couverture industrie algérienne

sur site le 6-12-2003
-L'industrie algérienne
Opuscule, (212 x 128), de 34 pages, 16 photos, édité par L'OFALAC.
année : estimée à 1956-1957
E.Desfosses-Néogravure-Paris

Document transmis par Jean Soler
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L'industrialisation : un impératif

-------L'industrialisation de l'ALGÉRIE s' impose comme une nécessité rigoureuse et vitale. En effet, elle doit, jointe à des efforts parallèles dans le secteur agricole, permettre d'apporter une solution aux problèmes les plus urgents qui se posent en ALGÉRIE
- Fournir à tous de l'emploi, en dépit d'un essor démographique galopant : la population de l' ALGÉRIE s'est en effet accrue de 280 000 unités pour la seule année 1955, soit à un taux d'accroissement de 2,6 %, un des plus forts du monde ;
- Élever le niveau de vie des populations en créant des sources nouvelles de richesse. En effet, la transformation sur place des produits élève plus le revenu national que l'exportation des matières brutes ;
- Équilibrer la balance commerciale algérienne dont le déficit va sans cesse en s'accroissant (63,8 milliards en 1953; 78,2 milliards en 1954; 83 milliards en 1955). En effet, en diversifiant la production, l'industrie contribuerait à donner ou pays plus de stabilité économique et à conférer à son budget des bases plus larges. L'aide budgétaire de la métropole pourrait ainsi être reportée sur d'autres secteurs.
-------D'autre part, la dernière guerre mondiale, en coupant l'ALGÉRIE de ses sources habituelles d'approvisionnement, à fait apparaître la nécessité pour ce territoire de s' industrialiser rapidement.

Obstacles à l'industrialisation

-------On pourra se demander pourquoi, en dépit de l'existence de ces impératifs, l'ALGÉRIE a tant tardé à s'industrialiser. En effet, si l'on excepte l'exploitation minière qui, entreprise très tôt, n'a pas tardé à jouer un rôle important dans la mise en valeur du pays, en 1940
encore, les possibilités industrielles de l'ALGÉRIE se limitaient à des secteurs bien déterminés où elles répondaient à des besoins spécifiques, assurant la mise en oeuvre des matières premières locales, l'entretien des machines ou, très souvent, se bornant à fournir des produits façonnés sur demande.
-------Outre que l'industrialisation s'est heurtée à de nombreux obstacles naturels, l'ALGÉRIE étant un pays à vocation agricole, tout l'effort de mise en valeur a tendu à développer une agriculture qui devait être créée de toutes pièces. Par suite, on ne pouvait, dès l'origine, projeter d'amener ce territoire qui avait à combler un immense retard dans tous les domaines, au niveau de développement industriel des pays modernes dont la révolution industrielle s' amorçait dès 1850.
-------Enfin et surtout, l'industrialisation a rencontré des difficultés considérables dont certaines apparaissent dans tous les pays sous-développés, les autres étant propres à l'ALGÉRIE :
-------pauvreté des sources d'énergie et cherté de l'énergie : l'Algérie ne disposait pas des quantités d'énergie (charbon, ressources hydro-électriques, etc.) propres à couvrir ses besoins. De plus transportée sur de longues distances des lieux de production aux lieux de consommation, ce qui en accroît le prix, supérieur à celui de la métropole ;
-------Insuffisance ou éloignement des matières premières. L'ALGÉRIE, qui dispose de matières premières en quantités appréciables est défavorisée cependant par les distances considérables qui séparent les lieux de production des côtes (fer de l'Ouenza,phosphates du Kouif , par exemple) ou par l'insuffisance de certaines matières premières (ex. : textiles). D'autre part, comme pour l'énergie, les transports sur de longues distances qu'exige l'étendue du territoire, élèvent les prix de revient;
-------Concurrence des industries métropolitaines et étrangères. Étant donné le handicap considérable qu' elles ont à combler, les industries implantées en ALGÉRIE ont peine à affronter la concurrence des industries métropolitaines et étrangères, pourvues d'une main oeuvre exercée, de capitaux importants, d'énergie à meilleur marché et d'une infrastructure économique et sociale plus solide ;
-------État de sous-industrialisation : l'industrialisation, on le sait, est un "phénomène cumulatif" , c'est-à-dire qui croit proportionnellement à lui-même, l'industrie attirant l'industrie et, inversement, la sous-industrialisation étant cause de sous-industrialisation. Conséquences de cet état : le problème des fournisseurs: les matières premières et le matériel ne pouvant être trouvés sur place, doivent être importés àgrands frais; le problème du coût du crédit; le problème des débouchés, soulevé par l'étroitesse du marché intérieur ; le problème enfin de l'infrastructure (équipement économique et social) qui doit être résolu parallèlement.
-------- L'absence d'une réserve de main-d'oeuvre exercée , conséquence aussi de l'état de sous-industrialisation, impose le recours à des techniciens venant de la métropole, ce qui accroît les charges des entreprises et pose de façon urgente le problème de la formation technique de la main-d'œuvre locale;
-------La répugnance des capitaux à s'investir pour toutes les raisons précédemment énumérées qui déterminent des prix de revient élevés.
-------Ainsi voit-on que le problème de l'industrialisation de l'ALGÉRIE se présentait sous la forme d'un cercle vicieux : la sous-industrialisation constituant le principal obstacle à l'industrialisation ; ce cercle, seule l'intervention de l'État pouvait le briser en accordant aux industries nouvelles des avantages et des protections capables de leur permettre, de surmonter les difficultés que rencontrait leur installation.
-------Tel est le sens du plan d'industrialisation de l'ALGÉRIE, qui a été institué en 1946, après différentes tentatives plus ou moins heureuses pour installer des industries de remplacement pendant les années de guerre. Il devait, en effet, permettre d'apporter un commencement : de solution aux problèmes surgis de la rencontre d'impératifs toujours plus urgents et d'obstacles toujours aussi considérables.

