AUX
ÉCHOS D'ALGER ÉDITORIAL DE MARS 1996 NUMÉRO 52
A l'approche du printemps, nous avons envie de renouveau.
Le climat, le soleil, l'environnement, tout est propice au changement...
mais pas pour tous...
Pour nous, le printemps 1996, ressemblera aux printemps qui l'ont précédé
depuis 1962 promesses, attente, discrimination encore et toujours, mensonges,
indifférence, souffrance...
Nous continuons à être touchés dans notre mémoire,
notre vie, notre honneur.
C~est au travers d'un innombrable courrier que mes compatriotes confirment
notre désarroi. Que pouvons-nous répondre ? Quel est notre
pouvoir? Tous ceux qui nous représentent en haut lieu, le savent
bien, mais depuis 34 ans, les passes-droits ou encore moins les interventions
personnelles, ne nous ont pas aidés. Nous réagissons dans
nos associations ; nous nous unissons à des mouvements de défense.
Mais pouvons-nous défendre une cause qui a tout contre elle?
Afin de laisser des témoignages, beaucoup d'entre nous, écrivent
NOTRE HISTOIRE. Malheureusement, ces documents sortent très peu
du cercle de notre Communauté. Alors que la désinformation
a droit de cité.
C'est ainsi qu'une publicité est encore faite sur le livre du général
KATZ, dans lequel ce félon explique que " Oran fut le théâtre
tragique d'une violence inouïe déclenchée par ceux
qui espéraient encore que l'Algérie demeurât française...
" Ce livre odieux est d'après la critique " L'honneur
de la gendarmerie apportant une contribution importante à l'histoire
de notre institution " !!! Quelle institution ?
Tout cela pour parler des fameux gendarmes mobiles envoyés pour
nous faire changer d'avis...
Nous apprenons aussi par un journal ami que " Le général
BOISSONNET, gardien d'Abd-Fl-Kader, lit à son prisonnier un texte
rédigé par Louis-Napoléon où la France alloue
un traitement de 100.000 F le 16 octobre 1852. Abd-El-Kader retourne en
Syrie, la France lui verse régulièrement sa pension. Cette
pension avait été portée à 150.000 F. "
L'auteur Pierre MONTAGNON dans son ouvrage " Les germes de la discorde
1830-1871 ", précise encore un rapport de la Cour des Comptes
signalait qu'en 1979, cette rente versée aux héritiers s'élevait
à 1.300.000 F, nouveaux, bien sûr!
Qui sont ces héritiers ? Où vivent-ils ?
Et dire que les caisses sont vides pour indemniser nos compatriotes!
Depuis 34 ans, pas un mot sur la profanation de nos cimetières,
là-bas... sauf le 12 février dernier, dans le Méridional
qui rapporte des informations du quotidien HORIZONS .... le squelette
des morts fait l'objet de jouets entre les mains de certains écoliers
(!)"
L'opinion ne s'émeut pas de ces faits, de notre souffrance? C'est
à une heure de France que depuis 34 ans les tombes de nos ancêtres
sont profanées, que notre mémoire est profanée.
C'est vrai, que nous ne sommes que 3.000.000 de déracinés.
Face au monde, c'est peu!
Vous voulez que l'on parle de renouveau?
Francette MENDOZA
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