Alger, Algérie : documents algériens
Série politique : institutions
La politique économique et sociale des bureaux arabes

6 pages - n°29 - 10 août 1954

Ce à quoi on ne pense pas assez, c'est au bien-être de cette population qu'il faut absolument incorporer à nous. On fait tant de sacrifices pour installer ici des hommes venant de tous les coins du monde, pourquoi n'en fait-on pas quelques-uns pour les sujets appartenant au sol ? Il faut faire construire des habitations commodes et appropriées aux mœurs de ces habitants de villages déjà établis au milieu de nous, il faut leur limiter leurs propriétés pour les mettre à l'abri des tracas que peuvent leur causer des envahisseurs rapaces, donner aussi des beeufs, des moutons, des charrues et des terres aux pauvres. Toutes ces choses peuvent se faire en intéressant à leur réussite les officiers chargés des affaires arabes. "

mise sur site le 11-02-2005
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---------Revenant d'une expédition militaire en 1845, le capitaine Wimpffen estimait que par la force on ne pourrait jamais obtenir " qu'une obéissance forcée, qu'une paix éphémère " et, de Blida, il écrivait au général de Castellane
" Ce à quoi on ne pense pas assez, c'est au bien-être de cette population qu'il faut absolument incorporer à nous. On fait tant de sacrifices pour installer ici des hommes venant de tous les coins du monde, pourquoi n'en fait-on pas quelques-uns pour les sujets appartenant au sol ? Il faut faire construire des habitations commodes et appropriées aux moeurs de ces habitants de villages déjà établis au milieu de nous, il faut leur limiter leurs propriétés pour les mettre à l'abri des tracas que peuvent leur causer des envahisseurs rapaces, donner aussi des boeufs, des moutons, des charrues et des terres aux pauvres. Toutes ces choses peuvent se faire en intéressant à leur réussite les officiers chargés des affaires arabes. "
---------Et effectivement toutes ces choses se firent ou tout au moins furent tentées sous la direction des Bureaux arabes que venait d'organiser l'arrêté ministériel du ler février 1844.

LES BUREAUX ARABES DEVANT LA SOCIÉTÉ INDIGÈNE.

