Alger, Algérie : documents algériens
Série sociale : loisirs familiaux
le centre familial de vacances de " Ben-Aknoun" (Alger)

LE CENTRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE ACCE LEREE DE L'HOTELLERIE EN ALGERIE.
n°37 - 25 mai 1952

Le Centre de Vacances se devait d'offrir à ses familles toute une gamme de distractions. Pour les sportifs, de vastes terrains sont aménagés : stades de football, de volley-ball, de basket-ball, plateaux d'éducation physique avec tous les accessoires traditionnels. Pour les tout petits, un parc d'enfants où ils peuvent s'initier aux joies du toboggan, des balançoires, des manèges... ou du sable ! Pour les gens tranquilles, un boulodrome et tous les jeux de société dont on peut rêver. Les soirs d'été, dans un théâtre de verdure ont lieu, deux fois par semaine, des séances de cinéma. Dans l'avenir une piscine augmentera l'agrément du Centre. En cas d'accident, de malaise, ,une infirmerie dispense les soins nécessaires. Un bar ou la buvette champêtre offre à certaines heures des rafraîchissements.

mise sur site le 31-01-2005
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Le domaine en 1942
Le domaine en 1942

L'IDEE.

--------La législation du travail a accordé des congés payés à tous les salariés. Malheureusement nombreux sont ceux qui ne peuvent, en raison de l'insuffisance de leurs revenus, profiter de ces 15 jours ou trois semaines de congé pour changer d'air et se reposer avec toute leur famille, ailleurs que chez eux, dans un logis trop souvent insuffisant, et malsain. C'est notamment le cas de ceux qui perçoivent de bas ou moyens salaires et dont les possibilités sont d'autant plus réduites que leur famille est plus nombreuse.
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En créant un Centre Familial de Vacances, la Caisse Interprofessionnelle de Compensation des Allocations Familiales du Département d'Alger (C.I.C.A.F.D.A.) a voulu remédier à cet état de choses et permettre à ses allocataires, pères de famille nombreuse, de jouir pleinement de ce congé avec celle-ci dans les meilleures conditions d'hygiène et de confort, et dans un cadre agréable ;
--------- la famille (père, mère et enfants) étant entièrement réunie ;
--------- la mère, trop souvent la sacrifiée, ayant elle aussi - et sans doute pour la première fois de sa vie - ses 15 jours de repos complet.

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Cette création satisfait le désir de plus en plus marqué qu'a la famille de prendre ses vacances " en famille " et qui explique le développement récent des Maisons Familiales en Métropole. Une enquête par sondage sur les vacances des Français en 1950, effectuée par l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, le démontre parfaitement. Elle a touché 6.414 ménages des principales grandes villes. Sur 4.178 enfants de moins de 18 ans : 23 % ne sont pas partis, 44 % sont allés avec leurs parents, 20 % sont allés dans la famille ou chez des amis, 10 % ont utilisé des colonies de vacances, 3 % ont utilisé des organisations de jeunesse. Le Centre Familial de Vacances de Ben-Aknoun répond donc à un besoin certain et s'inscrit dans un courant très actuel.

--------Il s'inscrit également dans l'effort fait à notre époque pour alléger les tâches de la mère de famille, en la libérant pendant le congé de son mari, des plus lourdes tâches qui lui incombent et en lui permettant à elle aussi de prendre de vraies vacances avec les siens.

--------En outre, le Centre Familial de Vacances, se situant "sur le plan des oeuvres de justice sociale qu'un large esprit de solidarité peut faitre naître et non pas sur le plan des eeuvres d'assistance et de charité " demande une participation effective aux familles pour sa gestion et son financement.

--------Ainsi le Centre Familial de Vacances réalise pleinement la définition récente et officielle des Maisons Familiales de Vacances qui se multiplient à travers la France : Elles veulent être " des organisations ne visant pas à la recherche d'un bénéfice. Elles ont pour but de procurer à tous les membres d'une famille réunis des vacances reposantes, en rapport avec leurs ressources et avec leurs besoins grâce à un ensemble de services d'ordre matériel ou éducatif communs à plusieurs familles ".

