Création de centres
municipaux
en Haute Kabylie - Commune mixte
de Fort-National
La création des Centres municipaux
en Haute Kabylie et leur inauguration solennelle par M. le Ministre Plénipotentiaire,
Yves Chataigneau, Gouverneur Général de l'Algérie
( Voir " Documents Algériens
", série : Politique 1,, et 5 septembre 1945, 15 décembre
1945.), ont suscité, en particulier dans la commune
mixte de Fort-National - qui comptera à elle seule 32 de ces petites
municipalités - non seulement un très vif intérêt,
mais un immense espoir : l'ancienne formule du " Centre municipal-douar
" qui n'était du reste qu'une expérience, n'avait donné
que des résultats assez peu concrets ; au contraire, avec le "
Centre municipal village ", multiplié à de nombreux
exemplaires, nous touchons au stade des réalisations conformes
aux aspirations de la population.
CONDITIONS DE VIE EN HAUTE KABYLIE.
Le choix de la Haute Kabylie ne pouvait être plus judicieux, pour
des raisons aussi diverses que péremptoires, dictées autant
par la géographie que par l'histoire, la structure sociale ou l'organisation
économique.
La Haute Kabylie, dont le relief accentué est d'accès difficile,
a une population beaucoup plus dense que n'importe quel pays d'Europe
(200 habitants au km2). Généralement groupées sur
des sommets en agglomérations d'importance variable, ne dépassant
qu'exceptionnellement 3.000 âmes, ces populations forment des villages
(taddert) ou groupe de hameaux (towfik) dont l'origine se perd dans la
nuit des temps. Fermé pendant des siècles à toute
influence extérieure, le pays a conservé jusqu'à
nos jours son originalité. Certes, des modifications assez importantes
se sont produites depuis quelques années, et c'est à chaque
instant que l'on constate cette évolution ; mais le fond même
des institutions du taddert ou du towfik, telles que les ont décrites
Hanoteau et Letourneux, est toujours vivace. Ce qui frappe au premier
chef, c'est l'organisation communautaire et égalitaire du village
: aucune décision importante n'est prise, aucune corvée,
aucune répartition de viande et, aujourd'hui, de denrées
contingentées ou de vêtements, ne sont organisées
sans que les habitants mâles du village n'aient donné un
accord unanime ; les partages s'effectuent avec une rigide similitude
pour chacun, quelle que soit sa situation sociale ou sa fortune ; les
règles du village (kanoun) s'appliquent en effet à tous
de la même façon, et tel qui est multimillionnaire ou que
son mérite personnel a porté à de très hautes
fonctions exercées dans une capitale ne se retrouvera, dans son
village natal, ni plus influent, ni plus honoré qu'un simple terrassier.
Cet esprit de démocratie intégrale, le développement
de l'instruction que dispensent d'abord les quarante écoles primaires
depuis plus d'un demi-siècle, puis l'Ecole normale qui a formé
près de 200 instituteurs d'origine kabyle, les Lycées, les
Facultés, les hautes écoles, l'équipement économique
enfin qui, nulle part dans le bled algérien, n'a été
aussi poussé, tous ces éléments font que la Haute
Kabylie était toute disposée et prête à recevoir
ce nouvel appareil que constitue le Centre municipal.
SITUATION EN JANVIER 1946.
Un premier décret du 29 août 1945 a érigé plusieurs
villages en centres municipaux, et notamment celui de Taddert, en Haute
Kabylie.
Six arrêtés gubernatoriaux du 20 octobre 1945 pris en application
de ce décret ont fixé les conditions de fonctionnement de
ces nouvelles unités administratives. Les élections ont
eu lieu le 9 novembre 1945.
Un second décret du 5 novembre a créé 31 nouveaux
centres municipaux dans la commune de Fort- National.
Les conditions d'application de ce décret et lefonctionnement de
ces différentes centres ont été fixés par
arrêtés gubernatoriaux pris dans la deuxième quinzaine
de décembre.
