Alger, Algérie : documents algériens
Série culturelle

Mohammad al-Id Hammou Ali
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mise sur site le 24 - 5 - 2011
* Document n° 7 de la série : Culturelle - Paru le 15 juillet 1946 - Rubrique POESIE ARABE

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Mohammad al-Id Hammou Ali

Il n'y a pas dans la vie de vérité définie qui ne comporte des significations particulières et des entraves.
Cette vérité invite à la connaissance, alors qu'elle est une ignorance, et elle glorifie la foi, alors qu'elle est un renoncement.
C'est comme les tambourins : les oreilles sont frappées par un son enjôleur, tandis que les paumes ne touchent que des peaux.

Né à Aïn-Beïda, dans le département de Constantine, le 27 Djoumada I 1322 (9 août 1904) Mohammad al-Id y étudia selon la tradition, et le Coran et les rudiments de la langue arabe, nais sa famille s'étant fixée à Biskra, le jeune Mohammad trouva dans ce centre intellectuel des maîtres qui lui permirent de consolider et d'étendre sa connaissance des sciences islamiques. Parvenu à l'adolescence, il subit comme beaucoup d'étudiants musulmans d'Algérie, l'attirance de la célèbre Université 2aytouna et il se rendit, en 1922, à Tunis, où il s'appliqua avec zèle à tirer le plus grand profit des divers enseignements de cet établissement. Au bout de deux années, des affaires de famille et l'état de sa santé l'obligèrent d'écourter son séjour et il revint au pays natal.

A cet époque, le Cheikh Ben Badis. avait commencé à enseigner à la Mosquée Lakhdar à Constantine, et dans la revue Ach-Chihâb, il ne cessait d'exhorter les Musulmans d'Algérie à instruire leurs enfants. A son appel, des sociétés de bienfaisance et d'éducation se fondaient et des écoles s'ouvraient dans différentes villes. Mohammad al-Id se vit confier la direction de la Madrasat ach-Chabîha à Alger, où il devait rester plus de douze ans, mais supportant mal le climat maritime, il se résolut, en 1938, à quitter la capitale de l'Afrique du Nord pour se retirer en plein sud, dans le cadre enchanteur de la reine des Zibans. Depuis quelques années Mohammad al-Id dirige une école libre à Batna.

SA FORMATION


Si la poésie n'était un don de la rature, on ne comprendrait guère la vocation de Mohammad al-Id. Il lut, comme tant d'autres, les oeuvres maîtresses de la littérature arabe, le Livre des Chansons, le Livre de la Poésie et des Poètes, les divans d'Imroul-Qaïs, Nâbigha, Moutanabbî, Aboû-Temmâm, Bouhtourl et des dizaines de poètes anciens et in.,nernes mais, au lieu de réveiller en lui de banals et simples échos, ces lectures mirent le branle en son àrne et la révélèrent à elle-même. C'est pourquoi l'on ne rencontre pas, chez Mohammad al-Id, les réminiscences conscientes ou inconscientes si fréquentes dans les premières oeuvres de tout poète et, si al-Id a ressenti l'ascendant d'écrivains anciens ou contemporains, s'il suit certains courants, s'il est esclave d'une langue et d'un art poétiques, ses oeuvres ne portent nulle trace d'imitation et il fut du premier coup lui-même.

La raison en est, il faut le croire, dans son tempérament. Conscient de sa personnalité, farouchement épris de liberté, il ne pouvait, sans nier sa propre existence, s'astreindre à être l'émule de qui que ce fût. Ses poèmes résonnent par intermittences comme ceux des poètes de l'âge d'or ou de la décadence de la littérature arabe, il atteint parfois la perfection des meilleurs parmi les anciens et les modernes sans qu'il ait voulu rivaliser avec eux sur un sujet déterminé. Chawqi. ou Hâfic! Ibrahim, on le sent, essaient d'entrer en compétition avec Moutanabbî, Aboû Temmâm, Bouhtourî, Mohammad al-Id ne nourrit pas
l'ambition de ressembler à un autre. Il a, sans doute, subi l'emprise de Djabrân (dont ach-Chihâb reproduisait volontiers les poèmes), mais plus qu'aux hardiesses métriques et à la musicalité de l'oeuvre de Djabrân, ce à quoi il fut surtout sensible, c'est à l'inquiétude philosophique de ce poète, bien mieux, à l'angoisse humaine et à une certaine vicion apocalyptique de l'humanité.

