Industrialisation
de l'Algérie
Dans les années qui précédèrent
la dernière guerre, l'Algérie faisait figure d'un pays presque
exclusivement agricole : une prospérité apparente lui donnait
une physionomie de contrée en grand progrès matériel.
Cette prospérité, assez factice, était basée
sur une liaison économique étroite avec la Métropole,
celle-ci achetant souvent fort au-dessus du cours mondial les produits
agricoles et spécialement les vins algériens.
En retour, l'industrie française fournissait à l'Algérie,
également au-dessus des cours mondiaux, la plus grande partie dé
ses produits fabriqués.
C'est dans cette situation quelque peu artificielle que l'Algérie
a abordé la dernière guerre ; elle en a senti aussitôt
les inconvénients
Tenant compte de ces considérations et du fait que la population
de ce pays augmente rapidement, la Commission des Réformes, créée
par le Comité dé la Libération Nationale en 1943,
esquissa une politique générale de l'industrialisation rationnelle
de l'Algérie.
Fermement tracé ces deux dernières années, sous l'impulsion
de M. Yves Chataigneau, Ambassadeur de France, Gouverneur général
de l'Algérie, le plan d'industrialisation est actuellement en pleine
voie de réalisation.
POLITIQUE GENERALE.
Aide financière
de l'Algérie...
Un arrêté du 15 mai 1946 a institué auprès
du Gouvernement Général un Comité consultatif chargé
d'examiner les demandes présentées par des entreprises industrielles
ou commerciales en vue de bénéficier de l'aide financière
de l'Algérie, soit pour réaliser des fabrications utiles
à la vie économique du pays, soit pour installer de nouvelles
industries dont l'expérience des années passées a
démontré l'absolue nécessité.
Le concours financier de l'Algérie est accordé suivant l'objet
auquel il s'appliqué :
- par une " lettre d'agrément
", en vertu du décret du 1o' octobre 1945, s'il s'agit du
financement d'une production correspondant à un besoin économique
certain ;
- sous forme de garantie donnée
par l'Algérie, en application du décret du 6 avril 1946,
aux capitaux investis dans l'entreprise, s'il s'agit du financement d'investissements
à réaliser par des industries-clés dont l'implantation
est prévue dans lé plan d'industrialisation de l'Algérie.
Il est à signaler, cependant, que l'intervention de l'Algérie,
dans ce dernier cas, est presque toujours complétée soit
par une lettre agréant, pour une durée limitée, la
production nouvelle, soit par une convention fixant les engagements réciproques
de l'entreprise et du Gouvernement général.
... et bénéficiaires.
Par l'aide financière qu'elle apporte aux entreprises industrielles
et commerciales, l'Algérie veut inciter les industriels à
utiliser au mieux les ressources locales, à entreprendre des productions
utiles et durables, à rechercher des débouchés nouveaux
et à collaborer avec l'Administration pour l'équipement
industriel du pays, équipement qui avait été par
trop négligé jusqu'à ces dernières années.
Mais la réalisation de ce vaste plan d'organisation générale
de la production ne peut être laissée à l'initiatvie
individuelle, quelque puisse être l'esprit d'entreprise qui l'anime.
Les bouleversements économiques nés de la dernière
guerre mondiale ont épuisé les stocks des industries locales
dont le matériel est, le plus souvent, usé et démodé.
Pour reconstituer leurs stocks et rénover leur potentiel industriel,
les entreprises se heurtent, au surplus, à des difficultés
de trésorerie aggravées par les difficultés d'approvisionnement
à l'étranger, qui, le plus souvent, rendraient vains leurs
efforts sans le concours de la collectivité.
Il en est de même des industries nouvelles qui, en raison de la
hausse continuelle des prix, ne pourraient se maintenir au regard d'entreprises
métropolitaines ou étrangères anciennes dont les
frais de fabrication sont, par suite, moins onéreux.
C'est donc pour faire revivre l'esprit d'entreprise, pour permettre le
démarrage de productions ou d'industries nouvelles que l'Algérie
est disposée à apporter son concours sous forme de lettres
d'agrément ou de conventions de garantie, aux industriels qui désirent
participer à la reprise économique.
Il doit, cependant, être posé en principe que cette aide
financière ne peut être acquise que dans la mesure où
elle est strictement indispensable à la réalisation de projets
qui présentent un intérêt évident pour le pays.