Plan d'industrialisation

-----Il ne e agit pas de planification au sens où l'entend une économie dirigiste. Une telle politique doit, en effet, ,pour être efficace, substituer dans une large mesure l'intervention des Pouvoirs publics à l'initiative privée ; l'ALGÉRIE qui participe à un système d'économie libérale ne pouvait s'accommoder d'une économie étatisée.
-----Le plan d'industrialisation a pour but d'encourager, l'implantation ou l'extension des industries les plus conformes à l'intérêt général en fournissant aux entreprises privées les moyens d'affronter les problèmes de première installation et de fonctionnement.
-----Au même titre que la planification autoritaire, une politique qui tendrait à une autarcie totale ou partielle doit être également écartée puisque la symbiose économique avec la FRANCE présente pour l'ALGÉRIE infiniment plus d'avantages que d'inconvénients. L'objectif du plan est donc de compenser le handicap, que la compétition avec les industries métropolitaines imposerait aux industries algériennes naissantes.

Mesures prévues.
-----Outre les 4 mesures d'ordre fiscal (dégrèvements abattements, etc.) l'agrément au plan d'industrialisation, comporte, le cas échéant, des mesures d'ordre financier : garantie de l'ALGÉRIE pour les emprunts à long terme d'équipement, de modernisation ou de commercialisation de productions, conventions avec des établissements de crédit spécialisés, bonification des taux d'intérêt ,etc.Il ne peut y avoir de création d'industries en dehors de l'initiative privée. Le processus est alors le suivant : les projets de création d'industrie, une fois déposés, seront "agréés au plan" après étude minutieuse par une Commission spéciale, s'ils satisfont à certaines conditions : le fabrication envisagée doit répondre aux besoins du marché intérieur, sans entrer en concurrence avec les industries algériennes déjà existantes, ou être susceptible d'exportations et assurée de larges débouchés ; le projet doit offrir un minimum de garanties de viabilité; les promoteurs doivent consentir aux Pouvoirs publics un certain droit de regard sur les conditions de gestion tant que durera l'agrément, etc. Enfin, priorité est accordée aux projets d'industries susceptibles d'employer une main-d'oeuvre importante.
-----L'agrément consiste donc àassurer le bénéfice des mesures d'aide en tout ou partie, suivant l'importance et l'intérêt de l'entreprise, et pour une durée déterminée au-delà de laquelle l'entreprise doit avoir atteint un équilibre suffisant pour assurer seule son fonctionnement. L'agrément peut être retiré si une mauvaise gestion de l'entreprise est constatée. L'intervention des Pouvoirs publics ne se manifeste pas autrement.

Résultats.
-----L'intérêt et l'utilité de ce plan ont été prouvés par les résultats. Pour les seuls établissements agréés qui étaient en 1955 au nombre de 130 et groupaient des activités évoluées - toutes les industries nouvelles ne sont d'ailleurs pas agréées au plan - les investissements réalisés de 1946 à 1954, sont de l' ordre d'une vingtaine de milliards et la masse de salaires et avantages sociaux divers distribués par eux seuls, atteint annuellement cinq milliards de francs. Il est à souligner que la création d'une usine nouvelle agréée ou non entraîne toujours, soit la création d'industries ou d'ateliers annexes, soit le développement de certains secteurs dans les usines déjà existantes, ainsi qu'un redoublement d'activité dans de nombreuses branches. Ces répercussions sont difficilement chiffrables et n'entrent pas dans les indications d'investissements, salaires, et avantages qui précédent.

Enseignement professionnel et recherche, scientifique appliquée

-----L'industrialisation de l'ALGÉRIE imposait la nécessité de procurer très rapidement du personnel de maîtrise et d'encadrement et les Pouvoirs publics ont travaillé à créer de nombreuses écoles techniques et professionnelles, tout en assurants la formation accélérée d'une importante main- œuvre qualifiée. Ainsi depuis deux ans, une École d'Essai l'institut Industriel de MAISON-CARREE, délivre le diplôme d'ingénieur des Travaux publics.
-----Dans le domaine de la recherche scientifique appliquée, l'ALGÉRIE a favorisé et aidé une série d'expérimentations visant à déterminer les possibilités naturelles ou à répondre à des besoins primordiaux. Le service de l'Hydraulique a entrepris des expériences sur la pluie provoquée. Dans un laboratoire de l'École nationale d'Agriculture de MAISON-CARREE, un appareillage de production de gaz de fumier a été mis au point.
-----L'utilisation de l'énergie solaire ne pouvait manquer de susciter, un grand intérêt dans un pays où les sites favorables sont nombreux. Un héliodyne de 50 kW, miroir parabolique de 8 mètres d'ouverture, a été construit et mis en place ,dans l'enceinte de l'Observatoire de la Bouzaréa. On y expérimente la synthèse de l'oxyde azotique et la fusion des matières ultra-réfractaires. Ces recherches sont animées et suivies par le Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique appliquée d'ALGÉRIE.
-----Riche en minerais de fer mais dépourvue de sidérurgie, l'ALGÉRIE a entrepris depuis quelques années la mise au point industrielle d'un procédé de réduction des minerais et notamment des carbonates par l'action de gaz réducteurs. Elle s'est associée à cette fin avec l'Office national industriel de l'Azote et une société minière locale. La chimie des eaux, science expérimentale toute récente, donne également lieu à des recherches, notamment en vue du dessalement qui permettraient d'utiliser les nappes de chotts.

