Alger, Algérie : documents algériens
Série militaire
L'Armée d'Afrique et l'Elevage du cheval en Algérie *
ici, le 22-1-2012

* Document n° 7 de la série : Militaire - Paru le 15 juillet 1947 - Rubrique CAVALERIE

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L'Armée d'Afrique et l'Elevage du cheval en Algérie

Si le rôle de l'Armée fut prépondérant dans tous les secteurs, au début de l'histoire de l'Algérie française, il est cependant un domaine où l'action de l'Armée a été particulièrement sensible : celui de l'élevage du cheval en Algérie.

En effet, si l'Administration du territoire, le Service de santé, le Génie qui avaient été organisés par les militaires ont passé plus ou moins rapidement sous le contrôle civil, le service des Remontes et des Haras de l'Armée poursuivit sa tâche jusqu'au 5 mars 1946 date à laquelle une décision gubernatoriale prescrivit la cession des reproducteurs au Service algérien de l'élevage.

LES CHEVAUX DE L'AFRIQUE DU NORD.

On trouve, actuellement en Algérie, à côté de produits de croisements divers, deux races chevalines distinctes : la race Barbe et le pur sang arabe.

Le pur sang arabe.


Dans le langage hippique, cette expression de " pur sang " possède une signification précise et limitée. Elle ne s'applique guère qu'à trois races fixées, exemptes de toute altération :
- Pur sang arabe ;
- Pur sang anglais (race créée en vue des courses) ;
- Pur sang français ou pur sang anglo-arabe (Midi de la France).

Le pur sang arabe, oriental ou syrien est, selon Sanson et Pietrement, le descendant de l'un des deux chevaux asiatiques : " l'Equus Caballus aryanus ", originaire d'Asie. Il aurait envahi l'Egypte, puis l'Afrique du Nord. Cette opinion semble prévaloir.
Améliorateur par excellence, les caractères du pur sang arabe se retrouvent dans toutes les races nobles et, particulièrement, dans les " Pur sang " anglais et français.

Depuis Mahomet, il a été chanté dans toutes les langues par la Légende, la Poésie et l'Histoire. Dans son cours d'hippologie, le vétérinaire principal Vallon le décrit ainsi en 1863 :

" Nul n'a autant de grâce et d'ensemble dans les formes et des aplombs aussi réguliers... L'avant- train et l'arrière-train sont en harmonie parfaite... Sa tête peut être prise pour type de beauté dans l'espèce. Elle est bien attachée, légère, expressive. L'homme le moins versé dans les connaissances hippologiques y découvre facilement le haut degré de race, d'intelligence et de douceur qui distingue ce cheval de tous les autres ".

Le barbe.

La seule race autochtone de l'Afrique du Nord, la race Barbe, a des origines encore mal élucidées. Des chevaux existaient dans le Nord de l'Afrique, bien avant l'invasion arabe. Ils descendraient, toujours d'après Sanson et Pietrement, du deuxième cheval asiatique, l' " Equus Caballus Mongolicus ", qui a, en particulier, le front moins large que l' " Equus Caballus Aryanus " et le chanfrein busqué. D'après Abd-el-Kader, il serait venu de Palestine en Afrique avec les Berbères. Selon Aureggio, ce serait la conquête des Califes qui aurait donné au Bai be une nouvelle patrie où la race a pris une renommée européenne traduite par ce proverbe : " Les Barbes meurent mais ne vieillissent pas ". Le cheval Barbe est le vrai cheval du pays barbaresque.

Caractères différentiels de l'Arabe et du barbe.

ARABE

Grand air de distinction dans son ensemble.
Très expressif dans sa tête au front large, au chanfrein droit.
OEil vif, proéminent.
Oreilles petites.
Encolure légère, bien greffée.
Garrot bien sorti, parfois un peu gras, dessus large, croupe puissante, assez horizontale.
Queue plantée haut.
Articulations larges, membres fins et secs
Crins fins et soyeux.
Taille de 1 m. 42 à 1 m. 52.
Allures faciles et souples.

