Alger, Algérie : documents algériens
Série économique

L'Electrification de l'Algérie
mise sur site le 11-1-2011
* Document n° 3 de la série : Économique - Paru le 10 avril 1946 - Rubrique ELECTRIFICATION
** Note du Déjanté: je n'y connais pas grand-chose en électricité. Cependant, dans le paragraphe "Transport de l'énergie", par exemple, il est écrit "60 kv ou 150 kv. Ne serait-ce pas, plutôt, 60 kW ou 150 kW?

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L'Electrification de l'Algérie

La vocation civilisatrice de la France participe des réalisations de tous ordres. A côté des transformations politiques, elle s'affirme de façon à donner toute leur valeur aux conceptions les plus généreuses dont s'honore notre pays.

A cet effet, l'électrification de l'Algérie est appelée à jouer un rôle primordial. Elle apparaît comme l'un des principaux leviers du développement agricole et industriel de ce grand territoire, dont la production, faute de moyens appropriés, est encore loin d'atteindre le rendement maximum que l'avenir permet d'escompter.

Disons tout de suite qu'il n'est pas, en Algérie, de politique de l'énergie électrique de principe. L'électrification y est en fonction des possibilités d'évolution du pays, elles-mêmes limitées par des conditions physiques et démographiques.

UN PROBLÈME COMPLEXE

L'évolution de l'Algérie est liée à l'accroissement rapide de sa population. D'où la nécessité d'industrialiser le pays en vue d'augmenter, dans une mesure suffisante, la masse des produits agricoles et manufacturés indispensables à sa subsistance. Problème difficile à résoudre en raison de la disproportion entre des besoins croissants et des ressources limitées. Mais, s'il paraît exclu que sa propre production puisse jamais intégralement couvrir sa consommation - ce qui condamne l'Algérie à demeurer tributaire des importations, même pour l'alimentation - il n'en est pas moins possible de réduire sensiblement l'écart entre l'une et l'autre, à l'aide des forces motrices fournies par l'énergie électrique.
Ces données, peut-être un peu trop abstraites, demandent quelques éclaircissements.

Il est de fait que la population indigène a triplé en un demi-siècle et que son accroissement se poursuit au rythme de 130.000 habitants par an. Cette courbe "triomphalement ascendante", selon l'expression de F. Gauthier, est un témoignage irrécusable en faveur de l'oeuvre française en Algérie.

Or, contrairement à une opinion assez répandue, l'Algérie, considérée dans son ensemble, est un pays inégalement favorisé par la nature. Les terres fertiles et bien irriguées, dont la végétation luxuriante fait l'admiration du voyageur, ne représentent qu'une partie de sa superficie. Celle-ci comprend surtout des régions montagneuses, ravinées par l'érosion, et de vastes plateaux secs où les récoltes maigres sont le fruit d'un labeur acharné de défoncement.

AU SERVICE DE L'AGRICULTURE

Lorsqu'il s'agit d'augmenter la quantité des produits, notamment les produits alimentaires, la première idée qui vient à l'esprit, dans un pays essentiellement agricole, c'est d'y développer d'abord au maximum l'agriculture. Un tel résultat peut être atteint par l'amélioration des méthodes culturales, le développement des irrigations, la motorisation d'une grande partie des travaux, et l'emploi généralisé de toutes les formes d'énergie propres à décupler le travail humain.

A partir de 1920, un programme a été mis en chantier, qui comportait la construction de grands barrages d'une capacité totale de 900 millions de mètres cubes et l'aménagement, à l'aval, de 180.000 hectares irrigables. Plus de 100.000 hectares ont été irrigués en l'espace de vingt ans. On peut estimer, sans être optimiste, qu'au cours des vingt prochaines années, c'est encore 100.000 hectares de plus qui seront fertilisés de cette façon, et 200.000 au moyen d'un pompage, contrôlé et dirigé, des nappes phréatiques.

Mais, si l'on met en ligne de compte le temps nécessaire à l'exécution des grands travaux nouvellement prévus ; l'impossibilité d'étendre indéfiniment les zones d'irrigation, si abondantes que soient les nappes souterraines ; la lenteur de tout progrès en agriculture chez des paysans routiniers, assujettis à la lente cadence des saisons et des années, on ne s'étonne pas qu'il faille, selon les techniciens, dix ans au moins pour doubler la production agricole qu'il s'agirait pourtant de quintupler.

