ESSOR DE L'ALGÉRIE - 1947

7. Réorganisation des médersas

Saâdeddine BENCHENEB.

ici, mars 2016

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Intérieur de la médersa d'Alger.
Intérieur de la médersa d'Alger.
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Ce serait faire injure aux institutions françaises de ce pays que de ne pas dire ce que sont les Médersas algériennes, ces grandes écoles d'où sort, depuis près d'un siècle, une bonne partie de l'élite musulmane d'Algérie : juristes de talent, professeurs remarquables, interprètes, membres du culte, fonctionnaires.

Depuis leur création en 1850, les Médersas ont subi de nombreuses transformations dont la dernière remonte à 1895. Conçues d'abord comme des établissements d'enseignement islamique, elles se sont progressivement modernisées en incorporant à leur programme d'études des disciplines nouvelles et notamment la langue française, si bien qu'elles inculquent à leurs élèves une double culture arabe et française.

Plutôt qu'ils n'adaptent les Médersas aux besoins de l'Algérie et aux exigences contemporaines, les décrets ministériels du 27 novembre 1944, portant réorganisation des Médersas; algériennes, continuent en fait cette œuvre de constant perfectionnement. Les changements apportés aux Médersas ont en effet pour but de corriger des défauts relevés depuis; longtemps et ne sont pas une expérience aléatoire dont les conséquences pourraient être funestes à la jeunesse.

Et tout d'abord, il a été procédé à une refonte et à une unification de l'enseignement des Médersas. La durée des études a été portée de quatre à six ans, le programme des matières arabes complété et rajeuni; tandis que celui des matières françaises était aligné sur le plan d'études des lycées. Tenant compte à la fois du développement de l'enseignement primaire fr. Algérie et du progrès qui en est la conséquence, l'âge d'admission dans les Médersas a été. ramené de quinze à treize ans. Les résultats enregistrés en première année durant l'année scolaire 1945-46 ont permis de constater les heureux effets de cette mesure.

Un second amendement essentiel a scindé le cycle des études en deux : pendant les trois premières années, tous les élèves reçoivent le même enseignement; à partir de la quatrième année, deux sections sont offertes à leur choix; une section traditionnelle où les matières arabes ont le pas sur les matières françaises, une section moderne où c'est l'inverse. Une discrimination et ainsi faite entre les diverses aptitudes et tendances et les élèves sont orientés vers la arrière où ils ont le plus de chance de réussir.

Parallèlement à ces modifications de structure, les horaires, tant pour le français que pour l'arabe, ont été l'objet de réajustements destinés d'une part à permettre l'application de règles pédagogiques plus efficaces, d'autre part à doter les élèves de connaissances plus solides plus étendues.

La spécialisation des élèves, amorcée à partir de la quatrième année dans les trois Médersas de Constantine, Alger et Tlemcen, s'achève à l'École Supérieure d'Études Islamiques d'Alger créée par décret du 27 novembre 1944. Cette nouvelle institution ne remplace pas purement simplement la division supérieure de la Médersa d'Alger qui jusqu'ici rassemblait les meilleursélèves des Médersas. L'École Supérieure d'Études Islamiques poursuit un double but : dont aux anciens élèves des Médersas une formation supérieure pour les matières arabes qui ne figure pas dans l'enseignement des Facultés; parachever leur spécialisation dans ses trois sections traditionnelles, pédagogique et administrative. Elle se conforme ainsi aux directives générales de la politique actuelle de la France qui tend à relever le niveau des cadres de la nation.

Enfin, le choix des professeurs pour les matières arabes a reçu une réglementation comme il en existe une pour les professeurs de matières françaises. Il suffisait auparavant d'être pourvu du Diplôme d'Études Supérieures des Médersas pour pouvoir enseigner dans ces établissements. Le Gouvernement a jugé nécessaires une plus grande garantie et un titre complémentaire. C'est pourquoi il a été institué un Certificat d'aptitude à l'enseignement dans les Médersas algériennes avec une option langue et littérature arabes et une option sciences musulmanes juridiques et religieuses. Le jury qui a siégé déjà à deux reprises en juillet 1945 et en juillet 1946 n'a eu qu'à se louer de l'institution de ce concours.

Comme on le voit, ces réformes et ces remaniements permettent tout à la fois d'améliorer le recrutement des élèves, celui des professeurs et de relever le niveau des études. Ce sont là les trois conditions essentielles du succès de tout enseignement. Aussi est-il certain que les Médersas algériennes contribueront davantage dans l'avenir à diffuser la culture arabe et la culture française pour le plus grand bien de l'Algérie et le bon renom de la France.

Saâdeddine BENCHENEB.