En aucun cas, l'Algérie n'entend se substituer à l'initiative
privée lorsque celle-ci a la possibilité d'obtenir, par
ses propres moyens, les concours financiers qui lui sont nécessaires.
Ainsi, dans le domaine du crédit à court terme, la lettre
d'agrément ne doit pas être considérée comme
un moyen commode pour se procurer, à un taux d'intérêt
avantageux, des avances que l'entreprise pourrait obtenir à un
taux normal dans le circuit bancaire privé sans intervention de
l'Algérie.
De même, pour le remplacement ou la modernisation de leur matériel,
les entreprises agricoles, immobilières, industrielles ou commerciales,
disposent du système du " crédit à moyen terme
" qui leur permet d'obtenir, sans la garantie de l'Algérie,
des avances bancaires à cinq ans d'échéance.
Il est donc précisé que le concours de l'Algérie
suppose ces deux conditions essentielles :
1° Que la production ait été
reconnue nécessaire à la vie économique du pays ;
2° Que l'entreprise n'ait pu,
par ses propres moyens ou dans le circuit bancaire privé, obtenir
l'aide financière qui lui est indispensable.
Bilan des industries
agréées au plan d'industrialisation de l'Algérie,
ou dont le dossier était à l'instruction au lei juin 1947
INDUSTRIE DES METAUX.
- Une boulonnerie et tirefonnerie (2.000 t.). Installation terminée.
- Un atelier de constructions métalliques et chaudronnerie (5.400
t.). Travaux en cours.
- Une usine d'emboutissage (en projet).
- Deux ateliers de réparations mécaniques (en projet).
- Une usine de construction ferroviaire (en projet).
- Une usine de construction de matériel automobile et aérien
(en projet).
- Deux usines construisant des pylônes métalliques (2.000
t. et 2.500 t.). Travaux en cours.
- Un atelier de mécanique générale et fonderie (en
projet).
- Reconstruction d'une usine sidérurgique et installation de four
électrique (25.000 t.). Remise en état (en cours).
- Une usine sidérurgique, aciérie Martin (40.000 t.) (en
projet).
- Une fabrique de pompes à usage agricole (en projet).
INDUSTRIE MINIERE.
- Installation traitant des minerais de zinc (850 t. d'oxyde de zinc).
Fonctionne actuellement.
INDUSTRIE ELECTRIQUE.
- Une fabrique d'électrodes (30.000.000 d'électrodes). Travaux
en cours.
- Deux fabriques de moteurs électriques (5.000 et 6.000 moteurs)
(en construction).
INDUSTRIE CHIMIQUE.
- Une fabrique de colle et produits divers (150 t.). En exploitation.
- Une installation de traitement du gypse et de préparation de
soufre sublimé (en projet).
- Deux usines préparant javel et daquin par électrolyse.
Travaux en cours.
- Une usine de produits anti-cryptogamiques et insecticides (6.000 t.
an). Travaux en cours.
- Une usine préparant de la craie, des insecticides et des produits
divers (20.000.000 de bâtons de craie). Fonctionne actuellement.
- Une usine de transformation des argiles smectiques et bentonites (20.000
t. an) (en projet).
- Une usine de fabrication de sulfate de cuivre (1.000 t.). Fonctionne
actuellement.
- Une usiné produisant des acides divers en vue de la préparation
d'engrais (14.000 t.). Travaux en cours.
- Un laboratoire de produits pharmaceutiques. Fonctionne actuellement.
INDUSTRIE DU CAOUTCHOUC.
- Un atelier de rechapage et de réparation de pneumatiques (8 à
10.000 pneus réchappés, 6.000 pneus réparés).
Travaux en cours.
INDUSTRIE DU BOIS.
- Une usine moderne de sciage (20.000 m3). Fonctionne actuellement.
- Une fabrique de caisses (4.000 m3 de' bois sciés) (en projet).
INDUSTRIE DU LIEGE.
- Deux usines d'agglomérés de liège expansé
pur (3.000 m2 et 5.000 m2 d'agglomérés) (en projet).
- Une fabrique de futailles de lièges surcomprimés (30.000
bordelaises). Travaux en cours.
- Une manufacture d'isolants en liège (3.500 m2 d'agglomérés)
(en projet).
- Une' usine d'extraction des acides gras du liège et dérivés
(100 t.). Fonctionne.
