les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

L'ensemble militaire
Les Remparts
Les Portes

sur site le 11-2-2009

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L'Ensemble Militaire
Les Remparts

Bien peu de chose subsiste aujourd'hui de la ceinture fortifiée qui protégeait Alger dans le passé.

Ces remparts que construisit en 1540, le Pacha Hassan, développaient une ligne de 750 mètres du côté de Bab-Azoun, et de 900 mètres sur le flanc de Bab-el-Oued.

Blanchis à la chaux et couronnés sur toute leur longueur de pyramidions, ils présentaient un aspect vraiment original. Cette ceinture était parfois double et même triple. Sur ses sommets croissaient des lentisques.

Dans les fossés ( A la Porte Neuve, et au N.-0. de la Casbah, les fossés étaient interrompus par des terre-pleins. Cette porte devint inutile quand furent établis les nouveaux remparts où s'ouvrit en 1850, la Porte du Sahel, qu'on fit elle-même disparaître en 1931.), des ricins arborescents se développaient en toute liberté. Près de la porte Bab-Azoun, des huttes s'entassaient nombreuses au pied de l'enceinte.

Sur le bord de la mer, des maisons particulières se trouvaient encastrées dans l'escarpe, dont l'assise reposait sur des blocs peu résistants, de schiste et de gneiss lamellaire.

Ces remparts, flanqués de bastions de distance en distance, englobaient une partie des défenses élevées par les Berbères et par les Romains. Des tours anciennes, où furent retrouvées des pierres de balistes, se dressaient sur la partie Nord.

Cette ceinture présentait la forme d'un triangle, au sommet duquel avait été construit, en 1516, le Château de la Casbah.

Les Portes

Six portes s'ouvraient en ces remparts :

Au Midi : Bab-el-Djedid (la Porte-Neuve), du XVIème siècle, par où entra l'armée française, en 1830, et qui fut détruite en 1866.
Bab-Azoun, la porte historique d'Alger.
Cette porte, du côté du fossé, était (on l'a vu), environnée de crochets de fer, auxquels jadis, furent suspendus nombre de condamnés.

Au temps des Turcs, les exécutions étaient pratiquées par la corde, le sabre, le feu, l'eau et les crochets. Ces crochets, fixés aux remparts, étaient au nombre de six. Ce nombre fut doublé sous Omar-Pacha. Il y en eut six à la porte d'Azoun et six à la Porte-Neuve.

L'Agha faisait pendre aux oliviers voisins de l'ancienne maison Lacroutz, près de l'ancien bassin de Mustapha-Supérieur, et aux arbres du camp d'Isly.

Le Khodjet-el-Kheil (Ministre des Biens Ruraux) faisait dresser ses potences sur les places.

Le bourreau du Dey, le Noubatchi, procédait à la décapitation sur les places, également.

La mort par strangulation était aussi donnée par le ministère du Mezouar, à Darel-Khal, en présence d'un janissaire et des Khodjas ou des Oukils de la Prison.

Les janissaires n'étaient jamais exécutés publiquement.

Les Juifs étaient brûlés à Bab-el-Oued. Des chrétiens le furent aussi en ce lieu et au môle.

Quelques Juifs furent brûlés vifs sur l'emplacement de la rue Portalis.

La femme adultère et celle surprise avec un chrétien ou un Juif, était jetée à la mer en un sac cousu. Il était procédé à cette exécution à Matifou, par les agents du Mezouar, montés sur des canots du port. (A Constantine : dans le Rhumel, à la pointe de Sidi-Rached).

Le Code musulman comprenait en outre, certains châtiments corporels, voire certaines mutilations. La bastonnade pour la vente à faux-poids. En cas de récidive, le marchand était cloué par une oreille à la porte de sa boutique. C'était le Mohtasseb, qui faisait exécuter les arrêts.

On allait parfois jusqu'à couper le poignet droit du coupable.

Ce dernier supplice était le châtiment des voleurs, auquel procédait en 1830, le premier Chirurgien Bach Djerrah. Subissaient le même châtiment, ceux convaincus d'avoir détérioré une conduite d'eau.

La section faite, on trempait, pour arrêter l'hémorragie, la partie mutilée dans un vase rempli de goudron bouillant.
"Et l'on voyait alors, dit un témoin de l'une de ces barbares exécutions, le malheureux condamné, pris d'un tremblement nerveux qui secouait tout son corps... "

Les anciennes portes d'Azoun (on l'a vu) furent détruites en 1841 et remplacées par des portes placées sur le même axe ( Les clés de Bab-ed-Djedid et de Bab-Azoun étaient confiées à l'Agha. Celles des autres portes étaient déposées au Palais du Dey. Le Ka:id-el-Bab en avait la garde. Les clés d'or d'Alger disparurent lors de la prise de la ville. Ce furent de nouvelles clés, (aujourd'hui au Musée) confectionnées pour la circonstance, qui furent présentées à l'Empereur, à son arrivée en 1860. Ces clés lui furent à nouveau présentées en 1865.). Celles-ci furent supprimées peu d'années après, à la construction de la nouvelle enceinte. En 1850, s'ouvrit, auprès du fort BabAzoun, la porte d'Isly, laquelle fut démolie en 1897.

Le passage d'Azoun, a-t-il été dit déjà, comprenait deux voûtes - l'une, intérieure de 17 mètres de long, située dans l'axe de la rue Bab-Azoun - l'autre, extérieure, s'ouvrant à trente-quatre mètres à droite de la première, face à la rue Baccchus, et à laquelle on accédait par la fausse braie.

Sur le front de mer, se trouvaient :

Bab-el-Behar (la porte de la Mer), au-dessous de la Mosquée de la Pêcherie.

Bab-el-Dzezira
(la porte de l'Ile), aux abords de l'Amirauté, dont le fronton présentait un écusson - oeuvre de quelque esclave - où était figuré, sous une couronne surmontée d'un croissant, le Sceau de Salomon. A cet écusson s'ajoutaient des drapeaux, des lions, des canons, des navires. Cette figuration fut considérée comme exprimant les anciennes armes d'Alger. Les nouvelles armes datent de 1862.

En 1570, les Turcs appendirent là, des étendards de Malte, une bannière reproduisant la tête de Saint-Jean, des boucliers de chevaliers. Ces trophées demeurèrent en ce lieu, huit années.

En 1708, des cloches rapportées d'Oran, furent installées au sommet de Bab-el-Djezira.

Tandis que le Génie - en 1854 - réparait cette porte, les armoiries tombèrent. On les remplaça par une reproduction en plâtre.

En 1870, époque où s'acheva le Boulevard, la Porte de l'Ile dénommée depuis 1830, Porte de France, disparut.

L'inscription qui s'y trouvait fut déposée au Musée (voir à l'article : " Le Port ").

Du côté du nord s'ouvrait :
Dans la partie basse,

La Porte Bab-el-Oued (du Ruisseau), qui était fort étroite et que, disent les rapports militaires, franchissaient très difficilement les chariots chargés aux carrières voisines, des blocs destinés à la jetée. Une porte de plus grandes dimensions la remplaça en 1841, qu'on démolit en 1846. Les nouvelles portes furent plus loin, où passe l'actuel boulevard Guillemin.
Ces dernières disparurent en 1896.

Dans la partie haute,

La Porte Sidi-Ramdan, près de la mosquée de ce nom, qui donnait accès à la campagne voisine d'El-Kettar. Il n'en reste plus aujourd'hui que le souvenir.