Inauguration des six
premiers centres récemment créés en municipaux Algérie
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Dans le premier numéro de leur série
: Politique, les " Documents Algériens " (Voir
" Documents Algériens ", série " Politique
", 1er et 15 septembre 1945.) ont déjà exposé
ce que sont les centres municipaux et l'intérêt croissant
qu'ils présentent pour l'éducation sociale et civique des
Français Musulmans d'Algérie.
Rappelons que cette institution, relativement récente, a pour origine
le décret du 25 août 1937. Constituant une véritable
Charte municipale, elle permet aux habitants des douars ou des villages
érigés en centres municipaux de participer directement à
l'administration de l'agglomération dont il font partie.
Les Français Musulmans ont ainsi l'occasion de se familiariser
avec la vie politique dans le cadre d'une circonscription qu'ils connaissent
bien, et avec l'avantage de pouvoir, de leur côté, apporter
l'étude des problèmes locaux le sens pratique qu'ils ont
acquis au contact des réalités.
Ces organismes administratifs, de caractère municipal, seront donc
une excellente école de liberté politique où les
membres des djemaâs communales bénéficieront des conseils
des administrateurs des Services civils.
Dans une précédente étude ((Voir
" Documents Algériens ", série " Politique
", 1er et 15 septembre 1945.), nous avons déjà
signalé la création toute récente de 55 centres municipaux
en Kabylie. Les six premiers, qui appartiennent tous à des communes
mixtes de la Grande Kabylie, ont été inaugurés par
M. le Ministre Plénipotentiaire Yves Chataigneau, Gouverneur Général
de l'Algérie.
Voici, à titre documentaire, un aperçu des centres qui ont
officiellement pris naissance .
CENTRE MUNICIPAL DE TAXA. - Dépendant
de la commune mixte du Djurdjura, ce centre groupe quatre agglomérations
distinctes, situées sur un territoire montagneux au coeur du pays
kabyle, à 8 km. de Michelet. Elles forment la confédération
de Taka, dont la " Kharouba " (Une
" kharouba " est un groupe d'habitants fixés sur une
certaine portion de territoire et unis par les liens d'une ascendance
commune.) la plus importante est celle des Lefki, de vieille
origine maraboutique.
Par le truchement de leurs djemaâs, les habitants de Taka ont toujours
étroitement participé à la gestion de leurs affaires
locales. Aussi apprécieront-ils à sa valeur une institution
qui va consacrer et élargir leurs droits à l'administration
municipale.
La population compte 1.520 Français Musulmans " non citoyens
" et 80 " citoyens ". L'école publique, qui reçoit
160 élèves, a déjà fourni 15 instituteurs
à l'enseignement primaire - résultat des plus encourageants.
LE CENTRE DE SOUAMA. - Il se trouve
englobé dans la commune mixte du haut Sébaou et fait partie
du douar Beni Bouchaïb. Seul le village de Souama, avec le territoire
s'y rattachant, est érigé en centre municipal et possède
une école.
Sa population, qui comprend 1.826 Français Musulmans " non
citoyens " et 47 Français Musulmans " citoyens ",
constitue un milieu homogène, parfaitement apte à prendre
en main la gestion de ses intérêts.
LE CENTRE DE MAKOUDA. - Il se trouve
dans la commune mixte de La Mizrana, à 21 km. de Tigzirt-sur-Mer,
sur le versant de la dorsale montagneuse qui traverse cette commune.
La population se répartit en quatre villages, groupant au total
1.500 habitants. Ces agglomérations séparées les
unes les autres par de très faibles distances, pourront participer
très aisément à la vie administrative du nouveau
centre municipal.
Grâce à l'école primaire du centre de Makouda, beaucoup
dp Français Musulmans ont reçu une instruction qui les a
préparés à jouer un rôle important dans la
conduite des affaires communales.
LE CENTRE D'IGHIL-IMOULA, dont le
territoire s'étend en bordure de la route nationale reliant Michelet
à Fort-National, est encastré par la commune mixte de Dra-el-Mizan.
Il compte une population de 1.500 Français Musulmans appartenant
à quatre Kharoubas distinctes Vingt-cinq d'entre eux ont acquis
la citoyenneté. La majorité des habitants est groupée
dans le village d'Ighil-Imoula, où elle se livre à la culture
traditionnelle du pays kabyle, celle du figuier et de l'olivier.
LE CENTRE D'ABBACHE, partie de la
commune mixte d'Azeffoun, se trouve distant de 6 km. de Port-Gueydon,
auquel il est relié par une route. Les 520 habitants de ce centre
sont répartis en trois Kharoubas placées sous l'autorité
de trois " Tamen ". La population se compose en majeure partie
de cultivateurs très attachés à leur village natal.
LE CENTRE DE TADDERT (commune mixte
de Fort-National) réunit administrativement le village de Taddert-Bouadda
et Taddert-ou-Fellah, ainsi que le hameau de Taguemount. Ces trois agglom'5.-
rations, appartenant au douar Oumalou, se trouvent à proximité
de la route nationale reliant Azazga à Fort-National.
Leurs habitants, de même origine ethnique, dont 46 sont " citoyens
" et 1.713 " non citoyens ", se répartissent en
15 Kharoubas.
Dans les villages de Taddert-Bouadda et Taddert-ou-Fellah, la vie municipale
a toujours été très active, comme en témoigne
l'importance que la population attache au respect de ses " kanouns
". L'assiduité avec laquelle les enfants fréquentent
l'école montre combien les habitants de ce centre s'efforcent de
s'adapter au progrès de la vie moderne.
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Dans tous les centres municipaux, les élections
des djemaâs communales se sont déroulées le 9 novembre
dernier, dans le calme et la dignité.
C'est que ces populations ont parfaitement compris le sens et la portée
de la réforme éminemment démocratique apportée
à l'organisation municipale de l'Algérie.
Désireux de témoigner leur vive reconnaissance aux autorités
françaises, les nouvelles djemaâs ont, dès leur élection,
adressé des messages de loyalisme au Chef du Gouvernement provisoire
de la République et à M. le Ministre Plénipotentiaire
Yves Chataigneau, Gouverneur Général de l'Algérie.
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