----------L'Union Franco-musulmnane des Femmes
d'Algérie a été créée il y a onze ans.
Sur les pentesdu Haut-Télemly s'élève aujourd'hui
sa maison. Elle est la maison commune des femmes et des enfants musulmans
du quartier ; là, ils. trouvent amitié et secours en toutes
circonstances:
----------Les premières- adhérentes
qui, en Avril 1937, ont,, donné leur accord enthousiaste, étaient
au nombre de 36, 18 femmes européennes' et 18 musulmanes. Des son
origine l'Union Franco-Musulmane (U.F.M)) porte l'empreinte de cet élan
des deux populations de l'Algérie attirées par une oeuvre
commune dont lesfemmes dé ce pays sentaient le besoin et prévoyaient
la, fécondité.
----------Le premier rapport moral de leur
association rend compte de l'esprit qui' les animait
----------"L'U.F.M. est un rapprochement
entre les femmes européennes et musulmanes groupes jusqu'ici distants,
gardant chacun- sa reserve,, s'interdisant toute manifestation' de, curiositre
syu pathique a l'égard l'un de ' l'autre., Jn élan de sincérité;
de ffattrnite humaine, peut et doit., un jour, briser l'ar tificielle
barrière dressée paf l'indifférence, ou les prejuges.
----------" Le premier pas fait,. nous
avons constaté que -nous n'etions pas impénétrables
et que les préoccupations matérielles, familiales ou socialee,
nous étaient communes. Tout de suite nous nous sommes entendues
sur l'assistance à apporter aux-femmes musulmanes déshéritées,
afin de leur communiquer dans un .esprit 'd'amitié ce, que nous
savons et- qu'elles désirent apprendre. En retour, il se trouve`
que beaucoup de choses nous sont revélées : la délicatesse
et la générosité peuvent partout s'exprimer, et en
dépit de, circonstances matérielles capables d'écraser
la dignité humaine, dans' de pauvres gourbis par exemple, la propreté
reste m,aïtresse ià où il nous., paraîtrait impossible
de la maintenir.
----------" Dans cette Union, aucun
prosélytisme religseua ou politique ne, peut' gêner notre
actipn édu<ca tive."
EVOLUTION DE L'OEUVRE
1937-1938
----------Au début de son existence,
l'Union crée un dispensaire rattaché aux GROUPES LAIQUES
et de -petits ouvroirs à domicile, chez des adhérentes de
bonne volonté au Télemly, à Belcourt à Saint-Eugène.
Deux petites ' pièces louées rue. Horace Vernet: suffisaient
à son action ; l'une était réservée à
l'assistance médicale. L'aüimatrice de ce petit foyer était'
alors mme. GAUTHIER, et il faut associes cette' amie,- aujourd'hui disparue,
-aux premiersefforts et aux premiers pas . d'une petite 'équipe
enthousiaste et pleine de ferveur. -
----------En méme temps que le dispensaire
se crée un ouvroir qui réunit jeunes filles et jeunes femmes
chaque après-midi.
----------La compositi-on et le dynamisme
de- ce groupe-naissant, l'esprit qui l'anime retiennent l'intéret
de l' Ad'nlimstratiou.. Soutenue et conseillée par m. le Gouverneur
Général,et M., le Directeur de la Santé Publique.
l'Union acquiert en l'année 1938 une maison, rue Eugène
Étienne, qui lui assure la solidité indispetisa-ble â-une
action d'envergure.,
JANVIER 1939
,
----------Le 2 Janvier
I939, 'Union Franco-Musulman a sa maison. Il est difficile d'exprimer
sa joie de s'installer dans son nouveau domaine. Jusque là, aucun
centre social ne venait eg aide aux musulmans.. dans ce secteur., A partir
de cette date, là population laborieuse musulmane du Haut Telemly
va posséder une maison commune où elle trouvera, toujours
adaptée à ses besoins, une aide véritable. Cette
maison, lumineuse, où le soleil entre pa;tdtzt, est gaie, spacienee,
attirante. Les enfants qui "jouaient dans le quartier sur les collines
en face de la- mer, ne viendront pas à regret sur sa terrasse surplombant
un^ paysage magnifique,, ,familier à leurs yeux.
----------L'Union espérait
transformer les conditions de vie dans ce quartier et associer à
son travail les. habitats du ~ Haut Telemly , jusqu'alors indifférents
à ces problèmes sociaux.
----------La guerre s abat sur Alger au moment
où Union- commence à 'équiper son -centre.
----------Des tâches
imprévues se présentent. L'Union y fera face chaque fois
avec un dynamisme jamais. lassé.
OCTOBRE 1939
----------Constitution,
dés dossiers d'allocation' des femmes de musulmans mobilisés.
