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C'est à Charles-Quint qu'est dû, indirectement,
le choix de l'emplacement. de ce village.
Lors de l'expédition espagnole contre Alger, la plage de Fort-de-l'Eau
avait servi le 25 octobre 1511, de point de débarquement d'arrière
garde, à cinq mille femmes flamandes, napolitaines et espagnoles
que l'on avait embarqué avec l'expédition de Charles-Quint
et qui devaient. servir avec les soldats de l'empereur, à faire
souche d'une population chrétienne à Alger lorsque les Arabes
en auraient été chassés.
Lorsque la tempête du 28 octobre eut anéanti à tout
jamais avec sa flotte, le rêve du grand empereur, les Turcs virent
la nécessité d'établir un fortin sur cette plage,
pour empêcher un nouveau débarquement.
En 1556, Mohamed Kurdogli fit commencer l'édification d'un fort
sur un rocher dominant la plage, cette construction ne fut terminée
qu'en 1581, par Djifar Pacha, et reçut le nom de Bord-el-Kifan
" le Fort des Précipices."
Dans la cour de ce fort était creusé un puits, procurant
de l'eau en abondance, ce qui fit que le fort, fut appelé par la
première garnison française qui l'occupa, le « Fort
de l'eau ».
C'est au baron de Vialar, cet éminent colon de la première
heure, que l'on doit le choix du territoire de Fort-de-l'Eau et l'idée
d'y établir cinquante familles de cultivateurs mahonnais.
Aux premiers jours de la colonisation, les Mahonnais s'étaient
montrés les seuls cultivateurs maraîchers connaissant les
méthodes de cultures africaines, et pouvant résister aux
émanations délétères des défrichements.
Après des vicissitudes bureaucratiques, qui durèrent deux
ans, l'administration décida (1819) l'installation des familles
mahonnaises dont chacune reçut deux hectares de terre de labour,
vingt ares de terre de jardin et six ares de terrain à bâtir.
Les archives de la colonisation ont conservé les noms de ces premiers
colons qui sont :
Alzina, Antoine et Gabriel.
Barbet, Jean et Joseph.
Camps Mathieu.
Capo Dominique.
Coli Jean.
Fedélich Jean.
Gener François.
Gurne Bernard.
Juaneda François.
Laurent Joseph.
Marquez Mathieu, Jean, Antoine et Joseph.
Mascara Jean et Michel.
Marcadal Barthélemy et Antoine.
0liva Laurent, Obéric, Jean.
Pons Barthélemy, père et fils ;
Thomas Jean et son fils Christophe ;
Jacques Joseph et Christophe.
Ségui Raymond et Laurent.
Sastre Joseph.
Sallor Jacques et Jean.
Sintès Bernard, Laurent, Jean, Joseph, Pierre et Moustache.
Tuduri François et Antoine.
Villa Pierre et Ximénès Jean.
Dès les premiers temps de la fondation de Fort-de-l'Eau, les cultures
maraîchères se firent une large place sur le marché
d'approvisionnement d' Alger et sont encore la principale ressource de
cette localité.
Vers 1895, un grand entrepreneur algérois, M. Gueirouard, obéissant
aux inspirations d'Ernest Mallebay, directeur des « Annales Africaines
», entreprit de transformer la plage de Fort-de-l'Eau, et une dune
qui la limite, en une station balnéaire et estivale, à l'instar
des plages normandes.
Une cinquantaine d'élégants chalets qui furent édifiés,
ainsi qu'un boulevard front de mer en terrasse surplombant la plage, donnent
à cette nouvelle station un aspect aristocratique.
C'est à Fort-de-l'Eau qu'à éte installé le
premier poste public de téléphone sans fil communiquant
avec ceux des côtes de Provence.
Fort-de-l'Eau a été érigé en commune de plein
exercie par décret du 8 juin 1881, sa superficie est de deux mille
trois cents hectares. Sa population est de près de trois mille
habitants, ce qui constitue
une densitéde population des plus importantes d'Algérie,
en tant que commune rurale.
Cette prospérité ne pourra que s'acroitre car, de plus en
plus, Fort-de-l'Eau et ses environs deviennent un lieu de villégiature
algéroise hivernale autant qu'estivale.
Gaston MARGUET.
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