--------Avant la lettre, le Centre Familial de la C.I.C.A.F.D.A. avait réalisé cette définition.

LE SITE.

Entrée actuelle du centre : pavillon d'accueil et restaurant
Entrée actuelle du centre : pavillon d'accueil et restaurant

--------La région qui s'étend au Sud-Ouest d'Alger et qui commence aux portes d'EL-BIAR a toujours été considéré par les Algérois comme particulièrement saine en raison de son altitude et comme la plus agréable des environs immédiats de la Ville en raison de son relief très varié et du charme de sa verdure. C'est le début du Sahel Algérois dont Ben-Aknoun est la première petite agglomération. Ce nom évoque à l'esprit de bien des algériens le Lycée installé dans l'ancien domaine des Pères Jésuites et autour duquel s'élèvent l'Ecole de plein air de la Ville d'Alger, la Cité Universitaire, l'Ecole Normale des Filles, et bientôt une Médersa moderne. C'est dire combien le climat et le site sont appréciés.

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Les 20 hectares qui composent la propriété sont des plus variés : 8 hectares de bois, des vallonnements, une carrière, etc...

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Situé à 7 km du Centre d'Alger, à 500 m. du Lycée en allant vers Dely-Ibrahim et avant l'ancien relais des " Deux Bassins " dont il est limitrophe, le Centre Familial de Vacances est facilement accessible et à peu de frais.
Son point culminant se trouve à 250 m. au-dessus du niveau de la mer, c'est dire que, l'été, on y trouve un climat très différent déjà d'Alger : plus frais grâce à l'altitude, plus sec grâce à l'éloignement de la mer dont le massif de la Bouzaréah le protège.

--------Sa situation relativement élevée permet aux personnes qui y séjournent d'admirer la pittoresque vallée de Kaddous, de jouir d'un large panorama sur l'Atlas en arrière plan, de contempler des couchers de soleil à travers les arbres du bois Duc des Cars et d'apercevoir les hauteurs de la Bouzaréah.

--------Tous ces avantages naturels ne demandaient qu'à être mis en valeur. La C.I.C.A.F.D.A. trouvait là un site de choix pour le but qu'elle s'était proposé.

LA REALISATION.

--------La création du Centre Familial fut évoquée pour la première fois le 28 septembre 1942, à la réunion trimestrielle du Conseil d'Administration de la C.I.C.A.F.D.A.

--------Le projet n'avait pas encore pris corps, cependant l'idée de donner la possibilité de vraies vacances familiales à toutes les familles était lancée.

--------Le 28 mai 1943, le Conseil d'Administration décidait, en raison des événements du moment, le seul principe d'une immobilisation provisionnelle pour services sociau_. dont une oeuvre de vacances pouvait être le premier Jalon.
L'Assemblée Générale du 22 juin 1943 ratifiait cette décision et en septembre 1943, le domaine fut trouvé et acheté, après une visite effectuée par Messieurs Jacques CHEVALLIER, Mustapha TAMZALI, Edouard FERMAUD et Jean MELEY, membres du Bureau, fondateurs de la Caisse et toujours en fonctions et Alexandre CHAULET, directeur.

--------L'Assemblée Générale de 1944 précisait le projet en ces termes : " Un Centre Familial de Vacances pourrait fort bien y être installé répondant à l'économie suivante pour le temps de congés payés et moyennant le prix de ce congé, les familles d'allocataires, d'une part, les familles d'adhérents dont les revenus ne dépassent pas une certaine somme à fixer, d'autre part, seraient hébergées sur ce domaine et nourries... Avec la rotation possible sur les cinq mois de congés payés (Mai à Septembre) et si nous pouvons arriver à réaliser une centaine de maison-chalets, c'est dire que le Centre familial de vacances pourrait recevoir chaque année un millier de familles... Si la paix revenue, notre projet peut être mis à exécution, et que vous soyez de cet avis, il va sans dire que nous en aurons toutes les possibilités de réalisation. Si, au contraire, pour divettses raisons, le projet ne pouvait voir le jour, il n'est pas trop osé de dire que nous avons agrandi et très sérieusement le patrimoine de nos adhérents ".