---------On sait quelle fut, après quatorze ans de tâtonnements, l'organisation donnée à l'administration des indigènes. Des bureaux arabes étaient institués dans les principales localités, les uns dits de première classe et se trouvant auprès des généraux commandant les subdivisions, les autres de deuxième classe et assistant les officiers supérieurs placés à la tête des cercles : au total 41 bureaux et 5 annexes à la fin du Second Empire, soit moins de 200 officiers pour administrer la majeure partie de l'Algérie. Les bureaux dépendaient de la Direction des affaires arabes de leur province, laquelle était sous l'autorité du général commandant la Division. La Direction d'Alger assurait la centralisation avec le titre de Direction centrale des affaires arabes en attendant de céder la place à un Bureau politique.
---------Contrairement à ce qu'écrivent leurs adversaires, les officiers qui optèrent pour les affaires arabes ne furent pas les médiocres, mais l'élite de l'armée. Au début surtout il leur fallait surmonter l'hostilité à peu près générale des autres corps qui leur reprochaient de délaisser le métier des armes pour devenir des administrateurs, des comptables, de petits diplomates. En fait, ils demeurèrent des soldats, chargés parfois des coups de main les plus aventureux, et ils durent en outre faire face aux tâches les plus diverses, tour à tour hommes de guerre, négociateurs, administrateurs, conseillers agricoles, juges... Il est évident que des fonctions aussi complexes devaient tenter surtout des hommes de caractère, aux aptitudes diverses, poussés sans doute par l'amour du pouvoir, mais aussi, chez certains, par un véritable idéal et le désir de servir une grande cause.
---------Il faut tenir compte également du climat politique et social de l'époque. Parmi les officiers ayant fait la conquête de l'Algérie, on comptait nombre de jeunes hommes qui avaient subi l'influence du grand mouvement d'idées humanitaires qui s'épanouira en 1848 et dont les deux courants essentiels étaient celui du catholicisme libéral et social de Lamennais et celui, plus complexe, du socialisme où dominaient les théories de Fourier et celles de Saint-Simon. On imagine mal la force d'expansion de ces idées qui atteignit Bugeaud lui-même et Bussière rapporte, en le désapprouvant, qu'il vit le Maréchal " pour l'anniversaire de la naissance de Fourier, assister à un grand banquet phalanstérien, où il se chargea de porter le toast traditionnel à l'abolition des armées destructives et à leur transformation en armées industrielles et productives " ! Si c'était là, chez le Maréchal, une attitude passagère, il n'en était pas de même pour les Richard et les Lapasset qui virent dans l'Algérie un champ idéal pour des essais de transformation sociale dont l'aboutissement devait être l'établissement de la sécurité par le succès de l'assimilation. Ils crurent possible, en effet, de modifier le genre de vie de ces semi-nomades et ils révèrent d'une paysannerie à la manière française dont les intérêts se mêleraient à ceux des immigrants européens et qui ne pouvant prospérer que dans la sécurité serait du côté de l'ordre et non de la rébellion.
---------C'était rejoindre les préoccupations politiques des chefs les plus éminents de l'armée, en particulier Bugeaud et Randon. Bugeaud, servi par Daumas, avait toujours songé à lier les indigènes à notre cause par les liens de l'intérêt. Quant à Randon, voulant développer le parti français dans les tribus, il écrivait en date du 18 janvier 1852:
---------" A mesure que la colonisation indigène se développera, ce parti prendra de l'extension et ne tardera pas à former un contrepoids efficace à la turbulence du parti religieux dont l'influence doit diminuer devant l'augmentation du bien-être d'une population laborieuse.
---------" C'est en favorisant aussi largement que possible le développement de ce bien-être que je chercherai à modifier à notre avantage l'opinion publique des tribus. "
---------Ainsi, disposant d'une autorité pratiquement illimitée et obéissant à des impératifs politiques et sociaux, les Bureaux arabes pensèrent assurer la domination française et résoudre le problème algérien en élevant la condition matérielle des indigènes, ce qui, pour eux, signifiait : substitution d'un genre de vie sédentaire au genre de vie semi-nomade par la délimitation des propriétés, la construction de maisons et de villages, l'extension et l'amélioration des cultures, la pratique rationnelle de l'élevage, la rénovation de l'activité industrielle. Essai grandiose de transformation qui, s'il avait réussi, aurait créé une Algérie nouvelle à l'image de la métropole.

LES ESSAIS DE TRANSFORMATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE.

---------A la base de la vie paysanne, il y a la propriété privée nettement délimitée et qu'il faut constituer là où elle n'existe pas car " elle ouvrira les voies à toutes les améliorations sociales et agricoles ; elle sera le plus sûr point d'appui de l'assimilation des deux peuples. " C'est la doctrine des Bureaux arabes énoncée par le Maréchal Vaillant, ministre de la guerre, dans un rapport du 17 mai 1854 où il réclamait le cantonnement des tribus établies sur terres collectives. Ce cantonnement lui apparaît comme une " équitable transaction " car s'il enlève aux tribus considérées comme usufruitières, une partie de leur territoire, " il substitue à leur simple droit de jouissance un droit de propriété incommutable sur la part territoriale qui leur est assignée, et la compensation est d'autant plus réelle, que le territoire nouveau .est toujours soigneusement proportionné à l'importance de la population cantonnée et aux besoins de sa subsistance et de son agriculture pastorale. "
---------Mais outre que l'appréciation de ces besoins n'était pas chose facile, l'administration militaire s'aperçut rapidement, en pratiquant le cantonnement de diverses tribus, que les résultats n'étaient pas ceux qu'elle escomptait. En délivrant des titres à la manière française, elle permettait au fellah de se dessaisir facilement de son bien. Devant ce danger de l'émiettement de la propriété indigène, les Bureaux arabes condamnèrent le cantonnement, que réclamait maintenant la colonisation, et, avant même le sénatus-consulte de 1863, ils obtinrent l'arrêt de toutes les opérations entreprises. Il y a dans ce revirement une logique incontestable car on ne peut à la fois préconiser la création d'un paysannat et établir une législation qui chasse le paysan.

