Alger, Algérie
: documents algériens
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Telle est, très sommairement, l'organisation politique et administrative de l'Algérie. Elle se caractérise par trois traits essentiels : sa ressemblance avec l'organisation de la Métropole, résultat de la politique d'assimilation que, sous des formes diverses, la France a toujours suivie en Algérie ; ses caractères originaux également, qui tendent à assurer, les uns, le respect des croyances des musulmans, les autres, une équitable représentation des deux collèges dans les diverses assemblées élues ; enfin, dans le cadre de la République française, une décentralisation poussée aussi loin que possible. |
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--------Il
était évidemment conforme au génie de la France
de suivre en Algérie une politique d'assimilation : d'y implanter
les institutions qu'elle s'était donnée à elle-même,
de conférer aux populations algériennes des droits politiques
aussi étendus que ceux dont jouissaient les métropolitains.
Cependant l'Algérie, bien que voisine de la Métropole,
en diffère de façon profonde, singulièrement au
point de vue humain puisque cohabitent sur son sol deux groupes de population
qui se distinguent par la langue, la religion, les murs, la civilisation.
Volonté d'assimilation, originalité algérienne,
la combinaison de ces deux facteurs explique, dans une large mesure,
l'organisation politique et administrative actuelle de l'Algérie,
l'évolution qu'elle a subie dans le passé et celle que,
nécessairement, elle subira encore dans l'avenir. LE STATUT PERSONNEL DES MUSULMANS. --------Soucieuse
de respecter la religion musulmane, la France n'a jamais porté
atteinte aux droits des populations autochtones qui pouvaient apparaître
comme liés à elle. Les intéressés demeurent
ainsi soumis, sauf volonté expresse contraire de leur part, au
droit musulman ou aux coutumes kabyles en ce qui concerne LA CITOYENNETÉ FRANÇAISE. --------Jusqu'à la dernière guerre, les musulmans ne purent exercer les droits politiques reconnus aux citoyens français que s'ils renonçaient à leur statut personnel et successoral, pour se soumettre aux règles du code civil. Cette preuve d'assimilation, dans la crainte de passer pour des apostats, bien peu de musulmans demandaient à la fournir. Ils venaient alors grossir les rangs des électeurs du premier collège, essentiellement composé des citoyens français d'origine européenne. Quant au second collège, auquel un certain nombre de sièges était réservé dans les diverses assemblées élues d'Algérie, il était loin de comprendre tous les autres musulmans. Seuls y étaient inscrits ceux qui, sans renoncer à leur statut prouvaient, soit par leurs connaissances, soit par la possession de certains titres ou qualités, qu'ils étaient en mesure d'exercer des droits politiques. --------En 1944,
l'évolution des murs et la formation civique des musulmans
ont enfin permis l'adoption d'une solution pleinement démocratique.
Les droits politiques sont reconnus à tous les musulmans. LES ASSEMBLÉES ÉLUES. --------Il a fallu
également de nombreuses années pour que la France pût
substituer une administration civile à l'Administration militaire
dont on ne saurait trop souligner, au surplus, les services que - sous
la forme des bureaux arabes - elle a rendus à la population musulmane.
Pendant longtemps, l'Algérie est demeurée divisée
en un territoire civil et en un territoire militaire, dit de commandement.
Mais le premier n'a cessé de gagner du terrain au détriment
du second. Bien avant la dernière guerre déjà,
il avait fini par se confondre avec les Territoires du Sud, créés
au début de ce siècle et qui, tout en faisant partie intégrante
de l'Algérie, posent, en raison de leur caractère en majeure
partie désertique, de leur immense superficie et de leur population
à la fois réduite, disséminée et nomade,
des problèmes d'administration très particuliers. Encore
le Statut de l'Algérie a-t-il supprimé les Territoires
du Sud qui doivent être constitués, en tout ou partie,
en départements distincts ou intégrés dans les
départements existants ou à créer. LE DOUAR, CELLULE DE BASE TRADITIONNELLE. --------A cet
égard, rien n'est plus suggestif que l'élude de la Commune
algérienne dont l'identité de dénomination avec
l'institution métropolitaine dissimule des caractères
originaux extrêmement accusés. Comment pourrait-il en être
autrement ? Chez les musulmans l'unité qui correspondait, dans
une certaine mesure, à la commune métropolitaine, c'était
le douar dont la gestion était assurée
par une assemblée composée des chefs de clans : la
djemaâ. Après quelques hésitations, la France
s'est décidée à consacrer cette unité administrative
traditionnelle et à la réglementer. Le douar, qui a la
personnalité juridique, un budget et un patrimoine propres, est
administré par une djemaâ désormais élue
par tous les électeurs du deuxième collège.