BARBE

Ne possède pas l'élégance de l'Arabe.
Tête plus lourde, chargée en ganaches, chanfrein busqué.
Œil ouvert.
Oreilles plus longues.
Encolure parfois massive.
Ligne de dessus parfois tranchante, croupe abattue.
Queue attachée bas.
Membres antérieurs solides.
Jarrets parfois coudés et clos.
Crins plus abondants et plus grossiers.
Taille de 1 m. 46 à 1 m. 60.
Allures un peu retroussées et raccourcies.

Les croisements et l'influence du milieu.

De nombreux mélanges eurent lieu entre les montures des Berbères et les coursiers venus d'Arabie portant les envahisseurs.

Des croisements ont été pratiqués d'une façon suivie, pour donner l'Arabe-Barbe à différents degrés de sang pur (50, 25, 12, 5 e/c, etc...) produit qui, bien réussi, doit réunir harmonieusement les qualités des deux géniteurs.

D'autre part, " la race étant le reflet du sol ", il est tout à fait normal de trouver des types différent3 de barbes, suivant les régions. Sans vouloir entrer dans les détails, notons brièvement que :
- dans la province de Constantine, le Barbe a une taille dépassant la moyenne ;
- en Oranie, il est plus petit, plus trapu ;
- dans le département d'Alger, le cheval d'Aïn-Boucif et du Sersou est plus étoffé, plus grand que celui de Djelf a qui se rapproche du type du Sud.
- le type du Sud des Hauts-Plateaux a beaucoup de caractères du pur sang arabe : tête expressive, côte ronde, croupe plus ou moins horizontale.

RACCOURCI HISTORIQUE DE L'ACTION DE L'ARMEE.

Dès le 14 juin 1830, par une décision ministérielle, la Guerre décide qu'il ne devra plus être embarqué pour l'Algérie de chevaux d'origine française.
A partir du 11 février 1832, les régiments sont servis au moyen de chevaux provenant des razzias, ou d'achats effectués par des officiers de Remonte : les qualités de fond, de sobriété et de vigueur du Barbe étaient officiellement reconnues.

Mais les opérations militaires ont pour effet, dans les deux camps, une consommation importante d'effectifs. Pour s'assurer un nombre suffisant de sujets utiles à l'Armée, il devient nécessaire de surveiller et d'encourager la production du cheval Barbe. Dans ce but, sous l'impulsion du vétérinaire principal Bernis, trois dépôts militaires d'étalons sont créés :
- à Mostaganem,
- à Bouf arik
- à l'Allelick (près de Bône).

Le Service militaire des Remontes et Haras en Algérie, a conservé à peu de chose près, son organisation de 1884 qui, d'emblée, donne satisfaction. A la fin de 1855, les établissements hippiques sont à la fois dépôts de remonte et d'étalons ; en date du 4 décembre, paraissent plusieurs instructions relatives aux attributions du lieutenant-colonel-directeur, des commandants de dépôts, des officiers de Remonte. des vétérinaires ..

Par arrêté ministériel du 20 novembre 1877, fut créée la Jumenterie de Tiaret, chargée de fournir aux dépôts d'étalons de l'Algérie et à la Métropole.
- 1° des reproducteurs de pur sang oriental ;
- 2° des reproducteurs de race barbe améliorée par des croisements orientaux ;
- 3° des reproducteurs de race barbe améliorée par sélection.

Le Service de la Remonte militaire d'Algérie-Tunisie qui étendit son action sur le Maroc à partir de 1912, est une institution qui a rendu de signalés services dans une oeuvre qui exige, outre talent et expérience techniques, de la science, de la méthode et de la volonté.

Il dut lutter contre la routine, suivre à contre-coeur certaines tendances imposées par des courants irrésistibles, ménager les intérêts des éleveurs tout en respectant ceux de l'Etat ; Il dut modifier sa doctrine en même temps que la cavalerie devenait aussi l'arme blindée. - Il n'a peut-être pas évolué aussi rapidement que les conditions nouvelles, mais s'il y eut la guerre-éclair, il n'existe pas d'élevage-éclair - et puis la séparation d'avec la Métropole fut un obstacle durable à l'arrivée de renforts nécessaires d'étalons bretons et de baudets.

Dans les mesures relatives à la réorganisation de l'Armée figurait la dissolution du Service des Remontes en Afrique du Nord. Par D.M. n° 1574 EMA/I, en date du 6-2-46, ses attributions étaient passées au Service vétérinaire militaire.