---------La construction de maisons et de villages paraissait soulever moins de difficultés et beaucoup pensaient comme Azéma de Montgravier que " la substitution de la maison à la tente était le premier milliaire de la voie de la civilisation. " Encouragés par les chefs des bureaux arabes et craignant aussi d'être menacés par l'extension de la colonisation, les notables indigènes cherchèrent à devenir concessionnaires au même titre que les Européens et partout où la propriété du sol leur était acquise ils s'empressèrent de faire acte de possesseurs en construisant. On vit alors surgir nombre de maisons particulières, en général peu importantes (de une ou deux pièces), mais dont certaines étaient imposantes et d'un grand luxe, telle la demeure du bach-agha des Djendel (dans la région de Lavigerie) où Robert-Houdin fut reçu par le " Rothschild africain " dans un salon de réception dont " les murailles étaient couvertes d'arabesques rouges rehaussées d'or, et le plancher couvert de magnifiques tapis de Turquie."

---------Mais pour les Bureaux arabes, la maison isolée n'était qu'un pis-aller et ils préconisaient surtout le village dont la surveillance est plus facile et sur lequel l'action réformatrice de l'autorité peut s'exercer plus aisément. Certains de ces villages ne furent que des agglomérations de tentes autour d'un grand bordj : ce sont les smalas de spahis, réplique indigène des soldats-laboureurs de Bugeaud, qui se perpétuèrent jusqu'à nos jours puisque la dernière, celle d'Outaya (près de Biskra), ne disparut qu'en 1923. Mais de nombreux villages de véritables maisons furent également édifiés, enfermés le plus souvent dans une enceinte et organisés le long d'une large rue plantée d'arbres se terminant devant l'habitation d'un notable, le caïd de préférence.

---------Restait évidemment à faire des nombreux centres les cellules d'une vie agricole rénovée. Pour les céréales, il fut relativement facile d'étendre leur culture et même de mieux l'assurer par la construction de quelques barrages dont le plus célèbre est sans doute celui que Margueritte (alors chef du Bureau arabe de Téniet-el-Haâd) fit édifier sur le Nahr Ouassel. Par contre, le matériel et les méthodes culturales ne pouvaient être modifiés du jour au lendemain. La charrue française fut bien adoptée par quelques chefs indigènes, mais pour la masse des fellahs, elle demeurait trop coûteuse. Quant aux autres instruments agricoles, comme la herse et le rouleau, ils avaient de plus contre eux leur trop grande nouveauté. Seule la faux recueillit plus de suffrages et remplaça parfois complètement la faucille.

---------Les Bureaux arabes auraient voulu diversifier les ressources de l'agriculture indigène afin d'améliorer la situation des fellahs et des khammès. Leurs essais portèrent tour à tour ou simultanément sur le blé tendre, le maïs, le sarrazin, le bechna (sorgho), les légumes (et en particulier les fèves), l'arboriculture, la vigne, le tabac, le coton... Ils enregistrèrent quelques succès, dans la propagation de la pomme de terre par exemple, mais, dans l'ensemble, les indigènes continuèrent à penser que la culture de l'orge et du blé dur demeurait la plus avantageuse et la plus facile.

 

