Le développement agricole de FONDOUK, arrêté
à l'origine par le mauvais état sanitaire, fut ensuite
retardé par les difficultés de défrichement que
présentait son territoire couvert de palmiers nains si vigoureux
qu'ils avaient étouffé 600 arbres plantés par l'administration
sur les boulevards extérieurs, par l'insuffisance et le morcellement
excessif des concessions (la plupart étaient divisés en
5 ou 6 lots) et par l'éloignement de tout centre important.
-----A la fin de 1851, la superficie ensemencée
en céréales n'était que de 62 hectares. L'année
suivante, lors d'une visite qu'il effectua à ce centre en novembre,
le Préfet constata l'état d'inculture de certaines portions
du territoire, notamment d'une vaste concession de 175 hectares faites
à un colon " puissamment recommandé ", LECOQ
DU RONCERAY, qui en 1846 n'avait cessé de fatiguer l'administration
locale et supérieure de ses plaintes et de ses réclamations.
Les habitants l'appelaient " le fléau du pays " parce
qu'il faisait assigner aux fins de dommages et intérêts
tous ceux qui laissaient leurs troupeaux pénétrer sur
ses terres. " Depuis trois ans surtout. disait le Préfet,
ses terres sont tout à fait en friche, faute de ressources pour
les faire cultiver, et l'état de gêne dans lequel il se
trouve peut être tel qu'après avoir demandé avec
la plus vive insistance la délivrance de ses titres de propriété
qui se trouvent signés depuis plus de deux mois, il n'est pas
encore venu les retirer dans mes bureaux, parce qu'on lui a fait connaître
qu'il devait préalablement acquitter un droit de 14 francs pour
la transcription et ces nouveaux titres à la conservation des
hypothèques ". Ce colon puissamment recommandé n'était
guère recommandable.Deux questions de la plus haute importance
pour l'avenir du FONDOUK furent soumises au Préfet, l'irrigation
et l'agrandissement du territoire.La première fut réglée
assez rapidement. Deux projets furent présentés l'un consistait
dans la construction d'un barrage il fut rejeté comme "
devant occasionner une dépense disproportionnée aux résultats
qu'il en était permis d'espérer " l'autre, qui préconisait
le creusement d'un canal de dérivation sur le Hamiz, fut accepté
et un crédit de 15.000 E fut alloué à cet effet.
Les travaux commencés le 1cr avril 1853 et terminés l'année
suivante comprirent un canal principal de dérivation et deux
canaux secondaires qui nécessitèrent la construction de
deux aqueducs, l'un de 60 mètres, l'autre de 260. Une étendue
de 57 hectares fut susceptible d'être irriguée. Comme le
produit annuel d'un hectare de terre arrosée était évalué
à 150 francs, les dépenses d'établissement pouvaient
être couvertes en deux ans uniquement par l'excédent de
rendement. Les colons qui s'étaient engagés à rembourser
par annuités le montant des avances faites par l'Etat firent
une excellente opération. Dès que les travaux furent achevés,
ils s'occupèrent activement de défricher le territoire
irrigable qui était encore en broussailles et. l'année
suivante, ils pouvaient planter une étendue de 48 hectares en
tabac. La récolte qui atteignit 57.000 kilos leur rapporta un
bénéfice net de 40.000 francs.La question de l 'agrandissement
du territoire fut plus difficile et plus longue à résoudre.
Dans son rapport du premier trimestre 1852. 1 inspecteur de colonisation
ROI signalait, malgré certains progrès dans les cultures.
la situation encore bien précaire du FONDOUK et proposait comme
remède que le peuplement de ce centre, formé presque uniquement
de colons pauvres, fut complété au moyen de quelques familles
aisées, prises soit parmi les transportés politiques,
soit parmi les nombreux demandeurs de concessions auxquels seraient
distribuées des concessions importantes. Il serait facile de
trouver des terres vacantes dans les Haouchs voisins qui étaient
nombreux en particulier les haouchs Ben DENOUN, OULED, GHALIA, HOURIA,
OUZZA, BLAHADIA; quelques-uns appartenaient aux indigènes par
indivis avec l'État, d'autres n'avaient pas été
revendiqués, mais se trouvaient occupés par des indigènes.