Les élections des djemaâs de ces nouvelles unités
administratives auront lieu durant la période du 14 au 24 janvier
1946 et elles se réuniront avant le le 15 février pour voter
leur premier budget.
VILLAGES ERIGES EN CENTRES MUNICIPAUX (5 novembre
1945).
Douar BENI-AISSI.
AIT MESBAH. - Village de petits cultivateurs, d'ouvriers agricoles
et d'artisans ; ces derniers confectionnent de la poterie, objets usuels
tels que plats, lampes à huile et aussi quelques autres que l'on
peut qualifier de luxe puisque n'ayant aucune utilité pratique.
Une cinquantaine de garçonnets seulement peuvent fréquenter
l'école voisine du village de Taguemount-Oukerrouche, distante
de 3 kms.
Un chemin rural carrossable de 2 km. relie Aït-Mesbah au V.O. 1 (route
de Tizi-Ouzou au marché des Ouadhias.
Agence postale de Beni-Douala, distante de 5 kms. Population : 1.445 habitants.
IGHIL BOUZEROU. - Population (1.208 habitants) essentiellement
agricole : petits cultivateurs ou ouvriers employés dans les exploitations
de la commune limitrophe de Tizi-Ouzou ; une minorité a égaiement
l'habitude de travailler en France.
Le village possède une école de garçons à
deux classes, ouverte en 1892, commune avec le village voisin de Tighzert
(40 enfants environ pour Ighil-Bouzerou).
Le village est situé à proximité du V.O. 1 (route
de Tizi-Ouzou au marché des Ouadhias.
Une cabine téléphonique publique existe à l'école
d'Ighil-Bouzerou, où se trouve également une boite postale.
TAGUEMOUNT-OUKERROUCHE. - Population de 1.742 habitants, composée
de cultivateurs, d'ouvriers agricoles, mais qui compte également
de nombreux commerçants, employés de bureaux, ouvriers d'usine,
qui exercent leur profession, soit dans la région algéroise,
soit en France ; deux instituteurs et un caïd en sont Originaires.
L'école de garçons de Taguemount-Oukerrouche a été
ouverte en 1895 ; elle comporte trois classes et est fréquentée
par une centaine d'enfants du village.
Taguemount-Oukerrouche, desservi par l'Agence postale de Beni-Douala,
distante de 6 km. environ, est relié par un chemin rural carrossable
de 3 km. au V.O. 1 (route de Tizi-Ouzou au marché des Ouadhias).
TIGHZERT. - Le centre municipal est constitué par un "
Towfik " de 5 hameaux : Tighzert proprement dit, Ait-Aman, Taguemount-Izzougouaren,
Tazerout et Aït-Moussa.
La population, de 734 habitants, est composée de petits cultivateurs
et d'ouvriers dont un certain nombre ont l'habitude de travailler en France.
Une quarantaine d'enfants fréquentent l'école du village
voisin, Ighil-Bouzerou.
Les différents hameaux sont situés à proximité
du V.O. 1 (route de Tizi-Ouzou au marché des Ouadhias).
Cabine téléphonique d'Ighil-Bouzerou (2 km.). Agence postale
de Beni-Douala (4 km.).
Douar BENI-DOUALA.
AIT-BOU-YAHIA. - La grande majorité des habitants (1:709)
est d'origine maraboutique ;ce sont de petits cultivateurs ou des ouvriers
agricoles ; par ailleurs, de nombreux talebs exerçant dans les
villages ou les communes avoisinnantes sont originaires d'Ait-Bou-Yahia;
ils ont été formés a la Zaouia d'Akal-Aberkane
qui compte une cinquantaine d'étudiants et présente la particularité
d'appartenir non à une seule famille, mais d'être la propriété
collective du village ; elle est fréquentée par de nombreux
étrangers. Le tombeau du Saint dont la Zaouïa porte le nom
est, une fois l'an, le siège d'un pèlerinage important.
Une école française de garçons à une classe
(80 élèves) a été fondée en 1912 et
les enfants en suivent assidûment les cours, concurremment avec
ceux de l'école coranique.
