École normale, la Bouzarea(h)
POUR RENDRE HOMMAGE AU CORPS ENSEIGNANT DE L'ALGÉRIE
Le gouverneur général Léonard a partagé le repas d’adieux des normaliens de Bouzaréa

Echo d'Alger du 10-6-1953 - Transmis par Francis Rambert

POUR RENDRE HOMMAGE AU CORPS ENSEIGNANT DE L'ALGÉRIE
Le gouverneur général Léonard a partagé le repas d’adieux des normaliens de Bouzaréa

S'adressant aux futurs instituteurs il a déclaré:
“ Si de tous ces enfants la loi a fait des petits Français, ce n est que par vous qu’ils se sentiront des Français L’École Normale de Bouzaréa. La plus ancienne, la plus importante école d’élèves-maîtres de l’Afrique du Nord. N’a-t-elle pas été fondée en 1865 ? Mais sa consécration date de son transfert du Musée des antiquités aux collines de Bouzaréa.

« L’institution, a dit très justement M. Renaud, son directeur, qui a fait le plus pour le rayonnement français en Afrique. »

Ses anciens ont essaimé en Algérie, bien sûr, mais aussi au Maroc, en Tunisie, en Afrique noire.

Ici sont sortis les pionniers de l’enseignement primaire. Les anciens ont fait œuvre d’apostolat caractérisée, comme l’a également rappelé M. Renaud, par l’hommage rendu par le centre municipal de Taourirt-Mimoun, village kabyle, envers le premier maître français qui y ait exercé : M. Verdi.

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POUR RENDRE HOMMAGE AU CORPS ENSEIGNANT DE L'ALGÉRIE
POUR RENDRE HOMMAGE AU CORPS ENSEIGNANT DE L'ALGÉRIE
POUR RENDRE HOMMAGE AU CORPS ENSEIGNANT DE L'ALGÉRIE
Le gouverneur général Léonard a partagé le repas d’adieux des normaliens de Bouzaréa

S'adressant aux futurs instituteurs il a déclaré:
“ Si de tous ces enfants la loi a fait des petits Français, ce n est que par vous qu’ils se sentiront des Français L’École Normale de Bouzaréa. La plus ancienne, la plus importante école d’élèves-maîtres de l’Afrique du Nord. N’a-t-elle pas été fondée en 1865 ? Mais sa consécration date de son transfert du Musée des antiquités aux collines de Bouzaréa.
« L’institution, a dit très justement M. Renaud, son directeur, qui a fait le plus pour le rayonnement français en Afrique. »

Ses anciens ont essaimé en Algérie, bien sûr, mais aussi au Maroc, en Tunisie, en Afrique noire.

Ici sont sortis les pionniers de l’enseignement primaire. Les anciens ont fait œuvre d’apostolat caractérisée, comme l’a également rappelé M. Renaud, par l’hommage rendu par le centre municipal de Taourirt-Mimoun, village kabyle, envers le premier maître français qui y ait exercé : M. Verdi.

« Ils avalent une fière trempe, ces maîtres. Ils accomplissaient un acte de foi en l’avenir de ce pays. Ils ont élevé à l’humanité des hommes qui, sans eux, croupiraient encore dans leur misère intellectuelle. Ils ont éduqué, instruit des enfants, conseillé des familles. Partout, a ajouté le directeur de Bouzaréa, leur trace est vivace...»

Ecole Normale de Bouzaréa. Un foyer de formation de la pensée française. Une école d’hommes aussi. Tous ceux qui y sont passés ont été marqués. « Ils ont l’esprit de Bouzaréa. » Un esprit fait de solidarité, de foi et d’amour du métier.

Ici commence une longue amitié, au sein d’une grande famille. »

Les élèves-maîtres s’y forgent surtout une âme commune. Un hommage au corps enseignant

Pour la première fols depuis qu’il assume les lourdes et délicates fonctions de gouverneur général de l’Algérie, M. Roger Léonard a pris contact avec l’école Normale de Bouzaréa.

Visite ayant revêtu une grande importance du fait que trente-neuf normaliens et cent vingt sectionnaires arrivés au terme de leurs études donnaient leur repas d’adieux à leurs professeurs, à la « vénérable école ». Repas auquel ils avaient convié le gouverneur et différentes personnalités.

« C’est un jour unique pour Bouzaréa, devait dire M. Renaud, en recevant le gouverneur, un grand honneur que vous nous faites. Nous en apprécions le privilège. »
« Votre geste, ajoutait par ailleurs le recteur Gau, dépasse le cadre de l’école Normale et sera ressenti par tout l’enseignement primaire. »

« Par l'esprit et par le cœur »

« Nous ne voulons pas douter des jeunes. Ne croyez pas que tout a été fait, que tout a été dit. La tâche qui s’offre à vous, a dit M, Burkhardt, vice-président du conseil général, mais surtout ancien élève de l’École, en s’adressant aux promotionnaires, n’est pas des plus riantes, mais elle est terriblement prenante. Vous ne trahirez pas l’œuvre de vos devanciers. Quand on a reçu l’empreinte de Bouzaréa, c’est pour la vie. »
« Ici, devait ajouter le président Laquière, vous aurez davantage à faire qu’un maître dans la métropole. C’est un apostolat que vous commencez. Vous êtes les dépositaires de la pensée française. »

Et M. Lemoine, représentant le président Farès, après avoir affirmé le vif intérêt que l’Assemblée algérienne porte à la scolarisation, a souhaité que les jeunes maîtres sentent, la beauté de leur métier.