AU SERVICE DE L'INDUSTRIALISATION

De même que l'amélioration interne de l'agriculture, l'industrialisation contribuera à accroître la productivité de l'Algérie. Par des voies différentes, elles concourent, l'une et l'autre, à résoudre le difficile problème de l'alimentation.

Le développement des riches cultures des zones irriguées amènera, en effet, par un processus qu'on voit déjà se dessiner, la création d'industries alimentaires importantes : industrie du froid, pour la conservation et le transport des viandes de boucherie et des fruits ; industrie de conservation de denrées, confitureries, fabriques de semoule, savonneries, etc... En marge et au service de l'agriculture, d'autres industries se développeront : ateliers mécaniques pour la fabrication de pompes, la réparation de camions, tracteurs, machines agricoles, l'entretien du petit matériel mécanique et électrique des fermes, la fabrication de hangars, de silos de stockage, d'emballages, d'engrais, etc...

Il y a place en Algérie pour d'autres activités industrielles. Les années difficiles que nous avons traversées et que nous traversons encore, nous ont montré les lacunes tragiques de notre équipement. L'Algérie, non seulement n'est pas outillée pour traiter sur place ses propres minerais de fer, mais elle est encore incapable de transformer en acier coulé ses ferrailles à proportion de ses besoins, ou de fabriquer de la fonte, des ronds à béton armé, des profilés de bonne qualité. Bien qu'elle ait réussi en pleine guerre à monter une tréfilerie de cuivre, elle n'est pas à même de faire des câbles. Ne demandez pas à son industrie chimique de muer en sulfates le minerai de cuivre extrait du sol algérien, si indispensables qu'ils soient aux cultures régionales. Les moutons lui fournissent une laine abondante ; ses terres, du coton de qualité ; mais, faute d'industrie textile, elle n'en peut tirer, malgré l'habileté de son artisanat, qu'un maigre lot de tissus. Elle produit de l'alfa, mais ne possède pas d'industrie de papier. Insuffisants, ses ateliers mécaniques ne sont pas à même de pourvoir complètement à la réparation de tous ses véhicules : automobiles, camions, tracteurs. Quant à sa production de ciment, elle atteint à peine le tiers des besoins.

C'est dire tout ce que l'Algérie attend de l'industrialisation, elle-même subordonnée à l'emploi généralisé de l'énergie électrique. Par la force des choses, celle-ci devient ainsi un facteur vital pour la production algérienne.

EMPLOI DE L'ÉNERGIE

Dotant l'Algérie de forces motrices puissantes, lui apportant des facilités de travail, infusant comme un sang nouveau dans les artères de son économie, l'électrification est propre à transformer tous les secteurs de la production, dont le rendement sera celui d'un territoire parfaitement outillé.

Si l'on veut passer en revue les domaines où l'énergie électrique trouvera un heureux emploi, on ne manquera pas de s'arrêter aux suivants :

   Chemins de fer. - On sait à quel point la vie économique d'un pays dépend du développement et de la bonne marche de son réseau ferroviaire.
Il s'ensuit qu'il est d'intérêt majeur de rendre les transports publics aussi indépendants que possible de l'étranger ou d'incidences extérieures en alimentant leurs forces motrices, si faire se peut, par des sources régionales. L'Algérie en a fait l'expérience à ses dépens lorsqu'au cours de l'hiver 1941-1942, la pénurie de charbon, puis, pendant les hostilités, les dévorants besoins militaires l'obligèrent à réduire considérablement sur les chemins de fer son trafic commercial.

Aujourd'hui, une notable partie du réseau algérien est déjà en voie d'électrification. Les lignes qui en bénéficieront sont celles reliant :

Alger à Oran Alger à Constantine Souk-Ahras à Ghardimaou
Oran à Sidi-Bel-Abbès Constantine à Philippeville Tébessa au Kouif
Oran à Témouchent Philippeville à Bône Oued-Kébérit à Tébessa

    Usage domestique. - Trop disséminés à travers le vaste territoire algérien pour pouvoir bénéficier du gaz des villes, les fermes, métairies et villages verront s'étendre, avec l'usage de l'électricité, leurs possibilités de production en même temps que s'élèvera le niveau social. Les disponibilités en bois, d'ailleurs modiques, étant géographiquement mal réparties, la cuisine électrique trouvera largement emploi dans les campagnes et jusque dans les intérieurs modestes. Elle y voisinera avec le réfrigérateur, indispensable, dans un pays comme l'Algérie, pour la conservation des denrées périssables et le rafraîchissement des boissons.