TADDERT-OU-FELLA. - Village de petits cultivateurs et d'ouvriers
agricoles, qui compte également quelques commerçants et
ouvriers d'usine exerçant leur profession en France. La population
totale est de 924 habitants.
Le village, desservi par l'Agence postale de Beni-Douala (1 km. 500) est
relié au V.O. 1 (route de Tizi-Ouzou au marché des Ouadhias)
par un chemin rural carrossable.
Possibilité d'électrification, grâce à l'existence
d'un transformateur au centre de Beni-Douala.
TAMAGOUGHT. - Village de cultivateurs dont certains possèdent
des terres assez étendues ; bien que le territoire du village ne
compte, en effet, qu'une cinquantaine d'hectares, ses habitants, au nombre
de 782, possèdent de nombreuses propriétés sur le
territoire des villages ou des communes voisines et sont généralement
aisés.
Une école de garçons à une classe, fondée
en 1912, est fréquentée par une soixantaine d'enfants environ.
Le village est desservi par l'Agence postale de Beni-Douala (8 km.).
Douar BENI-MAHMOUD.
TAGUEMOUNT-AZOUZ. - L'un des plus gros villages de la commune mixte
(2.279 habitants) dont la vie a été influencée par
l'existence de deux missions ouvertes, l'une en 1873 par les Pères
Blancs, l'autre. en 1895 par les Soeurs Blanches. Chacune de ces deux
missions comporte un dispensaire et une école : 200 garçons
répartis en trois classes, 131 fillettes qui reçoivent,
en outre, un enseignement assez poussé.
La plupart des habitants sont lettrés, un grand nombre très
évolués ; ils sont cultivateurs, quelques-uns ouvriers agricoles,
mais une forte proportion a travaillé ou travaille en France (employés,
ouvriers, commerçants) ; 9 instituteurs et 3 interprètes
judiciaires sont originaires de Taguemount-Azouz. A noter que vivent dans
le village une soixantaine de Kabyles convertis au christianisme et dont
la plunart sont naturalisés.
Une cabine téléphonique publique existe dans le village
qui est également desservi par l'Agence postale de Beni-Douala
(4 km.) et relié au V.O. 1 (route de Tizi-Ouzou au marché
des Ouadhias) par un chemin rural carrossable de 3 km. environ.
TAOURIRT-MOUSSA. - Le centre municipal comprend le hameau de Tizi-Tlakht
et le village proprement dit de Taourirt-Moussa, lui-même nettement
divisé en deux quartiers : celui du haut (ou Fellah) et celui du
bas (Bouadda).
Le village possède une école de garçons à
deux classes fondée en 1893 et fréquentée par 150
élèves.
La population (2.047 habitants) compte des petits cultivateurs et des
commerçants, mais est composée en majorité d'ouvriers
spécialisés ou simples manoeuvres qui exercent leur profession
dans la région algéroise et surtout en France ; 4 instituteurs,
2 cadis et 1 caïd sont originaires de TaourlrtMoussa.
Le village, desservi par l'agence postale de Beni-Douala (5 km.) est relié
au V.O. 1 (route de Tizi- Ouzou au Marché des Ouadhias) par un
chemin rural carrossable de 4 km. environ.
TIZI-HIBEL. - Le centre municipal (groupant2.139 habitants) comprend,
outre le village proprement dit de Tizi-Hibel, les hameaux d'Agouni-Arous
et de Tagragra.
Les habitants de ce derr??? sont tous d'origine maraboutique, leur influence
sur leurs concitoyens qui était grande, est maintenant à
peu près nulle, et ceci est un exemple de la désaffection
fréquente du bloc kabyle à l'égard des Marabouts.
La population de Tizi-Hibel et d'Agouni-Arous est composée
de petits cultivateurs, de quelques commerçants et aussi de nombreux
ouvriers spécialisés ou simples manoeuvres dont une grande
partie a travaillé et travaille en France. 4 instituteurs, 2 cadis,
1 secrétaire interprète des Services civils sont originaires
de Tizi-Hibel.