Certitude d’ailleurs que le majorde la 4e année avait exprimée, au nom de ses camarades, en affirmant « leur volonté d’être des maîtres zélés pour apporter le rayonnement de la pensée française à tous, dans les bleds les plus reculés ».
« ...Demeurer fidèles à l'esprit de Bouzaréa... »

« Depuis longtemps j’avais le désir de visiter votre école, de prendre contact avec ses élèves, comme avec ses maîtres, de rendre hommage à l’œuvre qui s’y poursuit, a notamment déclaré le gouverneur.

A la vérité, votre école ne m’était pas tout à fait inconnue.

Au cours des visites que j’ai faites dans les régions les plus diverses de l'Algérie, c’est un peu de l’âme de Bouzaréa qui s’était révélée à moi dans toutes ces écoles où « on fait de la France ».

Mais ce ne pouvait que m’être un motif de plus de monter sur votre colline où tant, de générations de maîtres se sont formées et qui, sous l’impulsion d’un corps de direction, de professeurs attachés à leur apostolat, à qui je tiens à rendre un public hommage, demeure dépositaire d’une tradition déjà longue que le cœur autant que l'esprit, a contribué à créer : tradition hautement, française parce que largement, humaine, ouverte à tous, soucieuse de tous. »

S'adressant plus spécialement aux élèves-maîtres, le gouverneur général, en termes élevés, a défini les fonctions délicates et prépondérantes de l’éducateur. Une fâche exaltante...

« Apporter aux petits les clés de leur royaume, a-t-il poursuivi, leur révéler les ressources de leur esprit, leur apprendre à se servir des signes par quoi la connaissance se transmet et se conserve, leur donner le goût de comprendre, et par là d’aimer et d’agir, et tout cela par 1e don des seules richesses de sa pensée et de son cœur, est-il, en vérité, uns mission plus exaltante, d’aussi authentique noblesse ? »
M. Léonard a mis ensuite en valeur la responsabilité que cette œuvre impliquait « car l’enseignement n’est pas une fin en soi, il doit être une initiation à la vie ». Mission qui revêt encore ici un surcroît de noblesse car elle répond à des besoins plus grands et plus difficiles à satisfaire.

« En Algérie, les enfants qui vous sont confiés, a-t-il ajouté, appartiennent à des groupes ethniques qui ont, au cours des âges, connu des destins différents ; ils sont les héritiers inconscients de traditions et de mystiques diverses. Pour beaucoup l'école doit les prendre alors qu’ils ne connaissent aucun rudiment de la langue dans laquelle et par laquelle Ils seront instruits, rien ne les a préparés à l’enseignement qu’ils vont y recevoir et l’action du maître ne trouve aucun prolongement dans le milieu familial.

Et de tous ces enfants, si démunis et si divers, il vous appartiendra de faire des hommes, des hommes qui, sans rien renier des sagesses anciennes qu’ils portent en eux et qui demeurent le nécessaire support moral de leur existence, seront, mieux que leurs pères, armés pour la vie, mieux adaptés à la civilisation moderne, plus aptes à exploiter leurs chances et leurs dons dans le cadre de la vie française. Si de tous ces enfants la loi a fait des petits Français, ce n’est que par vous qu’ils se sentiront Français, ce n’est que par vous qu'ils sentiront que leur destinée ne peut nulle part mieux s’épanouir que dans le cadre de la communauté nationale. Par vous ils éprouveront que, riche déjà de tant de diversités, la France ne fait qu’obéir aux lois de son génie en leur tendant ses bras. C’est sous vos traits que leur apparaîtra la patrie qui leur est offerte. » « ...Créer de l'humain... »

Dans sa conclusion, M. Roger Léonard a invité son jeune et attentif auditoire « à se donner tout entier au beau métier qui l’attend, à ces jeunes cœurs, à ces jeunes intelligences que vous devez former. Prolongez votre action en dehors de l’école ; au delà des enfants, allez vers les familles, forts de la confiance que spontanément elles vous portent, vous pouvez leur faire tant de bien,.

Créer de l’humain, créer dans la joie, en ces mots qui, selon d’Annunzio, contiennent à eux seuls le rayonnement d’une aurore, peuvent, doivent se rassembler les principes de la grande œuvre où vous vous engagez. Je ne pense pas qu’il en puisse être de plus noble, de plus exaltante pour de jeunes hommes. » Les personnalités

Autour de M. Renaud, on notait également : MM. Delpretti, intendant général ; Simon, inspecteur-professeur ; Puget, professeur ; Postel, directeur de la section adaptation ; Mazier, directeur de l'école annexe.

S'étalent joints au gouverneur général. outre les personnalités déjà citées : MM. Trémeaud. préfet d’Alger ; Essartier, maire de Bouzaréa ; Evesque. Prigent, vice-recteurs ; Marenco, inspecteur d'académie ; Laurens, secrétaire général du Syndicat des instituteurs ; Pestre. président de l'Amicale des anciens élèves de l’École normale.