EFFECTIF DES REPRODUCTEURS EN 1946.

Ils étaient répartis comme l'indique le tableau suivant :

La Jumenterie de Tiaret mérite une mention spéciale. Par le nombre et la qualité de ses produits, c'était l'une des plus importantes pépinières - hors de son berceau - de la race de pur sang arabe ou orientale. Les 4 étalons P.S.A. qu'elle entretenait, des syriens importés ; accouplés avec les 55 poulinières de leur race, ces seigneurs donnaient des produits parmi lesquels étaient choisis, à 3 ans, les meilleurs qui devenaient, à leur tour, des " pères " et des " mères ". Les sujets non retenus comme géniteurs étaient vendus à la suite d'une épreuve sur l'hippodrome qui attirait beaucoup de monde à Tiaret.

ACTION DU SERVICE DES REMONTES ET DES HARAS.

Evoquer l'influence sur l'Elevage des officiers, des vétérinaires du Service des remontes et haras au cours d'un siècle, nous entraînerait à de trop longs développements. Bornons-nous à dresser le bilan de l'une de ces dernières années.

En 1945, les 788 étalons et baudets du Service, répartis pendant la saison de monte (qui s'étend de février à juin) entre 130 stations, ont servi 27.633 poulinières.

Des commissions de primes d'encouragement pour :
- Poulains et pouliches de 2 ou 3 ans ;
- Juments de 4 ans déjà présentées l'année précédente ;
- Poulinières d'au moins 5 ans pleines ou suitées,
ont parcouru le pays et, lors de réunions qui connurent un grand succès, ont distribué aux meilleurs sujets des récompenses en argent et des médailles -Les fonds provenaient du Gouvernement général, de la Guerre, des courses (1 % du pari-mutuel), des préfectures, des communes, des syndicats :

3 039.898 francs, soit 914 francs par animal primé, ont été distribués.

Notons que les animaux de trait ne furent pas oubliés.


"Les courses de la Guerre " font partie aussi des moyens d'encourager l'élevage. Elles mettent aux prises poulains et pouliches de 3 ans, en des compétitions qui ne manquent pas de pittoresque et qui réussissent surtout au Sud des Hauts-Plateaux, à Djelfa, Aflou, Géryville, Méchéria, Barika.

En 1945, 151 000 francs ont été offerts en prix.

Beaucoup plus utile que les courses de la Guerre, l'idée d'un Stud-Book algérien s'imposa très tôt au général Brecard, alors directeur des établissements hippiques d'Algérie. Il a été institué par un arrêté en date du 8 mars 1886. A son ouverture y furent inscrits les mâles et les femelles qui, de par leur modèle, leurs allures, étaient reconnus dignes d'améliorer la race - la fermeture de ce livre d'origine et la suppression du chapitre des dérivés arabes-barbes ont été ordonnées par décision gubernatoriale du 21 juin 1943. Actuellement y sont inscrits les seuls Barbes dont les parents y figurent déjà. - Il va de soi que tous les étalons barbes et arabes-barbes des établissements hippiques sont " stud-bookés ". L'inscription d'une jument au stud-book donne certains avantages à son propriétaire : exemption des prestations (décret du 15 juin 1889) et des réquisitions militaires. La marque au fer rouge sur le côté gauche de l'encolure, constituée par un croissant surmonté d'une étoile, et le certificat, garantissant à l'animal et à ses produits une notoriété... monnayable.

Disant un mot des achats pour les besoins de l'Armée, il nous parait intéressant de comparer les prix moyens à 55 ans d'intervalle :

  1890 1945
- Etalon de trait Néant 120.000 fr.
- Etalon de selle
1.375 fr. 29.000 fr.
- Selle de troupe 570 fr. 19 000 fr.
- Mulet 560 fr. 25.000 fr.

Certes, à l'heure présente, ce n'est plus dans le nombre des chevaux et mulets de la " commande " annuelle qu'il faut chercher le test de l'importance du service.

PROGRES DE L'ELEVAGE. - SES CONDITIONS.

Depuis la cavalerie numide d'Annibal, la réputation du Barbe comme cheval de guerre n'a pas faibli.

