Djama-Kébir (Grande Mosquée)..voir
Cette mosquée, la plus grande d'Alger,
est affectée au rite maléki, le seul qui fût observé
à Alger, avant l'arrivée des Turcs. Djama-Kébir fit
partie de la ville berbère; elle fut édifiée sur
les ruines d'une basilique chrétienn.. (
Une partie des substructions du temple repose sur une portion de l'ancien
rempart romain.) dont l'abside, rapporte l'historien arabe
El Bekri, était, en raison de son orientation vers le Levant, utilisée
comme lieu de prière. On la décorait de tapis et d'images
saintes, les jours de grande fête.
Une inscription du mimbar dit : "Au nom de Dieu, clément
et miséricordieux, ce mirhab a été élevé
le premier jour de Redjeb de l'an 409 (1r18)". La construction
de la mosquée date donc, au moins, du XIè siècle
( Le professeur Marçais donna
de ce mimbar une intéressante étude qui, en décembre
1920, fut lue à l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres.
Ce mimbar daterait, non de 1018, mais de 1097. II comporte entre autres
ornements, 45 panneaux de cèdre sculptés (carrés,
triangles ou trapèzes). Dans son décor floral, l'oeillet
fait défaut. Bien qu'en ressemblance avec celle de Kairouan, cette
chaire accuse par ses arabesques et son épigraphie, non l'influence
de l'Orient, mais celle
de l'Espagne, si nette à Tlemcen et à Fez.).
Une inscription placée près du minaret, célèbre
le roi de Tlemcen, Abou Tachefin de qui dépendait Alger autrefois,
et qui, en 1324, avait élevé cette partie du temple. En
voici la traduction :
"Au nom de Dieu clément et miséricordieux, lorsque
le prince des musulmans, Abou Tachefin (que Dieu le fortifie et l'assiste),
eut achevé le minaret d'Alger, dans une période dont le
commencement est le dimanche, 17e jour de doul kada de l'année
722 (22 novembre 1322), le minaret susdit sembla, par son aspect actuel,
s'écrier : "Quel est le minaret dont la beauté est
comparable à la mienne?" Le prince des Musulmans a érigé
des boules (les trois pommes de cuivre peintes en vert, fixées
à la flèche de la tour), des boules dont il m'a fait une
parure brillante, et il a complété ma construction. La lune
du firmament s'est présentée à moi dans tout son
éclat et m'a dit : "Sur toi, mon salut, ô toi, la seconde
lune!" Aucune vue, en effet, ne captive les coeurs comme la mienne!
Allons, venez donc contempler ma beauté et l'aspect magnifique
de mes couronnes."
"Puisse Dieu accroître l'élévation de celui qui
m'a achevé comme_ çelui-ci l'a fait à mon égard
et comme il a exhaussé mes murailles."
"Que l'assistance de Dieu ne cesse d'être autour de son étendard,
le suivant comme un compagnon et lui servant de seconde armée."
(Devoulx).
La grande mosquée occupe une superficie de 2.000 mètres.
Ses dimensions sont à peu près de 48 mètres sur 40.
A la mosquée étaient annexées jadis : 1° el djenina
(le petit jardin); 2° el mocella (oratoire pour les services funèbres);
3° une grande cour où était installée une batterie
de quatre canons, élevée après le bombardement de
Lord Exmouth, en 1816.
Le monument s'appuie sur soixante-douze piliers et est recouvert de onze
toits. Il comprend onze travées. Son ordonnance est en réduction,
un peu celle de la mosquée de Cordoue.
La cour aux ablutions comprenait autrefois "un jet d'eau, un noyer
et un oranger sauvage".
La partie voisine du mirhab fut endommagée en 1683 par les boulets
de Duquesne. Les esclaves chrétiens furent employés à
sa restauration comme l'avaient été les captifs de 1529,
pour les dégradations éprouvées par le temple, lors
de la défense du Perion qu'assiégeait Kheïr-ed-Din.
Un texte ancien nous apprend que lors du bombardement de Duquesne, les
livres saints de la mosquée furent mis en sûreté au
Fort l'Empereur. Le mirhab, conformément à la tradition
malékite, doit demeurer nu, sans ornements.
L'inscription romaine, placée sous le portique de la rue de la
Marine provient d'un monument décorant jadis Icosium.
La suite de cette inscription a été retrouvée plus
tard, rue Bruce. En voici la traduction : "Lucius Caecilius Rufus,
fils d'Agilis, flamine perpétuel, ayant épuisé la
série des honneurs municipaux de sa patrie, de ses deniers a fait
ce don et l'a consacré."
Le minaret, haut de quinze mètres, est orné en son sommet,
de vingt-quatre merlons. En 1856, le Génie civil para cette tour
de faïence bleue, d'un assez joli effet.