    Usage agricole. - En plus de l'irrigation à l'aide du pompage électrique, consommant au minimum 80 millions de kW/h, l'énergie électrique apportera dans les fermes la force motrice nécessaire aux machines agricoles : battages, hache-paille, défoncements (dont l'usage se répandra largement dans le Haut-Chéliff et sur les plateaux sétifiens), labours des terres maraîchères (déjà en expérimentation à Aïn-Taya), etc... De leur côté, les industries à fondement agricole, notamment les industries alimentaires, comme les fabriques de pâtes ou celles de conserves, trouveront dans cette force motrice un auxiliaire utile.

    Industries diverses. - La même observation peut être faite au bénéfice de toute une série d'autres industries, allant du petit artisanat musulman (notamment celui de Tlemcen) aux usines d'acier coulé ; de celles qui traitent certains minerais, en particulier le zinc, aux exploitations minières, non encore reliées par câbles, comme celles du Kouif, de M'Zaita, du Djebel-Onk (qui va être mis en exploitation), de Tadjerouine et celle de Gafsa, qui se trouve en territoire tunisien.

PRODUCTION DE L'ÉNERGIE

Sans nous arrêter au détail des prévisions d'ordre technique, bornons-nous à noter que la production de l'énergie électrique a été calculée de manière que puisse en être doublée tous les dix ans la consommation moyenne, selon une échelle déjà appliquée en France et en Grande-Bretagne.

D'une manière générale, l'électricité est produite soit par des usines thermiques consommant du charbon ou des combustibles liquides, soit par des usines hydro-électriques utilisant des chutes d'eau.

L'Algérie n'a guère le choix. Elle est pauvre en combustibles solides. Les houillères du Sud-Oranais produiront tout au plus 300.000 tonnes de charbon par an, lorsqu'elles seront convenablement équipées. Ce charbon, par surcroît, est coûteux, tributaire de longs transports. On ne le met à contribution qu'en périodes critiques. D'autre part, le pétrole n'est pas exploité en Algérie. L'alimentation des centrales thermiques, une fois que la production de l'énergie électrique aura atteint un certain degré, ne saurait donc être assurée que par l'importation de combustibles.
Mais on ne peut, par ailleurs, grossir sans inconvénient le volume des importations par l'achat de charbon étranger ou français. De sorte qu'il y a, pour l'Algérie, nécessité de recourir le plus possible aux usines hydro-électriques pour la production de ses forces motrices.

La " houille blanche " est, au demeurant, d'un prix de revient bien moins élevé. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un coup œil sur la carte. On y verra que des pays où la production hydraulique est le plus développée, sont précisément ceux où les forces motrices sont bon marché. Tels la Suisse, les pays scandinaves, la France et, en Afrique du Nord, le Maroc. En Algérie même, c'est la région de Constantine qui, sous ce rapport, se trouve la plus favorisée.

Ajoutons que l'équipement hydro-électrique pourra être légué intact aux générations futures, alors qu'il n'en est pas de même de l'équipement thermique, dont l'entretien et le périodique renouvellement demeurent onéreux.

HOUILLE BLANCHE ET BARRAGES

Bien que l'étude des barrages n'entre point dans le cadre de cet exposé, on ne saurait passer sous silence leur importance pour le développement agricole et industriel de l'Algérie. Ce sont eux, en effet, qui nous approvisionnent en houille blanche.

En 1938, l'énergie électrique était fournie en centrales hydrauliques, non régularisées et au fil kW/h ( Voir l'Annexe). Les plus récentes datent de 1932. Bien importantes en matériel tournant et leur production Mais elles sont pauvres en chaudières, leur matériel

Algérie par sept centrales à vapeur, tandis que des de l'eau, produisaient en moyenne 50 millions de que sans interconnection, elles ont des réserves assez pourrait être portée à 35 millions de kwh environ. est ancien et passablement usé, faute d'avoir pu
être réparé ou remplacé au cours de quatre années de service continu. Aussi certaines de ces usines devront-elles être déclassées.