----------Ouverture,'
dans les conditions les plus difficiles, d'une cantine pour les enfants
de mobilisés et les vieillards. Il
1940
----------Au moment ou l'entrée en
guerre de l'Italie ' détermine une sorte de panique, évacuation
de vieillards et d'enfants ;munis d'un peiit pécule et de provisions
vers leur famille de l'intérieur.
1941
----------Err 1941, installation de douches.
----------Ouverture. d'une, crèche
qui reçoit les enfants,dont les mères travaillent.
1943
----------L'autorité académique
intéressée par le grand nombre de filles musulmanes groupées
à l'Uni.on pour, y recevoir un enseignement apte à leurs
besoins, envisage la création d'une classe confiée a uneinstitutrice.
-
1944
----------Cette création est effective.
1946 1947
----------M. l'Inspeecteur d'Académie
ouvre' deux nouvelles 'classes.
----------Création de Centres d'Union
Franco-Musulmane dans l'intérieur.
----------ia construction vivante de l'Union
Franco-Musulmane est ainsi , ré~lisée jour par , jour par,
une
équipe, toujours' enrichie de femmes' musuimanés et européennes
'animées. par un désir de justice et d'entente qui s'exprime.
en actes.
ETAT ACTUEL ET EXTENSION
----------A' la fin de- l'année
1947,,l'U.F.M. se présente comme, une maison où s'exercent
les -activités d'une école' et d'un Centre social proprement
dit..
ECOLE
----------L'Ecole a
trois classes. Elle est fréquentée chaque jour par 105 élèves.
Les enfants sont acceptés depuis l'âge de 7 ans jusqu'à
18 ans.. 'Les plus jeunes, au cours préparatoire, reçoivent
l'enseignement des écoles primaires -françaises- La '2"°
classe poursuit cet enseignement le matin et consacre les après=
midi aux travaux pratiques de couture, raccommodage, etc....
----------La , classe qui groupe les enfants
de 13 à 18 ans fonctionne sous la forme de `cqLiu.rs(cours) professionnel.
Ainsi couture, raccommodage, tficot, deviennent familier aux filles du
quartier ;grâée à un entraînement quotidien
méthodique.
DISPENSAIRE
----------Les
enfants qui fréquentent l'U.F.M. bénéficient des
soins du dispensaire; de la maison lorsqu'elles sont malades. Les mères
de ces 'enfants y sont aussi soignées gratuitement par deux médecins,
sagefemme, infirmière. La- compétence et la sympathie, de
cette dernière sont à toute heure à la disposition
des malades. On voit souvent de tous petits enfants se présenter
seuls- aux soins du matin. Le nombre actuel des visites reçues
mensuellement par le dispensaire est de plus de mille. Il est très
légitime d'espérer que ces soins attentifs amélioreront
l'état sanitaire.
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CANTINE
----------Par ailleurs, la cantine y contribue
pour une large part et 135 enfants y reçoivent, quotidiennement,
un repas substantiel. Quelques adultes, vieillards ou malades, y sont
également reçus: L'Union a enregistré, avec une légitime
satisfaction, l'avis du médecin inspecteur qui a souligné,
non sans une certaine surprise, le bon état physique, des,.enfants
scolarisées.
CRECHE
----------Au rez-de-chaussée de la
maison,, est installée une crèche garderie où chaque
jour' 27 enfants au-dessous de 4 ans sont surveillés et soignés
pendant les heures de travail de leur mère. Là, les plus
grandes élèves trouvent l'occasion de 's'initier aux soins
de la première enfance.
GARDERIE
----------Refusant
de faire un travail de froide assistance, l'Union est soucieuse de toujours
associer à son élan ceux qui ont reçu son aide.-
Elle y réussit encore à l'occasion de la garderie d'été.
On y voit, comme moniteurs zélés et erti ^des fais ekcnts-fit
Ya 'tantine Ils groû,pent (et avertis, des jeunes gens autrefois
clients de la cantine. Ils groupent )des équipes enthousiastes
de garçons du quartier. Les fillettes sont'guidees dans cette période
de vacances par des mônitrices bénévoles, elles aussi
grandes élèves` ou anciennes de ola maison.
----------Ainsi donc,, l'ceuvre entreprise'
par .l'U.F.M. permet., de suivre l'enfant, de le soigner, de le .vêtir,
de le nourrir, de le laver, de former, son intelligence et, la variété
des, activités; qu'impliquent ces différents besoins à-satisfaire
est chaque année plus grande.. Sit l'enfant' reste la préoccupation'
essentielle des ' membres de l'U F. M., il' ne s'agit pas de l'enfant
coupé de sa famille, de la société musulmane, de
la vie algérienne réelle.. L'Union ,Franco-Musulmane vit
à l'unisson de la jeunesse de son quartier,.4e ses aspirations,,
de, ses goûts. La renaissance' actuelle des belles traditions. musulmanes,
le désir de corinaitre le passé de l'Islam, la belle langue,
arabe,, marquent l'adolescence' algérienne en ce, moment. Pour
ces oraisons, des cours d'arab'e sont``^éréés ;pour'
la' jeunesse du quartier à la maison de l'U.F.M.
