PARALYSÉE par des circonstances économiques défavorables
nées de la guerre, l'industrie extractive algérienne, source
de revenus notables pour l'Algérie, avant 1939, progresse nettement
depuis la fin des hostilités.
Le sous-sol algérien, tout en gardant un caractère nord-africain
marqué par l'importance des phosphates, s'apparente assez à
celui de l'Espagne par la diversité et l'inégalité
de répartition et d'importance de ses gîtes. Par sa diversité,
puisqu'on y trouve des minerais de fer, de zinc, de
plomb, de mercure, de cuivre, d'antimoine, d'arsenic, des pyrites de fer,
des phosphates de chaux, du sulfate de baryum, du sel gemme, de l'amiante,
du kieselguhr.
Par l'inégalité d'importance de ses gîtes, car si
les minerais de fer et les phosphates ont pu fournir en période
normale des extractions annuelles atteignant respectivement 3.000.000
et 920.000 tonnes de produits à haute teneur, les minerais de plomb
et de zinc par contre, étant donné la dissémination
et la faible importance moyenne de leur gîte, n'ont donné
lieu qu'à des exploitations de petite envergure.
Quant aux gisements de cuivre connus, leur étendue de minéralisation
et la teneur du tout-venant extrait actuellement laissent supposer que
les minerais les plus riches ont été abattus et que l'Algérie
sera de moins en moins productrice de cuivre.
Il en est de même pour l'arsenic, l'antimoine et le mercure qui
n'ont jamais joué dans l'économie minière moderne
de l'Algérie qu'un rôle très accessoire.
L'avenir de l'industrie extractive algérienne dépendra donc
de l'allure du marché mondial, des minerais de fer, du phosphate
de chaux, des minerais de zinc et de plomb, et de l'industrialisation
de l'Algérie.
De nombreux gîtes de minerais de fer, dont les plus importants sont
ceux de l'Ouenza-Boukadra
dans le département de Constantine, du
Zaccar dans le département d'Alger et de Béni-Saf
dans le département d'Oran, sont actuellement en exploitation.
Exportés en totalité, ces minerais, qui constituent pour
l'Algérie l'un des principaux moyens de paiement pour l'étranger,
étaient vendus aux Alliés avant l'alignement monétaire
de décembre 1945 à des prix qui ne couvraient pas les prix
de revient; la différence était comblée par l'Office
Algérien du Commerce Extérieur. Le Gouve/'- nement qui a
remboursé ces déficits à l'Algérie, alloue
actuellement aux producteurs des avances sous forme d'indemnités
compensatrices à la tonne.
Les conditions d'exploitation s'améliorent nettement depuis 1945
et il convient de signaler le cas de l'Ouenza, principal centre d'extraction
du minerai de fer, dont les installations mécaniques de chargement
du port de Bône ont été détruites par les bombardements
consécutifs au débarquement allié en Afrique du Nord.
La société de l'Ouenza a réussi à reconstituer
au début de 1945 un appareil de chargement avec les débris
restant et à parfaire son installation depuis cette date.
Mines du Kouif
collection Bernard Venis
voir Le
Kouif
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La prospérité des minerais de fer algériens, dont
la production annuelle normale peut être de 3 à 4 millions
de tonnes, est étroitement liée au volume des exportations
de minerais suédois plus riche (teneur supérieure à
6o %) mais aussi plus siliceux, de minerais espagnols, et aux modifications
toujours possible de la technique. métallurgique des pays importateurs.
La création de hauts fourneaux, d'aciéries et de laminoirs
envisagée par l'Algérie en lui permettant de transformer
sur place une fraction importante de ses mineras de fer, la dégageait
en partie des sujétions d'origine étrangère et marquera
une étape définitive de son industrialisation.
Devant l'incertitude des approvisionnements en charbon, l'Algérie
attend de connaître le résultat des études métropolitaines
de réduction directe par grillage du minerai utilisant d'autres
combustibles que le charbon cokéfiable (lignites en particulier),
avant d'établir un plan définitif.
L'équipement des gîtes algériens de phosphates (Kouif-M'Zaïta)
leur permettra, dès l'amélioration des conditions économiques
actuelles, d'exporter normalement un million de tonnes. Si l'on tient
compte de ce que la production mondiale est de dix millions de tonnes
on reconnaîtra que le rôle de l'Algérie dans le marché
des phosphates n'est pas négligeable. La mise en exploitation du
Djebel Onk, qui exigera un important capital étant donné
sa situation, permet de prévoir une production annuelle supplémentaire
de 1.5 oo.000 tonnes. Elle ne saurait cependant être réalisée
avant quelques années.
Graphique
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Étant donné la dissémination des
gîtes algériens, en ce qui concerne les minerais autres que
ceux de fer et de phosphates, les frais généraux d'exploitation
se trouvent sensiblement majorés et la reconnaissance rapide des
gisements qui peuvent encore exister ne peut être laissée
à l'initiative individuelle. C'est pourquoi, afin d'augmenter le
plus possible les ressources minières de l'Algérie, le gouvernement
se préoccupe de la mise au point de plans
de recherches et de développement de la production des substances
minérales.
Des textes en préparation prévoient la création d'un
bureau national et d'un bureau algérien de recherches minières
autres que le pétrole. Ces organismes dotés de la personnalité
civile et de l'autonomie financière pourront notamment prendre
des participations dans les groupements publics, privés ou mixtes.
Ainsi l'unité d'action indispensable à la bonne marche des
exploitations minières algériennes sera obtenue sur le plan
juridique et financier.
L'Algérie ayant sous son contrôle direct l'industrie extractive
pourra poursuivre parallèlement l'expansion industrielle dans le
domaine de l'activité minière et ainsi sera réalisée,
dans le cadre du plan d'industrialisation de l'Algérie, la mise
en valeur du sous-sol algérien.
sans nom d'auteur
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