--------De 1944 à 1946, en raison des événements, le domaine se trouva, si l'on peut dire, en état de conservation. En 1944, il fut clôturé, un chateau d'eau fut construit. En attendant mieux, il fut utilisé avec la collaboration de l'Entr'Aide des Vins en y installant une garderie d'enfants qui prenaient de l'air pur dans la journée et retournaient chez leurs parents chaque soir : il y en eut jusqu'à 300 par jour. Mais ce n'était pas là le but que la C.I.C.A.F.D.A. s'était fixé.

--------Dans le dessein d'asseoir définitivement l'oeuvre envisagée, un rapport du Président Jacques CHEVALLIER, Député d'Alger, fut développé à l'Assemblée Générale du 18 juillet 1946, destiné à renseigner tous les adhérents sur l'importance de l'eeuvre entreprise et ses possibilités de réalisation.

--------Ce rapport fut adopté sans aucune réticence, aux applaudissements de l'Assemblée, et un pourcentage de 0,25 % sur les salaires contrôlés fut voté dans l'enthousiasme ; comme le 'Président avait exposé qu'avec ce pourcentage l'installation durerait une dizaine d'années, un adhérent demanda même à cette Assemblée Générale de 1946, s'il ne serait pas possible d'augmenter ce pourcentage pour arriver à une réalisation plus rapide.

--------Il faut savoir en effet qu'au taux actuel (1952) des salaires ce pourcentage procure 32 millions environ.par an au Centre Familial, ce qui a permis de réaliser charnue année, comme prévu, une tranche importante de travaux pour l'édification du Centre et par la suite doit assurer le fonctionnement de cette oeuvre sociale.

--------De 1946 à 1948 ,les routes furent tracées, le Pavillon d'Accueil construit selon un plan d'ensemble mis au point avec Monsieur LATHUILLIERE, Architecte D.P.L.G., à qui avaient été confiées dès l'origine, l'étude et la réalisation progressive du projet.

--------Le 29 avril 1948, Monsieur le Ministre NAEGELEN, Gouverneur Général de l'Algérie, posa la première pierre du Restaurant familial qui était terminé, ainsi que ses dépendances, l'année suivante.

--------Ce restaurant aux lignes modernes très pures, peut assurer à chaque repas deux services de 350 couverts. Grâce à lui, les mamans n'ayant plus le souci du marché, de la cuisine et de la vaisselle se reposent enfin. Les familles y sont reçues par tables familiales et les tout petits y sont l'objet de soins particuliers : menus et mobilier d'enfants.

--------Le 20 janvier 1950, les dix premiers appartements familiaux étaient implantés et pouvaient être offerts aux premières familles dès le 16 juillet de la même année.

--------A la suite d'une visite incognito, le 7 août 1950, Monsieur le Ministre NAEGELEN, enthousiasmé de l'ambiance familiale algérienne qu'il découvrait, proposait de donner la garantie de l'Algérie à un emprunt permettant de terminer au plus tôt une oeuvre sociale dont déjà les plus hautes personnalités de l'Algérie souhaitaient comme lui et pour les mêmes raisons, la réalisation rapide.

--------Il était difficile de refuser une offre si séduisante. Monsieur Alexandre CHAULET, Vice-président national de la C.F.T.C., Directeur de la C.I.C.A.F.D.A. promoteur de ce Centre, entra en relations avec la Caisse Interprofessionnelle de Prévoyance des Cadres de Paris qui avait à assurer un placement de fonds, l'accord fut facilement réalisé en raison de la garantie de l'Algérie accordée par le Gouverneur Général de l'Algérie. Le prêt était de 150 millions, somme nécessaire pour terminer, dès l'année 1951, le programme prévu jusqu'en 1956.

