Environs d'Alger
La Trappe (voir
Staouéli)
La Trappe de Staouéli (Staouéli
est formé du mot turc ousta, le maître, et du mot arabe
Oueli (Saint) fut créée par arrêté ministériel
du 11 juillet 1843. 597 arbres d'essences forestières y furent
plantés. Elle fut bâtie sur l'emplacement d'une villa romaine,
et au milieu du champ de bataille de 1830. Le première pierre
fut posée sur un lit de boulets, en présence de l'évêque
d'Alger et du Maréchal Gouverneur. Cette pierre provenait de
la villa romaine. Elle se trouve sous la statue de la Vierge qui domine
la porte d'entrée.
Ce fut sous un bouquet de palmiers qu'on voit encore à l'entrée,
que le prince Ibrahim planta sa tente, la veille de la bataille de Staouéli.
Le 30 août 1845, la Trappe fut inaugurée. Prieuré
au début, elle fut érigée en abbaye, la même
année (14 juillet) par le pape Grégoire XVI.
Le prieur, don François Régis, y porta le premier la mitre.
Le domaine de la Trappe comprenait 500 hectares (il en eut plus tard
mille cent vingt, nombre qui fut encore dépassé), que
120 pères et 250 ouvriers agricoles mirent en valeur.
Son cloître est l'oeuvre d'un frère italien, mort en 1848.
Il fut copié sur celui de l'Abbaye de Maubec.
En son cimetière se trouve le tombeau du Colonel Marengo.
Au départ des Trappistes, en 1904, le domaine devint propriété
Borgeaud
La Trappe évoque le souvenir d'un autre établissement
dont, en octobre 1830, le général Clauzel consentit la
création à une société, en un domaine du
dey. Ce fut la Ferme Modèle, ferme expérimentale pour
la culture du coton, de l'indigo notamment. L'entreprise bien que placée
sous la protection de l'armée, ne réussit guère.
Sidi-Ferruch
(voir
sur le site)
Le hameau de Sidi-Ferruch fut construit
sur l'emplacement d'une station romaine qui portait le nom de Cas Favenses.
De nombreux tombeaux, des vestiges de villas, un aqueduc, une voie dallée,
y furent trouvés.
Le hameau fut créé par arrêté du 30 septembre
1844. Des pêcheurs s'y installèrent. Il fut dénommé
tout d'abord village de N.-D. de la Délivrance.
Le premier nouveau-né y fut baptisé par Mgr Dupuch, dans
le baptistère de l'ancienne basilique romaine.
Le village, abandonné en 1853, reprit plus tard. C'est devenu
une station balnéaire très fréquentée. De
1847 à 1853, un fort y fut élevé, dont le sculpteur
Latour décora le fronton. Une inscription y rappelle le débarquement
de 1830 (1Si à l'installation
du camp dans la presqu'île s'associe pour la direction, la mémoire
du Général de Bourmont, à l'opération de
ce débarquement s'attache le souvenir du valeureux marin que
fut l'Amiral Duperré sous les ordres duquel était la considérable
flotte de l'expédition de 1830.
Duperré naquit à La Rochelle. A la suite de la victoire
française sur le rivage barbaresque, Duperré reçut
de sa ville natale une épée d'honneur portant sur un côté
de la lame, cette inscription : Prise d'Alger le 5 juillet 1830 et sur
l'autre: La bonne ville de La Rochelle 'a M. l'Amiral Duperré,
né dans ses murs.
Duperré mourut en 1846. Louis-Philippe le fit inhumer aux Invalides.
Ses funérailles furent aux frais de l'Etat. Pradier fit sa statue
pour le Musée de Versailles. Une commune algérienne porte
son nom.).
Un monument évocateur de l'événement (oeuvre de
Gaudissart), fut inauguré en mai 1930 par le président
Doumergue. Le 15 juin de cette année, fut bénite la première
pierre de l'église, par Mgr Leynaud.
Sidi-Ferruch auquel l'installation du camp du corps expéditionnaire
donna pendant quelques semaines, l'aspect animé d'une ville,
fut en la circonstance, le berceau de la presse algérienne. Là,
en effet, parut l'Estafette d'Alger,
dont le premier numéro débuta ainsi :
Aux abonnés,
Nous ne chercherons pas à excuser le retard de quelques jours
que notre journal a éprouvé, auprès de ceux de
nos abonnés qui savent ce que c'est qu'un camp, une armée
et un débarquement sur une plage déserte. Nous sommes
sûrs d'avance qu'ils ne seront étonnés que d'une
chose, c'est que nous ayons pu parvenir à composer et à
faire imprimer un journal, le 25 juin, dans une presqu'île, au
pied de l'Atlas, sur laquelle on ne voyait, le 13, que quelques bédouins
parmi les broussailles, les ruines d ane vieille tour mauresque et les
restes d'un marabout. Mais nous apprendrons seulement à ceux
qui croyent que tous les journaux s'impriment, rue Montmartre, rue des
Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, ou rue des Bons-Enfants, que
pour composer le numéro de l'Estafette d'Alger, qu'ils vont lire
en déjeunant chez Tortoni avec des coquilles de volailles, en
dînant chez Very au champagne frappé et en prenant des
plombières sous les ombrages du Palais Royal, il a fallu aller
découvrir les matériaux de notre imprimerie, à
travers 500 bâtiments, 60 chalands, 150 chaloupes et canots qui
couvraient la rade de Sidi-Ferruch, qu'il a fallu aller déterrer
les cases du compositeur sous des affûts de canons, les jumelles
de la presse au milieu d'un parc de boulets, nos rames de papier sous
des bottes de fourrage, et composer chaque article au milieu du mouvement
de trente-cinq mille .hommes de toutes armes, et qu'enfin, sans avoir
le courage et le sang-froid de Charles XII, nous avons écrit
les pages de cette feuille au milieu des coups de fusil et au son du
fifre et du tambour. (Relevé
aux Archives de la Bibliothèque Nationale, à Paris).
Sidi-Ferruch, on le voit, ne comporte pas exclusivement en ses débuts
français, que des souvenirs militaires.
Disons à son sujet, que la dénomination qu'il porte est
différente de celle dont il est désigné par les
indigènes.
Les Arabes prononcent : Sidi-Feroudj. La différence provient
de ce que l'on a adopté pour ce nom, l'orthographe allemande
en lui donnant la prononciation française.
Autre erreur pour Arzew (en Arabe, Arziou), orthographié Arzeu
sur les cartes allemandes et Arzew (phonétiquement : Arziou)
sur les cartes anglaises.
On peut encore citer comme exemples du même genre : Yusuf, Mustapha,
Hussein-Dey, dont la prononciation vraie est : Youssouf, Mostepha, Houcine-Dey.
Rappelons qu'une fausse prononciation fit dire : Bois-Sacré,
pour Bou-Askris. Rappelons encore que la note plaisante fut aussi donnée
par l'Administration qui, en 1850, dénomma à Douéra
: Puits du Maure Aschliman, une propriété baptisée
du nom de son propriétaire lequel était alsacien !