Situation de l'industrie algérienne

-------La part du secteur industriel dans le revenu global intérieur brut d'ALGERIE se situe aux environs de 32 % ; l'ALGÉRIE possède un éventail de productions industrielles qui croissent chaque année en volume et en nombre, et qui ont été orientées de façon à satisfaire les besoins les plus impérieux du marché intérieur ou à transformer sur place des produits et matières premières qui étaient auparavant exportés à l'état brut.
-------Les activités dont l'essor a été le plus sensible sont, dans l'ordre, la transformation des métaux, la production des métaux, les papiers et cartons, les industries chimiques et parachimiques, l'industrie des corps gras et de la savonnerie, enfin la fabrication des matériaux de construction.
-------Mais cet effort d'équipement industriel n'aurait pas été possible sans une politique d'accroissement des ressources énergétiques, que les Pouvoirs publics ont menée à un rythme accéléré.
-------Ce programme, qui reposait sur un véritable acte de foi, puisque les possibilités d'industrialisation de l'ALGÉRIEétaient à cette époque très controversées, a porté aujourd'hui ses fruits : non seulement il a permis, de doter l'ALGÉRIE d'un équipement industriel rentable, mais encore il lui ouvre des perspectives inestimables en vue de l'exploitation des immenses ressources sahariennes.
-------Voici comparés, sur la base 100 de 1950, les indices généraux de la production industrielle de 1951 à 1955 où apparaît clairement la croissance récente de la jeune industrie algérienne :

  1951 1952 1953 1954 1955 1956
Indice général sans le bâtiment 116,8 119,7 122,3 133,2 146,9 140,6
Indice du bâtiment et des travaux publics 109 108,2 109,5 115,1 I17,1 120,4
Indice général avec bâtiment 1 113,6 114,9 116,9 125,8 134,8 132,3

-------Parmi les créations projetées, il en est de considérables. On peut signaler deux usines de fabrication de postes de radiophonie émetteurs-récepteurs et de pièces détachées de matériel radio; une chaîne de montage de châssis-cabines et de camions automobiles lourds; une, usine de machines à tricoter individuelles ; une fabrique, d'articles industriels en caoutchouc ; une autre, très importante, d'articles à base de matières plastiques; une fabrique de sucre de betterave ; une usine de lingots de bronze, pour n'en citer que quelques-unes; de nombreuses usines, dans le domaine des industries chimiques, des matériaux de construction, du tissage, de la papeterie, etc., également importantes, sont aussi en voie de s'installer.

Les différents secteurs

Métallurgie, mécanique et électricité.
-------Outre quelques ateliers de pièces moulées en fonte, I'ALGERIE possède deux installations sidérurgiques d'inégale importance : une batterie de fours Martin et des laminoirs dans la région d'ORAN, qui produit annuellement 20 000 t environ de laminés par utilisation de ferrailles locales et un convertisseur à ALGER.
-------Le tréfilage des métaux non ferreux, cuivre et aluminium notamment, est assuré dans les environs d'ALGER par une importante usine qui alimente deux câbleries et satisfait l'ensemble des besoins de l'ALGÉRIE en fils et câbles pour courants forts et faibles.
-------L'industrie du fer-blanc dispose, dans les environs d'ALGER, de puissantes chaînes de fabrication qui satisfont très largement les besoins des conserveurs.
-------Des industries nouvelles, spécialisées dans la fabrication de radiateurs, accumulateurs au plomb, ressorts de toute nuance, ont été créées dans le cadre du Plan d'industrialisation, et depuis la fin de 1956, un premier élément de chaîne de montage de camions automobiles a été mis en place dans les environs d'ALGER.
-------Dans le domaine radioélectrique, l'Algérie dispose d'une industrie et de laboratoires capables de fabriquer et de contrôler certaines séries de postes émetteurs, récepteurs et d'en assurer la maintenance.
-------Dans le domaine ferroviaire, l'ALGÉRIE dispose, près de BONE, d'un important atelier de montage de wagons, qui assure, en outre, la réfection des gros moteurs Diesel et à explosion.
-------Des insuffisance flagrantes subsistent néanmoins, que le Plan d'industrialisation s'efforcera de combler.

Industries chimiques et connexes.
-------Les plus anciennes industries de ce type se sont consacrées à la transformation de matières premières du pays : l'exemple le plus caractéristique en est la fabrication des engrais phosphatés au départ de phosphates naturels transformés en phosphates solubles par l'action de l'acide sulfurique, lui-même produit à partir de pyrite de fer dont il existe un gisement dans la région de PHILIPPEVILLE. ,
-------Les besoins de la viticulture et des cultures vivrières en produits antiparasites ont conduit à l'installation de trois raffineries de soufre et d'un atelier de produits anticryptogamiques ; ces unités utilisent des soufres bruts importés.
-------La création, aux environs d'ALGER, d'une papeterie utilisant l'alfa et la paille s'est accompagnée de celle d'une usine connexe de soude et de chlore, par électrolyse, qui fournit en outre de l'hypochlorite et des produits lessiviels.
-------Trois ateliers répartis sur le territoire procèdent à l'encartouchage des explosifs, nitrates et chlorates nécessaires aux Mines et aux Travaux publics et à la fabrication des cordeaux détonants et des mèches.
-------Deux usines très rationnellement équipées ont été implantées dans le département d'ORAN pour traiter les argiles smectiques et le kieselguhr des carrières locales. Les terres activées et les produits filtrants qu'elles fabriquent servent au raffinage des huiles minérales végétales ou bien sont utilisées dans l'industrie des antibiotiques. Elles entrent pour une part très importante dans l'activité d'exportation. Dans le domaine du caoutchouc industriel, une usine en voie de modernisation et d'extension fournit déjà toute la gomme des tuyaux et pièces moulées communément employés.
-------Quelques usines bien équipées produisent tous les types de peintures et de vernis synthétiques courants, des mastics, des encres d'imprimerie et des rouleaux encreurs: -------Une usine située près d'ALGER satisfait enfin, par sa production d'allumettes cire et bois, la totalité des besoins du pays et exporte même sur les territoires voisins. On note, parmi les créations les plus récentes, une importante usine d'antibiotiques et un atelier d'extraction et de conditionnement des alcaloïdes dans les environs d'ALGER. Les besoins de l'agriculture en engrais azotés ont conduit à l'élaboration de plusieurs projets de fabrication d'ammoniaque ou d'acide azotique.