La houille blanche, dont il y aura lieu de pousser au maximum l'exploitation, n'offre pas ces inconvénients. L'étude des ressources d'énergie hydraulique de l'Algérie montre que des quantités considérables, atteignant plusieurs milliards de m3 par an, sont disponibles, mais non régularisées et difficilement régularisables. Le régime des oueds est tel, en effet, que la période des hautes eaux est beaucoup plus courte que celle des rivières françaises. Le débit y prend la forme de crues souvent furieuses. Par malheur, ces oueds, eaux brèves, présentent tous le même régime : hautes eaux en hiver et au printemps ; étiage en juillet, août, septembre et octobre. Le drame algérien, c'est de ne pouvoir disposer alternativement d'un régime hydraulique comme celui de la France : Alpes (hautes eaux d'été), et Massif Central (hautes eaux d'hiver). A cette irrégularité au cours de l'année s'ajoutent des irrégularités interannuelles.

La construction de barrages a précisément pour objet de dompter les eaux sauvages de ces oueds en régularisant tout au moins leur cours annuel au profit de l'agriculture et de l'industrialisation algériennes. La première leur est redevable de l'irrigation de ses terres ; la seconde, de la production des forces hydro-électriques. En raison de ces avantages inappréciables, les barrages tiennent une place importante dans le programme des travaux en cours (Voir l'Annexe). Aussi, dès son entrée en fonctions, M. le Ministre Plénipotentiaire, Yves Chataigneau, Gouverneur Général, s'est-il fait un devoir d'encourager et d'activer l'équipement hydraulique de la colonie.

LES USINES HYDRO-ÉLECTRIQUE

Tenant le premier rang dans les grands travaux prévus ou déjà en chantier, elles comportent deux sortes d'ouvrages : ceux du génie civil, tels que barrages, galeries d'amenée des eaux ; et les ouvrages électriques ou métalliques, tels que turbines, alternateurs, conduites forcées, etc...
La prudence conseille de conserver parallèlement aux usines alimentées par les barrages celles qui produisent l'énergie thermique. Elles permettent, au cours des années sèches, de combler les déficits de la production hydraulique et, d'autre part, de remédier instantanément à une défaillance éventuelle des lignes à très haute tension reliant les usines hydrauliques aux centres de consommation.

TRANSPORT DE L'ÉNERGIE


Les ressources hydro-électriques n'étant pas situées aux lieux mêmes de leur emploi, un réseau de transport à haute tension est nécessaire.
Le principal centre de production est la Petite Kabylie. Comme le montre l'étude des forces motrices à transporter, il doit, d'une part, être relié à Alger, d'abord par deux lignes à 150 kv jusqu'à Aomar, puis par trois lignes à 150 kv à partir de ce point ; et d'autre part, à Constantine, par deux autres à 150 kv, prolongées par une seule ligne, de même débit, jusqu'à l'Oued Kébérit. Cette artère générale à très haute tension se doublera d'une autre à 60 kv, destinée à alimenter en énergie des sous- stations de chemins de fer entre Alger et Constantine, lors de leur électrification.

Entre Oran et Alger, les échanges d'énergie ne justifient qu'une ligne à 90 kv pour recueillir le courant électrique des usines au pied des barrages d'irrigations et approvisionner, étant, mixte, les sous- stations de chemins de fer.

La ligne existante (90 kv) qui va de Bône à Oued Kébérit sera prolongée jusqu'à Tébessa. Ses antennes apporteront l'énergie aux mines tunisiennes de la région de Tadjerouine et de Metlaoui-Gafsa. Elle sera alimentée à Bône par la Centrale thermique et, à Oued Kébérit, par un poste de transformation sur la ligne à 150 kv.

L'ÉQUIPEMENT ALGÉRIEN : VERS LES RÉALISATIONS

Afin d'exploiter au maximum les ressources hydro-électriques de l'Algérie, on a décidé de hâter l'équipement des usines plantées au pied des barrages d'irrigation et dont les noms sont aujourd'hui familiers dans le pays, à savoir les usines du Ghrib, de l'Oued-Fodda, de Bakhada, de Bou-Hanifia, de
Béni-Bandel, du Hamiz, du Ksob, et des Zardezas. D'autres usines, déjà en construction ou encore en projet, situées à proximité de réseaux d'irrigation ou sur des cours d'eau non régularisés, viendront accroître, au cours des prochaines années, le potentiel économique de la région. Il s'agit de celles qui seront établies à Perrégaux, à Boghni aval, à Michelet, à Maillot aval, à Chabet-Saïad, et à Aïn-Témouchent.

