A l'instar des grandes cités de ce monde industriel,
Alger se devait de posséder, non pas un " Collège
Technique d'Arts Graphiques ", mais au moins une section d'apprentissage
des Métiers Graphiques.
L'industrie algérienne de transformation des papiers, autant
que l'artisanat du reste, se réclamaient de jour en jour d'ouvriers
de plus en plus qualifiés dans leur profession, profession qui
n'admet pas l'unique spécialisation.
C'est pourquoi la Direction générale du Travail et de
la Main-d'uvre en Algérie, sollicitée par les syndicats,
décidait d'ouvrir, dans le cadre de la Formation Professionnelle
Accélérée, le 17 juin dernier, une section d'apprentissage
des Métiers Graphiques.
Un embryon de section dont le but final parait devoir être des
plus satisfaisants devait démarrer sur-le-champ avec les seules
ressources dont elle disposait dans l'immédiat. Mais grâce
au dévouement des uns, ou désintéressement des
autres, à leur ardeur il devait connaître, dès les
premiers jours, un franc succès.
Attentifs
aux explications des moniteurs Evrard (à gauche) et Raïs
(au centre). les apprentis s'initient an fonctionnement d'une
" Monéfel" ..
|
Deux premiers stages y furent créés, destinés
à répondre aux besoins les plus impérieux de la
corporation : Un stage de formation à la profession de compositeur
typographe et un stage de formation à la profession d'opérateur
linotype.
Il va de soi que pour faire un excellent ouvrier de la profession il
est nécessaire de posséder, non seulement un esprit animé
du désir de bien faire mais aussi une instruction générale
et un niveau de connaissances universelles assez étendu. Des
qualités de goût, intellectuelles et morales doivent également
être requises, de même qu'une farouche bonne volonté
de se surpasser sans cesse.
Chaque jour dans la vie courante, le typographe puise les éléments
qui concourent à sa perfection. Aussi les principes d'éducation
mis en vigueur par la Formation Professionnelle sont-ils basés
sur la perfectibilité par la personnalité.
Faire ressortir la personnalité d'un individu et y découvrir
ses facultés propres d'adaptation est notre premier travail.
L'orientation ultérieure est subordonnée à l'état
d'esprit et à la volonté du stagiaire qui suit la progression
normale de l'enseigne-ment technique indispensable imposé par
le programme.
Dans le cas de compositeur typo, le C.E.P.E. est un minimum exigé
de même que dans celui d'opérateur lino, qui bénéficie
de la formation typographique complète et nécessaire à
la bonne exécution de sa profession. On ne saurait, il fout en
convenir, exiger moins !
Une visite médicale très sévère et un examen
psychotechnique sanctionnent l'admission au centre du stagiaire.. Un
test sur l'habileté manuelle, visuelle lui est soumis et c'est
dans une ambiance particulière et des conditions d'hygiène
remarquables que débutent les cours pratiques, avantageusement
complétés par des cours théoriques où l'histoire
du métier et les principes élémentaires de graphisme
y sont enseignés. De plus, une révision des règles
grammaticales de même que leur application en cours de travaux
a lieu périodiquement. Le goût qui est une des qualités
essentielles du bon typo, y est développé au moyen du
dessin géométrique, dessin de lettres, exécution
de maquettes et cours de perfectionnement aux Beaux Arts. L'étude
de la matière et des matériaux utilisés dans la
profession, des procédés d'impression annexes, au contact
desquels le typographe devra entrer, font également partie du
programme.
La corporation, bien sûr, n'échappe pas non plus aux lois
qui régissent les temps nouveaux et il est bien nécessaire
de préciser que dans ce domaine on ne peut se flatter d'être
un ouvrier complet auquel il ne reste plus rien à apprendre.
Cependant le but que s'est assigné la Formation Professionnelle
accélérée est de fournir, non pas un ouvrier hors
catégorie en 18 mois de stage, mais un bon demi-ouvrier capable
de satisfaire les exigences de l'heure, tant par sa qualification que
par son souci d'exercer un métier noble et de tradition, dont
il pourra être fier.
La section envisage, d'autre part, la publication et la diffusion ultérieure
d'un bulletin mensuel préparé avec la collaboration des
maîtres-imprimeurs d'Alger, des élèves du centre
et de l'administration, relatif au fonctionnement des cours et aux travaux
d'élèves. Il comprendra également nombre d'articles
techniques intéressant l'ouvrier d'imprimerie et le chef d'entreprise.
R. EVRARD
Signalons ici les initiatives heureuses de MM. Bonnefois, directeur
départemental du Travail et de la Main-d'uvre, Longchamp,
inspecteur divisionnaire du Travail, et Blancord, secrétaire
général des maîtres imprimeurs. Nous n'aurions garde
d'oublier M. Godart, le dévoué directeur du Centre de
métallurgie d'Alger.
D'ores et déjà, la section dispose d'un capital machines
s'élevant à environ 3 millions et d'un matériel
plomb évalué à 4 millions.
Durant leur stage, prévu pour 18 mois les apprentis perçoivent
un solaire mensuel de 13.000 fr. Il s'y ajoute une prime d'assiduité
de 1.500 francs payable en fin de stage et consacrée à
l'achat de matériel personnel nécessaire à l'exercice
de la profession. Des sondages actuels permettent de chiffrer à
70 environ le nombre de postes à pourvoir de personnel qualifié.
La direction de cette section a été confiée à
M. Evrard, moniteur-chef, ancien élève de l'école
Estienne et du Cercle de la Librairie, secondé par deux moniteurs
: MM. Ruggia et Raïs.
Actuellement, la section est implantée au 66, de l'avenue de
la Bouzaréah, en attendant l'achèvement des locaux dont
elle dispose au Centre de métallurgie d'Alger, à Ben Aknoun,
où l'on envisage l'institution d'un régime d'internat
pour les apprentis venant de l'intérieur.