Aussi bien Mohammad al-Id ne livre-t-il à ses lecteurs que ses impressions, ses sentiments, ses idées, son bien propre, pour ce qu'il vaut, et cette valeur n'est pas négligeable, puisque là où l'on risquait de trouver un écrivain habile, on découvre un homme.

SES ŒUVRES

Les poésies de Mohammad al-Id n'ont pas été publiées en librairie. Elles ont paru dans la revue Ach-Chihâb dont presque chaque numéro renfermait un poème, et trois ou quatre poésies oi.t, été reproduites par Mohammad al-Hâdi as-Senoûssî qui accorda à Mohammad al-Id la première place, sinon la plus large dans son anthologie : Les Poètes Algériens de l'Epoque Contemporaine (Tunis, 1345 : 1926).

LE POETE

Parce que leurs oeuvres sont diverses, mobiles, ondoyantes, bien des poètes se montrent réfractaires à toute définition. Mohammad al-Id est de ceux-là. On chercherait en vain, chez lui, une poésie descriptive, un chant d'amour, un éloge, une élégie, un poème philosophique. Aucun de ces genres n'est représenté d'une manière distincte et tous existent à la fois, car le spectacle de la nature incite le poète à la méditation et à la connaissance de soi, la passion lepousse à la recherche de l'éternel, comme les regrets ou l'admiration se traduisent pour lui par la poursuite du parfait. Intégré et asservi au poète, le monde extérieur lui apporte ses innombrables richesses et prolonge son âme à l'infini dans l'étendre et la durée.

La poésie de Mohammad al-Id apparaît ainsi comme l'expression d'évènements isolés et, en même temps, de vérités communes à tous, une sorte de biographie, une histoire strictement personnelle et à la fois l'histoire d'une fraction de l'humanité, et sa pensée, oscillant entre les deux pôles de la raison et de la foi, de l'humain et du divin, trahit un élan sans fin, un effort continu, une lutte incessante pour dompter les faiblesses du coeur et de l'esprit, triompher de l'erreur et parvenir à la certitude de la connaissance. Et par là, Mohammad al-Id s'apparente aux mystiques. Doutant de ses forces, anxieux de sa destinée et de celle de tous les hommes, balloté entre l'espoir et la détresse qui renaissent toujours en lui comme des hydres vivantes, il est le champ clos où le sensible et l'intelligible s'affrontenr, où l'essence sacrée de l'humanité s'efforce de triompher du mal et c'est ce combat, douloureux comme la naissance et comme la mort, qui confère à cette poésie un accent de profonde sincérité et un caractère puissament dramatique.

SON INFLUENCE

La revue Ach-Chihâb a fait connaître les oeuvres de Mohammad al-Id dans l'Afrique du Nord entière et. au-delà de nos frontières, jusqu'en Orient où plusieurs critiques littéraires les tiennent en haute estime. En Algérie et au Maroc, il a formé école et de nombreux jeunes poètes lui doivent leur vocation et. le proclament leur maitre.

Saâdeddine BENCHENEB.

Nota: j'ai inclus des scans. Mon OCR ne reconnait pas l'écriture arabe.

jardin


leila

(Le traducteur juge nécessaire de faire observer que, dans ces deux poèmes il ne s'agit nt d'amour, ni d'un jardin réel ; le nom de Léïla est un symbole et non pas seulement celui de l'éternel féminin, et le Jardin désigne le séjour de la Connaissance et des Perfections).