les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

ENVIRONS d'ALGER
- La Trappe (voir Staouéli)
- Sidi-Ferruch (voir sur le site)
sur site le 20-5-2009

32 Ko
retour
 
En cliquant sur les mots ou groupes de mots en rouge, soulignés en rouge, vous accédez à la page correspondante.

Environs d'Alger
La Trappe
(voir Staouéli)

La Trappe de Staouéli (Staouéli est formé du mot turc ousta, le maître, et du mot arabe Oueli (Saint) fut créée par arrêté ministériel du 11 juillet 1843. 597 arbres d'essences forestières y furent plantés. Elle fut bâtie sur l'emplacement d'une villa romaine, et au milieu du champ de bataille de 1830. Le première pierre fut posée sur un lit de boulets, en présence de l'évêque d'Alger et du Maréchal Gouverneur. Cette pierre provenait de la villa romaine. Elle se trouve sous la statue de la Vierge qui domine la porte d'entrée.

Ce fut sous un bouquet de palmiers qu'on voit encore à l'entrée, que le prince Ibrahim planta sa tente, la veille de la bataille de Staouéli.

Le 30 août 1845, la Trappe fut inaugurée. Prieuré au début, elle fut érigée en abbaye, la même année (14 juillet) par le pape Grégoire XVI.

Le prieur, don François Régis, y porta le premier la mitre.

Le domaine de la Trappe comprenait 500 hectares (il en eut plus tard mille cent vingt, nombre qui fut encore dépassé), que 120 pères et 250 ouvriers agricoles mirent en valeur.

Son cloître est l'oeuvre d'un frère italien, mort en 1848. Il fut copié sur celui de l'Abbaye de Maubec.

En son cimetière se trouve le tombeau du Colonel Marengo.

Au départ des Trappistes, en 1904, le domaine devint propriété Borgeaud

La Trappe évoque le souvenir d'un autre établissement dont, en octobre 1830, le général Clauzel consentit la création à une société, en un domaine du dey. Ce fut la Ferme Modèle, ferme expérimentale pour la culture du coton, de l'indigo notamment. L'entreprise bien que placée sous la protection de l'armée, ne réussit guère.

Sidi-Ferruch (voir sur le site)

Le hameau de Sidi-Ferruch fut construit sur l'emplacement d'une station romaine qui portait le nom de Cas Favenses.

De nombreux tombeaux, des vestiges de villas, un aqueduc, une voie dallée, y furent trouvés.

Le hameau fut créé par arrêté du 30 septembre 1844. Des pêcheurs s'y installèrent. Il fut dénommé tout d'abord village de N.-D. de la Délivrance.

Le premier nouveau-né y fut baptisé par Mgr Dupuch, dans le baptistère de l'ancienne basilique romaine.

Le village, abandonné en 1853, reprit plus tard. C'est devenu une station balnéaire très fréquentée. De 1847 à 1853, un fort y fut élevé, dont le sculpteur Latour décora le fronton. Une inscription y rappelle le débarquement de 1830 (1Si à l'installation du camp dans la presqu'île s'associe pour la direction, la mémoire du Général de Bourmont, à l'opération de ce débarquement s'attache le souvenir du valeureux marin que fut l'Amiral Duperré sous les ordres duquel était la considérable flotte de l'expédition de 1830.
Duperré naquit à La Rochelle. A la suite de la victoire française sur le rivage barbaresque, Duperré reçut de sa ville natale une épée d'honneur portant sur un côté de la lame, cette inscription : Prise d'Alger le 5 juillet 1830 et sur l'autre: La bonne ville de La Rochelle 'a M. l'Amiral Duperré, né dans ses murs.
Duperré mourut en 1846. Louis-Philippe le fit inhumer aux Invalides. Ses funérailles furent aux frais de l'Etat. Pradier fit sa statue pour le Musée de Versailles. Une commune algérienne porte son nom.
).

Un monument évocateur de l'événement (oeuvre de Gaudissart), fut inauguré en mai 1930 par le président Doumergue. Le 15 juin de cette année, fut bénite la première pierre de l'église, par Mgr Leynaud.

Sidi-Ferruch auquel l'installation du camp du corps expéditionnaire donna pendant quelques semaines, l'aspect animé d'une ville, fut en la circonstance, le berceau de la presse algérienne. Là, en effet, parut l'Estafette d'Alger, dont le premier numéro débuta ainsi :

Aux abonnés,
Nous ne chercherons pas à excuser le retard de quelques jours que notre journal a éprouvé, auprès de ceux de nos abonnés qui savent ce que c'est qu'un camp, une armée et un débarquement sur une plage déserte. Nous sommes sûrs d'avance qu'ils ne seront étonnés que d'une chose, c'est que nous ayons pu parvenir à composer et à faire imprimer un journal, le 25 juin, dans une presqu'île, au pied de l'Atlas, sur laquelle on ne voyait, le 13, que quelques bédouins parmi les broussailles, les ruines d ane vieille tour mauresque et les restes d'un marabout. Mais nous apprendrons seulement à ceux qui croyent que tous les journaux s'impriment, rue Montmartre, rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, ou rue des Bons-Enfants, que pour composer le numéro de l'Estafette d'Alger, qu'ils vont lire en déjeunant chez Tortoni avec des coquilles de volailles, en dînant chez Very au champagne frappé et en prenant des plombières sous les ombrages du Palais Royal, il a fallu aller découvrir les matériaux de notre imprimerie, à travers 500 bâtiments, 60 chalands, 150 chaloupes et canots qui couvraient la rade de Sidi-Ferruch, qu'il a fallu aller déterrer les cases du compositeur sous des affûts de canons, les jumelles de la presse au milieu d'un parc de boulets, nos rames de papier sous des bottes de fourrage, et composer chaque article au milieu du mouvement de trente-cinq mille .hommes de toutes armes, et qu'enfin, sans avoir le courage et le sang-froid de Charles XII, nous avons écrit les pages de cette feuille au milieu des coups de fusil et au son du fifre et du tambour. (Relevé aux Archives de la Bibliothèque Nationale, à Paris).

Sidi-Ferruch, on le voit, ne comporte pas exclusivement en ses débuts français, que des souvenirs militaires.

Disons à son sujet, que la dénomination qu'il porte est différente de celle dont il est désigné par les indigènes.

Les Arabes prononcent : Sidi-Feroudj. La différence provient de ce que l'on a adopté pour ce nom, l'orthographe allemande en lui donnant la prononciation française.

Autre erreur pour Arzew (en Arabe, Arziou), orthographié Arzeu sur les cartes allemandes et Arzew (phonétiquement : Arziou) sur les cartes anglaises.

On peut encore citer comme exemples du même genre : Yusuf, Mustapha, Hussein-Dey, dont la prononciation vraie est : Youssouf, Mostepha, Houcine-Dey. Rappelons qu'une fausse prononciation fit dire : Bois-Sacré, pour Bou-Askris. Rappelons encore que la note plaisante fut aussi donnée par l'Administration qui, en 1850, dénomma à Douéra : Puits du Maure Aschliman, une propriété baptisée du nom de son propriétaire lequel était alsacien !