----------Au surplus le -souci de créer
en Alger ,--entre. les deux éléments de la,, population
musulmane et européenne un rapprochement révélateur,
des profondes ressemblances, aussi bien que de la diversité des
richesses valables, a oété et reste le souci de l'UeF.M.
depuis sa création.. Des: manifestations culturelles associent
aux efforts 'éducatifs un plus -large public. Par exemple, projection
;de films égyptiens comme " RAHBA " et " HOBBABA
".:Des ketmçsses somptueuses eurent, lieu au Palais d'Hiver
en 1938 et 1939 ;- leurr organisation, comme^leur' élégance,
associèrent dans .ce 'cadre-les valeurs de l'art de. l'Islam et
de'la l rance. Enfin, plusieurs conférences de quarté (qualité)
aites aux aies (faites aux amies) de l'Union, aidérent à
la 'connaissance des valeurs traditionnelles de l'Islam ignorées
par une grande partie de la population féminine d'Alger. ----------Voici
la liste de, ces çonférences
Mme TAMZALI" vice-présidente de l'Union : " Mon voyage
à la Mecque ".
Mlle BOUDERBA : Le rôle de la jeune fille et de la femme musulmane
dans la guerre.
Mme AIT SAADA Portée sociale et morale du jeûne du Ramadan.
Mlle LACHEREF, sage-femme : " Mes Expériences ".
Mme CHERIF ZAHAR : " Education de-la jeune fille musulmane ".
M. EL BOUDALI SAFIR.: " Les poètes musulmans du désespoir
".
1Vllue",I E DAV D " La situation faite aux victimes de la guerre
en Algérie ".
Mme AIT SAADA : " Les grandes figures féminines du monde musulman
".
----------L'Union s'enrichit ainsi des échanges
et des amitiés entre femmes françaises et musulmanes.
EXTENSION DE L'UNION
----------Désireuse
d'étendre son action dans l'intérieur de l'Algérie,
l'Union qui a toujours fait porter son efforts sur les, problèmes
éducatifs, crée de nouveaux centres.en liaison avec l'école.
----------Beaucoup d'institutrices ayant
de leur rôle une conception large et généreuse, ont
accepté d'animer des Foyers d'YTnion où s'établit
et se.prolonge un courant amical de confiance entre l'école et,
la population musulmane.
----------Dispensaires, ouvroirs, apportent'
aux jeunes filles, avec aide efficace et immédiate, la possibilité
d'acquérir des connaissancespratiques indispensables à la
femme.
----------Ces réalisations répondent
favorablement aux vceux formulés par un groupe d'élus musulmans
cités par M. le Vice-Recteur CHEFFAUD dans son étude que
publient les Dacuments Algériens (n°11-12-13).
----------On y lit
----------" L'instruction et l'éducation
d~s\ jeunes filles' indigènes est une question capitale pour arriver
a en faire des femmes de ménage actives, éclairées
et expérimentées ".
----------" La condition de la femme
indigène ne deviendra meilleure qu'autant qu'elle-saura se rendre
utile et qu'elle s'imposera -naturellement dans son intérieur par
la place prépondérante que lui auront ac" quise'des
connaissances qui lui p:erthettront de donner plu9 de joie dans la famille.'"
----------Pour l'avenir, il est de toute
utilité de donner à l'école la noble mission de-former
des épouses aptes à bien diriger un ménagea "
----------Ainsi, par la création de
centres de BONE, MEN`ERVILLE, BOU SAHEL, AIN BOU SELMAN, MAZOUNA, SAIDA;
TIARET, l'Union apporte sa modeste contributions à' la grande oeuvres
colaire conduite par l'Administration.
----------Si l'on compare
les `problèmes' sociaux qui se posent en Afrique du Nord et les
réalisations concrètes obtenues par I' U. F. M.; celles-ci
peuvent apparaitre comme peu importantes. Cependant, elles ont la valeur
d'une expérience qui a.été conduite, avec un souci
constant d'adaptation, au réel. ' Elles montrent ce qu'il est possible
d'entreprendre avec des moyens matériels réduits et des
bonnes volontés agissantes.
----------L'Union souhaite que 'son expérience
suscite un intérêt, -une émulation capables de grouper
les populations féminines, de l'Afrique du Nord pour une action
commune au service d'un idéal d'entente fraternelle et de compréhension
réciproque.
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