--------Après avoir tenté, sans grands résultats, d'amener les indigènes à constituer des réserves de foin et à construire des abris pour leurs troupeaux, les Bureaux arabes limitèrent leurs ambitions en matière d'élevage à la sélection des moutons et à l'amélioration des procédés de la tonte. Ils créèrent, dès 1862, la première bergerie modèle au point d'eau d'Aïn Tisemsil. (devenu depuis le centre de Vialar) : expérience sans doute éphémère, mais dans laquelle on est en droit de voir l'ancêtre des stations de Tadmit ou du Kroubs, des bergeries de Khenchela, Chellala, El Ousseukh.
--------En matière d'industrie, les difficultés étaient différentes, mais peut-être plus considérables. L'industrie artisanale, d'ailleurs assez peu développée, avait sombré devant la concurrence européenne, et, en 1854, Pellissier de Reynaud en dressait le tableau suivant
---------Les indigènes font cependant encore des tissus de laine pour haïks et burnous, dont quelques-uns sont d'une grande finesse ; les plus estimés se fabriquent chez les Beni-Abbès. Les broderies d'or et d'argent d'Alger étaient fort recherchées dans 1- Levant, mais cette branche d'industrie a beaucoup souffert depuis la conquête ; elle n'existe presque plus à Mostaganem, où elle avait pris une grande extension. Il en est de même de la fabrication du maroquin, qui est considérablement réduite depuis 1830 sur tous les points où on s'y livrait autrefois. Les tissus de soie, soie et or, soie et argent, les mousselines brodées d'or, d'argent et de soie pour ceintures et écharpes, forment encore une branche d'industrie bien appauvrie depuis notre entrée en Algérie... J'en dirai autant de la sellerie indigène et surtout de la fabrication des tapis de laine, industrie précieuse qu'il convient d'encourager. On en faisait autrefois beaucoup à Oran, à Mostaganem, à Calah ; maintenant la petite ville de Calah est à peu près le seul point où on en fabrique encore...
---------Les Bureaux arabes auraient voulu enrayer cette décadence et on pourrait même citer diverses tentatives de rénovation, mais le seul résultat vraiment notable fut la construction, par des Européens et par des Indigènes, de nombreux moulins à farine qui permirent de délivrer les femmes des tribus du plus pénible des travaux domestiques, la manoeuvre des petits moulins à bras pour laquelle on a invoqué la nécessité de la polygamie ou évoqué la tâche des 6.000 esclaves enfouis dans les souterrains de Rome.

APRES UN QUART DE SIÈCLE D'EFFORTS.

---------L'action des Bureaux arabes s'exerça essentiellement sur les chefs avec lesquels les contacts étaient fréquents et qui disposaient de moyens matériels supérieurs. Et l'on pourrait citer nombre d'exemples d'aghas ou de caïds se consacrant à la culture de le vigne ou à celle du coton, cherchant à capter des sources pour pratiquer les cultures maraîchères, employant des charrues françaises et demandant même à faire partie de la Société Impériale d'Agriculture d'Alger. L'exemple le plus remarquable est sans doute " celui du caïd Saoudi, dans le cercle de Philippeville. qui a créé près des bords de la Safsaf, un petit hameau européen composé de six maisons et dans lequel il a installé trois familles allemandes ; il a avancé à ces colons les instruments de culture, les semences et le cheptel dont ils avaient besoin, il leur a donné un délai de cinq années pour rembourser le montant de ces avances, sous la condition que, ce terme expiré et ces avances remboursées, ils deviendraient propriétaires chacun de 25 hectares, et cette spéculation du caïd n'a d'autre but que d'initier ses propres fermiers aux procédés agricoles des Européens. (Tableau des établissements français en Algérie 1852-1854).
---------Mais des succès individuels, même brillants, ne peuvent cacher la médiocrité des résultats obtenus lorsque l'on considère l'ensemble de l'Algérie.
---------Les statistiques concernant la construction des maisons sont à cet égard significatives. On sait que l'engouement pour la maison de maçonnerie fut surtout vif jusqu'en 1858 environ et nous possédons les chiffres de 1855 et des années antérieures. En voici la récapitulation générale :

 
MAISONS CONSTRUITES
Valeur
 
Avant 1855
En 1855
Total
 
Province d'Alger .
1.784
241
2.025
1.867.000
Province d'Oran
1.422
256
1.678
2.450.000
Province de Constantine
3.654
586
4.240
3.003.060
Totaux
6.860
1.083
7.943
7.320.060