Matériaux de construction.
-------C'est dans ce domaine que, dès la mise en train du plan d'industrialisation, les investissements les plus productifs ont été réalisés.
-------Matériaux pauvres, les ciments artificiels supportent des charges relativement élevées de fret à l'importation. C'est la marge de prix que ces frets représentent et aussi le fait que l'Algérie est riche en calcaires et argiles, qui ont provoqué, en 1949, la création d'une très belle cimenterie à SAINT-LUCIEN, dans l'Oranais, et la modernisation et l'extension de celle qui existait déjà à ALGER.
-------Actuellement, les besoins globaux du pays en liants hydrauliques sont satisfaits par ces deux usines et quelques autres unités secondaires bien équipées.
-------Les matériaux préfabriqués ont connu un réel succès : deux usines d'amiante-ciment, l'une dans l'Oranais et l'autre dans l'Algérois, fabriquent des plaques de couverture et des tuyaux pour l'irrigation.
-------La céramique occupe une série d'usines produisant une gamme très variée de briques et de tuiles. L'industrie des carreaux de ciment comprimé est également très active.
-------L'industrie du béton armé, dans sa forme la plus moderne telle que la précontrainte du béton, a fait naître des usines puissantes dans l'intérieur du pays, à l'occasion de créations de périmètres d'irrigation et de constructions de grandes conduites d'adduction d'eau, pour satisfaire aux besoins en pylônes divers pour lignes électriques aériennes, et enfin pour l'équipement des grands barrages- réservoirs.
-------Un petit atelier de briques réfractaires a été créé près d'ORAN, premier chaînon d'une industrie sidérurgique; Il ne suffit que partiellement aux besoins des foyers industriels.
-------L'ALGERIE dispose d'une très belle carrière de marbre blanc, celle de Filfila et de diverses ressources en onyx. Cette industrie, complétée par quelques ateliers de sciage, doit être largement utilisée pour les programmes de construction divers qui modifient si heureusement et si rapidement l'aspect des grandes villes algériennes.

TEXTILES et CUIRS

-------L'ALGÉRIE, si l'on excepte les produits de l'artisanat traditionnel (tapis, tissus), doit recourir largement à l'importation en ce qui concerne la laine, le coton et les cuirs forts. ORAN et TLEMCEN qui réunissaient toutes les conditions favorables pour accueillir, des usines de filature, tissage, conditionnement et apprêt des tissus de laine, avaient réussi à trouver des débouchés réguliers lorsqu'en 1955, la fermeture de la Manufacture des Textiles Oranais à TLEMCEN, à la suite d'une concurrence extérieure très sévère et en dépit de l'appui fourni par les marchés des administrations civiles et militaires, a fortement fait baisser la production.
-------Il reste actuellement, près d'ALGER, une usine très moderne de filature et de tissage de coton. En raison des prix et aussi de la modicité de la production locale, cette usine, travaille des cotons importés. Elle vise surtout a satisfaire les besoins militaires et administratifs, mais fournit aussi au secteur civil une gamme de plus en plus étendue de tissus légers. Elle dispose en annexe d'une teinturerie qui peut travailler à façon, en sus du traitement de ses propres tissus.
-------En dépit de quelques réalisations récentes, un effort important est encore à accomplir dons le domaine de la préparation des cuirs en tannerie et dans celui de la confection.

Industries alimentaires, Minoteries.
-------Orientées, aussi bien vers la farine que vers la semoule, les 60 minoteries installées en ALGÉRIE suffisent à ses besoins et permettent l'exportation de semoule. En outre, les usines de pâtes alimentaires ont une capacité de 300000 q , ce qui leur laisse une marge appréciable d'exportation.
-------Des biscuiteries industrielles et modernes se sont installées pour répondre à la demande du marché algérien ; elles doivent aussi permettre une exportation.

Jus de fruits.
-------Alimentée par une matière première d'excellente qualité, une industrie des jus de fruits de type très moderne, a connu un essor considérable à mesure que se perfectionnaient les techniques de fabrication et de conservation. Avec ou sans extraits d'huiles essentielles, les jus de fruits destinés à être consommés tels quels ou les extraits appelés à parfumer les "sodas " font l'objet d'exportations vers l'EUROPE Centrale en particulier.

Corps gras alimentaires.
-------Très ancienne industrie algérienne, puisque l'olivier, culture méditerranéenne par excellence, a été jadis très répandue en ALGÉRIE et reste aujourd'hui une des ressources principales de la Kabylie, l'huilerie s'est modernisée dans les grandes villes en faisant appel à toutes les graines exotiques, cependant que l'antique artisanat se maintenait sur les lieux de production. L'ALGÉRIE triture, raffine et exporte de l'huile d'olive et importe ,soit des graines, soit des huiles brutes fluides ou concrètes pour les triturer, les raffiner et les livrer à la consommation intérieure. Elle a acquis dans ce domaine une autonomie complète et exporte une huile d'olive recherchée pour sa finesse.
-------En ce qui concerne la savonnerie, industrie complémentaire de l'huilerie, la production, d'excellente qualité, couvre les besoins du pays.

Conserveries.
-------Fruits, légumes, viandes, poisson, sont mis en conserves avec des capacités de l'ordre de 40 000 tonnes pour les fruits et légumes et 100000 tonnes pour viandes et poisson. Ces produits abondants en ALGÉRIE sont susceptibles d'exportation.

Verres creux.
-------L'ALGÉRIE possède, depuis 1947, une verrerie très moderne, d'une capacité annuelle de 12 000 t équipée pour la fabrication de verres creux blancs ou colorés : bouteilles, flacons, gobeleterie, etc: Les produits de cette industrie, de qualité excellente, satisfont les besoins intérieurs du pays, notamment en bouteilles, et sont partiellement exportés.
-------La production demeure susceptible d'extension dans diverses branches : laine de verre, verre plat, cristallerie ; les matières premières sont partie d'origine locale, partie importées

