait à
remonter les bateaux de pêche sur le quai, est complètement
rouillée, inutilisable. Un filet hors d'usage y est accroché."
Mais les galets de la plage n'ont pas perdu leurs
couleurs
.Et laissons-les conclure :
Toujours aussi belle, notre côte !
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