L'Ensemble Militaire
Les Remparts
Bien peu de chose subsiste aujourd'hui de
la ceinture fortifiée qui protégeait Alger dans le passé.
Ces remparts que construisit en 1540, le Pacha Hassan, développaient
une ligne de 750 mètres du côté de Bab-Azoun, et de
900 mètres sur le flanc de Bab-el-Oued.
Blanchis à la chaux et couronnés sur toute leur longueur
de pyramidions, ils présentaient un aspect vraiment original. Cette
ceinture était parfois double et même triple. Sur ses sommets
croissaient des lentisques.
Dans les fossés ( A la Porte
Neuve, et au N.-0. de la Casbah, les fossés étaient interrompus
par des terre-pleins. Cette porte devint inutile quand furent établis
les nouveaux remparts où s'ouvrit en 1850, la Porte du Sahel, qu'on
fit elle-même disparaître en 1931.), des ricins
arborescents se développaient en toute liberté. Près
de la porte Bab-Azoun, des huttes s'entassaient nombreuses au pied de
l'enceinte.
Sur le bord de la mer, des maisons particulières se trouvaient
encastrées dans l'escarpe, dont l'assise reposait sur des blocs
peu résistants, de schiste et de gneiss lamellaire.
Ces remparts, flanqués de bastions de distance en distance, englobaient
une partie des défenses élevées par les Berbères
et par les Romains. Des tours anciennes, où furent retrouvées
des pierres de balistes, se dressaient sur la partie Nord.
Cette ceinture présentait la forme d'un triangle, au sommet duquel
avait été construit, en 1516, le Château de la Casbah.
Les Portes
Six portes s'ouvraient en ces remparts :
Au Midi : Bab-el-Djedid (la Porte-Neuve),
du XVIème siècle, par où entra l'armée française,
en 1830, et qui fut détruite en 1866.
Bab-Azoun, la porte historique d'Alger.
Cette porte, du côté du fossé, était (on l'a
vu), environnée de crochets de fer, auxquels jadis, furent suspendus
nombre de condamnés.
Au temps des Turcs, les exécutions étaient pratiquées
par la corde, le sabre, le feu, l'eau et les crochets. Ces crochets, fixés
aux remparts, étaient au nombre de six. Ce nombre fut doublé
sous Omar-Pacha. Il y en eut six à la porte d'Azoun et six à
la Porte-Neuve.
L'Agha faisait pendre aux oliviers voisins de l'ancienne maison
Lacroutz, près de l'ancien bassin de Mustapha-Supérieur,
et aux arbres du camp d'Isly.
Le Khodjet-el-Kheil (Ministre des Biens Ruraux) faisait dresser
ses potences sur les places.
Le bourreau du Dey, le Noubatchi, procédait à la
décapitation sur les places, également.
La mort par strangulation était aussi donnée par le ministère
du Mezouar, à Darel-Khal, en présence d'un janissaire et
des Khodjas ou des Oukils de la Prison.
Les janissaires n'étaient jamais exécutés publiquement.
Les Juifs étaient brûlés à Bab-el-Oued.
Des chrétiens le furent aussi en ce lieu et au môle.
Quelques Juifs furent brûlés vifs sur l'emplacement de la
rue Portalis.
La femme adultère et celle surprise avec un chrétien ou
un Juif, était jetée à la mer en un sac cousu. Il
était procédé à cette exécution à
Matifou, par les agents du Mezouar, montés sur des canots du port.
(A Constantine : dans le Rhumel, à la pointe de Sidi-Rached).
Le Code musulman comprenait en outre, certains châtiments corporels,
voire certaines mutilations. La bastonnade pour la vente à faux-poids.
En cas de récidive, le marchand était cloué par une
oreille à la porte de sa boutique. C'était le Mohtasseb,
qui faisait exécuter les arrêts.
On allait parfois jusqu'à couper le poignet droit du coupable.
Ce dernier supplice était le châtiment des voleurs, auquel
procédait en 1830, le premier Chirurgien Bach Djerrah. Subissaient
le même châtiment, ceux convaincus d'avoir détérioré
une conduite d'eau.
La section faite, on trempait, pour arrêter l'hémorragie,
la partie mutilée dans un vase rempli de goudron bouillant.
"Et l'on voyait alors, dit un témoin de l'une de ces barbares
exécutions, le malheureux condamné, pris d'un tremblement
nerveux qui secouait tout son corps... "
Les anciennes portes d'Azoun (on l'a vu) furent détruites en 1841
et remplacées par des portes placées sur le même axe
( Les clés de Bab-ed-Djedid et
de Bab-Azoun étaient confiées à l'Agha. Celles des
autres portes étaient déposées au Palais du Dey.
Le Ka:id-el-Bab en avait la garde. Les clés d'or d'Alger disparurent
lors de la prise de la ville. Ce furent de nouvelles clés, (aujourd'hui
au Musée) confectionnées pour la circonstance, qui furent
présentées à l'Empereur, à son arrivée
en 1860. Ces clés lui furent à nouveau présentées
en 1865.). Celles-ci furent supprimées peu d'années
après, à la construction de la nouvelle enceinte. En 1850,
s'ouvrit, auprès du fort BabAzoun, la porte d'Isly, laquelle fut
démolie en 1897.
Le passage d'Azoun, a-t-il été dit déjà, comprenait
deux voûtes - l'une, intérieure de 17 mètres de long,
située dans l'axe de la rue Bab-Azoun - l'autre, extérieure,
s'ouvrant à trente-quatre mètres à droite de la première,
face à la rue Baccchus, et à laquelle on accédait
par la fausse braie.
Sur le front de mer, se trouvaient :
Bab-el-Behar (la porte de la Mer),
au-dessous de la Mosquée de la Pêcherie.
Bab-el-Dzezira (la porte de l'Ile), aux abords de l'Amirauté,
dont le fronton présentait un écusson - oeuvre de quelque
esclave - où était figuré, sous une couronne surmontée
d'un croissant, le Sceau de Salomon. A cet écusson s'ajoutaient
des drapeaux, des lions, des canons, des navires. Cette figuration fut
considérée comme exprimant les anciennes armes d'Alger.
Les nouvelles armes datent de 1862.
En 1570, les Turcs appendirent là, des étendards de Malte,
une bannière reproduisant la tête de Saint-Jean, des boucliers
de chevaliers. Ces trophées demeurèrent en ce lieu, huit
années.
En 1708, des cloches rapportées d'Oran, furent installées
au sommet de Bab-el-Djezira.
Tandis que le Génie - en 1854 - réparait cette porte, les
armoiries tombèrent. On les remplaça par une reproduction
en plâtre.
En 1870, époque où s'acheva le Boulevard, la
Porte de l'Ile dénommée depuis 1830, Porte de
France, disparut.
L'inscription qui s'y trouvait fut déposée au Musée
(voir à l'article : " Le Port ").
Du côté du nord s'ouvrait :
Dans la partie basse,
La Porte Bab-el-Oued (du Ruisseau),
qui était fort étroite et que, disent les rapports militaires,
franchissaient très difficilement les chariots chargés aux
carrières voisines, des blocs destinés à la jetée.
Une porte de plus grandes dimensions la remplaça en 1841, qu'on
démolit en 1846. Les nouvelles portes furent plus loin, où
passe l'actuel boulevard
Guillemin.
Ces dernières disparurent en 1896.
Dans la partie haute,
La Porte Sidi-Ramdan, près
de la mosquée de ce nom, qui donnait accès à la campagne
voisine d'El-Kettar.
Il n'en reste plus aujourd'hui que le souvenir.
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