Papiers et cartons
-------La richesse de l'ALGÉRIE en alfa a incité, en 1947, un très important groupe papetier français à créer, aux environs d'ALGER, une usine de fabrication de pâtes de cellulose blanche, pourvue de puissantes machines à papier. La pâte est à prédominance d'alfa, mais avec adjonction de paille ; le procédé de blanchiment emploie la soude et le chlore gazeux qui sont fournis par un atelier
connexe d'électrolyse de sel, lui-même produit dans une saline d'ORANIE.
-------L'usine algérienne, capable d'une production annuelle de l'ordre de 18 000 t exporte à l'étranger la presque totalité de sa production. Malgré les difficultés du marché international, l'excellence de sa technique de fabrication et la qualité de ses papiers lui permettent d'affronter heureusement ta concurrence.
-------L'industrie des papiers d'emballage est assez répandue dons le pays. Elle utilise, dans des ateliers petits et moyens, les vieux papiers récupérés et la paille.
-------Des études sur l'emploi possible d'autres ressources, cellulosiques (lin, textile, eucalyptus) ont été,, par ailleurs, entreprises.
-------Riche en liège, I'ALGERIE a vu se développer, notamment dans les régions forestières productives, de nombreux ateliers de préparation de plaques et des bouchonneries.
-------Un procédé d'extraction des acides gras du liège, susceptible de valoriser considérablement les débris en produisant une cire et une matière plastique de choix, a été en outre, mis au point.

Tabacs.
-------À l'heure actuelle, , un peu plus du quart de la récolte algérienne est manufacturé sur place par 45 fabriques (ALGER : 17, ORAN : 5, CONSTANTINE : 23). Compte tenu des adjonctions de tabacs exotiques, les quantités manufacturées s'élèvent aux alentours de 10 000 t sur lesquelles, en moyenne, un peu plus de 6 500 t sont consommées en ALGÉRIE, l'excédent étant exporté dans l'Union française.

 

Mines

Minerais de fer.
-------Les minerais de fer algériens sont riches (50 à 60 %), peu siliceux et non phosphoreux ; ils peuvent rivaliser avec ceux de SUÈDE et d'ESPAGNE et sont très recherchés, en particulier par la métallurgie anglaise. Le centre de production le plus important en est la mine de l'Ouenza.
-------Freinée pendant les hostilités par de multiples difficultés, la production n'a cessé de croître depuis 1945, en raison de l'évolution favorable du marché mondial, et surtout de la modernisation et de la mécanisation méthodique des exploitations, entreprises sous l'impulsion du Service des Mines. En 1953, la production a atteint 3372000 tonnes et les exportations (en quasi-totalité vers l'étranger) se sont élevées à plus de 14 milliards de francs, soit près du' dixième du montant des exportations totales.
-------On estime actuellement à plus de 100 millions
de tonnes les réserves de l'ALGÉRIE en minerais de fer ; elles sont constituées surtout par les exploitations de l'OUENZA, du ZACCAR et de BENI-SAF.
-------De très importants efforts d'équipement, qui tendent à la mécanisation des gîtes et à la modernisation des installations de fours et d'embarquement des minerais, ont été entrepris par les exploitants et doivent être poursuivis à une cadence accélérée.

Phosphates de chaux.
-------L' Algérie fut la première en AFRIQUE DU NORD à exploiter les phosphates de chaux. Par la suite, elle eut à subir la concurrence des phosphates tunisiens et surtout américains et marocains qui, situés à proximité de la mer et généralement plus riches ont une situation plus favorable.
-------La production , qui s'est stabilisée aux environs de 600 à 700000 t par an, est en partie traitée sur place pour être transformée en engrais.
-------On procède actuellement à la mise au point de divers procédés d'enrichissement qui permettraient aux phosphates algériens d'améliorer leur position sur le marché mondial.
-------Les gisements se trouvent dans la région de TEBESSA et Suif (près de TEBESSA), le minerai essentiellement destiné à la fabrication des engrais, a une teneur moyenne de 65 % et subit, de ce fait, une très forte concurrence de la part des minerais qui titrent 75 %
-------Au M'zaito, on extrait du minerai principalement destiné à la métallurgie et à l'industrie du phosphore.
-------Le gîte du KOUIF étant en voie d'épuisement, on projette de lui substituer, dans quelques années, la production du Djebel Onck qui est évaluée à 500 millions de tonnes.
-------L'équipement de cette nouvelle carrière, le transport du minerai après enrichissement et son placement sur le marché, font actuellement l'objet d'études très poussées

Autres minerais métalliques.
-------Les mines algériennes, en raison de leur importance moyenne, sont particulièrement sensibles aux fluctuations des marchés internationaux. Néanmoins, la production a connu un certain développement. C'est ainsi que la production, en 1953, évaluée en tonnes de métal récupérable, s'est élevée à 7 900 t pour les phosphates, contre 3 000 en 1951 et à 19 200 t pour le zinc contre 8000 en 1951.
-------La création d'équipements nouveaux, bien que tempérée par la conjoncture des prix, a été étudiée et a toutes chances d'être effectuée dans les plus prochaines années. Le programme correspond à une augmentation globale d'environ 40 % de la production actuelle.
-------En ce qui concerne les minerais associés (plomb, zinc et cuivre), grâce aux prospections du Bureau de Recherches Minières d'ALGÉRIE, un gîte situé dans le massif de Cavallo et qui pourrait produire 3 000 t de métal par an, est sur le point d'être exploité.
-------C'est sur la recherche minière, préambule indispensable à l'exploitation industrielle de gisements minéraux sélectionnés, que l'effort de l'ALGÉRIE a essentiellement porté et a connu les résultats les plus tangibles.
-------A cet effet, un établissement public, le Bureau de Recherches Minières d'ALGÉRIE a été institué et, dans le cadre du premier plan quadriennal d'équipement économique et social, a pu non seulement s'équiper excellemment en moyens humains et matériels, mais encore sélectionner par des prospections systématiques, le territoire algérien, les zones sahariennes comprises.
-------Son action a déjà permis de mettre en valeur un certain nombre de gîtes exploitables, tels que les minerais de fer de TINDOUF.

