Aux mines de fer de l'Ouenza
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L'Ouenza est le plus beau fleuron
de notre couronne minière ", disait, il y a quelques années
déjà, un Gouverneur Général de l'Algérie.
Et notre plus récente prospection -- octobre 1946 - nous a confirmé
que ce magnifique gisement contient encore un minimum de 75 millions de
tonnes exploitables à ciel ouvert, sans parler de l'expFoitation
souterraine future.
Mais l'Ouenza est à un tournant de son histoire.
Elle a dû d'abord se reconstituer. Car elle avait beaucoup souffert
de la guerre.
Les bombardements allemands de décembre 1942 avaient détruit,
à Bône, son outillage de chargement. Un portique sur deux
avait disparu. Deux appareils de mise à bord sur trois étaient
démolis, le troisième très gravement atteint. Ce
qui restait de ces épaves avait servi à construire un appabord
de fortune d'une puissance réduite. Puis la mobilisation avait
dispersé la main-d'oeuvre. Les navires étaient devenus rares
et très irréguliers.
Alors qu'en 1938 - année de pointe - la production avait dépassé
1.700.000 tonnes, elle était tombée, en 1941, à 175.000
tonnes, en 1942 à 187.000 tonnes, en 1943 à 77.000 tonnes,
pour se relever en 1944 jusqu'à 500.000 tonnes.
En 1945, un grand effort fut fait et la production atteignit 881.837 tonnes.
Pour 1946 elle atteindra 1.200.000 à 1.250.000 tonnes, chiffre
que nous aurions certainement pu dépasser, mais qui est actuellement
notre plafond, l'outillage provisoire de Bône limitant nos expéditions.
La population ouvrière, descendue jusqu'au chiffre de 500 ouvriers
et employés en 1944, dépasse en 1946, 2.000 unités.
Enfin, la reconstruction des appabords de Bône a été
entreprise. Les travaux sont commencés. Et le nouvel outillage,
plus moderne, sera naturellement en progrès technique sensible
sur l'ancien. Il est conçu pour pouvoir charger en Io heures, un
cargo de 10.000 tonnes. C'est-à-dire une cadence plus que doublée
par rapport aux chargements actuels.
L'Ouenza est donc à même, dès aujourd'hui, non seulement
de regarder l'avenir avec confiance, mais d'entreprendre une réorganisation
complète de son explditation qui la mettra au niveau des exploitations
les plus modernes. C'est le projet que la Société vient
d'étudier et de mettre sur pied, à la suite d'un examen
approfondi effectué sur place par Monsieur l'Inspecteur Général
Crussard.
Pour diminuer son prix de revient un seul moyen : augmenter la production.
L'Ouenza doit donc entrer résolument dans la voie de la mécanisation.
Cette mécanisation doit être minutieusement préparée.
Elle doit tenir compte de la forme et de la nature du gisement, de ses,
conditions d'extraction, qui ne peuvent être comparées à
celles des grandes mines américaines.
Elle comportera un matériel approprié de pelles et de camions,
un matériel et des ateliers de réparations
De la sorte, le minerai pourra être extrait dans des conditions
de rapidité et, pour notre personnel ouvrier, de facilité
beaucoup plus grandes, sans que soient diminuées son exceptionnelle
qualité et sa haute teneur en fer.
Le délai de livraison de ce matériel coïncidera avec
l'achèvement des travaux de reconstruction de l'outillage de chargement
de Bône, et à ce moment la mine sera mise à même
de s'orienter vers une production annuelle de 2.500.000 tonnes, chiffre
sensiblement supérieur aux plus fortes années d'avant-guerre.
En même temps des réalisations d'intérêt social,
déjà commencées, verront également leur achèvement.
Ouenza, tapis roulant
( postérieur à 1947)
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Si, en matière d'habitat, les améliorations
ne peuvent malheureusement être acquises qu'avec une certaine lenteur
- car les maisons ne se construisent pas avec autant de facilité
et de rapidité qu'avant-guerre, par suite du manque de matériaux
et de la rareté des maçons - par contre, la question de
l'eau, question primordiale à l'Ouenza, est entrée dans
une voie de réalisation rapide.
Sans interrompre les sondages qui se ' sont succédé
depuis ces derniers mois, un projet de plus vaste envergure a été
mis sur pied.
Monsieur Yves Chataigneau, Gouverneur Général
de l'Algérie, poursuivant énergiquement son oeuvre de réalisation
sociale, a bien voulu envisager d'importants travaux qui permettront de
faire venir à Ouenza, et dans les communes intermédiaires,
les eaux de la Meskiana située à 6o kilomètres de
nos gisements.
Par ce moyen toute une région de l'Algérie, jusqu'à
présent déshéritée serait alimentée
en eau et l'Ouenza, pour sa part, pourrait compter sur un débit
de 2.500 m3 par jour.
Ainsi sera réalisée une réforme impatiemment attendue
depuis de longues années par notre population ouvrière de
l'Ouenza.
Les études sont commencées, et, d'après les prévisions
de la Direction de la Colonisation et de l'Hydraulique du Gouvernement
Général, la construction et la pose des conduites nécessaires
pourraient être achevées de façon à ce que
l'eau soit amenée à Ouenza au cours de l'année 1948.
Notre société verra donc, à peu près en même
temps, l'aboutissement de tous ses efforts.
Elle aura utilement travaillé au développement de l'Économie
Algérienne.
Roger LANGERON,
Président Directeur Général de la Société
de l'Ouenza.
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