Le village possède une école de garçons à
dellx classes ouverte en 1897 et fréquentée actuellement
par 120 élèves. 75 fillettes vont à l'école
tenue par les Soeurs Blanches de Taguemount-Azouz ; elles y reçoivent
également un enseignement ménager assez poussé.
Le village, situé à 5 km. de Taguemount-Azouz, est desservi
par la cabine téléphonique de ce dernier village et l'agence
postale de Beni-Douala (4 km. 500) ; il est relié au V.O. 1 (route
de Tizi-Ouzou au marché des Ouadhias) par un chemin rural carrossable
de 3 km. 500 environ.
Douar OUADHIAS.
ADRAR-AMELLAL. - Village de cultivateurs (983 habitants) dont certains
possèdent des propriétés assez importantes, d'ouvriers
agricoles et de nombreux commerçants installés dans la région
algéroise ou en France.
Lés enfants, 50 garçons, 35 fillettes, fréquentent
les écoles de missionnaires de Taourirt-Abdallah.
Un assez grand nombre d'anciens militaires, dont une quinzaine de sous-officiers,
sont originaires de ce village.
Celui-ci, desservi par la Recette postale des Ouadhias (6 km.) est relié
à la route nationale N° 30 (Dra-el-Mizan à Maillot)
par un chemin rural carrossable de 3 km. 500 environ.
AIT-ABDELKRIM. - Village de petits cultivateurs, groupant 824 habitants,
ouvriers et surtout commerçants installés dans la région
algéroise et en France.
50 garçons fréquentent l'école des Missionnaires
de Taourirt-Abdallah ; est relié à la route nationale n°
30 (Dra-el-Mizan à Maillot) par un chemin rural carrossable de
3 km. 500 environ.
TAOURIRT-ABDALLAH. - Village de petits cultivateurs (827 habitants),
d'ouvriers agricoles ou spécialisés, de manoeuvres, d'artisans
et surtout de commerçants et d'employés.
La vie de ce village a été influencée par l'existence
de deux missions, l'une ouverte par les Pères Blancs en 1873, l'autre
par les Soeurs Blanches en 1887. Chacune de ces deux missions comporte
un dispensaire et une école : 220 garçons (50 pour Taourirt-Abdallah
et une centaine de filles qui reçoivent en outre un enseignement
ménager assez poussé.
Les Soeurs Blanches ont formé une cinquantaine d'artisans femmes
qui travaillent la laine, tissent sur des métiers genre Jacquard,
des tentures de pur style kabyle qui sont très appréciées,
et fabriquent toutes sortes d'objets en raffia.
Enfin, le fait le plus remarquable est l'existence, dans le village, d'un
groupe important de Kabyles naturalisés sur demande individuelle
et presque tous catholiques du reste ; il y a, à Taourirt-Abdallah,
une centaine seulement d'électeurs non citoyens, contre 40 citoyens
; or, ces derniers ne sont pas admis à participer aux élections
de la djemaâ municipale. Leur élection, puisqu'ils sont éligibles,
étant problématique, il est probable qu'ils ne pourront
participer à l'Administration du village ; cette lacune, très
importante, sera comblée prochainement.
Le village, qui possède une cabine téléphonique publique,
est également desservi par la recette postale des Ouadhias ; il
est relié à la route nationale n° 30 (Dra-el-Mizan à
Maillot) par un chemin rural carrossable de 3 km. 500 environ.
TAGUEMOUNT-EL-DJEDID. - Population de cultivateurs (1.635 habitants),
d'ouvriers agricoles ou spécialisés, de manoeuvres, de commerçants
et d'employés. A remarquer une importante caste de bouchers, d'origine
négroïde, qui se déplacent de marché en marché.
Dans le village existe une école de garçons à une
classe fréquentée par 70 élèves.
Le village, desservi par la Recette postale des Ouadhias (6 km.) est situé
à proximité immédiate du V.O. 1 (route de Tizi-Ouzou
au marché des Ouadhias).
Douar IRATEN.
