----------CONSTATATION
GENERALE : Malgré les difficultés de toutes sortes
auxquelles se heurte le développement de 1'Education Nationale
en Algérie, l'accroissement des effectifs d'élèves
a repris dans tous les ordres d'enseignement ainsi que le montre le tableau
suivant : voir
le tableau
(1) A cet effectif, peuvent être ajoutés 15.000 élè
ves environ d'écoles tenues par des maîtres militaires et
homologuées par les services académiques pour la qualité
de l'enseignement et du fait des garanties de pérennité
offertes par l'établissement.
(2) On notera qu'au 1°' avril 1958, les effectifs de l'enseignement
primaire se trouvaient accrus de 30.000 élèves environ par
rapport à, ceux du 5 novembre 1957, grâce à l'ouverture
d'à peu près 600 nouvelles classes,
----------La
reprise demeure limitée dans l'Enseignement Supérieur, plus
particulièrement visé par la grève scolaire de 1956-1957
et où divers incidents qui ont marqué l'année 1956-1957
ont pu conduire une pro-portion notable d'étudiants à poursuivre
leurs études en Métropole. Le retour au calme, indispensable
pour le travail, doit permettre la reprise de l'essor normal de l'Université
d'Alger qui se place au preplan des Universités françaises
par son personnel enseignant et par ses équipements.
----------Au
début de l'année scolaire 1957-1958, a été
posée la première pierre d'un Institut d'Etudes nucléaires
qui disposera dès la fin de 1959 d'un équipement des plus
modernes ; les nouvelles constructions destinées à la Faculté
des Lettres ont été amorcées au printemps de 1958
et, après ces bâtiments, seront édifiés ceux
qui doivent abriter convenablement l'Institut de Géologie, l'Institut
d'Etudes sahariennes, en attendant d'autres extensions intéressant
les études de droit et de sciences économiques et les études
de médecine.
----------A
la rentrée de 1957, l'Université a perdu, par mutation en
Métropole, quelques maîtres éminents mais pour occuper
les postes vacants ainsi que les huit postes de professeurs ou maîtres
de conférence créés en octobre 1957, elle a reçu
des maîtres jeunes qui l'honorent par leur savoir et par leur enthousiasme.
**
----------Dans
l'Enseignement. du Second Degré, la grève scolaire a fait
un tort considérable à beaucoup de jeunes musulmans (près
d'un millier) qu'une longue interruption a mené à l'abandon
définitif de leurs études. Un tel arrêt, concentré,
pour des raisons d'âge, dans les classes terminales, est d'autant
plus déplorable que l'Académie d'Alger fait à tous
les degrés un effort enthousiaste pour faciliter la promotion de
toute la jeunesse d'Algérie. Sans 'doute, la rentrée de
1957 a-t-elle montré, dans les lycées et collèges,
un afflux de nouveaux élèves musulmans, supérieur
à celui des années précédentes. Ce mouvement
ne peut que se développer en 1958.
----------En
milieu européen, l'accroissement des effectifs a été
ralenti par d'assez nombreux départs vers les Etablissements de
Métropole, pendant l'année 1956. La rentrée de 1957
a repris une allure normale.
----------Il
est très probable que l'achèvement de constructions escompté
pour le début de l'année scolaire 1958-1959 aura pour conséquence
un accroissement important des effectifs de l'enseignement du Second Degré.
Le trimestre de rentrée 1958 bénéficie d'aménagements
destinés à agrandir bon nombre d'établissements existants
et, en plus, de la mise en service de trois nouveaux lycées importants
à Kouba
(près d'Alger), à Tlemcen, et d'un grand collège
à Orléansville.
----------Le
nouveau lycée d'El-Biar
unira dans un même .établissement les sections de l'ancien
lycée d'enseignement franco-musulman masculin d'Alger, qui pourront
désormais s'épanouir largement après avoir été
bloquées dans une maison trop exiguë, les sections classique
et moderne de l'ancienne annexe du Lycée Bugeaud à Ben-Aknoun
et une section technique dont les bâtiments seront édifiés
au cours de l'année scolaire 1958-1959. La construction d'une section
agricole est envisagée. Tout l'éventail des enseignements
du Second Degré se trouvera ainsi à la disposition des élèves
d'un même établissement dont la capacité dépassera
2.500 élèves.
