POUR SA DERNIÈRE VISITE OFFICIELLE
EN ALGÉRIE
M. NAEGELEN a inauguré à El-Affroun la place Gaston-Averseng
Le préfet a visité la coquette et moderne cité dans
l'après-midi
" Je souhaite que tous
les Algériens qui fréquentent les mêmes écoles
travaillent avec le même esprit et le même cur. Il faut
que le deuxième centenaire se déroule au sein d'une grande
famille solidement unie. "
C'est à l'occasion du centenaire d'El-Affroun, le 14 novembre 1948,
que e Gaston Averseng prononçait ces paroles. et M. le ministre
Naegelen affirmait : " Jamais la France ne renoncera à l'Algérie.
parce qu'elle laa fécondée de son sang, de sa sueur, de
son travail et qu'elle a conquis tant d'amitiés fidèles,
qu'elle croirait trahir si elle l'abandonnait. Ayez confiance, nous ferons
ce qu'il
faudra faire ".
Et deux ans plus tard. c'est à El-Affroun que, voulant rendre hommage
au grand réalisateur que fut M. G. Averseng, M. Naegelen est venu
faire sa dernière visite officielle.
L'arrivée du gouverneur
Il est 11 h. 30 lorsque le gouverneur général et Mme Naegelen,
accompagnés du capitaine Granger, et M. Roux, préfet d'Alger,
arrivent sur la place qui porte maintenant le nom de Gaston Averseng.
Ils sont recus par MM. Jack Averseng, maire, Fernand Chevalier, député,
Mme Chevalier, MM. Imalayène, délégué à
l'Assemblée algérienne ; Rosfelder, conseiller de l'Union
française ; Delahaut, sous-préfet de Blida ; Vegler, les
colonels Dutaret. Defavadère et le commandant; Intertaglia.
Le gouverneur salue le drapeau du 1°' R.T.A., tandis que la nouba
exécute la " Marseillaise " et que des détachements
de tirailleurs présentent les armes.
Puis M. Naegelen se rend au monument aux morts d'Afrique, où il
dépose une gerbe de fleurs. Il va ensuite saluer les anciens combattants,
les personnalités, les instituteurs et institutrices.
A la mémoire de Gaston
Averseng
Le cortège officiel gagne la mairie où la municipalité
est présentée au gouverneur. M. Jack Averseng rappelle alors
la vie et l'uvre de son père qui a légué le
plus bel héritage spirituel qui soit et poursuit:
" Tout ce qui reste à faire, et il reste toujours quelque
chose à faire ou à parfaire, ne peut être entrepris
que si l'on a l'audace de se croire habité par une force supérieure
aux événements. Cet élan, qui s'empare de nous et
nous porte en avant, est en quelque sorte le sens exact de la justice
et de la charité que tout membre de la société doit
avoir. Cette force, qui habita durant toute sa vie le cur de mon
père, nous habite aujourd'hui. Aujourd'hui, nous comprenons mieux,
pour en assumer les responsabilités, le rôle qu'il a joué.
Mais Gaston Avrseng n'est pas mort si l'on considère que l'uvre
de l'homme, la cause de l'homme, lorsqu'elle est ce qu'elle devait être,
se perpétue et le perpétue quand lui-même n'es' plus.
"
Le maire d'El-Affroun souhaite la bienvenue à M. Roux et remercie
M. Naegelen d'être " venu rendre une dernière visite
à Gaston Averseng " qui avait pour lui la plus vive admiration
et un sentiment d'affectueuse amitié. Il conclut:
" Au moment ou ce médaillon de bronze fixe à jamais
les traits du visage de ce grand Algérien dont
nous honorons la mémoire, M. le Ministre, allez vous éloigner
un peu de nous. Je dis un un peu car je sais que de tout votre cur
vous resterez attaché à la terre algérienne. Ce que
je disais tout à l'heure pour mon père je puis bien le redire
pour vous, M. le Ministre, car, dans le fond, n'avons-nous pas tous les
mêmes aspirations, le mème unique idéal, c'est-à-dire
donner le meilleur de nous-même à la France, que ce soit
à El-Affroun, à Alger, à Strasbourg ou à Paris.
"
M. Yaya Chérif M'hamed, vice-président de la Cultuelle musulmane,
dit ensuite sa fierté d'associer
la population musulmane à cette manifestation du souvenir et de
la reconnaissance. Il rend hommage à la mémoire de Gaston
Averseng " qui a toujours montré le vrai vlsage de la France
et fut un exemple ple de justice et de fraternité ".
A son tour. M. Fernand Chevalier remémore " tout ce que l'on
doit au disparu, grâce a ses initiatives courageuses et hardies.
Il fut un homme de cur et un administrateur hors de pair. Pour les
jeune générations, il fallait que le nom de celui qui présida
trente ans aux destinées de la commune soit gravé en lettres
d'or ".
S'adressant enfin au gouverneur, il remercia " le grand Français,
le grand Algérien. pour l'uvre qu'il a accomplie au cours
de son trop court séjour en Algérie ".
M. NAEGELEN
" Il y a trois ans. pour commémorer le centenaire de votre
commune, j'étais venu parmi vous apporter à El-Affroun le
salut du gouvernement.