--------Une telle avance sur un programme social a posé bien des problèmes mais l'emprunt de 150 millions était intéressant, puisque remboursable en dix ans, et il fût ratifié par l'Assemblée Générale extracrdinaire de la Caisse le 12 avril 1951.

--------En décembre de la même année, le village était terminé.

--------Ce village, situé sur une pente Nord du Domaine, très fraiche en été, comprend une centaine d'appartemcnts répartis dans des Pavillons de différents types. Chacun de ces appartements est équipé pour receviir facilement un groupe familial de 10 personnes. Chaque entrée, indépendante, ouvre sur une salle de séjour, centre de l'appartement. Cette salle comprend : table, chaises, 2 couchettes superposées, une chaise d'enfant:, une chaise longue, une petite table aves chauffe-biberon et réchaud électrique pour les bouillies ; une cheminée, pouvant être utilisée l'hiver, l'agrément. Sur un côté de cette salle, s'ouvrent deux chambrettes alcôves de deux couchettes superposées chacune, permettant de répartir convenablement grand garçons et grandes filles s'il y a lieu. Sur l'autre côté, s'ouvre d'une part une chambre des parents oà l'on peut encore disposer un lit de bébé de 3 à 4 ans et un berceau : cette chambre comporte un grand placard penderie ; d'autre part, de la pièce centrale, on a accès sur le bloc hygiène qui comprend : lavabo et douches (eau chaude - eau froide), un W.C. ; une baignoire est mise à la disposition des familles, ayant de jeunes bébés. Un nécessaire d'entretien est prévu pour le ménage. Cet appartement ne comporte pas de cuisine puisque les repas sont pris au Restaurant. Les petits lavages familiaux peuvent être effectués dans les 4 buanderies et séchoirs, munis de tables et accessoires de repassage, répartis à travers le village et qui ont été construits à la même époque.

--------L'ensemble de "l'appartement" offre une surface habitable de 52 m2.

Plan d'aménagement intérieur de deux appartements jumaux
Plan d'aménagement intérieur de deux appartements jumeaux

-------Depuis, en bordure de ce village, une Salle de Réunion où peuvent se tenir les Assemblées de Parents, des conférences et, l'hiver, des séances de cinéma, a été construite. Une bibliothèque est à la disposition des grands et des petits, ainsi qu'un bazar où les familles peuvent se procurer tous les menus articles d'utilité courante.

--------Le Centre de Vacances se devait d'offrir à ses familles toute une gamme de distractions. Pour les sportifs, de vastes terrains sont aménagés : stades de football, de volley-ball, de basket-ball, plateaux d'éducation physique avec tous les accessoires traditionnels. Pour les tout petits, un parc d'enfants où ils peuvent s'initier aux joies du toboggan, des balançoires, des manèges... ou du sable ! Pour les gens tranquilles, un boulodrome et tous les jeux de société dont on peut rêver. Les soirs d'été, dans un théâtre de verdure ont lieu, deux fois par semaine, des séances de cinéma. Dans l'avenir une piscine augmentera l'agrément du Centre. En cas d'accident, de malaise, ,une infirmerie dispense les soins nécessaires. Un bar ou la buvette champêtre offre à certaines heures des rafraîchissements.

--------A cet ensemble mis directement à la disposition des familles s'ajoutent les services Administratifs aussi réduits que possible, le Magasin Général , la Buanderie-Lingerie, etc... Bref tout ce qu'il faut pour faire vivre et distraire une population de 700 personnes.

--------L'idée de 1942 est devenue une réalité en 1952.

LE SEJOUR DES FAMILLES.

--------Cette réalité, de nombreuses familles l'ont déjà vécue, car la C.I.C.A.F.D.A. n'a pas attendu l'achèvement du Centre pour l'ouvrir.