----------Le
même principe de regroupement de toutes les sections d'enseignement
du Second Degré, per-mettant, sans changement d'établissement,
les plus grandes latitudes d'orientation, sera appliqué dès
la rentrée de 1958 au nouveau lycée de jeunes filles de
Kouba dans lequel viendront s'installer et se développer des sections
traditionnelles du lycée d'enseignement féminin franco-musulman
d'Alger. Cet établissement disposera d'une capacité dépassant
2.000 élèves.
----------Les
bâtiments destinés au lycée de garçons de Tlemcen
doivent se substituer au collège de Slane, devenu trop petit, lui
aussi. La plus grande partie des locaux entrant en service en 1958 permettra
déjà d'abriter près de 1.500 élèves.
----------La
construction du nouveau collège d'Orléansville destiné
à recevoir des élèves de sections classiques, modernes
et techniques, a été commencée le 1" avril 1958.
La fin des travaux, escomptée d'a-bord pour la rentrée prochaine
aura lieu en novembre 1958. Un établissement neuf destiné
à recevoir plus de 1.200 élèves aura ainsi pu être
construit en bien moins de neuf mois (Il y a lieu de souligner, ici, l'aide
précieuse et déterminante que le Commissariat à la
ieconstruction d'Orléansville a portée aux Services académiques.).
Encore, y a-t-il lieu de souligner que les chantiers se sont trouvés
freinés pendant deux mois par une impossibilité exceptionnelle
de livraison des matériaux préfabriqués. Cette réalisation
montrera que le développement des enseignements du Second Degré
n'est plus subordonné, si on le veut vraiment, à la lenteur
des constructions.
* **
----------Le problème
le plus grave reste celui du recrutement des maîtres qualifiés
du Second Degré.
----------En
1956-1957, 381 postes de professeurs agrég és ou certifiés
sur 1.374 - soit 27.7 % -- n'ont pu être pourvus par la Direction
de l'Enseignement d u Second Degré.
----------En
1957-1958, malgré 105 créations de postes nouveaux et grâce
à la possibilité donnée par le dé cret du
28 mai 1957 de nommer des licenciés d'enseignement dans les postes
vacants de certifiés, 377 postes sur 1.479 n'étaient pas
pourvus ministériellement, ce qui ramenait à 25,5 % la proportion
de postes non pourvus.
----------Le
mouvement de 1957 permettait ainsi de donner des professeurs qualifiés
à des Etablissements de l'intérieur de l'Algérie,
mais réduisait encore les possibilités, déjà
très insuffisantes, de surveillance pédagogique du travail
des élèves en tarissant le recrutement des adjoints d'enseignement.
La Métropole rencontre, à un degré moindre, d'importantes
difficultés en ce domaine, mais si une solution générale
n'intervenait pas à bref délai, pour ce problème,
l'Académie d'Alger aurait à pro-poser une formule particulière
efficace, ainsi qu'elle l'a déjà fait pour le recrutement
des maîtres de l'enseignement primaire.
----------L'Enseignement
Technique se heurte, en Algérie tout comme en Métropole,
à des difficultés de construction, d'équipement et
de recrutement des maîtres. Les troubles actuels compliquent encore
ses développements. Les perspectives demeurent encourageantes cependant.
L'Ecole Nationale d'Ingenieurs d'Alger-Maison-Carrée, jusqu'ici
spécialisée dans le Bâtiment et le Génie Civil,
formera désormais, dans deux sections nouvelles, des ingénieurs
spécialisés en électrotechnique et électronique.
----------Les
conditions de recrutement ont été modifiées de façon
que les lycées d'Algérie ainsi que les enseignements propédeutiques
de la Faculté des Sciences alimentent normalement l'Ecole Nationale
d'Ingénieurs. En 1958, 60 élèves ont été
recrutés au lieu de 21 l'année précédente.
L
----------L'Ecole
Nationale d'Ingénieurs d'Alger est actuellement très loin
de pouvoir fournir le grand nombre de jeunes ingénieurs qui lui
sont demandés. Les promotions antérieures de 20 à
30 élèves doivent être rapidement triplées
et si possible quintuplées, en quelques années, parallèlement
à la mise en place des deux nouvelles sections spécialisées
et de deux autres sections prévues (construction mécanique
et génie chimique).
