El-Achour en 1900 et
le sacrifice du maréchal des logis-chef Toulis en 1962
par Edgar Scotti
Situé à 12 km d'Alger, ce centre du Sahel
a été créé en 1842 sur les 820 ha en coteaux
d'une ferme domaniale où jaillissent les sources de l'oued Kerma.
Les températures évoluent entre 7 °C. au-dessus de 0
en hiver et 38 °C en été.
En 1900, El-Achour était relié par les chemins d'intérêt
communal n° 11 et n° 16 aux villages de Delly-Ibrahim et Chéragas
au nord, de Draria au sud et d'Ouled-Fayet à l'ouest.
Chef-lieu de commune de plein exercice de la banlieue d'Alger, El-Achour,
département d'Alger, avait 349 habitants en 1887, 399 en 1900,
439 en 1908.
Administration municipale en 1900
Le conseil municipal élu était présidé par
un maire désigné par les suffrages des conseillers municipaux.
Maire : Adolphe Saint-Raymond;
adjoint: M. Augé-Fulcrand; secrétaire de mairie: Oscar Tonat;
garde-champêtre: Coquand ; médecin: Dr Babilée; curé:
abbé Chovet; institutrice à l'école mixte: M"'
Guillet; géomètre: Oscar Tonat.
Artisans et commerçants en 1900
Situé sur la route d'accès aux villages du littoral, El-Achour
offrait aux voyageurs, auberges et restaurants tenus par Mmes veuves Curé,
Chaquet, et Robin.
À la suite de leur veuvage, ces personnes ouvrirent des établissements
hôteliers dont elles assurèrent avec courage le fonctionnement,
parfois aidées de leurs enfants.
En raison de la proximité immédiate d'autres centres du
Sahel algérois, les habitants et agriculteurs d'El-Achour recouraient
aux services de leurs artisans et commerçants.
Agriculteurs - viticulteurs en 1900
Situés à une altitude d'une centaine de mètres, les
sols du " Fahs " d'Alger étaient propices à la
culture de la vigne dont les 320 ha de carignan, cinsault, faranah, muscat
et chasselas produisaient 1 600 hectolitres de vin d'une grande finesse
qui faisaient sa renommée depuis plusieurs années. En raison
des limitations imposées au développement du vignoble, les
agriculteurs s'orientèrent vers la production de légumes,
fruits et raisin chasselas " primeurs " qui, dans ces terres
légères, sous réserve d'une protection contre les
vents desséchants, mûrissaient bien avant ceux de métropole.
MM.: René Ross, Benoît Mascaro, Michel Marquès, Michel
Covès, Régis Favier, François Raynal, Simon Covès,
André Mayence, Tabet, Antoine Pedro, Molinès, Dupperot,
Lacoste, Pellegri, Raphaël Süner, Nadal, Guillaume Ferrer, Jacques
Bonnet, Guillaume Bonnet, Jules Long, Raphaël Siffré, Simon
Nadal, Barthélemy Mas, Michel Nadal, Anjoubault, Jules Arnaud,
Helmstetter, Jouffrain, Fulcrand Augé, Martz, Delhomme, Justin
Chansaud, Lucien Robin, Pierre Bergeron, Féménias, Jules
Convert, Majurel, Wargnier, André Poulain, Mmes veuves Sappey et
Bonnet.
El-Achour dans les années 1950
Sa population de 533 habitants était répartie entre le village
et les petites fermes de quelques hectares qui l'entouraient. Sur la route
des plages, les Algérois traversaient le centre avec son église
et son monument aux morts surmonté du coq gaulois.
El-Achour était desservi depuis Alger par les autobus Galiéro
dont le point de départ se trouvait devant le " Café
de la Poste " au 5 de la rue de
Strasbourg.
Quant aux autocars Seyfried et Cie, ils stationnaient quai nord en face
du " Café du lion d'or ". Les villages de Baba-Hassen,
Birkhadem, Crescia, Dely-Ibrahim, Douéra, Draria, El-Achour et
Saoula jalonnaient leur itinéraire.
Le sacrifice du maréchal des logis-chef
Toulis
En juillet 1962, comme de nombreux monuments aux morts d'Algérie,
celui d'El-Achour fut détruit à la pioche, et le coq fièrement
dressé sur ses ergots criblé de balles. Au moment où
il tentait de récupérer ce symbole le maréchal des
logis-chef Toulis tomba sous les balles de ceux qui saccageaient le monument
érigé à la mémoire de tous les enfants de
ce petit village du Sahel d'Alger, morts pour la France.
Cet oiseau emblématique et sa plaque sont aujourd'hui à
Besançon, dans les jardins de la promenade Micaud, à proximité
immédiate d'un monument érigé en mémoire de
tous les civils et militaires inhumés dans les anciens territoires
français d'Outre-mer au terme d'une vie généreusement
consacrée à la grandeur de la France. Ce parc Micaud est
accessible par la place de la 1ère armée française.
Cette note est un hommage rendu à la mémoire de tous ceux
qui créèrent ce village ainsi qu'à celle du maréchal
des logis-chef Toulis, qui est mort pour avoir simplement voulu sauvegarder
un symbole national.
Cette évocation destinée aux lointains descendants des créateurs
d'El - Achour et aux parents du courageux maréchal des logis-chef
Toulis permet de mesurer à l'aune du présent, la reconnaissance
de la valeur des sacrifices consentis.
o
L'auteur avait exprimé ses sentiments
de bien vive gratitude au Dr Georges Duboucher, ainsi qu'à M. Jacques
Piollenc qui avaient mis à sa disposition de précieuses
archives personnelles.
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