---------Comme en 1850, le nombre de maisons construites était de 2.241, nous voyons que pendant la période de plus grande activité on édifia en Algérie moins de 1.200 maisons par an et une autre statistique noua apprend qu'en 1854 on comptait sur le territoire militaire 246.498 tentes et 102.986 gourbis
---------Nous ne disposons pas de renseignements aussi précis pour les divers domaines dans lesquels s'exerça l'activité des Bureaux arabes, mais les témoignages sont concordants. C'est Marcel Lucet, président du comité agricole de Constantine, qui affirme en 1863, peut-être avec quelque exagération, que pas un indigène du département n'utilise la charrue Dombasle et qu'on n'enregistre aucun progrès dans les méthodes culturales. C'est Leblanc de Prébois, chef d'état-major, qui défend le régime militaire, mais reproche aux Bureaux arabes d'avoir laissé e population indigène dans l' " état de barbarie " où elle se trouvait sous les Turcs. Ce sont surtout, à la fin du Second Empire et au début de la Troisième République, les rapports mêmes des cercles et des subdivisions qui signalent à maintes reprises la stagnation de la société indigène. Plus symptomatique encore : on voit attribuer à l'application du sénatus-consulte de 1863 la création de certains villages dont il ne subsiste que des ruines et qui furent jadis l'orgueil des Bureaux arabes. Ceux-ci disparus, on ne reconnaît même plus la trace de leurs pas et on fait gloire à d'autres d'une coeur péniblement réalisée. Sic vos non vobis.
---------Les raisons de l'échec des Bureaux arabes, il faut les chercher tout d'abord dans l'insuffisance des moyens et on leur a reproché de s'être laissé dépouiller, au profit du territoire civil, de la partie des impôts qui aurait dû leur revenir. Leblanc de Prébois parle même de " faute capitale " et s'élève contre le " puritanisme exagéré et inintelligent " qui faisait verser les impôts arabes dans les caisses du fisc au lieu de les conserver pour le territoire militaire. Théorie discutable qui eût abouti à l'isolement du monde indigène, mais il est certain qu'en considérant les Bureaux arabes, avant tout, comme une administration peu coûteuse, on ne laissait pratiquement à leur disposition que l'appel aux bonnes volontés ou le recours aux corvées, deux moyens très insuffisants pour déterminer une profonde transformation sociale.
---------Il semble bien aussi que les Bureaux arabes ne mesurèrent pas exactement l'importance de la révolution qu'ils prétendaient introduire dans les tribus. Ils s'en tinrent le plus souvent à quelques mutations toutes extérieures et c'est ce qu'exprime Bussière lorsqu'il écrit en 1853 : " On a beaucoup excité les indigènes et surtout les chefs à se construire des maisons ; on leur en a même bâti un assez grand nombre... Ils ont fait ou se sont laissé faire ; mois jusqu'à présent ils ne paraissent guère avoir compris la maison et ils se bornent à camper sous la pierre au lieu de camper sous la tente... " quand ils n'abandonnent pas la maison au troupeau comme re grand chef dont parle Hugonnet qui estimait qu'un homme comme lui ne pouvait " habiter que la tente en poil de chameau ".
---------Pour terminer, nous citerons le capitaine Javiry, qui avait saisi la complexité du problème et qui écrivait en 1854
---------" Faites bâtir des maisons ou planter des jardins, introduisez des cultures nouvelles, faites construire des fontaines ou percer des routes en pays arabes, élevez des barrages, reboisez des montagnes ou. greffez des sauvageons : mais, dites-moi, qui s'intéressera à ces travaux, qui veillera à leur entretien journalier et songera à en tirer quelque utilité puisqu'ils supposent des habitudes de vie toutes différentes. Presque tous ceux à qui on les imposera les considéreront comme des saignées faites à leur bourse dans notre intérêt, non dans le leur. Iront-ils s'imaginer que nous voulons les ramener a la vie sédentaire, mais dans quel but et en quoi cette existence leur paraîtra-t-elle préférable à la vie nomade ? "
---------Là se trouve sans doute une des causes essentielles de l'échec des Bureaux arabes en matière économique et sociale : leur politique ne reçut pas l'approbation des intéressés qui ne pouvaient en saisir l'intérêt et concevoir l'idéal d'un Pellissier de Reynaud pour lequel " Il n'y a de conquêtes légitimes et durables que là où le peuple vainqueur élève à lui le peuple vaincu de manière à ce que l'avenir
amène une fusion complète.
"

Xavier YACONO, Docteur ès lettres.
(voir Xavier Yacono, universitaire pieds-noirs)