ADNI: - Ce centre municipal groupant 2.045 habitants a la particularité
de former un " towfik " de cinq hameaux : Taramint, Bechaâcha,
Mestiga, Agadir, Djemaâ.
Villages d'agriculteurs, petits propriétaires et ouvriers agricoles.
Placées au débouché de la plaine du Sébaou
et de la ville de Tizi-Ouzou, les populations sont assez avancées,
leur situation géographique leur ayant facilité les contacts
avec l'extérieur. Elles ont la chance d'être desservies directement
par la route nationale de Tizi-Ouzou à Fort-National et Michelet.
L'électrification de ces villages sera relativement facile grâce
à la proximité de la ligne.
L'enseignement, donné dans une école de garçons à
deux classes, est très apprécié , les habitants demandent
la construction d'une école de filles.
TAMAZIRT. - Agglomération importante (1.102 habitants),
traversée par la route nationale de Tizi- Ouzou à Fort-National.
Le petit hameau de Boudjellil s'y rattache.
La ligne électrique dessert le village principal habité
surtout par de petits agriculteurs et quelques commerçants.
Une importante école de garçons à cinq classes et
un centre d'éducation rurale pour les filles, dispensent l'enseignement
du français aux enfants des villages environnants.
Le marché à la viande des Irdjen, qui se tient le dimanche
à l'entrée du village, attire les populations locales et
l'anime.
Tamazirt est doté d'une agence postale et d'une cabine téléphonique
publique.
Le bureau du Caïd du douar Iraten est placé à Tamazirt
; grâce à la présence constante chez elles des autorités
du douar et à leur exemple, les populations sont déjà
habituées aux choses de l'administration, et la réussite
de ce centre municipal semble assurée.
AIT-SAID-OUSEGANE. - Bien que ne comptant que 240 habitants, l'érection
de ce village en centre municipal a été proposée
à titre d'essai.
Celà tient à ce qu'il jouit d'une situation géographique
enviable ; petit village d'agriculteurs, il est en effet placé
en bordure de la route nationale de Tizi-Ouzou à Fort-National
et pourra facilement être électrifié. La proximité
du marché des Irdjen lui est économiquement favorable.
AIT-YACOUB. - Placé non loin de la route nationale de Tizi-Ouzou
à Fort-National, ce village (694 habitants) d'agriculteurs et de
petits commerçants sera facilement électrifié ; il
est doté d'une école de garçons à une classe,
actuellement insuffisante pour accueillir les nombreux enfants d'âge
scolaire qui pourraient la fréquenter.
L'entente règne au village, où existe un noyau de Kabyles
lettrés en français, commerçants ou fonctionnaires
retraités, suffisants pour mener à la réussite la
gestion administrative du centre municipal.
Une spécialité originale d'Aït-Yacoub est de posséder
des troupes de musiciens, notamment joueurs de tambour, qui se louent
dans les fêtes.
BOUSEHEL. - Gros village (1.448 habitants) qui, sur la rive gauche
du Sébaou, fait pendant à Tamda. Placé dans la vallée
de l'Oued Sebaou, seule voie de passage naturelle vers le Haut-Sebaou,
son importance économique s'accroît sans cesse. Un fort marché
s'y tient chaque mardi.
Région de figueraies très riche. Un atelier moderne de traitement
et séchage de figues y a été construit pour la formation
professionnelle des producteurs.
Une école de garçons à cinq classes et une école
de filles à deux classes sont à peine suffisantes pour accueillir
tous les enfants d'âge scolaire des villages voisins.
A noter l'existence d'une cabine téléphonique publique en
voie de transformation en agence pos?
tale.
L'électrification du village, situé
à 3 km. à peine de la route nationale de Tizi-Ouzou à
Azazga, est facile ; un chemin vicinal carrossable relie Bousehel à
la grande route.
Un véritable centre administratif est né, que l'on a pris
coutume d'appeler Tizi-Rached. En dehors des locaux à usage de
bureaux des autorités du douar Iraten ,de nombreuses boutiques
de commerçants, d'artisans, se sont construites autour de la place
du marché.
