-Éditoriaux de l'année 1994

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éditorial mars 1994

AUX ÉCHOS D'ALGER ÉDITORIAL DE DÉCEMBRE 1994 NUMÉRO 49

Notre journal est trimestriel comme le sont les saisons, mais elles, avec le changement de climat, de température, de tenue vestimentaire.., cela va de soi.
S'il y a une chose qui ne change pas dans " Aux Échos d'Alger", c'est notre ligne de conduite celle que notre exil nous a forcé d'adopter et qui est composée très souvent d'écoeurement face à tout ce qui nous entoure.
"Aux Échos d'Alger" ne suffiraient pas à insérer tous les courriers que nous recevons, toutes les interventions faites par des mouvements de défense de notre communauté.
Le fait est certain, nous nous battons contre du vent.., le vent de l'histoire... l'histoire dont la page est tournée pour tous les dirigeants, depuis bien avant 1954.
Nous faisons office d'anciens combattants d'une guerre très lointaine dont l'ennemi n'était pas celui que l'on croyait, mais celui qui nous étouffe, en l'occurrence celui que nous avons défendu pour qu'il reste libre.
En retour qu'avons-nous, nous et tous ceux qui nous ont défendus ? Indifférence.

Les 40 ans du début de la guerre d'Algérie (pardon. événements) ont fait l'objet de rétrospectives dans de nombreux journaux et nous avons pu revoir à la une de l'Écho d'Alger du 7 et 8 novembre 1954, un titre très engageant pour l'époque :

Le Président de la République actuel, alors ministre de l'lntérieur en visite dans les Aurès, déclarait " l'Algérie c'est la France et la France ne reconnaîtra pas chez elle d'autre autorité que la sienne... "

Aujourd'hui, nous pouvons dire " la France c 'est le Maghreb et le monde, et reconnaît chez elle d'autre autorité que la sienne~ (sauf celle des Français).

Un autre document exclusif et qui fait mal, car même si nous en étions persuadés, le doute pouvait subsister, nous confirme que cette France que nous avons libérée il y a 50 ans cette année grâce à l'Armée d'Afrique et aux Alliés, cette même France avait donné l'ordre le 26 mars 1962, de tirer sur cette population qui voulait rester française.

1954-1994 40 ans. Il faut marquer l'événement Le Directeur de la société distributrice de vin Sidi-Brahim a diffusé pour l'occasion une "cuvée spéciale 40è anniversaire"... Quelle honte !

Que penseraient nos compatriotes métropolitains si l'on vendait du vin allemand portant la croix gammée et commémorant la guerre ?

F. Mendoza

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AUX ÉCHOS D'ALGER ÉDITORIAL DE SEPTEMBRE 1994 NUMÉRO 47

Voilà l'été qui se termine. Pour certains, cette saison est synonyme de vacances, de baignades, de retrouvailles familiales.., de dépaysement
Pour l'Amicale, seules les permanences ne sont pas assurées, mais le "noyau laborieux" continue ses activités associatives chez lui, ceci afin de prévoir des retrouvailles amicales, des voyages et surtout la préparation de notre journal. Mais avoir un but n'est-ce pas cela l'essentiel et notre but c'est vous, c'est le maintien de notre Communauté pour laquelle nous continuons à oeuvrer.
Dans le dernier numéro des "Échos d'Alger" nous parlions de l'engagement pris par des représentants d'associations pour mener les problèmes - non résolus - de nos compatriotes~ vers le Parlement Européen. Vous avez été très peu nombreux à crier "casse-cou", mais cette liste européenne aura permis d'avoir confirmation de ce que nous savions déjà le rejet des Français d'Algérie par les gouvernements français. Nos problèmes mourront donc avec nous si nous ne réagissons pas.
Durant cet été, beaucoup d'événements se sont produits, gais et moins gais, dans le monde, à côté de nous... Nous y avons pris part, malgré notre besoin d'évasion de tous les tracas quotidiens. Mais s'il est une chose qui nous réchauffe, c'est votre fidélité, votre attachement à nos racines et à l'Amicale qui les maintient nous allons vers un même chemin. Mais lequel diriez-vous ? car notre chemin est un cul-de-sac... tant que la reconnaissance nationale ne nous aura pas réhabilités.
!
Mais ça, c'est une autre histoire Il y a dans notre Communauté tellement de diviseurs, tellement de passe-droits, que la "masse" sera toujours oubliée au profit d'une poignée.
…et pendant ce temps, l'Algérie, ce pays, qui est si cher à nos coeurs, et les gens qui la peuplent s'entre-déchirent et, arrivent en masse et en roi sur une terre dont ils n'ont plus voulu la "souveraineté".
N'étaient-ils pas dans un département français jusqu'en 1962 ? profitant de tout, après l'indépendance, mais en conservant, pour beaucoup
d'entre eux, la double nationalité. Ne se sentent-ils pas Français tout à coup après avoir oeuvrer contre la France et pour leur indépendance Ne sont-ils pas en train de "faire analyser" les accords d'Evian par des juristes algériens - et peut-être français ? - pour obtenir l'application des lois d'avant 1962 et notamment la libre circulation des gens et des biens?
Nous voilà avec de nouveaux rapatriés pour qui l'état nous demande la plus grande attention, le meilleur accueil, pour les aides financières, le logement et j'en passe.
Peut-on oublier le déchirement et l'accueil qui nous a été réservé en
1962?
Nos historiens, nos écrivains, nos chanteurs sont "muselés", par contre ne voit-on pas fleurir dans nos régions de grandes journées dédiées aux écrivains du Maghreb criant leur haine très souvent, de la France et des Français...
N'a-t-on vu à la "une" d'un journal régional à la terrasse d'un café d'Aigues-MorteS une photo de quelques écrivains, anciens FLN, avec au second plan la statue de St-Louis, mais demandant asile à la France en expliquant leurs "malheurs"..
Ce bon St-Louis parti pour les Croisades doit se retourner dans sa tombe!
N'entendons-nous pas en catimini que la France vieillissant et n'ayant pas un taux de natalité important, doit absolument se repeupler !!! Par qui?
Toutes les constatations ne changent rien à notre égard, mais cela fait du bien d'en parler entre nous. Ne voyez en rien des propos racistes de ma part, mais simplement un constat permanent et un déchirement qui ne nous quittera jamais.
Francette Mendoza