----------Dans
les centres d'apprentissage et cours complémentaires d'enseignement
professionnel, l'effectif non musulman continue à croître,
bien que très lentement ; l'effectif musulman, très affecté
par la grève en 1956, a, par contre, bénéficié
en 1957 d'une montée sans précédent. Cet engouement
des jeunes Musulmans pour l'enseignement professionnel est un fait notable
qui souligne l'importance de l'effort d'équipement à réaliser
en ce domaine. L_
----------L'extension
des établissements existants et la mise en chantier de nouveaux
C.C.E.P. ou Centres d'apprentissage, la plupart dotés d'internats,
doit permettre d'accroître l'effectif des élèves de
l'enseignement professionnel, actuellement surtout limité par la
capacité des établissements existants. Les C.C.E.P., organismes
particuliers à l'Académie d'Alger, qui rendent les mêmes
services que les Centres d'Apprentissage, avec une administration plus
légère, se prêtent comme les C.C.E.G. à la
déconcentration de l'enseignement et à la promotion de la
jeunesse en dehors des gros centres urbains. 9 nouveaux C.C.E.P. ont été
créés à la rentrée de 1957, ce qui porte leur
nombre à 118 pour l'ensemble de l'Académie.
----------L'enseignement
technique du second degré commence à bénéficier
d'un rapprochement que l'A-cadémie veut désormais systématique
avec les établissements secondaires classiques ou modernes. Les
établissements techniques sont développés, et, en
outre, la multiplication des sections techniques dans les lycées
ou collèges, permettra, sans heurter l'amour-propre des familles,
d'orienter de plus en plus, vers les études techniques, des jeunes
gens bien doués. L'expérience réalisée l'an
dernier, par la création d'une section technique au lycée
Laperrine de Sidi-Bel-Abbès est pleine d'encouragements. Il y a
lieu de souligner en cette occasion la parfaite compréhension du
problème, manifestée par tous les Chefs d'établissements
d'Algérie dont l'action est déterminante sur l'orientation
de la jeunesse. Le nombre de baccalauréats techniques doit être
largement accru.
----------Plus
encore que dans les lycées et collèges classiques ou modernes,
le problème du recrutement des maîtres qualifiés,
s'avère inquiétant. Dans l'ensemble, plus de 50 % des postes
d'enseignement technique ne sont pas pourvus ministériellement,
et les postes laissés ainsi vacants doivent trop sou-vent être
confiés à des maîtres improvisés. Sans doute,
pour les enseignements généraux, l'appel au corps des instituteurs
résout-il correctement le problème en bien des cas, mais
cette solution n'est pas sans porter gravement préjudice à
l'enseignement primaire qu'elle prive d'excellents maîtres. Elle
ne vaut que dans des cas exceptionnels pour remédier au manque
tragique de professeurs techniques et de chefs de travaux.
----------Si
la Métropole qui, en période de pénurie, pousse peut-être
un peu loin le formalisme et les exigences en ce qui concerne le recrutement
des maîtres de ces catégories, n'arrive pas à alimenter
l'Académie d'Alger, celle-ci se devra de proposer des moyens originaux
de recrutement. Il ne peut être question de développer l'enseignement
technique sans professeurs techniques, et nous sentons nettement que sans
mesures énergiques, nous irions à un échec inconcevable
à un moment où, plus que jamais, l'Algérie doit se
préparer à un essor économique et industriel.
**********
----------Les développements
de l'Enseignement primaire vont commander ceux des autres ordres d'enseignement
au cours des prochaines années.
----------En
dehors même des difficultés récentes liées
à l'insécurité, l'expansion de l'enseignement primaire
se heurtait jusqu'ici à la lenteur des constructions. -
----------Au
cours de l'année budgétaire 1957-1958, le nombre de classes
construites (logements non compris) a atteint le nombre de 1.227 dont
510 en locaux préfabriqués et 717 en constructions traditionnelles.
Il est piquant de noter qu'au cours des années précédentes,
sans qu'il y ait eu de frein financier, le nombre de classes construites
n'avait jamais dépassé 632 et qu'il s'élevait seulement
à 490 en moyenne sur 8 ans.
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|
----------On ne
saurait escompter un prochain accroissement très sensible du
rythme de constructions traditionnelles, mais de larges possibilités
sont désormais ouvertes par l'implantation de locaux préfabriqués.