Charbon.
-------L'Algérie possède à KENADZA, dans le Sud oranais, un gisement de houilles demi-grasses dont l'exploitation a été confiée, en 1949, à un établissement national, homologue des houillères de bassin de la Métropole. L'équipement de cette mine, dont la productivité normale atteint 300 000 t par an, a été très efficacement réalisé depuis. Quatre descenderies mécanisées, un lavoir, une station électrogène de 7 000 kW ; des bâtiments pour le logement des mineurs, des services sanitaires, des ateliers pour l'entretien du matériel en constituent l'essentiel. Au surplus, des recherches systématiques de nouveaux gîtes de charbon ont été entreprises et poursuivies. Elles viennent de permettre la mise en exploitation industrielle d'une nouvelle couche à 70 km. environ de KENADZA, qui produit dès à présent 200 t/j de charbon gras cokéfiable. La réserve reconnue du bassin est actuellement évaluée à 20 millions de tonnes. Mais, cette mine se trouve à 600 km du port le plus proche, NEMOURS, auquel elle est reliée par voie ferrée normale ; la distance moyenne que ces produits ont à parcourir pour atteindre la clientèle algérienne est, par voie ferrée, de l'ordre de 1000 km.
-------Le transport impose donc une charge très lourde qui, s'ajoutant à un prix de revient d'extraction équivalent à la moyenne métropolitaine, rend les charbons du Sud oranais difficilement compétitifs, étant donné les prix actuels des charbons concurrents importés.
-------Cette mine occupe présentement 4000 ouvriers autochtones, encadrés par quelques mineurs spécialisés qui ont su leur donner une bonne qualification professionnelle. La masse globale des salaires distribués dons cette région steppique atteint ainsi un milliard par an et joue un rôle essentiel dans son économie naissante.
-------L'équipement selon les normes les plus modernes d'un bassin houiller lointain et à couches minces, constitue une remarquable réussite technique.
-------Le charbon industriel produit fournit le complémentaire aux charbons maigres du bassin marocain de DJERADA. Ensemble, ils assurent dès maintenant un avenir réel aux projets de valorisation des matières premières de cette région riche en mines métalliques et en gîtes de fer et apte, par sa position géographique, à l'implantation d'industries de sécurité.

Le pétrole
-------Dès l'année 1951, le Service des Recherches Minières a entrepris en ALGÉRIE le relevé méthodique des indices d'hydrocarbures et mis au point un programme d'investigations géologiques ; aussitôt après la fin des hostilités, en 1945, un organisme d'État, le Bureau de Recherches de Pétrole, a été créé en vue de mettre en œuvre un programme général de recherches en FRANCE, en A.F.N. et dans l'Union française.
-------En novembre 1946, une société était à son tour créée pour prendre la suite de ces travaux : la Société Nationale de Recherches et d'Exploitations de Pétroles en ALGÉRIE (SNREPAL) dont le capital fut réparti par moitié entre l'ALGÉRIE et le Bureau de Recherches de Pétrole. Cette société d'État se proposait essentiellement de donner une impulsion aux recherches pétrolières en éveillant, par son exemple, l'attention des sociétés privées sur l'intérêt de la prospection dans les régions sahariennes.
-------Cet objectif fut atteint au-delà de toute espérance, et une intense compétition s'est développée tant en ALGÉRIE du Nord que dans les régions les plus désertiques du SAHARA, entre les plus importants groupes industriels qui sont successivement intervenus sous contrôle du Gouvernement.
-------L'état actuel de ces travaux est le suivant:
--------La seule ressource en pétrole, brut exploitée est actuellement celle du gisement de l'Oued-Gueterini près d'Aumale (dép.. d'ALGER) découvert et exploité par la Société des Pétroles d'AUMALE (filiale de la SNREPAL). Sa production est passée de 243 t en 1949 à 75 000 t en 1954 pour tomber à 57 350 t en 1955. On doit s'attendre à une décroissance régulière de la production de ce champ très limité et très disloqué par les plissements de l'Atlas.
--------L'activité de forage de la SN REPAL s'est portée d'abord tout naturellement sur les zones les plus rapprochées de la côte. Après 60 000 mètres de forages, aucune production commerciale n'a pu être décelée dans le Chéliff. Le problème de la localisation du pétrole ne peut cependant être considéré comme définitivement résolu dans cette zone.
--------En second lieu, le pétrole a été rencontré en de nombreux points du Bassin du Hodna mais différentes difficultés techniques ont empêché jusqu'ici tout essai de valorisation de ces indices.
--------Enfin, dans l'Est constantinois (Djebel FOUA) d'importants débits de gaz ont été mis à jour mais la conjoncture générale a conduit la société à différer momentanément la poursuite de l'exploitation.
--------A partir de 1949, la Compagnie Française des pétroles filiale de la Compagnie Française des Pétroles (Algérie) conjugue ses efforts avec ceux de la SN REPAL pour la prospection systématique des hydrocarbures dans la partie septentrionale du SAHARA. 14 permis exclusifs de recherches d'hydrocarbures d'une superficie totale de 250 000 km2 dont 7 ont été accordés à la seule SN REPAL, constituent le domaine d'activité de ce groupement d'intérêts, chaque société conservant entière liberté d'action au sein de sa zone propre.
--------EN FÉVRIER 1952, la Compagnie de Recherches et d'Exploitation du Pétrole ou SAHARA (C.R.E.P.S filiale de la Régie Autonome des Pétroles 55 % et du Groupe Shell-Royal-Dutch 35 %, SN REPAL 5 %, B.R.P. 5 %) se met à son tour sur les rangs. Un ensemble de permis de recherches d'une superficie totale de 145000 km2 situés à la bordure nord du massif cristallin du Hoggar est attribué à la C.R.E.P.S. tandis que la C.P.A. se voit accorder un ensemble de permis couvrant 160 000 km2 .
--------L'immense territoire qui se trouve soumis à la prospection est caractérisé par l'épaisseur des terrains qui recouvrent les "roches mères " et les "roches réservoirs" du pétrole et des gaz combustibles. Aussi cette infrastructure pose-t-elle des problèmes particulièrement ardus aux techniciens qui recourent essentiellement à la photographie aérienne, et à la prospection géophysique.
Deux chiffres donnent une idée de l'ampleur de la tâche.
--------À la fin de 1955, prés de cinquante kilomètres de forages avaient été exécutés par l'ensemble des sociétés qui occupaient 2000 personnes dont 150 ingénieurs et assimilés et 400 techniciens et spécialistes. Le montant global des dépenses atteignait environ 20 millions de francs (dont la moitié pour la seule année 1955).
--------Tel est le bilan, à la fin NOVEMBRE 1956, des résultats obtenus dons les différents secteurs.
--------Fin 1953, la CREPS a découvert au djebel Berga (100 km sud d'In Salah), à 1 400 m de profondeur, dans des grès poreux du Dévonien inférieur, une réserve très importante de gaz combustible. Les recherches ultérieures: ont révélé l'existence dans l'Ahnet de gisements analogues qui jusqu'ici n'ont pas fourni de pétrole en quantité commerciale.
--------Les grès du même étage contiennent des indices importants d'huile légère dans la partie occidentale de l'Oued-Rharbi et d'El-Goléa.
--------En
mars 1956, la C. R. E. P. S. a mis à jour vers 650 mètres de profondeur, dans les grès carbonifères de l'Erg Bourarhet, au voisinage de la frontière libyenne, une huile légère d'excellente qualité.
--------En juillet 1956, à 130 km sud-est de LAGHOUAT, la C.F.P. (A) rencontre à 2 250 mètres de profondeur dans les grès triasiques, une quantité notable de pétrole brut d'excellente qualité.
--------En août 1956, à 3 300 mètres de profondeur,les essais effectués par la SN-REPAL sur les grès triasiques recoupés par le sondage d'Hassi-Messaoud (75 km à vol d'oiseau, est d'OUARGLA), fournissent - à raison de plusieurs m3 sous une pression de gisement de 450 kg/cm2 une huile légère, de densité 0,80, très fluide et exempte de soufre. L'épaisseur du réservoir dépasse
ici - pour le moment - la centaine de mètres. Il n'a pas encore été traversé complètement.
--------Enfin, ou début de novembre 1956, le sondage d'Hassi-R'Mel (70 km. nord-ouest de GHARDAIA) exécuté par la C.F.P.: (A) pour le compte de la SN REPAL rencontre à 2132 m les grès triasiques fortement imprégnés d'un gaz combustible renfermant une proportion appréciable de produits condensables.
--------On voit ainsi qu'en moins de trois ans, les hydrocarbures ont été rencontrés à des profondeurs variant de 600 mètres à 3 200 mètres avec des pressions de gisement permettant d'escompter des débits commerciaux si les structures se révèlent convenablement imprégnées.
--------Reste à déterminer, dans les mois qui suivent, les caractéristiques des grès réservoirs à proximité des belles découvertes réalisées.
--------En l'état actuel des recherches, le plan de mise en valeur du Sahara prévoit une production de pétrole de 10 millions de tonnes en 1960 et de 25 millions de tonnes en 1970.( note du site : put..., raté!)Une mise en exploitation limitée mais immédiate a été récemment décidée qui permettra de produire 500 000 tonnes de pétrole brut dès 1958. L'installation du pipe-line provisoire destiné à transporter le pétrole d'Hassi-Messaoud à Toggourt est commencée, ainsi que l'élargissement de la voie ferrée BISKRA-TOGGOURT. De Toggourt, le pétrole sera acheminé par wagons-citernes vers les ports du Constantinois (Bône et Philippeville) .