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Durant l'été 1950, les 10 premiers appartements ont été occupés successivement par 33 familles groupant 257 personnes, soit 68 parents et 189 enfants.

--------Durant l'été 1951, dans la mesure où le permettait l'avancement des importants travaux en cours, 96 familles ont été reçues, réunissant 578 personnes dont 194 parents et 384 enfants.

--------A l'aide de ces premières expériences, les notes dominantes d'un séjour au Centre Familial peuvent déjà être dégagées.

--------- Le repos de la mère de famille est enfin possible : dès son arrivée, l'Assistante Sociale s'informe rapidement du régime auquel ses plus petits enfants sont habitués afin de lui faire procurer ou servir à table tout ce qu'il lui faut. Au Restaurant, les menus des tout petits sont servis en même temps que les hors-d'eeuvre de façon à permettre à la maman de prendre tranquillement son repas. Dans la journée, elle peut, si elle le désire, confier ses enfants à des jardinières d'enfants, à des monitrices ou à des moniteurs qui sont chargés de les distraire. La plupart des mères de famille à quelque degré de l'échelle sociale qu'elles appartiennent, déclarent que ce sont les premières vacances de leur vie.

--------- Un climat de liberté fait de ce séjour de vraies vacances : pas de vacances sans liberté. Chaque famille organise sa vie comme elle l'entend. Le petit règlement intérieur du Centre n'a d'autre raison d'être que de faire respecter à chacun la liberté des autres. Les familles d'ailleurs participent à l'organisation des loisirs comme elles peuvent proposer à la Direction tout ce qui leur semble souhaitable, grâce à un Conseil de Parents élu par elles.

Un pavillon familial , la buanderie familiale
Un pavillon familial , la buanderie familiale

-------Les familles sont heureusement surprises de pouvoir se procurer au Centre, chaque matin, le quotidien de leur choix. Comment pourrait-il en être autrement puisque le Centre est ouvert à tous les salariés quels que soit leur origine et quelles que soient leurs convictions.

--------- Une ambiance très naturelle de large fraternité s'instaure au Centre : Toutes ces familles d'origines sociales ou ethniques très diverses vivent ensemble sans aucune difficulté. A quoi cela tient-il A la brièveté du séjour, peut-être... Mais plus encore au fait que d'abord toutes sont reçues sur un pied d'égalité absolue, non seulement matériellement, mais surtout dans les rapports avec le personnel. Ensuite au fait que le confort offert ou les égards rendus sont d'un certain niveau ; les familles les plus aisées (les quelques-unes qui ont l'équivalent chez elles) ou les plus simples (les nombreuses familles qui mènent une vie précaire) prennent davantage conscience alors de leur dignité propre et de celle des autres ; la conséquence est un respect mutuel qui n'est pas atténué, comme dans la vie coutumière, par le cadre de vie sur lequel souvent on se juge. Au Centre Familial de Vacances, pour cette raison, les familles sont portées plus naturellement à ne se juger que sur leurs qualités humaines... et moins d'après les préjugés ; elles se découvrent. Enfin, au fait que chaque famille conserve son indépendance, son unité, sa personnalité parce qu'elle a un " chez soi" où elle est vraiment chez elle.

--------Gens de divers races et milieux peuvent participer à un même séjour, il n'y a jamais promiscuité, il n'y a jamais de gêne pour vivre chez soi selon ses coutumes ; chaque famille se mêle librement aux autres familles dans la mesure et de la façon dont elle le désire ; elle le fait d'elle-même progressivement et d'autant plus facilement qu'elle a un " home " où elle peut rester elle-même. La vie de tout ce monde est souvent si cordiale que beaucoup demandent l'année suivante à revenir ensemble.