--------En ce
qui concerne les centres européens, leur évolution ne
présente aucune difficulté. Dès qu'ils ont atteint
un degré de développement suffisant, ils subissent une
métamorphose : de simples sections de commune, ils deviennent
des communes de plein exercice. C'est ainsi qu'au cours des années
on a vu se multiplier sur le vaste territoire des communes mixtes des
enclaves toujours plus nombreuses qui, rompant tout lien avec ces communes,
ont atteint d'un coup le stade le plus élevé de la décentralisation
administrative. Cette évolution est, aujourd'hui, extrêmement
avancée. |
L'ALGÉRIE EST UN GROUPE DE DÉPARTEMENTS FRANÇAIS. --------L'Algérie est divisée en trois départements dans le sens de la longitude: celui d'Oran, celui d'Alger et celui de Constantine. Cette division, qui rappelle l'organisation administrative antérieure (le dey avait pour suzerains les trois beys d'Oran, du Titteri et de Constantine), donne à chaque département algérien les dimensions de sept à dix départements français. Cette superficie déjà énorme risque de se trouver encore accrue par la suppression des Territoires du Sud qui constituaient une très importante partie de l'Algérie. Aussi ne saurait-on s'étonner que de nombreux projets aient été élaborés en vue d'augmenter le nombre des départements. Bien qu'aucune décision n'ait encore été prise, il n'est pas exclu de penser que la division actuelle en trois départements subira des remaniements dans un avenir prochain. --------L'organisation
administrative des départements algériens, qui est à
l'image de celle des départements métropolitains, comprend,
comme elle, un organe exécutif nommé par l'Etat, le préfet
et une assemblée élue au suffrage universel, le conseil
général, qui élit elle-même son président.
Ce dernier peut appartenir indifféremment à l'un ou à
l'autre des deux collèges.
--------Le budget de l'Algérie, dont la préparation incombe au Gouverneur général, était, avant la dernière guerre, soumis au vote des délégations financières, assemblée élue sur la base de la représentation des intérêts et qui comprenait trois délégations de vingt quatre membres chacune : celle des colons, celle des non colons et celle dite des indigènes (17 musulmans et 7 kabyles). Après avoir été examiné par une seconde assemblée, le Conseil supérieur de Gouvernement, de pouvoirs limités et composé pour partie de membres élus et pour partie de membres nommés, ce budget était transmis, pour homologation, au Pouvoir Central. --------Aux délégations
financières ont été substituées, en 1945,
une assemblée financière provisoire composée de
membres des commissions des finances des conseils généraux,
puis, en 1947, une Assemblée algérienne dont la composition
et les attributions portent un témoignage du rôle actuellement
dévolu à la représentation algérienne dans
les destinées de l'Algérie. L'Assemblée algérienne,
qui a un caractère paritaire, se compose de cent vingt membres
élus au suffrage universel et direct pour six ans mais renouvelables
par moitié tous les trois ans : soixante représentants
du premier collège et soixante représentants du deuxième.
Le Statut de l'Algérie déclare que cette assemblée
" est chargée de gérer,
en accord avec le Gouverneur Général, les intérêts
propres de l'Algérie ". Pour lui permettre d'accomplir
cette tâche, il lui accorde des pouvoirs très étendus
que l'on peut classer en deux groupes. LE GOUVERNEUR GÉNÉRAL. --------Le Gouverneur
Général, qui est à la fois le représentant
de la République Française dans toute l'étendue
de l'Algérie et le représentant de l'Algérie dans
tous les actes de la vie civile, est nommé par décret
du Président de la République sur proposition du Ministre
de l'Intérieur. Il est responsable de ses actes devant le Gouvernement.
Il dispose de pouvoirs très étendus en matière
de sûreté intérieure et extérieure ; en matière
réglementaire puisqu'il a qualité, notamment, pour assurer
l'exécution des décisions de l'Assemblée algérienne
; en matière administrative puisque tous les services civils
de l'Algérie, à l'exception de ceux de la justice et de
l'éducation nationale, sont placés sous son autorité
; en matière financière enfin puisqu'il prépare
le budget soumis au vote de l'Assemblée algérienne et
qu'il en assure l'exécution.
--------L'Algérie,
qui est ainsi fortement organisée, dispose d'une représentation
importante dans les assemblées constitutionnelles Jacques BEYSSADE
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