Difficultés et solutions

--------Quoique entreprise à une date relativement récente, l'industrialisation de l'ALGÉRIE a déjà dépassé le stade des projets et des tentatives. Pour preuve, le fait que la part du secteur industriel dans le revenu global intérieur brut atteint 32 %. Sans doute est-on encore loin de l'équilibre économique de la métropole où l'agriculture n'intervient que pour 16 % environ dans le revenu national. Mais on peut dès maintenant affirmer que, si l'expansion se poursuit, fût-ce à un rythme modéré, la part de l'activité industrielle pourra s'établir dans un avenir proche, aux alentours de 40 %
--------Tout l'effort des Pouvoirs publics pour lever les principaux obstacles que rencontrait l'entreprise d'industrialisation a tendu à
--------Accroître les ressources énergétiques au prix d'investissements considérables. A l'énergie électrique fournie par dix centrales thermiques et quinze centrales hydrauliques, au gaz fourni par les centrales ultra-modernes d'Oran et d'Alger, viendra s'ajouter bientôt le pétrole et le gaz , si le SAHARA tient ses promesses ;
--------Moderniser l'équipement des mines de fer et de phosphates et surtout développer la recherche des matières premières , par la prospection systématique du territoire, dans le cadre des plans quadriennaux d'équipement économique et social. C'est ainsi qu'ont été reconnus un certain nombre de gîtes exploitables, dont l`important gisement de fer de TINDOUF
--------Permettre aux jeunes industries de soutenir la concurrence des industries métropolitaines et étrangères (d'où t institution du plan d'industrialisation et la politique des " extensions transférées ") et attirer les investissements de capitaux privés en assurant aux industries créées des avantages fiscaux capables de compenser les désavantages que subissent les industries installées en ALGÉRIE
--------Développer enfin l'enseignement professionnel pour satisfaire les besoins de main-d'œuvre spécialisée et pourvoir l'industrie algérienne de cadres locaux, ce qui permet à la fois d'abaisser les prix de revient en diminuant la sujétion des entreprises à l'égard des éléments extérieurs et de fournir des tâches intéressantes à des jeunes gens ayant reçu un enseignement spécialisé.
--------Ainsi les principaux problèmes ont reçu solution ou, au moins, commencement de solution ; conséquence de cette action, le chiffre d'affaires des industries de transformation s'est accru de 50 milliards environ au cours des toutes dernières années, grâce pour une large part, aux industries nouvelles. Il ressort donc de l'expérience d'industrialisation que l'ALGÉRIE est riche en possibilités qui ne cesseront de se développer à mesure que le niveau d'industrialisation et le niveau de vie iront en s'élevant. Le cercle est brisé et l'industrie algérienne a amorcé un progrès irréversible.