--------- La tenue des familles est remarquable : on fait toilette avant de descendre au Restaurant où les enfants sans doute impressionnés favorablement par le Cadre, se tiennent d'une façon étonnante. Sur le plan matériel, les déprédations sont nulles, la casse insignifiante. Avant leur départ, d'elles-mêmes, les familles tiennent à ce que leur appartement soit aussi propre et bien rangé qu'à leur arrivée ; il n'y a aucune exception. On peut voir dans ce geste un réflexe de propreté provoquée peut-être par la qualité et la tenue de ce qu'elles ont trouvé, mais aussi un remerciement et le souci que les autres soient aussi bien qu'elles mêmes.

--------Beaucoup au cours de leur séjour, ne cachent pas leur admiration pour l'intérieur qui leur est offert et déclarent que ça leur donne des idées pour arranger leur appartement habituel. Le témoignage d'Assistantes Sociales qui ont visité des familles où l'appartement était remis en état et même aménagé dans le genre " Ben-Aknoun ", se passe de commentaires.

--------- Les répercussions sociales de ce séjour peuvent parfois être assez importantes

--------Quelques-uns plus marqués par la misère et les soucis, ont un réflexe d'insatisfaction continuelle. Les premiers jours, il leur manque toujours quelque chose. Peu à peu, le calme des lieux et surtout le standard de vie qui les comble, les apaisent et les détendent : les requêtes extraordinaires, les inquiétudEs disparaissent et ils repartent moins aigris.

--------Bien des visiteurs croient qu'au moment du départ les familles sont désespérées de quitter la vie qu'elles ont connue. Certes, il y a eu des larmes, mais ces larmes, plus que le regret, recouvraient la reconnaissance, l'émotion d'avoir connu de vraies vacances. Ce séjour est dans la vie de la plupart un vrai rayon de soleil. Elles en ont joui et elles ont l'espoir (l'en jouir de nouveau.

--------Toutes quittent le Centre fortifiées physiquement et moralement. Certaines mêmes partent fières d'avoir été traitées comme elles l'ont été : elles réalisent qu'elles ont été traitées comme il se doit et repartent dans la vie plus conscientes de leur dignité.

--------Jusqu'à présent, en raison des travaux, le Centre a surtout fonctionné l'été pour les congés payés. A partir de cette année, il est largement ouvert non seulement en toutes saisons pour les congés payés, mais encore en dehors de l'été comme Centre de repos pour la famille.

--------Durant l'été 1952, ce sont 600 familles groupant 4.000 personnes qui pourront être reçues. Voici les conditions générales d'admission dans ces différents cas.

A. - Période du 1" juin au 30 septembre
--------- Le séjour n'est accordé qu'à l'occasion du congé payé du Chef de famille, à toute la famille réunie pour une période de 15 jours minimum ou 3 semaines maximum.
--------- Le séjour est réservé aux allocataires de la Caisse Interprofessionnelle de Compensation des Allocations Familiales du Département d'Alger ; cependant, dans la mesure des places disponibles, des salariés appartenant à d'autres Caisses peuvent être reçus sous réserve d'accord avec leur Caisse.
--------- Ne sont admises que les familles ayant au moins 3 enfants bénéficiaires d'allocations familiales, ou celles de 2 enfants ayant moins de 5 ans, ou celles où un 3"'o enfant est attendu.
--------- Aucun membre de la famille ne doit avoir une maladie contagieuse.
--------- Verser à l'arrivée au Centre le montant de l'indemnité de congé payé, majoré du montant correspondant des allocations familiales, quel que soit ce salaire et quelque soit le nombre d'enfants bénéficiaires d'allocations familiales.

--------Cependant, les salaires pris en considération sont plafonnés à 60.000 francs.

B. - Période d'Octobre à fin Mai.
Congés Payés

--------Toutes les familles, quelque soit le nombre des enfants sont admises, aux mêmes que pour la période d'été.

Séjours pour convalence ou repos
--------- La personne ayant besoin de repos peut séjourner au Centre accompagnée ou non de membres de sa famille (conjoint ~ enfants).
--------- La durée du séjour est au minimum de 8 jours et peut être prolongée suivant les possibilités du Centre.
--------- Le prix du séjour, logement et nourriture compris, est fixé actuellement à
--------- 650 francs par jour pour les grandes personnes et enfants de plus de 10 ans ;
--------- 325 francs par jour pour les enfants de 2 à 10 ans.