La commission des transactions et partages vint étudier cette
question et parvint à rendre disponibles 523 hectares qui, à
la suite de réclamations, furent réduits à 3. Le
lotissement ne put être fait que le 2 avril 1857. 48 concessions
furent portées à 9 hectares et 50,8 ne comprenant que
des lots urbains reçurent la même contenance et 10 nouvelles
de 9 hectares chacune furent destinées à combler les vides.
Les terres avaient été divisées en deux catégories,
celles qui étaient couvertes de broussailles et celles qui étaient
cultivées, et chaque complément de concession se trouvait
divisé en deux lots.
-----Cet agrandissement allait rendre un peu de
vigueur au village anémié. Si la culture du tabac avait
fait des progrès, celle des céréales était
restée stationnaire 150 hectares en 1854, 160 en 1856. Les rares
colons qui avaient planté de la vigne s'étaient vus dans
l'obligation de l'arracher à cause des ravages causés
par les chacals et les oiseaux. Bien rares étaient les colons
qui avaient réussi à acquérir une certaine aisance
le Préfet n'en put citer que deux dans le discours qu'il prononça
à la distribution des primes de l'exposition agricole d'ALGER
de 1854 le colon ANGÈLE qui, arrivé en 1846 avec une famille
de 11 personnes et 100 francs de ressources, possédait 8 ans
après une maison et une ferme de 4 hectares, récoltait
plus de 40 quintaux de céréales et avait fait quelques
plantations de tabac et de coton et le colon GINFSTY qui, installé
en 1845 avec ses quatre enfants et une avance de 88 francs, avait en
1854 une maison, une concession entièrement défrichée
et couverte de blé, de maïs, d'avoine, de tabac et de coton.
-----La
majorité des colons n'avait, en 1856, mis en valeur qu'une faible
partie des lots qui leur avaient été concédés
." Ce centre ne progresse pas, constate dans son rapport du 31
décembre l'inspecteur de colonisation ROI. Sur 950 hectares distribués,
il y en a 216 seulement en culture. Le nombre des familles présentes
étant de 72, c'est 3 hectares par famille, espace beaucoup trop
restreint. Aussi la misère est assez grande dans ce village,
et ce serait vraiment un bienfait pour cette population s'il était
possible de faire défricher à chaque colon un hectare
ou deux par les bras de l'armée (rapport ROI du 31 décembre
1856 ) ".L'aide militaire accrut l'étendue des cultures,
qui était en 1859 de 340 hectares, mais elle n'amenda nullement
la majorité des colons qui préféraient le cabaret
ou la danse au travail des champs. " Les colons de ce centre, déclare
l'inspecteur de colonisation, sont peu laborieux, aiment beaucoup la
danse et dépensent volontiers au cabaret tout ce qu'ils gagnent
; les défrichements exécutés annuellement sont
insignifiants "La population de la " ville du FONDOUK "
ne dépassa pas pendant la période en question les proportions
de celle d'un village. L'effectif qui était de 243 en 1848 monta
à 380 en 1855 grâce à l'arrivée de familles
espagnoles pour descendre à 338 en 1859, malgré l'agrandissement
du territoire. Au recensement de 1856, où la population totale,
y compris celle des fermes, est de 513 habitants, on remarque que l'élément
français ( 252 habitants ) est légèrement inférieur
à l'élément étranger (261 dont l68 espagnols
et 83 allemands ).
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----L'état sanitaire resta satisfaisant,
sauf en 1857, année pluvieuse pendant laquelle la mortalité
atteignit la forte proportion de 10,58 % ; l'année précédente,
qui avait été très sèche, n'avait accusé
que pour le pourcentage très faible de 0,5 g.
Avec l'amicale
autorisation de Madame Gisèle FINIEL-SEGURA