Industrialisation et emploi.
-------On a pu nier
que l'industrialisation atteigne son objectif fondamental, à savoir une création importante d'emploi et la promotion sociale des populations locales, et affirmer que les investissements énormes qui sont exigés par l'industrialisation sont disproportionnés à l'accroissement de volume d ' emploi qui peut en résulter effectivement. De telles affirmations supposent que l'on confond la rentabilité financière qui mesure, pour, un capital donné, les bénéfices escomptés par celui qui investit et la rentabilité économique qui compare au capital engagé tous les revenus qu'il suscite, non
seulement chez celui qui investit, mais chez les salariés, dont le pouvoir d'achat, en s'accroissant, entraîne un accroissement du marché intérieur, qui suscite à son tour de nouvelles activités et de nouveaux revenus, et ainsi de suite. Donc, l'implantation d'une nouvelle industrie détermine par une sorte de réaction en chaîne, une
multiplication de l'emploi, une élévation générale du niveau d'activité soit par la création d'industries annexes destinées à couvrir les besoins de l'industrie nouvelle (on en a vu des exemples au cours de l'énumération des industries algériennes) soit par l'apparition de nouvelles possibilités pour les industries ou ateliers existants.
-------Ainsi, l'emploi dans l'industrie s'étant trouvé augmenté directement de plus de 20000 unités au cours des toutes dernières années, c'est une masse d'emploi considérable, quoique non évaluable qui, du même coup, a été créée indirectement.
-------Mais l'industrialisation ne peut apporter une solution au problème du non-emploi que si l'on sait concilier deux impératifs : utiliser les investissements de manière à accroître l'emploi d'une main-d'œuvre nombreuse et parfaitement adaptable aux techniques sans pour autant entraver l'élévation du niveau de vie grâce à la modernisation et à la rationalisation des procédés de production. Il est évident, par exemple, que l'automation ne saurait, de façon générale être appliquée en ALGÉRIE puisque le problème n'est pas de produire coûte que coûte, mais de créer de l'emploi. Cela n'implique pas que l'on doive en rester à des méthodes archaïques ; bien au contraire, et la grande majorité des usines algérienne est déjà dotée d'une remarquable organisation technique.
-------Parmi tous les problèmes qui se posent à l'ALGÉRIE, l'un des plus angoissants est celui du non-emploi. On voit que l'industrialisation doit permettre de le résoudre réellement. En effet en fournissant une masse considérable d'emploi, en augmentant la masse des
salaires distribués, en accroissant le niveau de vie moyen, l'existence d'une industrie solide doit apporter aux populations d'ALGÉRIE une libération véritable, faute de laquelle toutes les libérations et toutes les libertés ne sont que des mystifications, la liberté de travailler et de vivre heureusement de son travail. Cette libération économique et sociale est de nature à déterminer une libération psychologique et sociologique, une véritable conversion des esprits,s'il est vrai, comme l'expérience l'a déjà montré en ALGÉRIE même, que lorsqu'il accède à un certain revenu individuel, l'homme atteint un un seuil au-dessus duquel il acquiert les comportements et les aspirations de l'homme moderne : développement des besoins,
désir d'activité, désir d'épargne, prévision à plus ou moins large terme. On peut donc mesurer l'étendue considérable des conséquences qui découlent de la politique d'industrialisation

Problèmes résolus et problèmes à résoudre.

--------On a pu affirmer que "l'industrialisation à ras de terre "c'est-à-dire l'implantation de petites ou moyennes industries ayant un rapport direct soit avec les productions locales, soit avec le marché régional de consommation - est susceptible d'exercer une influence plus profonde et plus heureuse que la grande industrie moderne, parce qu'à le fois plus diffuse, plus proche des activités de base et plus prompte à améliorer le sort des populations. A ce type ressortissent la plupart des industries algériennes dont on a vu l'énumération : industries alimentaires, textiles, briqueteries, cimenteries, entreprises de petite mécanique, etc.
--------L'intérêt incontestable des grands projets (l'électro-industrie par exemple) n'a pas conduit à négliger " l'industrialisation à ras de terre ", qui crée un véritable réseau capillaire, capable d'irriguer profondément le territoire. En ce sens l'effort pour rénover, protéger et soutenir l'artisanat traditionnel n'est pas un des moindres aspects de œuvre destinée à accroître les ressources de la population et particulièrement de la population rurale. La multiplication des micro-centrales fournissant l'électricité aux collectivités locales, s'inspire du même souci d'exercer une action humaine par ses buts et ses dimensions .
--------Reste que l'industrialisation de l'ALGÉRIE pose d'importants problèmes de financement et en certains cas, de rentabilité directe. Aussi, pour être menée à bien, cette oeuvre exige un concours considérable de la métropole, les investissements et les crédits publics devant ouvrir la voie aux investissements privés. La meilleure chance de l'industrie algérienne réside en effet dons la participation pour chaque branche, des industriels métropolitains correspondants, ce qui réaliserait la symbiose entre l'industrie métropolitaine et l'industrie locale.Cette politique des "extensions transférées" s'est amorcée depuis quelques années (tout récemment, par exemple a été créée près d'ALGER une usine de montage de camions) ; concentrée avec l'industrie métropolitaine, l'industrie algérienne se trouve mieux à l'abri de la concurrence'
--------Pour doter l'Algérie d'une industrie solide et prospère, la collectivité devra pendant un temps encore, renoncer à certaines recettes, voire même à consentir des sacrifices en faveur des industries nouvelles ou en développement, afin de leur permettre de s'implanter solidement. C'est à ce prix que l'on pourra accroître le volume d'emploi et élever, autant qu'il le faut, le niveau de vie des populations algériennes.
--------Dès à présent, l'industrialisation de l'Algérie n'apparaît plus comme une tentative hasardeuse, d'autant que les richesses du Sahara peuvent dans un avenir proche, permettre de lever les derniers obstacles, en fournissant de l'énergie en abondance et à bon marché.