-----------La capacité actuelle de construction
dépasse 200 classes en moyenne par mois (auxquelles s'ajoutent
les logements) et n'est plus guère limitée dans cet ordre
de grandeur que par les crédits d'investissements mis à
la disposition de l'Académie.
---------Dans
l'ensemble des écoles primaires publiques, les effectifs atteints
le 5 novembre 1957, 486.886 élèves, dépassaient
largement le maximum atteint antérieurement, soit 455.438 élèves
à la rentrée de 1954, dernière année calme.
La chute d'effectifs provoquée en 1955 par les fermetures d'écoles
en zone dangereuse et accrue en 1956 par la grève scolaire, se
trouve ainsi largement équilibrée et l'essor de la scolarisation
a repris.
----------Signes
réconfortants, l'effectif d'élèves non musulmans,
en diminution régulière depuis 1954, par suite de départs
en Métropole s'est mis à croître à nouveau
(4,5 % du 5 novembre 1956 au 5 novembre 1957), tandis que le nombre
d'élèves musulmans se trouvait accru de 10,5 % par rapport
au maximum atteint à la renrée de 1954 et de 24 % par
rapport à l'effectif de la rentrée de 1956, marquée
par la grève scolaire.
----------Du
5 novembre 1957 au 1er avril 1958, le recrutement échelonné
des maîtres, l'achèvement de constructions et, sans doute,
l'instauration de nouvelles classes à mi-temps qu'il faudra résorber,
ont per-mis d'ajouter un millier de. classes à celles qui existaient
à la rentrée, portant l'effectif des classes primaires
de l'Académie au voisinage de 530.000 élèves.
----------On
ne saurait passer sous silence, l'appoint apporté à l'effort
de scolarisation par l'Autorité Militaire qui a souvent prêté
des maîtres mobilisés à l'Ecole publique et qui
s'est efforcée de reconstituer et parfois de créer des
classes dans les zones d'insécurité. En novembre 1957,
24.970 enfants étaient ainsi groupés autour de maîtres
militaires. Sans doute, tous les groupements ainsi improvisés
ne présentent-ils pas une garantie de pérennité,
mais les Inspecteurs primaires ont pu homologuer comme remplissant cette
condition près de trois cinquièmes des classes militaires,
avec 15.000 élèves environ.
----------C'est
la création du corps des instructeurs du Plan de scolarisation
qui a sorti l'Enseignement primaire en Algérie de l'impasse où
le plaçait la nécessité urgente de multiplier le
nombre d'écoles avec un recrutement de maîtres bacheliers
déjà insuffisant pour combler les vides résultant
des retraites ou exeat inévitables.
----------Une
telle innovation comporte, certes, des tâtonnements et un minimum
d'insuccès. Mais le fait est, qu'après un an, à
la fin de l'année scolaire 1956-1957, 2.000 classes avaient pu
être maintenues ou créées grâce à la
nomination d'instructeurs et d'instructrices. Le nombre de ces maîtres
atteignait 3.633, le l'e° avril 1958. Malgré l'improvisation
du début, la critique s'avérait favorable.
----------Parmi
les instructeurs, la proportion de maîtres musulmans atteignait
37 % à cette date, et elle aurait été certainement
plus forte si la grève scolaire n'avait empêché
bon nombre de jeunes musulmans d'accéder au B.E.P.C. en 1957.
La proportion d'instructrices musulmanes demeure encore faible, 7,4
% et se relèvera en même temps que s'étendra la
scolarisation deg filles.
----------La
création du corps d'instructeurs n'est donc pas seulement un
palliatif nécessaire pour que reste ouvert l'accès pratique
à la scolarisation totale ; elle est aussi un moyen de large
intégration de jeunes enseignants musulmans.
----------Grâce
au dévouement des Inspecteurs et des Instituteurs, auxquels il
convient sur ce point encore de rendre hommage, la formation professionnelle
des instructeurs s'améliore de mois en mois.
----------Certains
de ces jeunes maîtres vont aborder en 1958 les épreuves
du Certificat de culture genérale et professionnelle qui permettra
de les titulariser. On peut escompter qu'ils le feront avec un large
succès et qu'ensuite ils s'attacheront, par leur travail personnel
à s'élever au rang d'instituteurs.
