LE STAND DE L'ALGÉRIE
A LA Foire INTERNATIONALE DE STOCKHOLM
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Un pays ne prend son vrai visage que par la figure qu'il
fait dans le monde.Telle est aujourd'hui l'inéluctable loi. Et
par où, sans doute, le mot de propagande, malgré son décri,
retrouve son véritable, sens : l'acte de propager des notions;
et cet acte même, sa fin réelle : propager la connaissance
du vrai.
L'Islande, au temps des diligences, que pouvait-elle savoir de Madagascar
? Et les Parisiens des Persans ? Rien, sinon des aperçus livresques,
comme on voit par Montesquieu, Montaigne et quelques autres.
De nos jours tout pays qui se respecte entend être respecté.
Pour être respecté il lui faut être connu. Et comment
le serait-il sans se présenter à l'univers tel qu'il se
considère, se désire et se fait ?
Deux façons évidentes s'offrent d'engendrer cette connaissance
de soi par autrui : attendre que l'étranger vienne lui-même
se pencher sur le spectacle, et c'est le tourisme réceptif; ou
lui présenter le portrait qu'on a soi-même imprimé
sur le miroir, . et c'est l'exposition. L'un et l'autre mouvement impliquent
d'ailleurs un même effort de persuasion, le second étant
le mieux propre à déclencher le premier.
L'Algérie n'échappe pas à ces nécessités;
elle ne saurait se soustraire sans péril à ces lois du monde
moderne. Aussi bien l'avait-elle dès longtemps compris; en particulier,
pendant les dix années qui ont précédé cette
guerre, elle avait remis le soin de rendre publics ses vertus et ses charmes
à un organisme spécial : l'Ofalac. Par lui, l'Algérie
s'est maintes fois présentée aux diverses nations. Dans
un sincère souci d'information qui n'excluait pas, certes, le légitime
dessein de séduire par les formes mêmes de la présentation,
l'Algérie montrait alors aux spectateurs européens les produits
de son sol et de son sous-sol; les beautés de sa nature physique,
les tâches sociales de ses administrateurs, les ambitions spirituelles
de ses peuples.
C'est ainsi que, pendant ces dix années, l'Ofalac eut l'honneur
de servir de truchement à notre Algérie dans. les foires-expositions
internationales de nombreuses cirés et capitales, en Grande-Bretagne,
Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Pologne, étant bien admis
que la même tâche était accomplie dans les grandes
villes de France et d'abord à Paris.
Vint la guerre et ses suites difficultueuses, qui suspendirent cette action.
Mais nous voyons le monde nouveau, malgré ses pénibles gésines,
retrouver le sens et le désir de ses antiques mouvements, des communications
et des échanges.
L'heure était donc venue pour l'Algérie de reprendre sa
place dans cette espèce de système planétaire et
de se remettre à " tourner " avec les astres du négoce
et du voyage.
Du même coup l'Ofalac retrouvait sa vocation. Il n'hésitait
point à revendiquer le privilège de remettre en marche cette
organisation démonstrative, pour que les cités de
France et les nations étrangères fussent à même
de retrouver le visage de l'Algérie, de distinguer ses traits nouveaux
et de percevoir comment la jeunesse y prenait les aspects de l'âge
adulte avec ses graves pensées et ses espoirs.
Le gouverneur général de la renaissance algérienne,
M. Yves Chataigneau, entendit dès la première heure donner
tout son appui à ce dessein. Pouvait-il en être autrement
d'un chef à qui la France avait précédemment confié
la charge et les pleins pouvoirs de la représenter auprès
de plusieurs gouvernements étrangers ?
A peine achevée la première " reprise " de l'année
1945, semblable à une répétition de théâtre,
aux foires internationales de Paris, de Lyon, de Barcelone et de Lausanne,
M. Chataigneau décidait que l'Algérie reprendrait hardiment
une politique de présence sur ces théâtres de la vie
économique que sont les foires internationales. Il chargeait l'Office
algérien d'action économique et touristique de réaliser
ses vues, il lui donnait les moyens de le faire, et il associait à
l'élaboration de cette tâche l'Office administratif du Gouvernement
général , à Paris.
C'est ainsi que dès le printemps de 1946 l'Algérie s'est
présentée à Lyon et à Paris avec un éclat
renouvelé. C'est ainsi que l'été venu, elle paraissait
avec une réelle autorité dans l'ensemble remarquable que
la nation France, réalisa dans le cadre de la Foire internationale
de Saint Eyrick, à Stockholm, puis dans celles de Prague, de Marseille
et d'Oslo. C'est ainsi, au moment où ces lignes sont écrites,
qu'elle s'apprête à se montrer de même, à Lyon
et à Paris, et bientôt à Milan.
La pertinence des vues qui ont conduit à
cette action éclate déjà. Nous pouvons en donner
ici l'assurance : rien n'est plus favorable au prestige de l'Algérie
et rien n'est plus bénéfique à ses intérêts
moraux et matériels. Aux fruits on jugera l'arbre, Mais il ne dépend
que de tous et de chacun de cueillir les fruits.
Le visage d'un peuple ne saurait être modelé par un seul.
La figure de l'Algérie que demain nous montrerons au monde doit
être le miroir dé toutes les activités algériennes,
de toutes les espérances que l'Algérie met dans son destin.
Car si l'apparence est que nous ne traitons ici que du négoce,
il est bon de ne pas oublier que les idées ont toujours emprunté
les chemins ouverts par les marchands.
G. AUDISIO,
Directeur de Service Algérien
d'Information et de Presse à Paris.
Et un joli blason à
colorier...
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