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AUX ÉCHOS D'ALGER ÉDITORIAL DE JUIN 1994 NUMÉRO 46

Savez-vous que 1995 devrait être la fin du "problème rapatriés" ? Savez-vous que 1995 devrait nous "faire accéder au droit commun" (droit identique pour tout citoyen Français) ?
Pour les Français hors d'Algérie, c'est vrai qu'après 32 ans, nous devons être totalement intégrés dans cette Mère Patrie.
Mais comment pouvons-nous accepter cela, tant que tous les litiges n'auront pas été traités, c'est impensable...
Nous avons été lésés depuis le début des "événements d'Algérie".
"Evénements d'Algérie".., alors qu'en fait c'est le mot "guerre" qui aurait dû être employé. Cette appellation a permis à tous les gouvernements qui se sont succédés de ne pas appliquer les lois qui auraient été plus justes à notre égard.
C'était rendre inextricable le problème des Anciens Combattants, des orphelins, des veuves de guerre, des pupilles, des disparus, des dommages et intérêts causés par cette guerre d'indépendance...
C'était éviter d'en savoir plus sur la manière dont les banques d'Algérie et de France ont traité l'argent que nous versions pour les collectivités, les retraites complémentaires, les retraites du régime général, les mutuelles agricoles, les cadres, les assurances maladie, vie, décès, l'indemnisation, le surendettement, l'état civil les archives (interdiction de les consulter avant l'an 2062 !) etc... etc...
Combien le mot "événements" cache-t-il de fausses tractations, de dossiers non élucidés, de suicide et de misère...
Nous ne montrons que la réussite de certains d'entre nous, mais combien d'entre nous aussi sont au bord de la ruine financière et morale ?
Tant que tout n'aura pas été réglé, nous devons refuser d'être des "Français à part entière" ce serait tourner une simple page d'un livre de mauvaise histoire.
Ce serait oublier le sang, la sueur et les larmes versés par nos parents pour la prospérité de cette France-Outre-Méditerranée. Ce serait oublier la participation de ces Français pour la liberté de la France, en 1914-1918, en 1939-1945 Monte-Cassino, débarquement en Provence (ce dernier est totalement occulté), Indochine et tous les endroits où le pays devait être présent.
Ce serait oublier...
Ce serait oublier...
Elle oublie.
Francette Mendoza

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AUX ÉCHOS D'ALGER ÉDITORIAL DE MARS 1994 NUMÉRO 45

"Nous vous demandons de nous pardonner... nous vous promettons d'être moins légers et plus justes avec nos amis Pieds-Noirs" signe le directeur de la rédaction du magazine Notre temps, à la suite de mon indignation sur l'article relatif à notre immigration et au racisme que nous aurions instauré en arrivant en 1962.
Nous ne devons pas laisser passer ce qui se dit ou se fait sur nous. Il faut que nous soyons tous attentifs.
Mais quand la vérité éclatera-telle sans que nous la forcions ? Depuis 32 ans nous nous battons pour cela et nous devons malheureusement continuer car, pour l'instant, nous sommes toujours avec l'étiquette que notre naissance en Algérie - département Français - nous a collée.
Il est un mot que j'ai souvent utilisé dans les éditoriaux pour justement faire face à ces attaques constantes et sournoises, c' est le mot union. Compte tenu de l'état d'esprit de certains d'entre nous, l'union peut avoir plusieurs sens et celui choisi finalement par les Enfants de l'Algérois abonde dans le sens de la majorité des nombreuses associations que nous côtoyons "Union dans l'action, mais non action uniformisée".
Nous ne sommes pas sectaires et avons espéré notamment qu'au travers de la foi, les Pieds-Noirs pouvaient et devaient se retrouver. Malheureusement, cet espoir nous a fait prendre conscience que même là, ce n'est pas possible.
Et pourtant, nous avons fait le nécessaire en fabricant une réplique de la statue de Notre Dame d'Afrique, puisque vous êtes très nombreux à venir vous recueillir à Nîmes pour l'Ascension autour de Notre Dame de Santa-Cruz ou de St-Augustin seul lieu en France où se retrouvent nos trois symboles du Christianisme en Algérie et en Afrique.
Malheureusement si Dieu ou nos Vierges et Saints nous réunissent, certains hommes détruisent ces liens en nous rappelant que le matériel est plus important que le spirituel. Nous n'aurons jamais la place que nous espérions avoir pour nos générations futures un seul lieu de prières et de rencontres Pieds-Noirs.
Quant à l'union des associations, elle ne peut se faire que dans l'action sociale, festive, culturelle, de défense, etc... mais jamais telle que présentée par certaines associations voulant régenter et qui proposent la dissolution des associations pour n'en faire qu'une.
C'est vrai, nous avons subi la même galère, mais réduire nos différents mouvements signifierait la fin de nos origines.

Mais on peut comprendre certains qui n ont pas réussi à réunir ou à maintenir, et qui désirent que tout leur soit remis sur un plateau.

Mais qu'ils laissent les autres à la vie associative qui leur convient et que vous encouragez...

Continuons à montrer notre vitalité ensemble dans l'action.

Francette MENDOSA

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