----------Dès
maintenant, la preuve est faite, en tous cas, que plus de 2.000 nouveaux
maîtres venus des écoles normales ou recrutés comme
instructeurs peuvent être trouvés chaque année dans
l'Académie d'Alger.
----------On
peut certes espérer que la Métropole nous enverra encore
des jeunes instituteurs attirés par l'Afrique du Nord. Au cours
des dernières années calmes, il en venait chaque année
plus de 300 en Algérie. Maïs nous devons surtout compter
sur notre propre action et développer l'effectif des Ecoles Normales
de l'Académie. Plusieurs nouvelles écoles sont projetées
à Bône, Tizi-Ouzou, Tlemcen. Mais il faut aller vite. Aussi,
dès la rentrée de 1958, une dizaine de sections d'écoles
normales doivent être ouvertes dans les établissements
d'enseignement secondaire de la plupart des nouveaux départements
: Bône, Sétif, Tizi-Ouzou, Orléansville, Mostaganem,
Tlemcen.
----------On
préparera ainsi une large extension des effectifs d'élèves-maîtres
et, dans quatre ans, le nombre de jeunes instituteurs algériens
se trouvera considérablement accru.
----------Le
recrutement des écoles normales, comme celui des instructeurs
et des cadres moyens de l'Algérie, sera accéléré
par la multiplication des Cours complémentaires d'enseignement
général, dispersés sur le territoire de l'Académie
d'Alger. A. la rentrée de 1957, 13 nouveaux C.C.E.G. étaient
ainsi ou-verts ce qui portait à 137, le nombre de C.C.E.G. en
exercice (Les effectifs d'élèves des CCEG s'élevaient
à 17.629 élèves au total le 5-11-1957, en accroissement
de plus de 14 % par rapport à ceux du 5-11-1956 et de 19 % par
rapport à ceux du 5-11-1954. C'est dans les CCEG que les effets
de la grève scolaire ont été le moins marqués
et que l'essor de la scolarisation est le plus accusé. C'est
là un succès indéniable en vue de la formation
des cadres moyens indisnensables à l'Algérie.).
----------L'administration
de l'enseignement primaire a été en partie décentralisée
dès la rentrée de 1957, par suite de la création
de nouveaux départements. Nous devons nous louer de la mise en
place des Inspecteurs-Chefs de l'enseignement primaire dans les départements.
Par leur activité, par leur dévouement, par leur tact,
avec la collaboration de tous les Inspecteurs de l'enseignement primaire,
ils ont joué un rôle considérable dans le nouvel
essor de la scolarisation et dans le maintien de relations étroites
et confiantes entre l'Académie et l'Administration préfectorale.
----------De
plus en plus, en Algérie, l'inspection de l'enseignement primaire
est une pièce maîtresse de la scolarisation. Il faut que
l'instituteur ou l'instructeur, surtout dans des postes isolés,
aient conscience d'avoir assez près d'eux, un chef compétent,
attentif et bienveillant.
----------Une
préparation au concours d'inspection a pu être ouverte,
dès la rentrée de 1958, grâce aux maîtres
de la Faculté des Lettres d'Alger ; un stage préparatoire
au concours a eu lieu à l'Ecole Normale de Bouzaréa sur
l'initiative de l'Inspecteur d'Académie d'Alger. Ces mesures
créent un heureux courant vers le Certificat d'aptitude à
l'Inspection. Elles s'avèrent encore malheureusement insuffisantes
et trop de postes importants ne pourront être créés
ou risquent même de demeurer sans titulaire à la rentrée
prochaine s'ils existent déjà. Des mesures exceptionnelles
seront prises si besoin est pour que le maître de l'enseignement
primaire ne soit pas privé de son soutien et de son conseiller
normal.
**
----------L'ampleur
des problèmes d'éducation qui se posent en Algérie
implique un large développement de l'éducation de base
qui doit s'adresser aux adultes en même temps qu'aux enfants d'âge
scolaire. Cette tâche particulière en faveur des milieux
les moins évolués d'Algérie, a été
confiée, dès 1955, aux Centres Sociaux.(tableau
centres sociaux)
----------A
la fin de l'année financière 1957-1958, c'est-à-dire
le 31 mars 1958, 35 Centres Sociaux étaient en place. Ces créations
dont les plus anciennes remontent seulement à 1956 n'ont pas
été aisées. Lenteur des constructions, pénurie
de personnel bien qualifié, difficultés du travail dans
un milieu particulièrement sensible à l'atmosphère
troublée, ont été des freins que seuls ont pu vaincre
l'enthousiasme et l'activité d'un personnel qui s'est voué
volontairement à l'Education de base et qui n'en craint ni l'humilité,
ni les difficultés.