Un noyau très important de notables lettrés, instituteurs
et fonctionnaires retraités, s'y est formé; la jeunesse
y est aussi particulièrement active (sections de scoutisme).
TAKAATS. - Petit centre limitrophe de Bousehel, il participe partiellement
à la vie économique, sociale et politique de son important
voisin.
Il est doté d'une école de filles à deux classes,
dont une d'enseignement ménager ; les enfants du sexe masculin
fréquentent l'école de Bousehel.
Des rivalités de familles l'ont séparé de quelques-unes
de ses kharoubas ; celles-ci sont allées fonder un hameau devenu
actuellement le village de Tiguaguine. Ce dernier a d'abord refusé
de faire partie du centre municipal de Takaats ; il réclame aujourd'hui
son rattachement ou, de préférence, son érection
en centre indépendant.
Quoique peu étendu et relativement peu peuplé (860 habitants),
ce centre contient assez d'habitants capables d'ordonner sa vie municipale.
CHERAIOUA. - Village de 926 habitants, à l'origine situé
à l'emplacement actuel de Fort-Nati> nal ; il a essaimé
vers le lit de l'oued. Ses terres sont riches, terres à céréales
ou complantées de figuiers et d'oliviers.
Comme Takaats, il est limitrophe de Bousehel ; comme lui, il est attiré
par ce gros centre et comme lui il participe à sa vie économique,
sociale et politique.
Assurés de la sécurité régnante, les habitants
se séparent du village et vivent au milieu de leurs terres.
Instruit à l'école de Bousehel, un noyau suffisant d'agriculteurs
et de commerçants saura conduire les affaires du centre municipal.
Douar OUMALOU*.
*C'est ce douar qui a fonctionné pendant quelques années
comme centre municipal à l'échelon "douar".. Le
premier centre municipal en activité, celui de Taddert, appartient
à Oumalou.
AIT-MIMOUN. - Très bien placé au km. 5 de la route
nationale de Fort-National à Michelet, le village d'Aït-Mimoun
(840 habitants) est un centre de petits agriculteurs et de commerçants
aisés qui se sont enrichis en émigrant dans la Mitidja (Marengo)
et en Oranie.
Le village pourra être facilement électrifié. Il possède
une cabine téléphonique publique. Il tend à se développer
par des constructions de locaux à usage de garages et magasins
en bordure de la grande route.
Une école à trois classes y reçoit en même
temps que ses enfants, ceux des villages voisins ; mais les habitants
désirent la construction d'une quatrième classe et celle
d'une école de filles.
ICHERRIDENE. - Un monument commémoratif dominant la route
nationale de Fort-National à Michelet rappelle qu'Icherridene fut
le théâtre de contacts acharnés et sanglants.
Un chemin carrossable, partant de la route nationale, conduit jusqu'au
centre du village.
Centre de petits agriculteurs et de commerçants enrichis (780 habitants),
Icherridene possède un fort noyau d'habitants instruits à
l'école d'Aït-Mimoun.
TABLABALT. - Village d'agriculteurs et de commerçants (743
habitants), placé à trois-quarts d'heure à peine
de marche de Fort-National.
Un chemin carrossable, partant de la route nationale
de Fort-National à Mekla permet, depuis quelques jours, d'y accéder.
Ses enfants fréquentent l'école de garçons à
trois classes d'Agouni-Bour-Ar.
Tablabalt se prétend village de Marabouts ; aussi les habitants
sont-ils très attachés à la rigueur 4 de leurs vieilles
coutumes kabyles. Cependant, ayant bénéficié de l'instruction
française, d'esprit ouvert,
ils ne sont pas ennemis du progrès.
Tablabait a donné plusieurs instituteurs et fonctionnaires ; un
noyau de retraités retirés dans leur village, ayant toujours
gardé le contact avec l'administration française, saura
mener à bien les desti nées de ce futur centre municipal.
EL-MISSER. - Gros village (1.040 habitants) où l'on accède
par un chemin non carrossable, à deux heures de marche de Fort-National.
Centre d'agriculteurs, de commerçants et de petits artisans (vanniers,
fabricants de plats en bois).