Le dessous de la grande mosquée est constitué par de hautes
voûtes qu'occupa le Génie militaire en 1830 et qui furent
dans la suite, louées à des particuliers. M. Picon, premier
constructeur du boulevard du Centaure (aujourd'hui : boulevard Gambetta),
en fut le locataire, de 1836 à 1838.
En cette mosquée, se tenaient autrefois les séances du Tribunal
Supérieur appelé : le Midjelês. Là, siégeait
le muphti hanéfi, lequel, en sa qualité de Turc, avait le
pas sur son collègue maléki.
Le muphti hanéfi fut, en 1847, destitué pour malversations.
Il fut envoyé aux îles Sainte-Marguerite, puis de là,
en Egypte. A son départ, plusieurs registres de cette mosquée,
qui présentaient un réel intérêt, disparurent
(Devoulx).
Le 13 juin 1873, le préfet
Comte d'Ideville installa solennellement le muphti Hadj ben Haffaf, qui
avait été le premier secrétaire d'Abd-el-Kader, et
mourut âgé de 90 ans, en octobre 1889. Son successeur fut
El Hadj Kadour Chérif, ancien lieutenant de l'Emir.
Le 1er mars 1904, le préfet
Rostaing vint remettre la Légion d'Honneur au muphti Ben Zakour
( Aïeul de l'actuel muphti de Djama-Djedid.)
dont les services dataient de 1844. Le 24 mars 1919, à l'issue
de la cérémonie à la mémoire des Indigènes
tombés sur le Front, le secrétaire général
Borde remit, en présence des autorités réunies, la
Légion d'Honneur au muphti Ben-Nacer.
Le personnel de la grande mosquée se composait de:
Deux imams, un porte-crosse du muphti, un huissier, dix-neuf professeurs,
dix- huit mouedden, huit lecteurs du Coran, huit oukils ou administrateurs.
Il y avait, en outre: huit balayeurs et trois allumeurs.
En décembre 1836, le prince
de Nemours posa la première pierre de la galerie de marbre de la
rue de la Marine, qui fut élevée par les " Condamnés
" du colonel Marengo, avec 22 fûts de la mosquée Es-Sida.
Une urne contenant le procès-verbal de la cérémonie,
rédigé en français et en arabe, et des pièces
d'or, d'argent et de bronze, à l'effigie de Louis-Philippe et au
millésime de 1836, a été placée sous l'une
des colonnes (2 En avril 1903, le temple
devant lequel devait passer le président Loubet, fut, du côté
du boulevard, bordé d'une grille de dessin oriental. Le 9 mai
1865, l'Empereur visita Djama-Kébir. La mosquée fut
classée en avril 1887.).
Djama-Djedid (Mosquée
de la Pêcherie)
Cette mosquée, du rite hanéfi,
fut élevée en 1660, sur l'emplacement de la médersa
Bou Anan. Ce temple, construit de par la volonté de la Milice,
est à vrai dire, rappelons-le, l'oeuvre de la population entière
d'El-Djezaïr, qui fournit tous les fonds nécessaires à
son édification.
Auprès de ce monument que baignait jadis la mer, se trouvaient
la petite mosquée "des Pêcheurs" (Mesdjed-el-Houatin)
et la Porte de la Mer (Bab-el-Behar), indiquée précédemment.
Cet édifice affecte la forme d'une croix. Sa superficie est de
1.371 mètres carrés.
L'architecte qui en dressa les plans était un esclave chrétien
lequel, dit une légende, fut mis à mort pour avoir évoqué
en cet ouvrage le symbole de sa propre religion. Rien n'est moins exact,
car ainsi qu'on l'a déjà fait remarquer,
Mahomet II donna en 1453, après la prise de Constantinople, la
basilique Sainte-Sophie (de forme cruciale), comme modèle de mosquée.
Or, Djama-Djedid ayant été construite sous les Turcs et
pour les Turcs, il est tout naturel qu'elle ait reçu la forme qui
la signale.
Le minaret avait, en principe, trente mètres de hauteur. Les remblais
effectués la rue de la Marine, après 1830, réduisirent
cette hauteur à vingt-cinq mètres.
Dans la rue de l'Arc, dénommée autrefois Kâ-es-sour
(le pied du rempart), se trouvait une entrée du temple, que surmontait
une inscription turque. Cette pièce épigraphique fut détruite
en 1846 par un fanatique musulman, alors qu'un savant de France cherchait
à en déchiffrer le texte.