----------Les
Centres Sociaux qui doivent atteindre les populations les plus arriérées,
auront surtout à se développer en milieu rural. Les conditions
d'insécurité récentes sont la cause d'une certaine
concentration des premiers Centres Sociaux en milieu urbain et, en particulier,
dans la zone d'Alger. Mais, dès maintenant, une large extension
du service s'est effectuée dans la vallée du Chélif
et elle s'amorce dans la région d'Oran et dans celle de Constantine,
ainsi que l'indique le tableau ci-dessus des Centres Sociaux existant
à la fin de l'année scolaire 1957-1958.
----------Les
Centres Sociaux ne sont encore qu'à leurs débuts et les
premiers pas en toute matière sont un succès même
s'ils se révèlent parfois chancelants. En deux ans, une
oeuvre de préparation pédagogique considérable
a été accomplie en vue d'adapter les techniques d'éducation
de base au milieu algérien.
----------Un
statut, nécessaire pour la bonne organisation et le contrôle
d'un Service qui doit largement se développer est à l'étude.
Mais dès la fin de l'année 1957-1958, la structure du
service de l'éducation de base est strictement calquée
sur celle de l'Académie ; l'Inspecteur d'Académie doit
administrer les Centres Sociaux de sa région, avec la collaboration
d'un inspecteur spécialisé, tout comme il administre les
autres services de l'Edu cation nationale. ----------Cette
décentralisation, indispensable pour un territoire aussi grand
que celui de l'Académie d'Alger, facilitera de plus en plus le
rapprochement et la coordination des Centres Sociaux et de l'Enseignement
primaire.
----------Dans
sa mission générale de promotion globale de la population,
le Centre Social devra s'attacher particulièrement à l'instruction
au moins rudimentaire de tous les jeunes et à la sélection
des plus doués qui seront orientés vers l'école
primaire.
----------Les
instituteurs ont ainsi à prendre une part active au développement
de l'éducation de base. Certains d'entre eux, détachés
dans un Centre Social sur leur demande, portent toute leur activité
au nouveau service, d'autres lui donnent leur collaboration tout en
conservant leurs responsabilités sans l'enseignement primaire.
Une soudure étroite s'effectue ainsi, progressivement par le
personnel. Une expérience de communauté de direction entre
l'Ecole primaire et le Centre Social est amorcée.
----------Les
cours d'adultes pourront aussi porter leur contribution à la
lutte engagée par les Centres Sociaux contre l'analphabétisme.
**
----------Nous
n'insisterons pas sur l'activité constante et généralement
très méritoire, des Services de la Jeunesse et de l'Edusation
populaire, de l'Education physique et des Sports, de la Santé
Scolaire et Universitaire. Chacun a fait de son mieux, réalisant
parfois des prouesses, malgré ses soucis de recrutement et ses
difficultés matérielles de toutes sortes.
----------Soulignons
au passage, et à titre de simples exemples que le Service de
la Jeunesse a pu transférer plus de 5.000 enfants dans des colonies
de vacances de Métropole au cours de l'été 1957,
ou que le Service de l'Education physique a lancé, avant même
d'avoir les installations et les bâtiments, sa première
promotion d'élèves du Centre Régional d'éducation
physique et sportive.
----------Dans
tous les secteurs relevant de l'Education nationale, l'année
1957-1958, a été une année de reprise. Au cours
d'une période difficile, et parfois tragique, le personnel de
l'Enseignement a conservé sa confiance dans l'avenir de la scolarisation
de la jeunesse et dans la possibilité d'une promotion des populations
d'Algérie. Cette foi a pu être alors traduite par l'Ordonnance-programme
du 20 août 1958 qui garantit les développements de la scolarisation
pendant huit ans dans la seule limite des possibilités effectives
de recrutement du personnel.
effectifs
pour l'année 1958-59
|