Ces usines une fois construites, l'Algérie disposera de 16 millions de kwh hydrauliques par an.
Mais les gros ouvrages de la première tranche de travaux à entreprendre seront l'aménagement de l'Oued Agrioun (près de Kerrata), et celui de l'Oued Djendjen (près de Ziama-Mansouria). Voici, en chiffres, leurs particularités :

    Chute de l'Oued Agrioun :
Hauteur brute de chute : 380 m. ; Puissance en kilowatts : 60.000 ; Production annuelle : 110.000 kwh.
    Chute de l'Oued Djendjen :
Hauteur brute de chute : 670 m. ; Puissance en kilowatts : 60.000 ; Production annuelle : 140.000 kwh.

Ces ouvrages seront reliés à Alger et à Constantine par des lignes de 150.000 volts, créant ainsi 1a grande artère transversale à haute tension qui a tellement fait défaut à l'Algérie durant ces dernières années.

Parallèlement à cet équipement destiné à la production d'énergie électrique, les travaux d'électrification rurale, mettant cette force motrice à la disposition des villages et des fermes, seront activement poussés. D'ailleurs, ils le sont déjà, en dépit du manque de matières premières.

     État des travaux au 1er janvier 1946
Dès maintenant, on travaille d'un effort continu à l'achèvement des usines au pied des barrages d'irrigation. On trouvera, dans le tableau ci-après, un aperçu d'ensemble du programme des constructions tel qu'il se présentait au janvier 1946.

etat des travaux, electrification


Le barrage de dérivation de Kerrata sera achevé en fin d'année, les études de l'usine définitive sont au point et les travaux préparatoires prendront fin au début de l'an prochain. On peut escompter la mise en service de l'usine définitive pour décembre 1948.

Quant à l'Oued Djendjen, les travaux de reconnaissance de l'emplacement du barrage, ainsi que les études générales sont terminés ; les travaux préparatoires, comportant notamment le chemin d'accès au barrage et aux fenêtres de la galerie et la cité ouvrière de l'usine, sont en cours d'exécution. Les travaux définitifs seront entrepris à cadence rapide en 1948, en vue d'assurer la mise en service de l'usine dès 1952.

UN INSTRUMENT DE CIVILISATION

A diverses reprises, M. Yves Chataigneau, Gouverneur Général de l'Algérie, a insisté sur l'urgente nécessité de faire bénéficier la colonie d'une large industrialisation. Apportant à l'agriculture les forces motrices nécessaires, perfectionnant l'outillage de sa production, résorbant une main-d'œuvre pléthorique, elle est le point de départ d'un nouvel essor de l'économie algérienne.

Il est à peine besoin de souligner que ces améliorations d'ordre matériel tendent avant tout au relèvement des conditions d'existence des populations. Ainsi, à travers l'aspect technique de l'effort énorme qui est ici déployé, se révèle une préoccupation profondément humaine et française. Loin de laisser lettre morte le vaste plan de réformes qu'elle a conçu, la France entend qu'il s'inscrive hardiment dans le sol algérien, comme le témoignage durable de sa civilisation.

ANNEXE
Extrait du rapport technique joint au Projet d'ordonnance portant création d'un Office

Étapes de réalisation

--- La première tranche de travaux à exécuter consiste à terminer les usines du programme de 1940, c'est-à-dire :

Béni-Bandel Hamiz Chabet-Saïad, Oued Ksob,
Perrégaux Boghni aval, Aïn-Témouchent Zardezas
Bakhadda Michelet Bou-Hanifia  

et les lignes 90 kv. à l'Ouest d'Alger.

--- La tranche de travaux d'après-guerre, qui est commencée, comprendra :
--------L'Usine de l'Oued-Agrioun et l'Usine de l'Oued-Djendjen,
--------Une ligne 150 kv. Alger - Agrioun - Djendjen - Est Constantinois,
--------Le sous-réseau de répartition à 60 kv. à l'Est d'Alger,
--------L'achèvement du réseau 90 kv, des confins algéro-tunisiens.