Il y a à remarquer en cette mosquée : le mirhab tapissé
de faïences précieuses et encadré de fines broderies
de plâtre ( Auprès du mirhab
se trouve une inscription mentionnant le nom du directeur des travaux
de l'intérieur : El-Hadj Habib. Le rite hanéfi admet la
décoration du mirhab.), et le mimbar (tribune à
prières) fait de marbres délicatement ciselés, débris
de la chaire de Djama-es-Sida, détruite en 1832. (Le plafond de
bois ciselé et enluminé qui décore la mahakma attenante
à ce temple, provient aussi de la mosquée Es-Sida).
Djama-Djedid possède un Coran (jadis
à la mosquée Ketchaoua) qu'offrit au XVIIFme siècle,
un sultan de Constantinople au pacha d'Alger. Ce livre est certes supérieur
par ses enluminures à bien des échantillons artistiques
de ce genre qu'a légués le Moyen-Age.
L'horloge à carillon (2 Cette
horloge, sortie des ateliers de Wagner, fut apportée â Alger
en 1833.) que l'on voit sur le minaret, se trouvait en 1842
sur la Jénina. Elle fut en 1847, transportée à Djama-Djedid,
non sur le temple même, mais sur un échafaudage dressé
à l'extérieur, cela en considération de la loi coranique
opposée à l'emploi sur les mosquées de la cloche
qui rappelle le christianisme, ainsi d'ailleurs que de la trompette qui
évoque le souvenir de la religion judaïque
(Devoulx)
Cependant en 1853, pour donner une assise plus stable à l'horloge,
on dut installer celle-ci sur le minaret où elle se trouve actuellement.
L'émotion causée dans la population musulmane par cet événement
fut assez vive mais elle ne dura pas.
En mars 1857, furent placées trois cloches pesant respectivement
50, 80 et 120 kilogrammes. L'accommodation du minaret fut l'oeuvre de
l'architecte de la ville, Bournichon. La même année, il fut
procédé à la restauration de la mosquée. La
dépense s'éleva à 20.000 francs. En septembre 1859,
l'horloge fut dotée d'un cadran transparent.
Ainsi qu'il a été dit précédemment, les sous-sols
de cette mosquée servirent de magasins à l'armée,
jusqu'en 1864, époque à laquelle les Domaines les louèrent
à un particulier.
Ainsi qu'il a été dit, Djama-Djedid fut sauvée de
la ruine en 1831, par le colonel du Génie, Lemercier.
Menacée à nouveau en 1910, ainsi que sa voisine, l'antique
Djama-Kebir, par un projet de transformation de la ville, elle fut encore
sauvée grâce à l'intervention des Amis du Vieil el-Djezaïr.
La gracieuse mosquée, Djama-Djedid est devenue célèbre
par le particulier charme qu'elle présente aux soirs illuminés
des 14 juillet, dans le luxe de ses broderies de feu, de ses pendeloques
de gemmes embrasées, de ses rutilants colliers de corail, de ses
incandescentes étoiles éclatant sur des lacis d'or semés
de pierreries.
M. Ben Zakour en est actuellement le Muphti. Elle fut visitée par
l'Empereur, le même jour que Djama-Kébir. Classée
en 1887.
Djama-Safir
Cette mosquée, située rue Kleber,
fut fondée en 1534, par le renégat Safar ben Abd-Allah,
qu'affranchit Kheir-ed-Din. Elle fut reconstruite par Baba-Hassan en 1791,
sur le plan de la mosquée Ketchaoua. L'une de ses inscriptions
apprend que le monument fut construit en neuf mois. Une autre inscription
fait connaître que le dey Hussein la rebâtit en 1827.
Cette Djama est remarquable par sa coupole octogonale, ses colonnes anciennes
et son mirhab tapissé de jolies faïences persanes. Dans les
premiers temps de son existence, Djama-Safir était extérieure
à l'ancien Alger. Le quartier où elle se trouve était
alors un lieu presque inhabité. C'est une mosquée de rite
hanefi. M. Kemichi en est l'imam.
Sidi-Ramdam
Djama Sidi-Ramdam fut édifiée
avant l'arrivée des Turcs, dans le voisinage de la primitive Casbah
berbère, située au haut de l'escalier de Verdun, construction
dont fut fait le bastion XI, et qu'en 1930, fit classer le Comité
du Vieil Alger.
Ce temple, dénommé : mosquée de la vieille Casbah
(Djama Kasbah el-Kedima) est un échantillon des cadres de dévotion
pauvres et sévères où pria la première population
d'El-Djezaïr.
Comme les temples berbères, comme Djama-Kebir, Sidi-Ramdam est
recouverte de toits à tuiles.
Dans l'intérieur s'érigent dix-huit colonnes disposées
sur deux rangs. Ces colonnes sont d'époques bien postérieures
à celle de la fondation de l'édifice.
Cette mosquée possédait cinquante immeubles assurant son
entretien avec leurs revenus.
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