Si l'on a noté une stagnation, une régression même depuis une vingtaine d'années - au point que certains spécialistes ne craignent pas d'affirmer que le Barbe pur n'existe plus - c'est d'abord l'abus des croisements qu'il faut incriminer.

On est allé à l'oriental pour donner du " bouquet ", des allures brillantes. L'idée est bonne car les caractéristiques des descendants des deux races asiatiques peuvent s'amalgamer harmonieusement, mais on n'a peut-être pas suivi une méthode rigoureuse et on a perdu le sens de la mesure.

On est allé au pur sang anglais ; on a fabriqué des produits le plus souvent décousus, manqués, mais qui gagnaient des courses. Il fallut même intervenir pour réprimer la fraude. Un arrêté du 22 mai 1942 permet d'éliminer les " truqués " plus ou moins teintés de sang anglais qui se glissaient parmi les candidats à l'inscription pour disputer les courses civiles réservées aux Nord-Africains.

Si l'on ajoute aux étalons entretenus par l'Etat, les étalons particuliers enregistrés et classés en approuvés et autorisés (on fait la monte ainsi en 1945) :
- Pur sang anglais : 16
- Demi sang trotteurs 33
- Trait 73, on a établi la liste d'élite.

En outre, sont surveillés seulement du point de vue sanitaire, les " rouleurs " (chevaux et baudets) très nombreux qui circulent de marché en marché.

Enfin, dans la promiscuité habituelle du bled, on peut dire que chaque mâle est un étalon clandestin et, c'est à cette circonstance, que se trouve lié probablement l'écueil le plus sérieux rencontré dans les efforts pour améliorer l'élevage hippique. Le problème est délicat, justement parce qu'il ne comporte qu'une solution radicale, la castration des mauvais mâles.

Sans nul doute, les méthodes biologiques doivent nous procurer une aide précieuse et il faut signaler les études poursuivies par les vétérinaires de la Ju menterie de Tiaret :

- Sur l'exploration des ovaires avant la saillie ;
- Sur l'insémination artificielle ;
- Sur le diagnostic de la gestation par injection de sérum sanguin à la lapine.

ORIENTATION DE L'ELEVAGE

Productions et débouchés.

C'est un fait d'évidence que l'Armée utilise de moins en moins de chevaux et ces deux dernières années, la guerre étant terminée, ses besoins ont considérablement diminué.

Notons, à titre documentaire, que les achats de l'Armée furent :

en 1890 de 1.599 chevaux et 490 mulets
en 1939-1943 (moyenne annuelle) 2.396 2.515
en 1944 570 484
en 1945 185 124

e -
S'il est cependant prématuré d'aventurer des prévisions en cette période de réorganisation, on peut néanmoins assurer, qu'en Afrique du Nord, la production trouvera des débouchés car des escadrons à cheval seront encore longtemps nécessaires et, ici, " le Barbe s'impose comme le plus qualifié des troupiers ".

Si l'on veut conserver dans l'Armée française cet esprit cavalier dont on se plaît à louer les mérites, il faudra fournir aux cadres des chevaux de sport que le croisement bien conduit du barbe avec l'orien tal pourra fournir aisément.

L'époque où le notable musulman se complaisait à monter ses chevaux de " fantasia " où le colon était fier de posséder quelques attelages rapides et fringants, semble révolue. Mais dans certaines régions (Hauts-Plateaux, Sud algérien), le Barbe, sobre et rustique, endurant, qui peut franchir de longues distances à toutes les allures avec une forte charge, qui s'emploie à la selle, au trait, au bât, qui a, le pied sûr et va partout, a encore devant lui une longue carrière.

Susceptible d'être exporté puisqu'il réussit sous toutes les latitudes, il peut faire l'objet d'un commerce intéressant. La demande en chevaux est actuellement considérable.

Amélioration de la race barbe par croisement.


Substituer partout au Barbe, pour le trait, les grosses races françaises, serait une erreur. Au cours de la disette fourragère qui vient de sévir si cruellement, la mortalité fut surtout très élevée dans les effectifs des importés et de leurs dérivés. Il est réel que l'acclimatation du Breton est en plein essor et doit réussir, à condition :?
- 1° Que les reproducteurs soient choisis soigneusement en Bretagne et que leur taille soit petite.
- 2° Qu'ils soient, de même que leurs produits bretons, purs ou bretons-barbe, entretenus et nourris hygiéniquement. C'est dire que l'extension de cet élevage est subordonnée à celle de l'irrigation et, actuellement, limitée aux zones où de la luzerne et du grain peuvent être distribués toute l'année.

