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site le 4/06/2002
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------Dès
1849, la Société de médecine d'Alger réclamait
l'institution d'une école de médecine. Ce voeu était
peut-être prématuré. ------Cependant, même en 1849, il en avait été question dans les sphères gouvernementales, à Paris même, au Parlement. Sous le règne de Louis Philippe, un grand maître de l'université, dont le nom restera dans l'histoire, Salvandy, faisait devant la Chambre, cette importante déclaration : " Si c'est par la guerre que l'Algérie a été conquise, c'est par la civilisation qu'elle doit être conservée. J'aspire au jour où les écoles pourront être constituées, où il y aura une académie, un lycée, une faculté de lettres, une école de médecine ". ------Le projet, abandonné d'abord, fut repris en 1854. Le conseil municipal d'Alger, le préfet, le conseil de gouvernement, se prononcèrent en faveur de la création de l'École de médecine, création que l'autorité universitaire appuya de tout son pouvoir. Il est impossible de parler de la campagne qui fut menée à cette époque sans mentionner le nom de Bertherand, médecin principal de l'armée et premier directeur de l'école, savant modeste, auquel est dû le premier mouvement scientifique médical dans ce pays. Pour rendre hommage à ses efforts et afin de perpétuer son souvenir, le conseil de l'École de médecine, réuni en séance plénière le 26 février 1885, décida de faire apposer sur le grand amphithéâtre de clinique, une plaque portant ces mots : " À Bertherand, fondateur de l'École de médecine ". ------Le décret du 4 août 1857 instituait une école de médecine à Alger. ------En instituant cette école, l'État avait un autre dessein : celui de former des praticiens indigènes destinés à exercer dans les tribus. ------Les débuts de l'école, simplement préparatoire d'abord, furent des plus modestes. Elle ne fut organisée qu'en janvier 1859, lorsque le conseil municipal d'Alger, par une délibération spéciale, régulièrement approuvée, eut voté les crédits nécessaires pour réaliser les dispositions visées par le décret. Le décret donnait, en effet, à la ville d'Alger, la charge de l'entretien des bâtiments, des dépenses du personnel et du matériel. ------Le personnel de l'école se composa de huit professeurs titulaires, de quatre suppléants, d'un chef de travaux anatomiques, d'un prosecteur et d'un préparateur. En ce qui concernait les sessions d'examens, l'école était placée (article 5) dans la circonscription de la Faculté de médecine et de l'École supérieure de pharmacie de Montpellier. ------Les diplômes que l'école était autorisée à délivrer étaient ceux " d'officiers de santé, pharmaciens et sages-femmes de 2e classe ". Aux titulaires de ces diplômes, était imposée l'obligation (article 7) du visa du diplôme ou du certificat d'aptitude par la préfecture de la province où ils entendaient exercer leur profession. Un nouveau visa était nécessaire s'ils changeaient de résidence. ------Les indigènes ayant reçu l'enseignement du degré supérieur dans les écoles arabes françaises étaient admis (article 8) à l'école sur la production d'un certificat d'études visé par l'autorité administrative et sur l'attestation - donnée après examen par le directeur du collège impérial arabe-français - certifiant qu'ils étaient en mesure de suivre les cours. Le diplôme spécial délivré, en vertu de l'article 21 du décret du 14 mars 1857, aux élèves indigènes du collège impérial arabe-français, dispensait de toute formalité quant à l'aptitude scolaire. ------Les étrangers, chrétiens ou musulmans, étaient également admis à l'école (article 9), s'ils justifiaient de leur aptitude à suivre les cours. ------Le décret de 1857 n'avait pas prévu l'admission des élèves israélites. Sur le rapport du recteur de l'académie d'Alger en date du 25 décembre 1864, cette lacune était comblée par un décret en date du 27 janvier 1865, décret qui assimilait les israélites aux étrangers chrétiens et musulmans, conformément à leur statut personnel. ------La loi du 20 décembre 1879 créait les quatre écoles d'enseignement supérieur d'Alger et le décret du 10 janvier 1880, complété par celui du 5 juin 1880, fixait à douze le nombre des chaires et à six le nombre des suppléants de l'école de médecine. ------De plus, le décret du 5 juin 1880 réglait le mode de nomination du personnel enseignant. Le directeur, choisi parmi les titulaires, devait être nommé pour trois ans, par le ministre; les professeurs titulaires, nommés par le ministre sur des présentations faites par la section permanente du Conseil supérieur de l'Instruction publique; les chargés de cours, nommés directement par le ministre; les suppléants et chefs de travaux, nommés après concours. Enfin, un décret du 3 août 1880 vint déterminer les conditions dans lesquelles pourrait être décerné, par l'école préparatoire de médecine et de pharmacie, le certificat d'aptitude permettant d'exercer la médecine en territoire indigène. Ce certificat ne pouvait être délivré à un Européen. L'enseignement devait durer quatre semestres consécutifs, après lesquels seraient subis les examens probatoires (pouvant être passés à la même session). ------Le décret du 24 décembre 1881, exécutoire à dater du ler janvier 1882, réglementa la situation des professeurs et des agrégés. Aux termes de ce décret, dans l'ordre du droit et de la médecine, les agrégés étaient inscrits à l'âge de 30 ans, prenaient rang d'ancienneté sur la liste de classement des professeurs de faculté, percevaient le traitement de la 4e classe et étaient soumis aux mêmes règles d'avancement que les professeurs de métropole. ------Tandis que
la situation administrative du personnel évoluait et se précisait,
les écoles de droit, des lettres, des sciences et de médecine,
qui étouffaient dans des locaux trop exigus, furent centralisées
sur le terrain du Camp d'Isly, où le Palais commun aux quatre écoles
fut édifié : c'est lui qui les abrite encore aujourd'hui.
Le 8 février 1887, les derniers crédits furent accordés,
et le 13 août eut lieu l'inauguration solennelle en présence
des trois ministres : MM. Berthelot, Grault et Niéland. À
la séance d'ouverture des cours de l'année scolaire 1888-1889,
le recteur Jeanmaire disait : " L'installation
est maintenant complète, définitive; les bâtiments
sont magnifiques, les salles de cours vastes et nombreuses, les laboratoires
bien éclairés et bien outillés, etc...
". Pourtant, un avertissement de marque avait été donné
en cours de construction: en 1887, Jules Ferry, visitant les chantiers
avec Émile Masqueray, avait dit en pénétrant dans
la grande salle de lecture de la bibliothèque : "
Voilà une salle manquée, quel dommage! ".
Hélas! Après 70 ans, il n'y a toujours pas d'autre salle
de lecture pour nos milliers d'étudiants. Henri Jahier |