L'école à une classe ne suffit pas ; une école de
filles est demandée par la population.
Une kharouba a essaimé et s'est rapprochée de la plaine,
les Cherfaoui, gros propriétaires fonciers.
L'union règne dans le village et le futur conseil du centre municipal
sera certainement formé d'hommes instruits et à la hauteur
de leur tâche.
Douar BENI-YENNI.
L'ancienne tribu des Aït-Yenni forme un tout géographique
et ethnique particulièrement marqué. Une petite partie de
la Kabylie du Djurdjura, où l'on fabriquait autrefois des armes
et de la fausse monnaie, s'adonne aujourd'hui à des activités
plus pacifiques, sinon moins lucratives : bijoux émaillés
de couleurs vives, objets de fine tabletterie, sortent des 60 ateliers
d'artisans kabyles. Nulle part plus que dans les sept villages des Aït-Yenni,
on ne sent un désir d'évolution aussi poussé. C'est
bien la raison pour laquelle ces sept villages ont été érigés
en centres municipaux ; l'un d'eux (Tensaout), trop petit pour vivre seul,
a demandé son rattachementà Tighzirt.
TAOURIRT-MIMOUN. - Important village de 1.600 habitants où
l'on accède par un chemin carrossable. Il s'est développé
en bordure de ce chemin formant un petit centre administratif et commercial
où se sont établis, avec le bureau du Caïd, des garages
et des locaux à usage de magasins.
Une très ancienne école franco-kabyle à cinq classes,
fondée en 1883, dispense l'enseignement à 250 garçons
; une école de filles à trois classes, de construction moderne,
suffit à peine. C'est dire combien ce centre, comme les autres
villages des Beni-Yenni, est ouvert au porgrès et favorable à
l'évolution.
Il est peuplé d'agriculteurs, de commerçants et d'artisans
très habiles : bijoutiers kabyles, artisans du bois.
Tous sont audacieux en affaires, aiment l'argent et savent s'enrichir.
Le village est électrifié, possède une agence postale
avec cabine téléphonique ; le nombre d'abonnés au
téléphone est important. Enfin, comme les autres villages
des Beni-Yenni, Taourirt-Mimoun est desservi en eau potable, par une conduite
venant du Djurdjura, pour la construction de laquelle les habitants n'ont
pas hésité à faire des sacrifices financiers. L'eau
est non seulement distribuée par des bornes-fontaines placées
dans les rues du village, mais encore par plus de 80 concessions individuelles.
Quoique très individualistes et opposés par çofs,
les Kabyles de Taourirt-Mimoun, comme ceux des autres villages des Beni-Yenni,
s'accorderont à faire l'union pour la bonne gestion du centre municipal.
D'une façon générale, ils sont plus instruits des
choses d'Occident que leurs coreligionnaires des autres douars et ont
toujours fourni un contingent très remarqué d'instituteurs
et de fonctionnaires.
TAOURIRT-EL-HADJADJ. - Desservi par une route carrossable, ce petit
village de 900 habitants possède une école de garçons
à une classe.
Centre de petits agriculteurs et de commerçants
possédant les qualités des Kabyles de Beni-Yenni, il contient
un noyau suffisant d'hommes instruits capables de l'administrer.
L'eau est distribuée dans le village par des bornes-fontaines.
AIT-LAHCENE. - C'est le plus gros et le plus peuplé des
villages de la commune mixte de Fort- National (2.700 habitants). On y
accède par un chemin carrossable dont la prolongation jusqu'au
noeud routier de Takhoukht est à l'étude.
Centre d'agriculteurs et de commerçants très aisés,
il est desservi en eau potable par la conduite du Djurdjura.
Il possède une école de garçons à trois classes
où viennent s'instruire également les enfants du village
voisin d'Aït-Larbaâ.
Village riche, où l'amour-propre des Kabyles jouant, toutes les
familles aisées auront à coeur de perfectionner, par leurs
dons et souscriptions, l'état et la renommée du centre municipal.