Amélioration des races par sélection.

L'amélioration de la race barbe par sélection est une oeuvre où l'influence gubernatoriale s'avère indispensable. Choisir les étalons est primordial ; encourager les propriétaires de juments à les nourrir d'une façon régulière et abondante, est nécessaire ; les convaincre qu'ils ruinent prématurément les poulains en ne les ménageant pas assez longtemps et en ne les poussant pas en grains et foin qui leur permettraient d'édifier leur squelette, est difficle.

La sélection appliquée au pur sang arabe doit permettre aussi de trouver un débouché à l'Etranger, car nos alliés anglo-saxons, en particulier, ont admiré en lui un cheval de polo de qualité.

Bilan actuel.

En résumé, l'élevage du cheval en Algérie qui représente une richesse considérable puisque les renseignements que nous possédons fixent la population actuelle à environ : 250.000 chevaux et 238.000 mulets, doit prospérer dans les voies suivantes :
- 1° Production du Barbe pur (cheval de troupe et cheval du bled. - Exportation) ;
- 2° Breton et Breton-Barbe dans les régions de culture intensive ;
- 3° Mulets (besoins militaires, culture, exportation) ;
- 4° Pur sang arabe et Arabe-Barbe (cheval de tête, cheval de sport, exportation).

LA CAVALERIE D'AFRIQUE.

Le bilan actuel, bien qu'important, ne montre que d'une manière imparfaite ce que fut l'action générale de l'Armée sur l'élevage et l'utilisation du cheval en Algérie, c'est tout l'historique de la Cavalerie d'Afrique qu'il faudrait présenter depuis les Spahis de la pacification, les 20 escadrons du corps de Yusuf dont l'effectif (4.249 chevaux) est prescrit par ordonnance royale du 7 décembre 1841, jusqu'aux Spahis de la Libération qui occupent, actuellement un secteur de l'Allemagne.

Nous verrions défiler, trompettes et étendards glorieux en tête, les Chasseurs d'Afrique de Crimée, remontés en Barbe dont le général Daumas a écrit : " Ils ont été mis en demeure de faire leurs preuves, et ils ont démontré que si, comme le dit le chant populaire arabe, ils pouvaient la soif et la faim, ce que l'on concédait assez, ils pouvaient aussi les intempéries et l'expatriation, ce que l'on niait très fort. "

On les retrouve dans la même forme en Lombardie, au Sénégal, en Cochinchine, au Mexique.

L'ennemi, lui-même, les admire " Les chevaux pris en 1870-1871 à la Cavalerie française, écrit dans un compte rendu le lt-colonel von Brozowki, commandant le 1e Régiment de Dragons de l'armée allemande, ont sous le rapport de la solidité et de la résistance, répondu aux conditions d'un bon service. Les meilleurs, à beaucoup près, de nos chevaux de prise, étaient les petits étalons arabes .. >>

Le Barbe est de toutes les campagnes coloniales; il participe avec le mulet à toutes les colonnes, à tous les " barouds " avant de s'illuster dans la Grande Guerre sur le Vardar comme sur la Somme, la Marne, le Rhin.

Nous le retrouvons à sa place de combat en 1939 ; il tient garnison en France pour être plus près de la frontière..

Mais les grandes unités de la Libération ne sont-elles pas entièrement motorisées ? Non, car l'expérience a vite démontré que dans les " djebels ", en Tunisie, en Corse, en Italie, dans les Vosges, rien ne vaut une troupe entraînée, dotée de chevaux barbes et de mulets pour escalader, par tous les temps, des crêtes réputées inaccessibles et bousculer un ennemi sidéré par une telle audace. Il suffit, par exemple, de feuilleter les journaux de marche de la LIC Division marocaine de montagne et du groupement de Goum marocain pour être convaincu.

Et n'est-ce pas au Barbe qu'était réservé l'honneur de remonter la seule cavalerie régulière à cheval de la reddition sans conditions ? Nous avons nommé la brigade de Spahis qui se couvrit de gloire, notamment dans la Forêt Noire