INDUSTRIE DU BATIMENT.
- Modernisation d'une cimenterie (220.000 t.).Travaux en cours.
- Une cimenterie (200.000 t. par an). Travauxen cours.
- Deux usines de matériaux en amiante-ciment (20.000 t. et 27.000
t.). Travaux en cours. -- Une usine de produits isolants divers (180.000
m2). Travaux en cours.
-- Une usine préparant du plâtre (600 t.). Travaux en cours.
- Une usine de concassage de basalte (78.000 t.). Fonctionne actuellement.
- Une usine de maisons préfabriquées (7.000 m2). Travaux
en cours.
- Une entreprise de création et d'extension d'opération
de chai (500.000 hectos). Travaux en cours.
TRANSPORTS.
- Une entreprise de transports aériens de marchandises et de passagers.
PAPETERIE.
- Une usine de prétraitement chimique de l'alfa (5.000 t. an).
Travaux en cours.
- Deux usines traitant l'alfa pour la fabrication de papier et de pâtes
chimiques (production totale : 20.000 t.). Travaux pratiquement terminés.
- Une papeterie (1.800 t. an) (en projet).
IMPRIMERIE.
- Un atelier de reproduction par procédé ferro-gélatine.
Travaux en cours.
VERRERIES ET FAIENCERIES.
- Une verrerie (7.500 t. verre creux par an). Fonctionne.
- Deux faïenceries (1.000 t. et 1.500 t.). L'une fonctionne. Travaux
en cours pour la seconde.
DISTILLERIES.
-Une distillerie d'alcool de betteraves (10.000 hl.). Travaux en cours.
- Deux distilleries produisant au total 40.000 hl. d'alcool (1.620 t.
sirop et mélasse). Travaux en Cours.
HUILERIES ET SAVONNERIES.
- Une station de réception et distribution d'huile d'arachides
de Dakar. Travaux en cours.
- Une savonnerie fine (10.000.000 de savons et savonnettes). Travaux en
cours.
- Six huileries et savonneries, totalisant une production de 70.000.000
t. d'huile et 19.500 tonnes de savon.
(Les travaux de ces usines sont actuellement en cours ou simplement projetés).
INDUSTRIES ALIMENTAIRES.
Poissons et pêches.
- Deux conserveries de poissons totalisant une production de 2.000 t.
Travaux en cours.
- Exploitation de trois chalutiers de grande pêche capables d'aller
en Mauritanie (5.000 tonnes de poissons).
- Une usine de traitement de déchets de poissons (40 tonnes matières
grasses, 120 tonnes de guano.)
- Une usine de traitement des sous-produits de la pêche (en projet).
Chocolateries.
- Une chocolaterie (1.200 t.). Terminée.
- Une chocolaterie (400 t.) (en projet).
Pâtes et
farines.
- Une usine de transformation de produits agricoles (120 t.) (en projet).
- Une buiscuiterie (1.000 t. an). Travaux en cours.
- Une boulangerie capable de panifier 300 qx de farine en 24 heures (1.000
t.). Travaux en cours.
- Deux usines fabriquant des pâtes et des produits de régime
(6.560 T.) . Travaux terminés.
Traitements des
fruits.
- Deux fabriques de jus de fruits (environ 2.000.000 de litres) (en projet).
- Une fabrique de moûts de raisins concentrés (2.000 t.)
(en projet).
- Une glucoserie (3.000 t.) (en projet.
- Une usine de déshydratation de fruits (1.000 t.) (en projet).
Glace.
- Modernisation d'une ancienne glacière (500 t.) (en projet).
Frigorifiques.
- Un entrepôt frigorifique capable de 1.000 carcasses d'ovins par
jour. Terminé.
- Un entrepôt frigorifique capable de 1.000 carcasses d'ovins par
jour. Travaux en cours.
Eaux minérales.
- Exploitation d'une source minérale (4.000.000 de bouteilles).
Fonctionne.
INDUSTRIES TEXTILES ET MEGISSERIES.
- Une maison de vêtements (100 t.) (en projet).
- Extension de deux filatures. Travaux terminés.
-Une filature et extension de tissage (200.000 m2). Travaux en cours.
- Une filature et traitement de toutes fibres (1.200 t. fibres dures,
700 t. fibres tendres) (en projet).
- Deux filatures de laine (1.000 t. de laine) (en projet).
- Une tannerie modèle.
|