Les habitants ne veulent-ils pas avoir le plus bel " hôtel
de ville " de la région ?
Un important noyau de fonctionnaires retraités, de marchands instruits
et aisés saura mener à bien les destinées de cette
petite commune.
AIT-LARBAA. - Situé entre Taourirt-Mimoun et Aït-Lahcène,
Aït-Larbaâ est desservi par un chemin carrossable ; l'eau potable
y est amenée par la conduite du Djurdjura et distribuée
par des bornes fontaines.
Quelques abonnés ont le téléphone.
Village de cultivateurs, de commerçants, d'artisans (bijoutiers
kabyles), de fonctionnaires (1.300 habitants) ; il a donné 22 instituteurs
à l'Algérie.
En 1880-1885, une mission des Pères Blancs missionnaires y a construit
une maison, à laquelle est venue s'adjoindre, en 1938, une maison
des Soeurs Blanches. En plus d'un ouvroir et d'un dispensaire, celles-ci
dirigent une école de filles à deux classes qui ne suffit
pas à accueillir toutes les petites kabyles. Pères Blancs
et Soeurs Blanches ont su se faire estimer et aimer.
Un internat, fort de 80 élèves du sexe masculin, est ouvert
chez les Pères Blancs ; ceux-ci donnent leur enseignement aux enfants
sortant de l'école primaire et préparent aux examens du
Brevet. Ils obtiennent de beaux succès.
Malgré la présence de plusieurs çofs, il semble que
les habitants, d'esprit ouvert et avertis des choses de l'Administration,
sauront choisir et élire parmi Jes nombreux hommes compétents
du village les plus qualifiés pour les administrer.
AGOUNI-AHMED. - Petit hameau dissident (730 habitants), détaché
de Taourirt-Mimoun depuis plusieurs décades.
D'accès facile, situé à dix minutes de marche de
Taourirt-Mimoun, sur le flanc Sud de la montagne, ce futur centre municipal
peuplé d'agriculteurs, petit par l'étendue, est certainement
le plus pauvre de Beni-Yenni.
Cependant, ses habitants ont confiance en ses destinées de centre
municipal.
Il est doté d'une école de garçons à deux
classes que fréquentent les enfants du village voisin de Tighzirt
et ne craint pas de réclamer la construction d'une école
de filles.
L'eau est ditribuée par bornes-fontaines.
L'union y est complète et permettra une bonne gestion de ses affaires.
TIGHZIRT. - Placé face à la chaîne du Djurdjura,
presque dans la vallée de l'Acif-N'Tléta, Tighzirt est un
village de Marabouts.
Une importante kharouba s'est détachée et s'est développée
un peu plus à l'Est, au même niveau, c'est Tensaout, qui
a à sa tête le Chikh Leffad Mohamed, vieux Marabout écouté
et estimé pour sa sagesse.
Le village est d'accès facile, soit par Taourirt-Mimoun, dont trois-quarts
d'heure de marche le séparent à peine, soit par la route
nationale qui longe l'Acif-N'Tléta et qui va de Michelet à
Dra-el-Mizan par les Ouadhias. Les enfants vont à l'école
d'Agouni-Ahmed. L'eau est distribuée par bornes-fontaines.
Centre d'agriculteurs et de commerçants (1.296 habitants), Tighzirt
possède des hommes de bonne volonté suffisamment au courant
des questions administratives.
La sagesse du Chikh de Tensaout et le respect qu'on lui porte sont toujours
parvenus à assurer l'union au village.
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La création des 32 centres municipaux,
signe évident du désir que témoigne le Gouvernement
de la République de pousser les populations algériennes
dans la voie de l'évolution, a déterminé en Kabylie
une réelle et légitime satisfaction. Ainsi pourra s'exercer
le libre exercice des franchises démocratiques dans le cadre communal,
ainsi un peuple intelligent, travailleur et instruit, pourra donner sa
mesure, et, selon ses ressources et sont esprit d'entr'aide, conduire
un pays jusqu'ici hésitant, dans la voie d'une évolution
et d'une assimilation librement et résolument consenties.
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