Une race est en voie de développement quand elle présente
les caractéristiques suivantes : excédent des naissances
sur les décès, faible mortalité de la première
enfance, équilibre des naissances et des décès entre
les deux sexes, immunité de plus en plus grande contre les maladies
les plus répandues. Ces signes caractéristiques d'un peuple
sain et fort l'Algérie les possède :
Populations
musulmanes et européennes se développent suivant une courbe
triomphalement ascendante suivant l'expression de F. Gauthier.
La population musulmane qui se réduisait à 1.500.000 habitants
en 1830 passe de 3.200.000 en 1886 à 6. 500.000 au dernier recensement
de 1936.
Les estimations actuelles permettent de la fixer approximativement à
7.500.000 unités avec une progression annuelle de 130.000. Accroissement
particulièrement rapide et qui s'explique facilement, par le développement
du bien être, l'extension des uvres d'assistance, hôpitaux,
dispensaires, médecins de colonisation, sage-femmes, en un mot
par l'action civilisatrice et humanitaire de la France auprès des
populations prolifiques de ce pays.
Parallèlement, bien que sur une échelle réduite au
dixième environ, croît un peuple algérien européen,
synthèse originale, résultat d'un brassage méditerranéen
dont on ne trouverait nulle part la pareille, ni pour la rapidité
de l'assimilation qui l'a réalisée, ni pour l'homogénéité
qu'elle présente.
En 1851, largement ouverte à l'immigration, l'Algérie compte
131.000 Européens, et dès ce moment, le nombre des Français
dépasse celui des étrangers.
1886 : 300.000 Européens
1936 : 900.000
1946 : 1 million, telles sont les étapes du peuplement européen
de l'Algérie qui compte actuellement 900.000 Français.
900.000 Français qui sont une promesse pour la France, le taux
de la natalité française en Algérie étant
de z8 pour mille. (En France 18 pour mille).
Entrant dans le cadre des postulats retenus par l'ordonnance du 7 mars
1944, en ce sens qu'elles abolissent toute distinction entre Français
d'origine et Français musulmans, les réformes sociales réalisées
depuis 1945, directement inspirées des décisions prises
dans la Métropole, ont demandé une mise au point délicate
nécessitée par l'adaptation aux conditions spécifiquement
algériennes, d'une législation établie pour un pays
beaucoup plus évolué socialement et disposant d'un service
de santé infiniment plus important.
Tout en poursuivant cette harmonisation des conditions réglementaires
de travail en Algérie avec les conditions en vigueur dans la Métropole,
l'Administration Algérienne a pris en outre, en vertu des pouvoirs
dont elle dispose, les mesures répondant aux besoins locaux dans
les trois secteurs : travail, main-d'uvre et sécurité
sociale.
Étant donné les conditions particulières de l'Algérie,
l'activité des services de contrôle du travail présente
le double aspect d'éducation et de contrôle. Guider les employeurs,
les orienter dans l'observation d'une législation complexe, éviter
et aplanir les conflits du travail, c'est-à-dire préparer
ou affermir la structure sociale d'une Algérie en voie d'évolution,
tel est le premier. Le second consiste en un contrôle vigilant de
l'application de la législation en vigueur concernant les salaires,
l'apprentissage, la durée du travail, le travail de nuit, les congés
annuels payés, l'hygiène et la sécurité du
travail, l'emploi de la main uvre étrangère
Particulièrement actif au fur et à mesure que se précisaient
les menaces de chômage, ce dernier contrôle a permis en de
nombreux cas de sauvegarder les droits des prisonniers de guerre rapatriés
et des démobilisés dont la réintégration s'est
effectuée d'une manière normale.
Le régime de sécurité sociale organisé dans
la Métropole va être rendu applicable à l'Algérie
après adaptation aux conditions particulières du pays. Utilisant
les caisses d'allocations familiales, du commerce et de l'industrie comme
structure, cette institution dont bénéficieront immédiatement
les professions libérales, le commerce et l'industrie, s'étendra
progressivement à l'agriculture. La séparation en deux organisations,
d'une part de la gestion financière des prestations en espèces,
d'autre part du contrôle médical et de l'action sociale,
permettra de s'attaquer résolument dans le cadre fixé par
les services de santé, aux maladies qui pèsent lourdement
sur les travailleurs d'Afrique du Nord.
Parallèlement la mise en place d'organismes centraux, tels que
la Caisse Centrale de surcompensation des allocations familiales, faciliteront
la coordination des efforts des différentes unités, administratives
et sanitaires, réparties dans les trois départements.
Traduisant la ferme volonté du Gouvernement de mettre désormais
les travailleurs algériens sur un pied d'égalité
avec ceux de la métropole, les réformes entreprises en dotant
l'Algérie d'un régime social des plus évolués
seront la base solide de la transformation économique du pays.
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