--------Indépendamment de ces séjours, la C.I.C.A.F.D.A. est en pourparlers avec l'Union Nationale des Caisses d'Allocations Familiales et divers organismes sociaux métropolitains, pour recevoir des salariés de France en hiver au Centre Familial. Ce serait un moyen de révéler, à bon compte, aux salariés métropolitains et à leurs familles notre Algérie dont personne ne peut plus ignorer les problèmes. A une époque de l'année, justement, où le tourisme se fait en Algérie.

QUELQUES APPRECIATIONS.

--------M. Roger LEONARD, Gouverneur Général de l'Algérie. à l'occasion de sa visite du 17 novembre 1951, voulait bien laisser sur le Livre d'Or du Centre, l'appréciation suivante : " Il n'est pas de grande œuvre humaine et surtout il n'est pas de grande oeuvre française - où l'on ne trouve associées à sa naissance, l'intelligence du cœur et l'ingéniosité de l'esprit.
--------Le Centre Familial de Vacances de Ben-Aknoun en est un des plus éclatants exemples : il est d'ailleurs mieux qu'une réalisation, il est aussi un exemple de ce qui, dans ce pays, peut et doit être fait pour témoigner que la fraternité française et une vivante réalité. x
"

--------Sur ce même Livre d'Or, bien des visiteurs de milieux et d'idéologies divers ont tenu à faire connaître leur jugement sur le Centre. Les appréciations portées sont unanimes. Qu'il nous suffise de citer celle qui illustre parfaitement le but familial poursuivi.

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"Ben-Aknoun réalise vraiment l'idéal du Service Social : permettre à chaque famille de vivre dans un cadre harmonieux, retrouver le sens du foyer, de l'intimité et en même temps participer à une vie collective bien conçue.
Il serait à souhaiter que beaucoup d'organismes puissent réaliser une aussi belle œuvre.
"

Mlle P. TOURNIER
Présidente de l'Association Nationale
des Assistantes Sociales

LE CENTRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE ACCELEREE DE L'HOTELLERIE EN ALGERIE.

--------C'est à dessein que dans la présentation du Centre Familial, il n'a pas été parlé du Centre Hôtelier, élément important dans le fonctionnement du Centre de Vacances où il est installé. Il a semblé plus intéressant de rassembler tout ce qui a trait au Centre Hôtelier de façon à en donner aisément une idée plus c6rnplète.

--------Au Centre Familial de Vacances devaient être rattachées ultérieurement, ainsi que l'avaient prévu ses fondateurs, une école ménagère et une école d'orientation professionnelle destinées, l'une et l'autre, aux filles et aux garçons des allocataires de la C.I.C.A.F.D.A., afir. de les former et, en même temps d'assurer les services essentiels du Centre.

--------Le hasard devait en décider autrement, dans 'la ligne tracée, mais plus parfaitement.

--------C'est. en effet, à la suite d'une rencontre inattendue, le 25 février 1950, entre les dirigeants de la C.I. C.A.F.D.A. désireux de pourvoir à l'alimentation des familles devant séjourner au Centre Familial de Vacances, et ceux de la Fédération Algérienne des Syndicats d'Hôteliers, Restaurateurs et Limonadiers, désireux de fonder un centre de formation du personnel hôtelier et de trouver pour ce centre des bouches à nourrir, qu'un accord fut conclu le 1er avril 1950, entre la C.I.C.A.F.D.A. et cette Fédération en vue de la création, au Centre Familial de Ben-Aknoun, du Centre de Formation Professionnelle de l'Hôtellerie en Algérie.(voir photo de classes)

--------Le Centre Familial offre son installation matérielle de Restauration (Restaurant, cuisine, pâtisserie) et assure dans ses locaux (appartements, dortoirs, salle de cours) l'hébergement du Directeur du Centre hôtelier ainsi que des moniteurs et des élèves ; en contre partie, le Centre Hôtelier offre ses services gratuits pour assurer la Restauration des familles reçues au Centre Familial de Vacances : Solution financièrement intéressante pour les deux parties.