C'est, avec une émotion manifeste que j'y avais été
accueilli par M, Gaston Averseng, souffrant déjà dans sa
chair, mais supportant, avec une résignation admirable, une douleur
qui n'enlevait rien à son lucide rayonnement intellectuel.
Le temps a passé, une fatalité cruelle l'a marqué
de son sceau, et je n'oublie pas qu'il y a un an, je revenais parmi vous,
me mêler à votre deuil et rendre à M. Gaston Averseng
un suprême et officiel
hommage en même temps que je payais une dette à l'amitié.
C'est par M. Jack Averseng, son fils, que je suis reçu en cette
journée, où il convient. après avoir
donné au recueillement ce qui lui était dû, de perpétuer
avec éclat le souvenir de votre grand disparu
et de rappeler aux jeunes que l'Algèrie n'est ce qu'elle est, que
par la volonté et le sens social d'hommes à sa mesure.
Et de pareils hommes, nous les souhaitons nombreux pour l'avenir de l'Algérie
".
Après avoir exalté l'uvre municipale, économique
et sociale de M. Averseng, le gouverneur général poursuit
:
" Il avait compris ce que tout chef doit, comprendre, que dans la
vie collective moderne, l'individu
n'est pas une fin en soi et qu'à tout prendre le bonheur d'un homme
n'est que la mesure de son apport au bonheur de tous.
Et son bonheur fut grand si on le juge à la somme des bienfaits
qu'il répandit autour de lui.
Il savait aussi, avec une autorité grandie de l'exemple qu'il donnait
lui-même, mettre en garde les
Pouvoirs publics avec une sévérité qui faisait réfléchir.
Partisan d'une politique d'étroite collaboration franco-musulmane,
il ne voulait pas qu'a la faveur de certaines propagandes ou de certaines
faiblesses, le mot de collaboration puisse servir à couvrir des
manuvres qui n'aboutissaient, en fait, qu'a favoriser la sécession.
Je ne pouvais souhaiter, pour dire encore une fois mes vux ardents
pour la communauté algérienne, un patronage d'une plus digne
autorité, que la mémoire de celui que nous célébrons
aujourd'hui.
Je vous le donne en exemple - il ne saurait y en avoir de plus grand -
pour poursuivre ici cette politique résolue à laquelle je
m'étais attaché, cette politique qui, par une collaboration
fraternelle entre les divers éléments ethniques de la population,
fera l'Algérie plus belle encore, saura élever le niveau
social de tous, mais ne permettra jamais que soit remise en question l'intégration
de l'Algérie dans la communauté française, qui seule
d'ailleurs lui permettra de vivre son généreux
destin. "
Puis le gouverneur dévoile le bronze représentant Gaston
Averseng et une plaquette ou l'on peut lire :
" Le conseil municipal et la population d'El-Affroun à Gaston
Averseng, bienfaiteur et maire de la commune de 1919 à 1950 ".
Il salue ensuite Mme Vve Gaston Averseng.
A la salle des fêtes
Après avoir inauguré la place Gaston-Averseng et la cité
Jardin, magnifique réalisation des associations agricoles, les
autorités se rendent à la salle des fêtes où
un repas offert par les associations agricoles d'El-Affroun est servi
par le traiteur Charles Baroli,
Au dessert, M. Fernand Chevalier, dans une courte allocution, rend hommage
une fois encore à M. Naegelen, " qui est de la lignée
des grands gouverneurs généraux ". Le président
des associations agricoles souligne alors l'uvre accomplie par les
agriculteurs à El-Affroun, associe aux uvres mutualistes
les uvres sociales et dresse le bilan des caisses régionales.
Enfin. le gouverneur général déclare que répondant
à l'appel de son cur, il continuera à consacrer le
meilleur de lui-même à l'Algérie.
" Nous ferons ensemble une province française de plus en plus
belle, de plus en plus forte. Je resterai avec vous comme le membre d'une
grande famille qui veut continuer à agrandir et embellir le patrimoine
familial. "
Le gouverneur et Mme Naegelen ont ensuite regagné Alger.
La visite du préfet
Dans l'après-midi. M. Roux, préfet d'Alger, a visité
l'école professionnelle , la mosquée, les bains-douches,
le marché, la cité indigène, le centre de formation
des ouvriers du bâtiment, l'hôpital, le stade. les H.B.M.
européennes, le nouveau groupe scolaire, la tabacoop et la viticoop.
A 18 heures. un apéritif était offert à la population
à la salle des fêtes.
Le matin, les associations agricoles avaient tenu leur assemblée
générale, sous la présidence de M.
Fernand Chevalier.
Les personnalités
Parmi les nombreuses personnalités qui assistaient à ces
manifestations, nous avons noté, outre celles déjà
citées : MM. le docteur Abadie, conseiller du Gouvernement ; Froger,
Arnat, Imalayène, Baretaud, délégués à
l'Assemblée algérienne ; Barbut, inspecteur général
de l'Agriculture ; Vegler, président de la Fédération
des exploitants agricoles ; Guelatti. président des S.I.P. ; Lamy,
président de la C.G.A. (Alger) ; Sicard. président de la
C. G. A. (Oran) ; Lebeau, directeur de la C.A.C.A.M. ; : Robert, ancien
président des Délégations financières ; Martel,
conseiller général ; de nombreux maires de la région
; le colonel Debay ; Ribes, Peyronnet, Réalini. l'abbé Blanc,
etc... ,
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