--------Le Centre de Formation Professionnelle est régi par le Titre III de l'arrêté du 29 avril 1949 concernant l'organisation de la Formation Professionnelle en Algérie.

--------Le financement du Centre Hôtelier est assuré selon la réglementation de la Formation Professionnelle, c'est-à-dire, qu'il est alimenté par la taxe professionnelle, reversée sous forme de subvention au Comité de Gestion selon un budget prévisionnel établi par ses soins avec toutes les justifications comptables d'usage.

--------Le but de ce Centre est de former les jeunes gens qui se destinent à l'hôtellerie et de les orienter vers les différents services de cette profession : cuisine, pâtisserie, service de salle, secrétariat, etc..., selon leurs goûts et leurs aptitudes individuelles et de leur donner des notions suffisantes sur l'organisation complète d'un hôtel, afin de leur permettre, dans l'avenir, d'accéder à des postes plus élevés.

--------La création de ce Centre de Formation Professionnelle répond en Algérie à un besoin urgent. Indépendamment de l'avantage offert aux jeunes gens d'apprendre un métier qui n'est pas surchargé en main d'oeuvre qualifiée, le Centre leur assure pendant les 18 mois de stage : une rétribution, la nourriture, ainsi que le logement et le blanchissage pour les internes.

--------Le Directeur du Centre hôtelier est assisté pour la formation des élèves par plusieurs professeurs un moniteur maître d'hôtel, un moniteur chef cuisinier, un moniteur chef pâtissier et plusieurs moniteurs ou surveillants chargés de cours.

--------Le C.F.P.H. est ouvert à tous les jeunes Français de statut civil Français ou de statut personnel musulman, âgés de 17 ans révolus.

--------L'admission est prononcée dans la limite des places disponibles. Le degré d'instruction doit être au moins égal au Certificat d'études primaires. Le candidat dont la demande est retenue est soumis à une visite médicale et à un examen psychotechnique qui peuvent être éliminatoires.

--------La Formation Professionnelle se fait en 18 mois, dont une année au Centre et 6 mois dans un établissement hôtelier agréé par le Centre.

--------A l'expiration des 18 mois de stage, les élèves peuvent obtenir après examen, le certificat d'aptitude professionnelle.

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Le centre pourra pourvoir, sous certaines conditions, à leur embauchage.

--------L'année scolaire commence chaque année au Centre aux environs du 15 octobre et se termine l'année suivante à la même époque.

--------50 stagiaires peuvent être formés chaque année. A l'Incorporation de la 2°' promotion en octobre 1951, 200 candidats pour ces 50 places.

--------Indépendamment des cours pratiques, les stagiaires ont des cours théoriques correspondant au service qu'ils ont choisi et des cours de culture générale : révision de leur français et de leur arithmétique, cours de langues, etc...

--------Le concours de cette école assure aux familles qui viennent au Centre un service et une cuisine d'une haute tenue : tout plat est prétexte à démonstration, le service est assuré avec une gentillesse du meilleur aloi.

--------La première promotion d'élèves, formée au Centre Hôtelier, a quitté Ben-Aknoun le 29 septembre 1951. Les élèves, placés en stage en hôtel du 1°' octobre 51 au 31 mars 1952, sont devenus des ouvriers accomplis, puisqu'au 1" avril 1952, la quasi-totalité a été conservée par les hôteliers, de toute l'Algérie où ils se trouvaient.

--------C'est le meilleur des témoignages.

--------A l'expérience, il est apparu que le Centre Familial et le Centre hôtelier sont très complémentaires et leur heureuse collaboration contribue à créer une ambiance idéale de vacances ou de repos.

J. DESPINS
Directeur du Centre Familial de Vacances
Mai 1952